/y / I VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS TOME I. Propriété des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. itcdC.D B VIE DE LA SOEUR BOURGEOIS FONDATRICE DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME DE VILLEMARIE EN CANADA SUIVIE DE L'HISTOIRE DE CET INSTITUT .iusqu'a ce jour TOME I . r a,r fJsJaU^.è^-'^'- ^"^'^^' ,{''*"»>iJ y VILLEMARIE CHEZ LES SOEURS DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME 1853 M5s.-aTd riel et s.rilr' fondatrice des Sœurs de la CoîiôiéÔatioii deVillemarie, née le 17 AytlI 1620, décédée le 12 Janvier 1700 . A LA TRES -SAINTE VIERGE REINE DES APOTRES Vierge sainte , Je m'estime heureux d'avoir à raconter dans cette Vie les effets touchants de votre amour envers la sœur BourgeoYS , qui vous dut après Dieu tout ce qui Ta rendue si vénérable à la colonie de Mont réal. Ses vertus et ses œuvres sont votre ouvrage; en écrivant sa Vie, j'ai donc à publier voti*e amour pour elle , ou plutôt jai à manifester votre spéciale pré- dilection pour votre ville chérie , à laquelle vous daignâtes donner ce rare instrument de vos plus singulières faveurs. Par cette âme privilégiée, vous voulûtes renouveler et rendre sensibles dans cette colonie naissante , les effets de grâce que vous aviez produits , après l'Ascension du Sauveur , en aidant les Apôtres à établir le règne de Dieu dans le monde. Vous lui fîtes une abondante communication de votre esprit , et la rendîtes une image vivante de votre zèle VI apostolique; eu sorte que, voilaut sous elle votre action puissante , vous gagniez autant de cœurs à Dieu , qu'elle en attirait au bien par la ferveur de ses prières , par la force de ses paroles et par l'effi- cacité de ses exemples Soyez donc bénie pour une si toucbante invention de votre amour. Soyez encore bénie d'avoir voulu perpétuer ce bienfait dans cette colonie, par l'établissement de la Congrégation , qui vous reconnaît à juste titre pour sa fondatrice , son institutrice , sa supérieure et sa souveraine. La sœur Bourgeoys , en lui don nant naissance , n'a été qu'un instrument dans vos mains. Il a été formé par une diffusion de votre esprit , qui d'elle s'est étendu dans tous les membres de ce corps pour le vivifier ; c'est par vos soins que ce corps s'est accru ; c'est par votre continuelle et maternelle sollicitude qu'il s'est maintenu jusqu'à ce jour. Si vous êtes la mère de toutes les saintes communautés de l'Église, parla participation que Dieu le Père \oiis a donnée à sa fécondité dans le divin mystère de l'Incarnation , vous l'êtes plus spé- cialement de cet institut, qui a tout reçu de vous, et qui est par vous tout ce qu'il est. Daignez donc , ô Vierge sainte , le conserver toujours pour la gloire de votre divin Fils, et pour l'accomplissement de ses desseins sur cette colonie. Daignez le protéger à VII jamais, et v renouveler sans cesse cet esprit primitif de ferveur et de zèle ([ue vous y avez répandu avec tant d'abondance au commencement. Faites, enfin , que tous ceux qui liront cette Vie, en retirent quelque fruit d'édification , et se sentent attirés à imiter les vertus de votre fidèle servante, surtout sa tendre et sincère piété envers vous. Puisse le récit de sa sainte vie , leur faire goûter la vé- rité si consolante de cette maxime : que celui qui vous a trouvé, a trouvé en vous la vie, qui est JÉSUS ; et qu'en lui il puisera par vous le salut (1) Livre des éternel (1) ! f/nrvïs.' *"''■ INTRODUCTION. DESSEIN DE DIEU DANS LV FONDATION DE VII.LEMARIE. Mj de Relmont , prêtre du séminaire de Saint-Siil- 1. L'institut pice de Yillemarie, éerivait à M. Le Peletier abbé de ^'^ '^ *<^"r r Bourgeoys est Saint-Aubin : « C'est par un effet tout particulier de une suite (lu (Icssi'in « sa bonté sur ce pa\s, que Diei a suscité la \éné- '^''[um^ la fondation '< rable sœur BourgeoA s , pour répandre l'esprit de ''•' viiicmaiic. « zèle et de ferrcur de son institut par tout le Ca- « nada, où sa (Ion prédation est établie en tant de r< pai-oisses : service important (juelle rend encore '< par ses filles: ser>ice absolument nécessaire à la « ]\ouvelle-France , (jui est elle-même Tunique res- « source de l'Église catholique dans toute l'Amé- " rique du Nord. Car si le Canada n'était comme ^i Arc/nvcs du sciniiiaii-cde " une dieue contre Ihérésie, les sectaires auraient ('<"'* ^'"ff^' ' acquclqucsper- i-,>.,. . 'II 1 sonnes mortes '< bientôt tout empoisonne de leurs erreurs , dans en ocicur de sainictcâ )Ioni- « toutes ces vastes contrées de 1" Amérique ( I ). » ''^."'i ''P'"'^ ^''^ ^ \ / dicaioire. La vérité de ce témoignage paraîtra, a^ec une pleine et entière é\idence, par tout ce que nous au- rons à raconter dans la Vie de la sœur Bourgeoys; on y verra que son institut n'a pas moins contribué INTRODUCTION. que le clergé lui-même , quoique d'une manière dif- férente , à maintenir la piété et rattachement à la foi catholique dans tout le Canada, et surtout dans la colonie de Villemarie. Une vocation si étonnante ne peut être que Teifet d'un dessein spécial de la Pro- vidence divine; et rien sans doute n'est plus digne d'un esprit judicieux et chrétien, que de rechercher les motifs d'un tel dessein , afin d'en prendre occa- sion de glorifier Dieu , toujours admirable dans ses œuvres. La vocation de la sœur Bourgeovs est étroi- tement liée avec la fondation de Villemarie; pour apprécier donc la conduite de Dieu sur cette fille extraordinaire, il est nécessaire de considérer les vues qu'il s'était proposées dans la formation de la colonie dont nous parlons. Le père Le Clercq, religieux récollet, dans son ouvrage sur V Ëlablissement de la foi dam la Nou- velle-France, dit au sujet de la fondation de Mont- réal : « >l l'abbé Olier en conçut le premier dessein, il M en formait le projet depuis longtemps; et on peut « diie que de tous les projets que l'on a faits pour « soumettre le Nouveau-Monde à l'empire de Jisus- « Christ, il n*v eu a point eu de plus désintéressé, « de plus solide , ni de mieux concerté que celui- « ci (1). » Cet historien, n'avaut écrit que longtemps lom!ZT'^^-ll: après l'événement, et cinquante ans depuis cette fon- II. I.a ronilatiun (le \ illeniaiie n'esl point un dessein concerté par les hommes. (I) l'rcmicr ctiililisscmcnt (le ta Foi dans la \('inellc- Frunce , par le ■pi'i e l'hritien INTRODUCTION. XI dation, jiiuoait de la satïessede l'entreprise par lesuc- ecs qu'elle avait eu , et qu'il croyait devoir attribuer à la prudence de ceux (|ni en t'nrtMit les auteurs. 3Iais il s'en fallait bien (juc les contemporains de cet évé- nement eu portassent un juiienieut si favorable. A le considérer d'après les i'è. Biart, tait à peine, dans les ]5etits établissements français 2os^,' et suil-l - Ilisloire de la formés en Canada , deux cents pAiropéens en tout . youv.-Fraiwe , ' ^ ' par Lescarbot , y compris les femmes, les enfants, et même les reli- ti&2. L- mstovc du Canada par gieuses arrivées depuis peu à Québec (2); encore y iesé; p'^sno!' , , . 11. ~ l'otjage de mauquaient-ils souvent du nécessaire, et plus d une la \onveiie France , par le fois se virent- ils exposés à périr de misère et de ^^«1,'/! ^'îmo, in-V', Ji<^ partie . faim (3). ]>. 129 et s„u: II' Après une expérience si décourageante de près de m. oïiei Xir JXTRODUCTIOX. et M. de (luaraiitc ans, ^\ Olier et M. Le Rover de La Dau- I-n Dauversière * ' forment -v i l • - • i' une compagnie vei'siere donueiit naissance a une compagnie a un qui ne se propose «renrc tout nouvcan . Dans nn écrit imprimé, où ils pour fin que ~ i ' (leDiEL. exposent les vrais motifs de leur entreprise , ils dé- clarent que pour entrer dans le dessein de Dieu , qui avait découvert aux Français ces contrées in- connues , ils prétendent y établir une colonie dans la seule et unique vue de procurer sa gloire, sans vou- loir en aucune sorte se dédommager par le négoce, ou autrement, des dépenses qu'ils sont résolus de faire pour l'exécution de ce dessein. « Tl ne faut pas, « disent-ils, mesure)' les pensées de Dieu avec les '< nôtres, ni estimer qu'il nous ait ouvert, à travers " tant de mers , ces chemins auparax^ant inconnus , « pour en rapporter seulement des castors et des pel- « leteries. Cela est bon pour la bassesse des desseins « des hommes . mais trop éloigné de la majesté et '( de la profondeur de ses voies, et des inventions il) Les vèri- (( secrètes et admirables de sa bonté (l). » Pour tables moiifs de '(!e\soiiMcte lexécutiou d'uiic si noble entreprise , ils protestent jUoiilréal,in-li", 16ÎI3, p. 71-72. ne vouloir être à charge à personne: n La dépense « de ce grand œuvre , disent-ils . est assignée sur le « trésor de l'épargne céleste , sans qu'il soit à charge (2) ii)i(i., p. 25. (( au roi, au clergé, ni au peuple (2). » „ i^v Et toutefois , cette colonie , ils veulent l'établir M. Olier ' veuîent^Trmer daus l'îlc mèiiie dc Moiitréal , c'est-à-dire dans le INTRODUCTION. XIII uiu; villf lieu le plus exposé à la fureiir des Iroqiiois , à ([iii aànsVi (le Montrd'.'il ; déjà les Hollandais Iburiiissaiciit des armes à l'eu , ''^ se proposi.it ' ' (l'y KlàhUr dont ces barbares se servaient pour l'aire a(i\ Fran- u)mimm-u.i... et (le faire çiiis une guerre cruelle; et ils eboisisseut cette île, ''''^^''j^"" af"'^ sachant bien (jne les colons a seront plus exposés qu'ailleurs aux surprises et à la boucherie des Iro- quois (I). jMais, ce qui devait être regardé comme le ,abils''^motfs' comble de la temerite, pour ne rien dire de plus , en formant dans ce lieu même le nouvel établisse- ment , ils prétendent non-seulement y assembler un peuple composé de Français et de sauvages , mais y bâtir encore une puissante ville, sous le nom de Vil- lemarie, pour (lu'elle soit l'appui et la sauvegarde de l'établissement encore informe de Québec , quoi- que l'ile de Montréal dépende de ce lieu , déjà choisi ^^, ^^^ ,^ . pour être la capitale de la Nouvelle-France (2). p. 2^-25.'" '''' Bien plus , ils s'engagent à établir dans cette nou- velle ville trois communautés ; l'une composée d'ec- clésiastiques sécuhers, pour donner les secours spi- rituels aux Français et aux sauvages (3); une autre , (3) ^c'/^cs demeurerait stérile, comme l'expérience l'avait montré jusque alors (2). Ainsi , les fondateurs de la colonie de îMontréal s'engageaient à faire eux-mêmes tous les frais d'un établissement si extraordinaire; à bâtir une v '" (jui serait une barrière aux incursions des Troquois et la sûreté de Québec; à y établir une communauté nombreuse d'ecclésiastiques, une d'hospitalières, une autre pour l'éducaticm des filles; et enfin, ils espéraient faire ériger dans ces contrées un siège épiscopal Au jugement de la sagesse humaine, rien sans doute n'était plus téméraire ni plus extravagant ; -^^ cependant, dans la pensée des fondateurs et dans celle de leurs associés, rien de plus assuré ({ue le succès d'une telle entreprise. Nous en avons une preuve frappante dans nii écrit publié par eux à Paris, eu INTRODUCTION. XV I6i3, en réponse aux attaques de quelques per- sonnes puissantes, (|ui s'opposèrent à rétablissement naissant de Villemarie, eomnie p(>u\ant être préju- dieiable à eelni de Québee. La Providenee permit sans doute ees oppositions, poui- donner lieu aux généreux fondateurs de Montréal de rendre publies leurs sentiments, que nous aurions ignorés sans cet écrit; et pour faire connaître à la postérité (pie cette œuvre, qui fut l'occasion de la propagation de l'É- glise catholique dans l'Amérique du Nord, était un dessein \enu d'en liant, et non un projet conçu par les hommes , comme tant d'autres entreprises ima- ginées jusque alors i^n objecta donc aux fondateurs de Montréal que vi. L(!S fondateurs leur œuvre était téméraire, d'une dépense infinie, tssurènTqHfi leur dessein plus convenable à un roi qu'à quelques particuliers, "^^^ '- -1111 7 l'ouvrage trop faibles pour l'entreprendre et la soutenir; que. d'ailleurs, aller se fixer dans un lieu si exposé à la cruauté des barbares, c'était manifestement tenter Dieu, en supposant (pi'il ferait des miracles pour protéger nu pareil établissement. _j Voici leur réponse : «( Vous a^e7, mieux rencontré que vous ne pen- « siez , en disant ipie la fondation de Montréal est « nue œuvre de roi , puisque le Roi des rois s'en « môle, laissez faii'e à Dieu ce qu'il veut: car si ^ons de DIEC. XVI iNTRODUCTIOX. u saviez bien notre affaii-e, •d\ev quelle froideur et « quelle iutlifféreiiee nous v allons , vous ne vous <( en prendriez pas à nous, qui ne sommes que des « serviteurs indignes et inutiles; mais vous désire- « riez adorer avec nous les conseils de sa sagesse , (I) Les véri- « et savourer les effets de sa bonté , qui fait plus, tables mi)tifs de '/'/ '^' ':'f",'";' « pour seconder notre travail et i)rocurer sa gloire, de la socific de i i r> > Montréal , p. , . , , 88-89-90. « que nous ne mentons (I j. (( C-omment avez- vous pu mettre dans votre t< esprit, (juappuNés de nos propres forces, nous « eussions présumé de penser à v.\\ si glorieux des- « sein? Si Diel n'est point eu laffaire de Montréal, 0 si c'est une invention liiimainc . ne vous en met- « tez point en peine . clic ne durera guère ; ce que « NOUS prédisez arrivera. Mais si Diel la ainsi « voulu , qui ites-vous pour y contredire? Ap- « pnv es sur sa parole , nous crovons que cette œuvre i' est de Dieu. Pour vous qui ne pouvez ni croire, '< ni faire , laissez les autres en liberté de faire ce (2; Ibid., p. U8-119-120. ,( (pi'jls croient que Dieu demande d'eux (2j. Les fondateurs « Vous assui'cz (pi'il uc sc fait plus de miracles. de Villemarie que\eurèfesseïn " -^'«'S MU' ^O"^ ^'^ «''t? OU CCla CSt-il écrit ? JÉSLS- réussirait, quand même « Chhist assurc au contraire cpie ceux qui au- lous les colons niassàcréspai " raient autant de foi qu'un tjrain de .sénevé , fc- les barbares. (3) Eranqite " vaieut PU SOU uom des miracles plus grands que selon aaint Mat- in XV ieu, chap. „ ,,f^^J. f.^,'j] ,, i)iji^ hn-mênie (2). Deouis tiuand ,11, V. 19. ' ' ^ / . I INTRODUCTION. XVII (1 ètes-vous les directeurs des opérations divines, 0 pour les réduire à certains temps et dans la con- « duite ordinaire? Au reste nous n'avons pas l)e- (( soin de niiracies : le nioindi'e concours de ses « grâces est plus que sullisant pour le succès de « cette œuvre (l). 120-121. « Vous dites que l'Ile de Montréal est trop proche « des Iroquois ; que les Français \ seront exposés « aux surprises et à la boucherie de ces barbares. « Mais si , par la permission du Ciel , nous ne pou- ce vous ni convertir les Iroquois , ni les obliger « d'avoir la paix avec nous , nous leur ferons une ff si juste , si sainte et si bonne guerre , que nous « osons espérer que Dieu fera justice de ces petits « Philistins , qui troublent ses œuvres. Si tout cela « nous manque, et que les périls nous pressent, « nous avons une puissante Maîtresse : nous irons <' nous jeter à ses pieds pour implorer un secours (( extraordinaire. Nous avons déjà si souvent res- « senti sa protection dans nos extrémités, qu'au « besoin vous en entendrez des nouvelles. Enfin, « si cette faveur nous manque, et que Dieu veuille ^1 ^2) Œuvres l'affaire du jansénisme. Si les évêques, unis au Saint-Siège, de Fénelon: sont la règle immédiate de la foi des fidèles, il faut recon- t. v, lettre'^ w--, naître que l'œuvre de M. Olier, conformément a la vue sym- 2'"'" ' • bolique dont nous parlons , a été l'un des principaux soutiens de l'Kglise de France, en 'formant presque tout l'épiscopal français du siècle dernier, qui, comme on sait, demeura attaché à la saine doctrine, pendant que la plupart des com- munautés de ce royaume avaient embrassé le parti de l'er- reur. Quant a la Nouvelle-France , on verra dans la suite de cet ouvrage , et surtout dans V Histoire de la colonie de Montréal, la part que l'œuvre de M. 011er a eue a la formation de cette Église , et il sa conservation, après la conquête du pays par les Anglais. (l)lbid.,t. III, p. iaO-308. XXXII INTRODUCTION, « heureux d'être toute ma vie à baiser leurs pieds (( et à révérer les merveilles que Dieu opère eu « elles (1). » l^eudant oue Dii:u doiiuait à Paris ees vues sur- XV. * La Daûvmière naturelles à M. Olier, il éclairait de la même ma- est appelé (le diku uièrc, daus l'Anjou, un pieux gentilhomme, appelé à faire honorer . , , . /r '. •. r ' « r r» saint Joseph coucourir au mciue dessein C était Jérôme l.e Royer dans la colonie jg f q Dauvcrsière, receveur des tailles à la Flèche, tie Moniiéal ' ' en y établissant . . /ni/- , i , une qui portait au plus haut degré 1 abnégation , le deta- l'omniunaulé. chement, l'assiduité à l'oraison et l'amour de la pénitence. Dieu lui montra, comme à M. Olier, qu'il voulait être particulièrement glorifié daus l'île de Montréal en Canada, par le culte de la Sainte- Famille, et qu'il l'avait spécialement choisi pour qu'il y fit honorer la personne de saint Joseph. Dans ce dessein , il lui ordonna plusieurs fois d'étabhr dans cette île, encore inculte et déserte, un hôpital qui serait destiné au soulagement et à l'instruction des malades , et de former , pour la conduite de (2i Archires ^^^^^ niaisou , uue Congrégation d'hospitalières, qui lies liospitalié- . ,., i- / > i res de la Flèche, fusscut particulièrement appliquées a honorer ce histoire de l'in- p.'ïS' '"■■' ^ï'a'ïJ saint (2). Un ordre si extraordinaire jeta M. de La Dauvcr- sière dans les plus étranges perplexités Se voyant engagé dans les liens du mariage et chargé du soin de six enfants, il ne comprenait pas comment il INTRODUCTION. XXXIII pourrait entreprendre la fondation dune colonie en Amérique, et rétablissement d'une nouvelle Coii- ^réfjatiou de filles, pour faire honorer saint Josepli. D'ailleurs, il n'avait eu jus([ue alors aucune con- naissance de l'île de Montréal, où devait se faire cet établissement; et enfin, l'état de sa fortune ne lui offrait aucun moyen pour exécuter deux œuvres de cette importance. Il était même dépourvu des char- mes extérieurs de la parole, qui semblaient être nécessaires pour faire goûter l'opportunité d'un pareil dessein à des personnes plus capables que lui de l'entreprendre (1). Cependant, les mêmes ordres (i) Les véri- tables motifs (le lui furent réitérés avec tant d'évidence et d'une (([^'â sÔciétTZ Montréal , p. manière si pressante ; ils étaient accompagnes de 16-27-28. vues si nettes, si précises sur la situation de l'ile de Montréal et du Canada , et sur la qualité et le caractère des personnes qui devaient contribuer à ce dessein, qu'enfin le confesseur de M. de La Dau- versière , qui d'abord avait traité ce projet de pieuse extravagance, crut devoir lui permettre d'aller à Paris, afin qu'il vît si la Providence ferait naître quelque ouverture pour en entreprendre l'exécu- tion. Arrivé dans cette ville, il va se présenter au xvi. Rencontre garde des sceaux, (lui était alors au château de deM.oiier '^ ' et de M. de ^feudon , et , eu entrant dans la galerie , il reii- XXXIT INTRODUCTION. contre M. Olier. Alors ces deux hommes, qui ne se connaissaient pas , qui ne s'étaient jamais vus des veux du corps, et n'avaient eu aucune sorte de rap- ports ensemble, poussés par une inspiration divine, vont se jeter au cou l'un de l'autre , s'embrassent comme deux amis qui se retrouveraient après une longue séparation , et cela avec une affection et une cordialité si grandes, qu'il leur semblait n'être qu'un même cœur, ils se saluent mutuellement par leurs noms , ainsi que nous le lisons de saint Domi- nique et de saint François; M. Olier félicite M. de La Dauversière du sujet de sou voyage; et lui met- tant entre les mains un rouleau d'environ cent louis d'of, il lui dit: « Monsieur, je veux être de la « partie, je sais votre dessein, je vais le recom- (I mander à Dieu. » 11 célébra ensuite la sainte messe , à laquelle M. de La Dauversière communia; et après leur action de grâces , ils se l'etirèrent dans le parc du château , où ils s'entretinrent durant trois heures des desseins qu'ils avaient formés l'un et l'autre , pour procurer la gloire de Dieu dans l'Ile (i) Vie de 31. dc Montréal ; car tous deux avaient reçu de Dieu les Olier , t. II , p. wu-Tdu M^iit mêmes lumières , et se proposaient d'employer les réal , par M. . , Domer, de i6i»o mêmcs movens ( 1 ) . à 16M. ' ^ ^ XVII. Pour en venir à l'exécution, M. Olier composa Compagnie de ^^g",j'g''^'^3' ; une compagnie de personnes de haute piété, cou- INTRODUCTION. XXXV nue depuis sous le uuni de eompaguie de Notre- acquiert rne de ce nom et s'engage Dame-de-Montréal, là [)h\[ydvt U'c&-(y[m\entes, toutes l y ("'lablir appelées de Diel à eoutribiier par Icni-s prières ou ""'s ^^ ' communautés. par leurs largesses au succès de ce dessein ; et enfin il leur présenta M. de La Dauversière, qui leur fit avec simplicité le récit des communications et des ordres qu'il avait reçus de Diel touchant ce nouvel établissement. Quelque hasardée que put paraître une pareille entreprise aux membres de cette com- pagnie , dont plusieurs n'étaient pas disposés natu- rellement à croire légèrement des choses si extraor- dinaires, le récit de M. de La Dauversière, quoique simple et sans apprêt, les convainquit tous si par- faitement de la vérité de sa mission, que non-seule- ment ils ouvrirent leurs bourses avec empressement , mais que tous se tinrent bienheureux et indignes d'avoir été choisis de Dieu pour contribuer ainsi de leur part à l'exécution d'un dessein si avantageux à (i) u^ ^„vi. tables motifs , sa gloire et au bien de son Eglise (1). p- s'^-s»- f-'fede La première démarche qu'ils firent fut d'acquérir la propriété de l'île de Montréal. M. de Lauson , i[ui l'aAait reçue de la grande compagnie du Ca- nada , la leur céda , quoique contre ses intérêts et ses premières intentions; et cette cession fut con- firmée bientôt par l'autorité du monarque (2). Lu ^3 Les réH- . , , , , tables motifs , recevant la propriété et le domaine de l'ile, les asso- p- 27. XXXVI INTRODUCTION. eiés s'engagèrent à y fonder une colonie, et à y établir trois communautés : un séminaire d'ecclé- siastiques au nombre de dix ou douze , pour rendre les services spirituels aux colons français et sau- vages, et instruire les garçons; une communauté d'institutrices pour l'éducation des filles, et enfin (1) Arciiivis mi hôpital pour le soulagement des malades (1). polir Montréal. " AU inoycu de CCS mcsurcs , disaient-ils dans l'acte <( de leur engagement , les associés espèrent , de la « bonté de Dieu, voir en peu de temps une nou- (( velle Église ((iii imitera la pureté et la charité de (I la primitive; et ils espèrent encore que dans la (( suite, eux et leurs successeurs pourront s'étendre « dans les terres , et v faire de nouvelles habita- (2) Archives „ tious, taut pour procurcr la commodité du pays. du séminaire de ■> i r 1^7 Paris; articles « •!•. 1 • j „ ,„ rn\ pour Montréal. « quc pour faciliter la coin ersion des sauvages [2).» Les trois communautés dont il est parlé ici étaient destinées à honorer Jésus , Marie et Joseph , et à participer chacune à l'esprit de leurs augustes pa- trons , pour le répandre ensuite dans cette nouvelle Église. Dès ce temps, l'intention des associés était de confier la conduite du futur liôpital aux hospi- talières que M. de La Dauversière établirait pour faire honorer saint Josepli; celle du séminaire à M. Olier, qui commença peu après l'établissement (le la compagnie connue sous le nom de Saint- INTHODUCTrON. XXXVH Sulpicc, dont la fin, connue cclk' dn sacerdoce lui-même , est en effet de répandre l'esprit de Notre- Seig>eur ; et enfin on espérait charger de la commn- nanté d'institutrices , la personne que la Providence aurait choisie pour compléter ce dessein. Celle-ci était la sœur Bourgeovs, spécialement destinée à faire honorer la très-sainte Vierge dans cette colonie. Mais comme l'année 1641 , où devait avoir lieu le premier eniharquenient, la compagnie de Saint-Sul- plTur^Mumrta'ï! M. du pice n'existait point encore, et que d'ailleurs il fal- ^jji'e°"i"nc7' lait donner quelque commencement à la colonie avant d'y envoyer une communauté de prêtres, on pria les RR. PP Jésuites de l'hahitation de Québec d'assister spirituellement les colons, en attendant qu'on put y établir cette communauté. Celle des maîtresses d'école n'était pas nécessaire non plus en commençant, puisqu'il ne devait y avoir d'abord aucune enfant à instruire à Villemarie, le premier embarquement n'étant composé que d'hommes seu- lement. 11 n'en était pas de même des hospitahères. Les services de ces filles allaient être indispensables , à cause de la guerre qu'on devait avoir à soutenir contre les IroquoLs. Dieu, qui avait inspiré à plu- sieurs fervents chrétiens le mouvement de se con- sacrer à cette sainte entreprise , et avait mis à leur tète un homme choisi de sa main . M. Paul de Cho- XXXYIII IXTRODUCTIOX. medey de Maisouneuve, appela de Langres à Paris M"* Jeanne Mance , également préparée pour ce dessein. Se sentant pressée d'un désir ardent d'aller procurer la gloire de Dieu en Canada , elle se rendit de Paris à la Rochelle, où M. de La Dauversière se trouvait alors pour donner ordre à rembarque- ment , et le rencontra comme par hasard à la porte d'une église. Là, quoiqu'ils ne se fussent jamais vus, et n'eussent point ouï parler l'un de l'autre, ils se saluèrent tous deux par leurs noms , comme avaient déjà fait M. de La Dauversière et M. Olier, et furent éclairés l'un l'autre sur leurs pensées se- crètes et sur leurs desseins, avec tant de netteté et de certitude , qu'ils ne purent faire autre chose que {D Les và-i- de remercier DiEL de ses faveurs (1). Enfin, comme tables motifs , p. 30-31. ly^iie ]V£auce n'aurait pu seule soigner les malades, DiEi inspira à une autre vertueuse fille, au moment même où Ton démarrait du port , de se jeter dans le navire, nonobstant les efforts qu'on faisait pour (2) ibid. len empêcher (2) On mit à la voile, et la petite colonie arriva en Canada avant l'hiver. XIX. Pendant que cette troupe d'âmes d'élite attendait .\vaiU qu'on prenne ;, Québcc Ic rctour du printemps . pour pouvoir possession ^ i i i i (le l'ile de Montréal, rcmoutcr Ic flcuvc Saint-Laurcut , et aller s'établir M. Olier la tons^acre ^^^^^ j^ ]jp^^ ^]p j,j^ destination, M. Olier, qui jetait sainte Famille. les fondements de sa compagnie , réunit les associés INTROTtrCTldX. XXXIX (le Montréal , au mois de février 161'2 , dans l'église de Notre-Dame de Paris , au nombre d'environ trente-einq, pour consaerer cette ile à la sainte Famille, avant quon allât l'occuper. Il dit la sainte messe à l'autel de la très- sainte Vierge. Ceux des associés qui étaient aussi honorés du caractère de la prêtrise , célébrèrent à d'autres autels. M. Olier communia tous les autres de sa main ; et tous en- (1) Supplique semble consacrèrent l'île de Montréal à Jésus , Marie, "iff* associés de ' ' Montrcai au Joseph , sous la protection spéciale de la très-sainte i ni; archives (tépai'tcmeiila- Vierge, à qui ils en donnèrent irrévocablement la 'ittfr/coiM'J.' propriété et le domaine (1), voulant que la ville iht'\upin'ôàr, par M. Dotlicr. qu'on allait v bâtir s'appelât pour cela Vilhmarie. -fremicr éta- ^ ' j. 1 1 blissemeiit de la En6n ils se consacrèrent eux-mêmes et se vouèrent Leciercq,t.u', p. îi9. — Bela- à un si noble et si pieux dessein , résolus de le pour- [!eue''f Fraîu-e' , ,,. . par le P. Vi- suivre avec toute la pureté d intention et toute la viont, p. 126- 127. — yie de générosité dont ils seraient capables (2). p!'a?7!" ' '' "' Dieu eut pour agréables des vœux si purs , qui xx. Arrivée ne respiraient que sa gloire. La petite colonie étant à*'Mom'ré"a1 ,-,■,, . [, Paroles partie de Québec pour Montréal, découvrit eniin remarquables du père cette ile le 17 mai 1642 , et fit alors éclater sestrans- ^'mon<- ports par des cantiques d'actions de grâces. Elle longeait le rivage de l'île , en remontant le fleuve , et pendant plus d'une demi-lieue, avant d'arriver au lieu où l'on avait résolu de s'établir , ce n'étaient que prairies émaillées des fleurs les plus variées par XL IXTRODUCTIOX. leurs couleurs et par leurs formes, qui offraient un ravissant spectacle. En mettant pied à terre, M. de Maisonneuve et toute sa troupe se jetèrent à genoux pour offrir à Dieu les liommages de leur religion , et firent retentir ces lieux du chant de psaumes et d'hymnes de louanges; après cjuoi on dressa des tentes et des pavillons pour y passer la nuit. Le len- demain matin, 18 mai, on éleva un autel que M"^ Mance et M'"^ de Lapeltrie , venue de Québec (où elle était allée s'établir depuis peu avec quel- ques Ursulines), ornèrent de tout ce qu'on avait de plus précieux ; et ensuite le père Vimout , après avoir entonné le Veni Creator, célébra la sainte messe au milieu des chants de sainte jubilation de il) Annales de toute ccttc fcrvcute troupc (1). Baus un petit dis- VHôtcl-Dicn de vuiemarie,par (.^urs qu'il Icur adrcssa pendant le saint sacrifice, il la sœur Moiin. i i ' — Premier cta- . i i /-. biissement,par dit CCS parolcs remarquables : « Ce que vous vo>ez le P. Le Clercq , uon%âr u%'. " ï^ï j Mcssieurs , n'est qu'un grain de sénevé; mais Fimont, p. 130. « il est jeté par des mains si pieuses et si animées « de l'esprit de la loi et de la religion , que , sans (( doute, il faut que le Ciel ait de grands desseins, « puisqu'il se sert de tels instruments pour son « œuvre; et je ne fais aucun doute que ce petit « grain ne produise un grand arbre, ne fasse un (2) Histoire fin Montréal, h jour dcs nierveilles , ne soit multiplie et ne s e- par M. Dollicr •' ' * ï'e^Tew." ' ""' " tende de toutes parts (2). » On exposa le très- INTRODrCTIOX, XIJ saint Sacrcnicnt , (|ui na pas cossr depuis d'être toujours conser\é à Villemarie. Toute cette première journée , il demeura ainsi exposé sur son autel , comme pour j)rendre possession de cette terre , et pour faire connaître à la postérité que le dessein de Montréal , ordoiuié de Dieu pour sa gloire , n'avait été , en effet , entrepris par ses serviteurs que pour ^ ' (1) IlUloire cet unique motif (1). Zi'/m-l^'''' Après avoir ainsi rendu à Diku , comme au sou- , xxi. •^ ' La colonie verain Maître du monde, les devoirs de la religion, "^ offre dans la sainteté on construisit une palissade de pieux , pour se ''u^,p^jJÎÎ^"c'^* . (le l'Église mettre a couvert des insultes des sauvages ; et comme primiiive. M. Olier l'avait espéré de la bonté divine, on vit cette colonie naissante offrir une image de la pri- mitive Eglise, par la piété, la charité et le zèle désintéressé qui régnaient parmi tous les colons. « 11 semble que la résolution de se donner entière- « ment à Diei , écrivait l'année suivante le père <( Vimont, naît avec la pensée de s'établir dans la « Nouvelle -France. C'est ce (|ui parait plus que << jamais en la personne de MM. de la compagnie « de Montréal , et de tous ceux qui demeurent ])ar <' deçà en leur habitation. La France en voit une « partie, nous vovons ici l'autre ("2). Ces térvents (2) Relation de la Nonvelle- <( colons, au nombre d'environ cinquante-cinq, f^'^ig^l' ''^(.f,an' V , p. 5. '( quoique de condition, d'âge et de naturel diffé- XLII INTRODUCTION. (1) Relation, chap. xi,p. 196- 197, rents entre eux, et presque tous de divers pays, ne sont qu'un en volonté, visant tous au même but : la gloire de Dieu et le salut des sauvages; et je puis dire que leur vertu a servi à la conver- sion de plusieurs , qui ont déjà été gagnés à Dieu. Croiriez -vous bien que plusieurs des ouvriers qui travaillent à Montréal , ne se sont proposé d'autre motif, dès leur départ de France, que celui de la gloire de Dieu , et de faire leur salut dans un lieu éloigné des occasions du péché? La seule pensée qu'ils contribuent, autant qu'ils peuvent, au salut des âmes , les fait travailler de si bon courage , qu'il ne leur arrive jamais de se plaindre des incommodités qu'on souffre en un pays dé- sert. Aussi ont-ils été conduits par un gentil- homme de mérite , que Dieu semble avoir très- particulièrement inspiré et appelé pour le servir ( en ce lieu , tant il a d'affection pour l'établisse- ( ment de la colonie et pour le salut des sauvages. < Il me suffît de dire ([ue c'est M. de Chomedey de ( Maisonneuve; sa modestie ne me permet pas d'en ( dire davantage ( l). Une des choses les plus remar- ( quabies , c'est l'union et la bonne intelligence de ( tous ceux qui demeurent en cette habitation. Chacun s'y est si bien acquitté de son devoir ( envers Dieu et envers les hommes , qu'on n'a INTRODUCTION. NLIH (I trouvé aucun sujet de se plaindre. I.e comman- '< dément a été doux et efficace, robéissance aisée, « la dévotion aimée de tous universellement. On v a « fréquenté les sacrements avec profit, écouté la « parole de Dieu avec assiduité, et continué les « prières ordinaires avec édification. (I Ainsi, il semble que le zèle, la dévotion et la '< charité de tous ces Messieurs qui se sont associés « en France à ce pieux et noble dessein , se sont « répandus et communiqués à tous ceux qui ont « demeuré par deçà en leur habitation. Ceux-ci ont '< été touchés très-particulièrement de Dieu , et ont « reçu beaucoup de faveurs et de grâces du Ciel , « puisque la vie qu'ils ont menée a été une image '( de la primitive Église Tous v ont vécu avec joie, « souffrant les incommodités d'une nouvelle de- <( meure , où pas un n'a été malade, ce qui ne s'est « encore jamais remarqué en aucune nouvelle habi- " tation dans ce pays (1). » ,9g/ "^"'•' ■"• Parmi ceux qui conti'ibuèrent le plus en France xxu. Ztle du frère n attirer cette abondance de grâces sur les colons , ciaudepour '^ la sanctificaiion de Villemarie, il faut mettre au premier rang frère de vniemaVie. Claude Leslai , reuardé avec raison comme l'un des ,„, ,,. ^ „ ^ ' '^ (2) Vie (le M. hommes les plus extraordinaires de ce siècle (2). 378^379-380'; \'. II, W9. Dieu lui avait révélé le dessein de Montréal (3) aussi (3) Mémoira- autographes de bien qu'à M. de La Dauversière et à M. Olier; et ce pf^^Ts."^'' *' "' XLIV INTRODUCTION. {l)lbid.,t.ii, p. 212. dernier nous apprend que le frère Claude se prépa- rait même à passer en Canada. « C'est un homme, dit-il , dont T intérieur est eelui d'Élie , comme ses actions , ses sentiments et ses dispositions le font voir. Semblable à ces flammes qui , par des mouvements incertains et rapides , se poussent , s'agitent et s'élèvent toujours vers le ciel, il est dans des impatiences continuelles de sortir de ce monde , pour aller à Diel , comme serait l'état des âmes bienheureuses , si elles venaient habiter des corps mortels. C'est un feu brûlant et ardent, qui ne peut se contenir en terre; et étant tout hors de lui-même , il disait dernièrement, ravi en extase , et parlant de cette nouvelle Église , qu'il faut aller ériger : Allons, allons à notre maître, allons où Diel nous veut (1). Le mercredi 16 juillet 1642, il vint, par une conduite particu- lière de Dieu , dans une église où j'étais allé dire la sainte messe, celle des Carmélites, où le très- saint Sacrement était exposé , à cause de leur fête du Mout-Carmel. Or, pendant ma messe, notre bon Dieu imprima dans le cœur de ce grand saint une si vive affection pour moi, qu'il n'en pou- vait plus , et qu'il ne lit autre chose (pie de demander cela même que iNotre- Seigneur a témoigné autrefois vouloir me donuer. à savoir : INTRODUCTION. XLV " Que je fusse tout consommé en lui, et que mon « vieil homme fût tout anéanti. De plus , il (leinaii- « dait à Dieu que je fusse le général de ses capi- « taines, lesquels après pourraient former grand « nombre de soldats. Ces prières qu'il fit étaient « purement par mouvement du Saint-Esprit, à « cause qu'il ne savait rien de ma vocation , et je <( ne sache point que personne lui en ait jamais « parlé (1). » ^ W^t'iJ"'-"' M. Olier ajoute que , dans cette circonstance, d'au- xxm. Marie Rousseau, très saintes âmes, qui éprouvaient le même désir ^^e^au^t?"!?*'' destinés à prier d'aller prendre part à la fondation de Villemarie , pour la colonie ^ ^ 'de Villemarie. se trouvèrent réunies aussi dans ce lieu , entre autres M. Le Gauffre, le frère Jean de la Croix, M. Catorze, qui vivait en solitaire inconnu, M"'*^ Remv , femme d'une grande piété , Marie Bousseau de Gournay , qui eut tant de part à l'établissement de la compagnie de Saint- Sulpice. Cette dernière était alors le conseil et la lumière des plus grands serviteurs deDiEC qui fussent à Paris, u Je ne connais « point d'àme sainte, dit M. Olier, ([ui ne s'estime t< heureuse de la voir, et d'apprendre de sa bouche <( la voie qu'elle doit suivre pour approcher de (( Dieu. .Te ne vois personne qui ne désire de la « consulter, et de recevoir son approbation, dans t( la conduite des entreprises les plus considérables XLVI INTRODUCTION. « et les plus importaiites à la gloire de Dieu , telle « que celle du Canada, où l'on va bâtir une \ille »( elirétienne, qui est une œuvre d'une merveilleuse (i)ibiti.,t. II, « importance (1). M"e Mance, dont Dieu s'est servi p. 48. '■ ^ ^ « pour aller fonder cette Église, n'\ a point été « sans recevoir approbation et direction de cette (2)ibia.,t. II, (I sainte âme (2). Ainsi elle donne avis à M. de La p. 51. « Dauversière, qui conduit les affaires de Montréal , « et qui s'estime bien beureux, quoique grand ser- « viteur de Diel , et très-éclairé en sou emploi , de " conférer avec elle, et d'en tirer les avis impor- « tants pour les affaires les plus considérables de ce (3)ibia.,i.M, „ pavs ("3). » Mais Dieu ne destinait pas Marie p. 102103. 1 . V y i Rousseau à passer elle-même dans la IVouvelle- l'rance. Son ministère personnel se bornait à l'an- cienne , aussi bien que celui du frère Claude et des autres saints personnages que nous avons nommés , quoique tous dussent attirer par la ferveur de leurs prières d'abondantes grâces sur les âmes que Dieu avait choisies pour l'exécution de ses volontés en Canada. XXIV. M. Olier ne devait pas non plus v aller exercer Désirs d'a'îu;r'tr?!aiiier ^f^» ^^'^^ ^^^ persoiHie , luais seulemcut par les dis- en personne à viiiemarie. ciplcs qu'il formerait. Sur une \ue que Dieu lui donna de sa vocation , le jour de la Purification de l'année 1636, et qu'il ne comprenait pas encore INTRODUCTION. XLVII assez distinctement (1), il serait parti pour le Ca- mibid.,t. i, nada , si le père de Coiidren , son directeur, ne l'en eût empêché (2). tn 1642, avant que les colons se ,„(2) yiedc.w. ^ \ y ' "1 Olier , par le fussent établis à Montréal, et lorsqu'il Aovait se fié v^'X^aplZ', ati}ice clomini- réunir auprès de lui, à Vaugirard, les premiers ^fj''s^^,^e„[i'^g' -, , . . ..... p- 'lie. — lie- membres de sa compagnie naissante , il écrivait : marques insio- riques siii- la « Étant instruit des biens qui se font en Canada , ^s^nit^iipice^, t. III, p. ft62. « pays habité par des peuples gentils , et me trou- ce vaut lié de société comme miraculeuse à celui à « qui Notre-Seignelr a inspiré le mouvement et « commis le dessein de l'entreprise de Yillemarie, « ville qui va se bâtir dans l'île de Montréal, je me « suis senti toujours porté d'aller finir mes jours en « ces quartiers, avec un zèle continuel d'y mourir « pour mon Maître. Qu'il m'f n fasse la grâce , s'il <( lui plaît ! Je continuerai tous les jours de ma vie à « l'en solliciter (3). » C'était la même ardeur parmi (s) Mémoires autographes, t. les membres de la compagnie d'ecclésiastiques que ''P-^^' formait M. Olier. « Je vois déjà , écrivait-il , ce zèle « répandu dans le cœur de ceux qui vivent parmi '< nous : ils ne parlent que de faire des folies poui* (( Dieu , que de se faire pendre pour son service , et « d'aller souffrir le martyre en Canada (4). » Il ^iiibid.,!. n, p. 16.^. paraît que M. Olier serait parti lui-même pour ce pavs vers l'été de 1642 (5), si Dieu ne lui eiit fait (subia., i. n, p. 133 connaître alors plus clairement ses desseins sur lui. XLVIII INTRODUCTION. XXV. L'année suivante, au mois de mars, il comprit Dans l'œuvre '■ ^Mlonef^ 'otre~S£1gîselu ^oulut \\vi. M. Olici voit donner à M. Olier dans lœuNre de Montréal, et, '".JS'cs"* „ , . . tlt-'s personnes conformément à une vocation si extraordinaii-e , il (leiacou-nic (le Villcniarie, daignait l'éclairer sur les dispositions des âmes qui devaient contribuer avec lui à ce dessein. <( Je me « souviens, écrit-il, d'avoir au parfois jusqu'en « Canada les opérations de Diel dans les âmes « des personnes du Montréal, entre autres de <( M"*^ Mance , que je a ovais pleine de la lumière de « Dieu , dont elle était environnée comme un soleil. « Diel peut nous montrer l'intérieur, non-seu- « lement de quelques âmes , mais de toutes , s'il « veut ; ne lui étant pas plus difficile de faire voir » ses opérations sur cent, que sur deu.x ou trois. « Ainsi il fit voir à l'àme du bienlieureux Rodri- « guez, delà Compagnie de Jésus, son opération « dans l'àme de tous les saints qui a\ aient vécu , et (1 par là il %it et sut, en un moment, toute leur « \ie. C'est ainsi que Diei en use quelquefois à d L INTRODUCTION. « l'égard des supérieurs des ordres et des direc- « teurs : il leur découvre ses opérations dans les (( àmcs qu'ils ont à conduire , lorsque cette grâce (1) Mi moires autograpiies u „ est nécessaire à leur état et à leur vocation (1). » IV, p. 222-223. ^ ■' Ces réflexions de M. Olier autorisent à peuser qu'il a connu devant Dieu l'intérieur de la sœur Bour- geois, destinée à être dans la nouvelle chrétienté de Montréal une image vivante de la très-sainte Vierge , comme il a^ait connu par ré\élation les dispositions intérieures de M. de La Dauversière , destiné à y répandre l'esprit de saint Joseph. Nous ne doutons pas qu'il n'ait prié pour cette sainte fille , comme pour lui-même , devant avoir avec elle des rapports si étroits et si intimes de vocation. « Je voyais, « dit-il , que je devais demander part à l'esprit de <( JÉSUS , Marie et Joseph , pour les trois personnes « que Dieu le Père a choisies pour les représenter. » L'identité frappante des lumières de la sœur Bour- geovs avec celles de M. Olier, quoiqu'ils n'aient eu ensemhle aucune liaison extérieure , montre que cette sainte fille a participé à l'esprit de ce grand serviteur de DiEi . On retrouve , en effet , dans les écrits de la sœur Bourgeoys , les mêmes vues , les mêmes maxi- mes , les mêmes lumières , en un mot le même esprit; et avec une conformité si parfaite , qu'on serait tenté de croire qu'elle a puisé dans les écrits de M. Olier, INTRODUCTION. LI s'ils n'étaient demeurés secrets jusqu'à ce jour. En terminant cette inli'oduetioii , nous Ici'ons l'emarquer ((ue le dessein si extraordinaiiv (|ue nous \en(»ns d'indiquer, s'est accompli niali>ré les plus xxvii. Les trois >i>es oppositions qui semblaient dcNoii' en empècliej- '^^n"âccompïf . . 1.1 '•^ dessein l exécution , et le ruiner de lond en comble. La de dieu sans le cou liai Ire. communauté de M. Olier, celle à laquelle la sœur Bourgeoys donna naissance, et celle de M. de La Dauversière , établies pour faire bonorer cbacune séparément Jésls, Marie et Josepb, ont même con- couru à l'exécution du dessein de Dieu , sans qu'il y ait eu entre elles aucun accord préalable. Du moins, nous ne voyons pas que, ni la sœur Bour- geoys, ni les hospitalières de Saint-Josepb, ni même les premiers prêtres de Saint- Sulpice, qui allèrent s'établir à Villemarie , en aient eu aucune connais- sance distincte. Nous raconterons même qu'au commencement quelques-uns de ces ecclésiastiques contrarièrent , sans le savoir, les \ues de Dieu , en \oulant établir, à la place des hospitalières de M. de La Dauversière , une autre communauté étrangère à ce dessein. M. Olier l'a toujours tenu secret; et c'est aujourd'hui seulement que , pour la première fois , on donne au public cette partie de ses écrits, où il l'a dévoilé par obéissance à son directeur. <( Ce qui est admirable, écrivait-il lui-même, c'est LU INTRODUCTION. XXVIII. Le dessein de Dieu est justifié par la vie (le la sœur Bourgeoys. « qu âme qui vive n en a connaissance , personne « n'en sait rien autour de moi (1). » Enfin , quelque extraordinaire que puisse paraître (1) i\lcmoires ' i i i f f Tmicr!'"'" t'P dessein de Djel sur la nouvelle chrétienté de Villemarie , nous ajouterons que la vie admirable de la sœur Bourgeoys en fournira elle seule uue preuve démonstrative. Car, après l'avoir lue, chacun devra reconnaître qu'une vocation aussi miraculeuse dans son origine , dans ses moyens et dans ses résul- tats , que Ta été celle de cette sainte fille , est une justification tellement manifeste de ce dessein , dont elle est d'ailleurs le complément , qu'elle ne peut être expliquée que par ce dessein même. Un autre effet que doit produire la lecture de cette vie , est de montrer, dans la part que la sœur Bourgeoys a eue à la formation de l'Église naissante de Ville- marie, une image et comme un léger crayon du zèle puissant et efficace que la très -sainte Vierge a exercé dans l'établissement de l'Église universelle. « Dieu , par sa bonté , me fait connaître , dit (< M. Olier, qu'il veut que ce mystère se passe de « la sorte maintenant, pour apprendre, par ce qu'il <( a d'extérieur et de sensible, la conduite qu'il a (( tenue sur son Église; ce (|ui a été entièrement « négligé par les hommes; et un jour on admirera (1, iiiid. « le dessein dont je parle (1). » NOTICE DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITÉS DANS LA VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. Il existe deux Vies de la sœur Bourgeoys : l'ime com- posée par M. Ransonet, prêtre, imprimée à Avignon en 1728 (I); l'autre écrite en 1780 (î>) par M. Mont- a) La vie ae la sœvr Mar- golfier, supérieur du séminaire de Villemarie , et publiée ff""''" co»;-- ° ' ^ ? i- geoys, etc.,im- dans cette ville en 1818 (3). La^première, qui ne forme ^^ZuT se fmd qu'un petit volume in- 18, n'est guère qu'une ébauche ^arnabc'Aiii. de la vie de la sœur Bourgeoys ; la seconde contient ^J^]^^ awl/ré- plus de faits ; mais ayant été composée sur des mémoires la-u" mno^gra- incomplets et inexacts , elle est remplie de beaucoup de ^goUcr, ntre. lacunes, d'erreurs et d'anachronismes , quoiqu'on lise la^^ \%nérab^e dans le titre , qu'elle a été tirée de Mémoires certains ^^"Bùw'r.eoys, , , , ^ . . T ' 1 •,'••. (Me du Sainl- et la plupart originaux. L auteur, qui n écrivait que sacrement. etc. à i'illcmaric , pour l'édification particulière des sœurs de la Congre- nie: wm ^ ^ <=> Gray, 1818. gation , crut pouvoir se permettre , en citant les écrits autographes de leur fondatrice , de suppléer aux nom- breuses lacunes qu'ils présentent; et, en les commen- tant ainsi , il ne remarqua pas que souvent il les défi- gurait considérablement. Il est arrivé de là que , dans l'impression de son manuscrit, publié en 4818 tel qu'il l'avait écrit, on a donné comme étant de la sœur LIV NOTICE Boiirgeoys, ces sortes d'amplifications, quoique plus d'une fois elles soient contraires à la chronologie , et même à la vérité de l'histoire contemporaine. L'imperfection de cet ou\Tage , et d'ailleurs la con- fusion qui règne dans la disposition de sa matière , por- tèrent les sœurs de la Congrégation, en 1830, à désirer que nous composassions une nouvelle Vie de leur fon- datrice. Nous entreprîmes alors ce travail ; mais bientôt nous fûmes contraint de l'interrompre, par défaut des ma- tériaux nécessaires , que nous ne pouvions nous procurer en France ; et cette interruption dura près de vingt ans. Enfin, dans un séjour que nous avons fait à Villemarie en 1849 et 1850, les sœurs de la Congrégation nous ayant réitéré leur désir, nous avons recueilli sur les lieux les matériaux qui nous manquaient ; et poiu* les rendre plus complets, nous avons fait, après notre re- tour en France , de nouvelles recherches dans divers dépôts d'archives , soit à Paris , soit aillem's. Comme l'histoire de l'Église du Canada, à laquelle cette Vie doit servir, n'a point encore été écrite, et qu'il est nécessaire d'en établir et d'en constater historique- ment les faits , nous avons eu soin , en composant cet ouvrage, d'indiquer toujours nos sources, afin que le lecteur puisse y recourir au besoin. Nous donnerons même ici mie courte notice des principaux manuscrits que nous y avons cités. ARCmVES DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME DE VILLEMARIE. Quoique aujourd'hui ces archives soient peu consi- dérables , par suite de l'incendie qui , en 1768 , réduisit DES niiNGirArx mamscrits. lv en cendres la maison de la Congrégation , elles renfer- ment encore plusieurs pièces importantes qui nous ont été d'un grand secours. 1° Les écrits autographes de la sanir lionryeoys. Nous désignons sous ce titre un certain nombre de feuilles , la plupart détachées, que cette sainte fondatrice écrivit toutes de sa main , vers la fin de sa vie , comme nous le raconterons au second volume de cet ouvrage (I). (i^i viedeia sœur Boiir- Éprouvant alors des peines Irès-vives, fondées sur la foersHiV' ''' crainte où elle était d'avoir laissé pénétrer, par sa pré- tendue négligence , le relâchement dans la Congréga- tion , elle composa ces écrits afin d'exjioser à ses direc- teurs toute la perfection qu'elle jugeait nécessaire à cet institut; et, dans ce dessein, elle rapporta les grâces dont Dieu l'avait prévenue, et les lumières qu'il lui avait données pour, l'établir. Cette circon- stance explique pourquoi elle y parle si souvent d'elle-même, et comment elle est devenue l'historien de sa propre vie; ce qui doit donner aux écrits dont nous parlons le plus haut degré d'intérêt et de certi- tude. Comme elle les a composés sans suite et sans liaison, et qu'elle revient plusieurs fois sur les mêmes récits , nous devions avoir plutôt égard , dans l'usage que nous avons fait de ces écrits , à la nature des évé- nements, qu'à l'ordre qu'elle a gardé en les racontant. Aussi nous sommes -nous permis toutes les transposi- tions que la chronologie et l'identité des récits rendaient nécessaires. Si nous y avons ajouté de temps en temps quelques mots , par manière d'éclaircissement , nous avons eu soin de les distinguer de ses propres expres- sions par des parenthèses. LVI NOTICE 2° Les archives de la Congrégation nous ont fourni , outre les écrits autographes de la sœur Bourgeoys , plu- sieurs mandements originaux des évêques de Québec, relatifs à cet institut. 3° Diverses lettres écrites à la sœur Bourgeoys elle- même , ou à d'autres supérieures de la Congrégation. i° Des actes de fondations. 5° Enfin différents Mémoires concernant la même communauté. ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE SAINT- SULPICE DE PARIS. Les principaux manuscrits de ces archives que nous citons , sont : 1" La correspondance de M. Tronson, supérieur du séminaire de Paris , avec les ecclésiastiques de Ville- marie , formant deux volumes in-folio, qui renferment un grand nombre de lettres adressées , soit à la sœur Boiu-geoys , soit à d'autres sœurs de la Congrégation , ou aux ecclésiastiques successivement chargés de la con- duite spirituelle de cette communauté. 2° Les lettres de Ï\L Leschassier, successeur de M. Tronson . qui font suite aux précédentes. 3° Quelques lettres originales de la sœur Bourgeoys à M. Tronson. 4° Un manuscrit in-4", composé par M. de Belmont, supérieur du séminaire de Villemarie , intitulé : Éloges de quelques jjersom'ies mortes en odeur de sainteté à Mont7'éal en Canada. Il contient la vie de M"^ Jeanne Le Ber, les maximes spirituelles de la sœur Bour- geoys, et une notice sur une vertueuse Iroquoise, sœur ItKS rHlNCU'AIX MANL'SCRITS. LVIl (le la Congrégation , morlp à la montagne de Montréal. Ce manuscrit fut adressé, vers l'année 1722, par M. de Belmont , à M. Le Peletier , abbé de Saint- Aubin , dans la suite supérieur du séminaire de Saint-Sulpioe. L'au- teur le revit auparavant , et y fit de sa main quelques additions et quelques corrections de style. 5° La Vie de la sœur Marie Barbier, composée sur des mémoires de M. Glandelet, par M. Montgolfier, supérieur du séminaire de Villemarie, et écrite de la main de ce dernier. 6° Enfin la Vie de ^7"^ i^ Ber, par M. Montgolfier. Cette Vie , écrite après l'incendie de 1768, pour rem- placer celle que M. de Belmont avait composée , et qui fut sans doute consumée par les flammes, est défec- tueuse en plusieurs points , principalement dans les dates. On peut les y rétablir d'après l'ancienne Vie de M"* Le Ber, conservée au séminaire de Saint-Sulpice à Paris. ARCmVES DU SÉMINAIRE DE VILLEMARIE. Nous citons diverses pièces autographes que l'on trouve dans ces archives, comme lettres, actes de con- cessions et autres, contrats de fondations, mémoires; sans parler encore des registres publics et de ceux des délibérations de la paroisse de Villemarie. ARCHIVES DE l'hÔTEL-DIEU SAINT- JOSEPH. Elles nous ont fourni , entre autres pièces impor- tantes, les Annales de cette maison, composées par la sœur Marie Morin. Elle les commença en 1697, deux ans après l'incendie de l'Hôtel-Dieu , et les continua , à diverses reprises, jusqu'en 1725. Ces annales, dont LA"III NOTICE nous avons sous les yeux le manuscrit original , con- tiennent des détails intéressants. Elles laissent cepen- dant à désirer pour les dates , les noms propres , quelquefois même pour l'exactitude des faits , princi- palement en ce qui concerne les commencements de Villemarie , que la sœiu' Morin n'avait appris que par ouï-dire. Nous avons eu recoiu's aussi aux archives des reli- gieuses hospitalières de la Floche , où l'on conserve une copie des annales de la sœur Morin, et d'autres manu- scrits relatifs à Villemarie. ARCHIVES DE LA MARINE A PARIS. On trouve dans ces archives un très-grand nombre de documents sur l'institut de la sœur Bourgeoys. Ils sont consignés , soit dans les registres des dépêches de la cour , et dans les lettres des gouveimeurs généraux et des intendants de Canada au roi ou au ministre ; soit dans des mémoires, des lettres ou d'autres pièces que nous indiquons. Nous avons aussi puisé dans la partie de ces archives qui concerne Vile Royale , et qui ren- ferme plusieurs pièces relatives à l'établissement que la Congrégation avait formé dans cette colonie. ARCHIVES DIVERSES. Nous avons puisé aussi divers matériaux aux ar- chives du ministère des affairées étrangères à Paris , à celles du Royaume, à celles de l'archevêché de Rouen, et enfin aux archives de l'archevêché de Québec. Nous n'avons pu visiter cependant noas-mème ces dernières; et nous devons à l'obligeance de M. Langevin , secré- taire de l'archevêché de Québec, et à celle de M. Ca- ItKS l'UlNCIPAUX MANTSCRITS. 1-lX saiilt , siipérieiir du séminaire de la même ville , les pièces que nous citons comme extraites de ces archives. BIBLIOTHÈQUES DE PARIS. Entre autres manuscrits appartenant aux bibliothè- ques publiques de celte ville ,. nous citons Y Histoire du Canada, par M. de Belmont, qui est aujourd'hui à la Bibliothèque royale [supplément français l!265); et sur- tout Y Histoire du Montréal , conservée parmi les ma- nuscrits de la Bibliothèque Mazarine. ( H. 2706 , in- folio.) Cette dernière histoire, qui comprend les trente premières années de la colonie de Villemarie, a été composée, vers l'année i 673, par M. Dollier de Cas- son (1), qui fut ensuite supérieur du séminaire de cette (d mstoire du Montréal , ville. Elle est adressée aux infirmes du séminaire de «'e leeo à i67o. Saint- Sulpice de Paris, que l'auteur invite à aller prendre part à la mission du Canada. Ce manuscrit a été corrigé et écrit en partie de la main de M. Dollier. DECLARATION DE L AUTEUR. Si nous donnons à la sœur Bourgeoys , ou à d'autres personnages dont il est parlé dans cette Vie , le litre de saint , nous déclarons que c'est uniquement pour nous conformer à l'usage reçu parmi les fidèles , qui donnent quelquefois cette qualification aux personnes d'une piété universellement reconnue ; et qu'en cela nous n'avons pas eu dessein de prévenir le jugement du souverain Pontife , à qui nous soumettrons toujours (comme nous l'espérons de la miséricorde de Dieu) nos sentiments , nos écrits et notre personne. LX TABLE TABLE DES SOMMAIRES. PREMIÈRE PARTIE. LA PROVIDENCE PRÉPARE LA SOEUR BOlRGEOÏb A ÉTABLIR l'iNSTITLT de la CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME, A VILLEMARIE. CHAPITRE PREMIER. La sœur Bourgeoys est appelé'- à imiter le zèle de In (rès- sttinfe Vierge pour la sancti- fication des âmes. I. Naissance de Marguerite Bourgeoys. Heureuses tlispo- sitions qu'elle montre dès le premier âge. pnge 1 II. Indices qu'elle donne de sa vocation dès l'âge de dix ans. 2 III. Après la mort de sa mère, elle s'applique à l'éducation d'un frère et d'une sœur, et aux soins du ménage. 3 IV. Etablissement de la congré- gation externe à Troyes. 4 V. Faveur extraordinaire que M"^ Bourgeoys reçoit à la vue d'une statue de la très-sainte Vierge. 6 VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans elle. 8 VII. M'ie Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe. 9 VIII. Son union aux disposi- tions intérieures de la très- sainte Vierge. Elle est élue préfète de !a"Congrégation. 10 IX. La sœur Marguerite Bour- geoys se met sous la conduite de M. Jendret. Il X. La sœur Marguerite Bour- geoys se présente chez les Carmélites, puis chez les Gla- risses, qui refusent de la recevoir. 12 XI. La sœur Bourgeoys se lie au service de Dieu dans le monde par les vœux de cha- steté et de pauvreté. 14 XII. M. Jendret juge que la sœur Bourgeoys est appelée à honorer "la vie de la très- sainte Vierge dans un nouvel institut. 16 XIII. M. Jendret compose des règles pour le nouvel institut dont il fait un essai. 18 XIV. Trait de courage de la sœur Bourgeoys. L essai du nouvel institut ne réussit pas. 20 XV. La sœur Bourgeoys perd son père , et se retire auprès de Mme de Chuly. Dieu la con- sole. 21 XVI. NoTRE-SEiGNErR sc mon- tre à la sœur Bourgeoys sous la forme d'un petit en- fant. 23 CHAPITRE n. Dieu fait connaître à la so'ur Bourgeoys qu'elle est appelée il exercer son zèle à Ville- iiinrie. \. En 1641, les religieuses dp la congrégation de Troyes supplient M. de Maisonneuve d'emmener quelques - unes d'elles à Villemarie. 25 DES SOMMAIRES. LXI H. M. de Maisûiineuvc refuse leurs services, en leur faisant cependant des promesses pour l'aveuT. 26 III. Les religieuses de la con- grégation proposent à la sœur Bourgeoys de sejoindreàelles lorsqu'elles iraient à Yille- niarie. 28 IV. M. de Maisonneuve repasse en France et se rend à Troyes pour visiter sa famille en 1633. 30 V. Songe remarquable de la sœur Bourgeoys qui la dispose à connaître sa vocation pour Villemarie. 31 VI. Les religieuses de la con- grégation pressent de nou- veau M. de Maisonneuve , et lui parlent de la sœur Bour- geoys. 32 VU. La sœur Bourgeoys ra- conte le songe qu'elle a eu. M. de Maisonneuve lui offre de la conduire à Villema- rie. 34 VIII. M. de Maisonneuve refuse les services de la congréga- tion , ainsi que ceux de la sœur Crolo. 35 IX. M. Jendret, consulté par M. de Maisonneuve, juge que Dieu appelle la sœur à tra- vailler en Canada. 36 X. M. Jendret répond à la sœur de partir sans crainte. M. Pro- fit et le grand vicaire de Troyes lui font la même réponse. 38 XI. La très-sainte Vierge ap- paraît à la sœur Bourgeoys et lui ordonne de partir. 39 XII. La sœur Bourgeoys ne veut porter en Canada ni provisions ni argent. Sagesse d'un tel dépouillement. 41 XIII. La sœur Bourgeoys prati- qua ce dépouillement jusqu'à la fin de sa vie. 42 XIY. La sœur Bourgeoys part pour Paris. Efforts qu'on fait pour la dissuader d'aller en Canada. 43 XV. A Paris, M"' de Bellevue, pour mettre obstacle au dé- part de la sœur, lui fait offrir d'être reçue carmélite. 46 XVI. La sœur Bourgeoys s'a- dresse à un Père jésuite, qui la confirme dans sa vocation pour le Canada. 47 XVII. Voyage de Paris à Or- léans. Humiliations que la sœur y reçoit. 30 XVIII. Voyage d'Orléans à Nantes. Saintes industries de la sœur. Nouvelles humilia- ^ lions qu'elle reçoit. 52 XIX. Humiliations que la sœur reçoit à Nantes. 54 XX. A Nantes on cherche à inspirer à la sœur des doutes sur sa vocation pour le Ca- nada. 56 XXI. Désolation de la sœur Bourgeoys. Dieu lui rend le caliue en la fixant sur sa vo- cation. 58 XXII. M. de Maisonneuve donne ordre pour le départ. At- tentions de M. Leroq pour la sœur. 60 CHAPITRE III. Traversée de la sœur Bourgeoys en Canada. Ses occupations pendant les quatre premières années de son séjour à Ville- marié. I. Accidents divers que la sœur éprouve dès le commence- ment de la navioation. 62 II. La recrue pour Montréal est obligée de relâcher .^ Saint- Nazaire. 64 III. La maladie se met sur le vaisseau. Zèle de la sœur Bourgeoys à assister les ma- lades et à les disposer à la mort. 65 IV. Extrémité où est réduit le Canada avant l'arrivée de M. de Maisonneuve. 67 V. Prières qu'on fait à Québec pour l'arrivée de M. de Mai- sonneuve. Allégressequi éclate à son arrivée. 68 VI. Etat d'abandon où était alors l'étabhssement de Qué- bec. On veut y retenir la recrue de M. " de Maison- neuve. 70 \\\. La sœur Bourgeoys se lie Lxir TABLE d'une sainte aniitié avec Mii« Mance. 72 VIII. Changement que la grâce opère dans les cent hommes à leur arrivée en Canada. 73 IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie. Leur activité pour ■ fortifier cette place. Leur piété. 75 X. La sœur Bourgeoys n'a d'a- bord aucun enfant à instruire. M. de Maisonneuve lui donne le soin de sa maison. 78 XL La sœur Bourgeoys aide M. de Maisonneuve à s'avan- cer dans la perfection. 79 XIL Origine du pèlerinage de la montagne. 81 XIU. La sœur Bourgeoys réta- blit la croix du pèlerinage de la montagne. 82 XIV. Charité de la sœur Bour- geoys à l'égard des colons de Villemarie. 83 CHAPITRE IV. Èlablisseinent du séi)Unaire di' Saint-Sulpice à VillpitKtrie. in sœiu- lU'iiryeoys cominewe ses écoles , et jette /es fonde- meitts de l'église de Notre- Dame de Bon-Secours. \. M. de Maisonneuve passe en France pour prier M. Olier d'envoyer de ses ecclésiasti- ques à Villemarie. 86 IL M. Olier nomme quatre ec- clésiastiques pour Villemarie ; il prend des mesures pour y établir les sœurs de Saint- Joseph , et meurt. 88 m. M. de Queylus est nommé grand vicaire du Canada par l'archevêque de Rouen. Arri- vée des prêtres de M. Olier à Villemarie. 90 IV. La sœur Bourgeoys com- mence ses écoles dans une étable, qui lui est donnée par les seigneurs. 92 V. Elle commence la congréga- tion E.YTERNE. Elle éléve la première Iroquoise qui ait reçu le baptême. 95 VI. Baptême de cette jeune Iro- quoise; sa .sainte mort. Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys. 97 VIL La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements' de la chapelle de ^'otre-Dame de Bon - Secours. 98 \I1I. M. de Queylus fait suspen- dre la construction de la cha- pelle en attendant son retour à Villemarie. 100 IX. La sœur prend la résolution de passer en France. Motifs de la Providence dans l'entre- prise et dans l'interruption de Bon -Secours. 102 DEUXIÈME PARTIE. ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION. II'.UIT DE CET INSTITUT. CHAPITRE PREMIER. Premier voyage de la sa-ur Bourgeoyseit France: établis- sement de la congrégation de Sotre-Dame , et des Fi lies de Saint-Joseph à Villemarie. l. Occasion et motifs du voyage de la sœur Bourgeoys en France. 107 I I. M. de Queylus revient à Ville- marie. Son dessein de donner laconduitede l'Hôtel-Dieuaux Hospitalières de Québec. 1 09 III. La sœur Bourgeoys et M"e Mance passent en France. 111 IV. M"" Mance est guérie mi- raculeusement par l'attouche- ment du cœur de M. Olier, et DES SOMMAIRES. LXIII obtient mie fondation puur les sœurs de Saint- Joseph, à Villeinario. 11-2 V. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent à suivre la sœur Bourgeoys à Villemarie. 1 i 5 VI. Voyage de Troyesà Paris. La sœur Raisin s'engage aussi pour Villeniarie. La sœur Hiuux. 118 VU. Nouvelle recrue pour Vil- leniarie. Désintéressement de la sœur Bourgeoys. 120 VIII. Difficultés qu'on suscite k la recrue pour l'empêcher d'aller à Villemarie. 122 IX. Derniers adieux de M. de La Dauversière aux sœurs de Saint-Joseph. 125 X. La maladie se déclare sur le vaisseau. Zèle de la sœur Bourgeoys à assister les ma- lades et les mourants. 126 XL Arrivée et séjour de la sœur Bourgeoys à Québec. 128 XII. Avantages que la chute de M'"' Mance procura à la co- lonie. 129 CHAPITRE II. Épreuves diverses que le sémi- naire. In Congrégation et les filles de Saint-Josepli ont à essuyer, dans les premières années de leur établissement ù Villemarie. I. La compagnie de Montréal devient l'occasion de l'éta- blissement d'un évèque en Canada, selon le premier dessein qu'elle avait eu dès sa formation. 132 II. M. de Laval, vicaire apos- tolique en Canada. M. de Queylus cesse tout exercice de juridiction pour l'arche- vêque de Rouen. Réclamation de cet archevêque. 133 m. Le roi et l'archevêque or- donnent à M. dp Queylus de continuer l'exercice de sa ju- ridiction. Ordre contradic- toire. 137 IV. M. de Queylus est expulsé du Canada. 138 V. On s'efforce de faire repasser en France les hospitalières dé ."^aiiit-Joseph. 140 VI. Diverses tentatives pour établir les Ursulines de Qué- bec à Villemarie. 141 VII. Danger que court la colonie de Villemarie de succomber aux attaques des Iroquois. Résolution magnanime de dix- sept Montréalistes. 144 VIII. Cruautés des Iroquois. Massacre de M. Le Mais- tre. 146 IX. La face de M. Le Maistre est empreinte sur un mou- choir, après sa décolla- tion. 150 X. Massacre de Saint-Père. Cir- constance remarquable. 152 XI. .M. Vignal est massacré et mangé par les Iroquois. 154 XII. Dieu préserve les sœurs de la Congrégation et celles de Saint -Joseph de tomber entre les mains des Iroquois. 155 XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du" Canada. 157 XIV. La compagnie de Montréal se dissout. Le séminaire de Saint-Sulpiceluisuccède. 163 X\'. Le respect pour M. Olier détermine le séminaire à ne point abandonner l'œuvre de Montréal. 165 XVI. On ôte au séminaire la justice de l'Ile de Montréal et le droit d'en nommer le gou- verneur. Humilité de M. de Maisonneuve. 167 XVII. M. de Maisonneuve est destitué du gouvernement de Villemarie et renvové en France. " 169 XVIII. Les trois communautés de Villemarie donnent nais- sance à la confrérie de la sainte Famille. 170 XIX. Réception de la sœur Mo- rin parmi les hospitalières de Saint-Joseph. 171 CHAPITRE III. Zèle de la sœur Bourgeoyspour procurer la sanctification de la rolonie de Villemarie. 1. La justice de l'île de Montréal est rendue au séminaire. .\L LXIV TABLE de Bretonvilliers nomme un nouveau gouverneur. 174 II. M. Talon désire que la Con- grégation soit autorisée par des" lettres patentes du roi. Retour de M. de Queylus à Villemarie. 175 III. M. de Queylus travaille à l'augmentation de la colonie; il confie à la sœur Bourgeoys l'éducation de deux petites sauvagesses. 178 IV. La "sœur Bourgeoys forme les enfants de Villemarie à la piété et à la vertu. 181 V. La sœur Bourgeoys inspire à ses élèves des habitudes de politesse. Elle les instruit et les forme au travail. IS2 VI. La sœur Bourgeoys établit un pensionnat à Villema- rie. 183 VII. La sœur Bourgeoys établit la Congrégation externe en faveur de ses anciennes élèves. 184 YlII. La sœur Bourgeoys établit la Providence en faveur des filles pauvres. 186 IX. Le sœur Bourgeoys sert de mère aux filles qui viennent ;■» Villemarie pour s'y éta- blir. 187 X. La sœur Bourgeoys reçoit les filles et les femmes dans sa maison , pour y faire des re- traites spirituelles. 190 XI. Austérités que pratique la sœur Bourgeoys, pour attirer la grâce de Dieu sur la co- lonie. 191 XII. Continuité et efficacité des prières de la sœur Bourgeoys pour la colonie. 192 XIII. Efficacité des exemples de vertu que la sœur Bourgeoys donne à la colonie. 195 XIV. Désintéressement et pau- vreté volontaire de la sœur BourgeoysetdesesfiUes. 198 XV. La sœur Bourgeoys établit une ferme, et fait construire un bâtiment pour sa commu- nauté. Nouvelle maison plus spacieuse. 202 XVI. La sœur Bourgeoys pro- met à Dieu de reprendre la construction de Notre-Dame de Bon-Secours. 204 CHAPITRE IV. Deuxième voyage de la sœur Bourgeoys en France. Elle obtient des lettres patentes du roi pour son institut, et fait construire l'église de Notre- Dame de lion-Secours. I. Les Ursulines de Québec for- ment de nouveau le projet de s'établir à Villemarie. 206 II. On conseille à la sœur Bour- geoys de passer en France pour solliciter du roi des let- tres patentes , et amener de nouveaux sujets pour sa com- munauté. 210 III. Second voyage de la sœur Bourgeoys en France. Sa tra- versée. " 212 IV. Arrivée de la sœur Bour- geoys à Paris. 214 V. Elle va loger chez M. de Maisonneuve. 217 VI. Bienveillance de M. Colbert pour la sœiu' Bourgeoys et pour la Congrégation. 218 VII. Lettres "patentes du roi qui érigent la Congrégation en comiiiunauté. 220 VIII. La sœur Bourgeoys em- mène avec elle six nouvelles compagnes pour entrer dans sa communauté. 222 IX. MM. Denis et Louis Leprêtre donnent une statue pour la chapelle de Bon-Secours. 223 X. M. de Fancamp , miracu- leusement guéri à l'occasion de cette statue, donne à la sœur 30 pi.stoles pour com- mencer la bâtisse de Bon- Secours. 224 XI. Séjour de la sœur Bourgeoys et de ses filles à Rouen. 226 XII. Pèlerinage à Notre-Dame des Neiges. 227 XIII. Traversée et arrivée à Québec. 229 XIV. Arrivée de la sœur Bour- geoys à Villemarie. 230 XV. La sœur Bourgeoys place la statue dans le petit appentis de bois. On obtient la permis- sion de bâtir l'église de Bon • Secours. 232 DES SOMMA IKES. LXV XVI. Construction do l'église do Notre -Uanie de Hon-Se- com's. 234 XVII. L'église de Bon-Secours est annexée i\ perpétuité ;\ la paroisse de Villemarie. TM XVIII. Le désir de M. Oiier d'être chapelain de la très- sainte Vierge, à Villemarie, est accompli dans la personne de ses disciples. 238 XIX. Le pèlerinage de Notre- Dame de Bon-Secours ranime ladévotion envers Marie. 242 CHAPITRE V. Troisième voyof/e de la sœur liourgeoys en France. Tenta- tives qu'elle fait en vain pour obtenir l'approbation des rè- gles de son institut. I. Les nouvelles maîtresses ve- nues de France en 1672 sont reçues sœurs de la Congréga- tion. 243 H. La sœur Bourgeoys obtient de M. de Laval la confirmation de la Congrégation. 247 III. Règlements provisoires oli- servés jusque alors dans la Congrégation. 248 IV. Motifs qui déterminent la sœur Bourgeoys à son troi- sième voyage en France. 230 V. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la supériorité. La très-sainte Vierge est élue supérieure perpétuelle de la Congrégation. 231 VI. Avant son départ de Québec, la sœur écrit à M. Remy sur l'objet de son voyage. 233 VII. Voyage de la sœur Bour- geoys de la Rochelle à Paris. 256 Vni. M. de Laval n'approuve pas le voyage de la sœur pour ses règlements, et lui défend d'emmener des compagnes avec elle 238 IX. M"e de Miramion s'entre- met sans succès auprès de M. de Laval pour les règle- ments (le la Congréga- tion. 260 X. Lr. sœur Bourgeoys, par obéissance à M. de Laval , n'enunène aucune compagne avec elle. Louis Frin. 261 XI. La sœur traverse la mer. Sa confiance en Dieu dans le danger que court l'équi- page. 262 XII. Depuis ce voyage la sœur l'eçdit un grand nombre de filles dans sa commu- nauté. 265 XUI. .Vprès l'incendie de la Congrégation, M. de Laval veut unir cette communauté aux Ursulines , craignant qu'elle ne s'éteignît par dé- faut de sujets. 265 XIV. Ce fut après l'incendie que la sœur reçut le plus de sujets. Avis qu'elle leur don- nait en les recevant. 267 XV. Ecclésiastiques chargés jus- que alors de la conduite de la Congrégation. 269 CHAPITRE VI. Lu sœur Bouriieoys établit une mission à In montarjne de Montréal pour lu sanctifica- tion des filles sauvagesses. I. Pendant plus de 30 ans on n'avait pu attirer des sauvages dans l'île de Montréal pour j^es y instruire. 272 II. Commencement de la mis- sion de la Montagne eu 1676. 274 III. La sœur Bourgeoys établit à la Montagne une école pour les sauvagesses. Gratification du roi. ^ 279 IV. L'école de la Montagne est la première qu'on ait formée pour les sauvagesses. Pension- naires et externes. 280 Y. Éloge de l'école de la Mon- tagne. 282 VI. "La sœur Bourgeoys est chargée par le roi d'élever toutes les petites sauvagesses (le la Montagne. Nouvelles gra- tifications du roi. 284 VII. La sœur Bourgeoys, d'a- bord effrayée par les difficul- tés de cette œuvre , l'entre- LXVI TABLE prend ensuite avec confiance au secours de Dieu, 286 VIII. Les sauvagesses de la Montagne commencent à adopter l'usage de vêtements convenables. Plusieurs dési- rent d'être sœurs de la Con- grégation. 289 IX. État de la mission de la Montagne décrit par M. de Saint-Vallier. 291 X. Barbe Attontinon , Iroquoise, est reçue sœur de la Congré- gation. 293 XI. Thérèse Gannensagouas , Iroquoise, sœur de la Con- grégation. Ses vertus. 293 XII. Notice sur Thoronhiongo, grand-père de Thérèse. Sa piété. ' 294 XIII. Thoronhiongo , devenu aveugle, prie tous les jours pour" la conversion de son fils. 296 XIV'. Thoronhiongo obtient par la ferveur de ses prières la conversion de son fils. 297 XV. Mort de Thérèse Gannen- sagouas. 300 XVI. Les sœurs missionnaires logées d'abord dans des ca- banes. Leur grand esprit de mortification. 301 XVII. Fortifications faites au village de la Montagne. Les sœurs se logent dans deux tours du fort. 304 CHAPITRE VII. Lrt sœur Bourgeoys établit di- verses laissions françaises. I. La sœur Bourgeoys devait travailler surtoul à la sancti- fication des jeunes filles cana- diennes. Sa dévotion au my- stère de la Visitation. 306 II. Succès des missions fran- çaises établies par la sœur Bourgeoys. 308 III. Premières missions. Esprit de pauvreté et de mortifica- tion des sœurs missionnaires. 310 IV. Mission de l'île d'Orléans. Ferveur apostolique des sœurs Anne et Marie Barbier. 312 V. Privations et souffrances qu'endurent les sœurs mis- sionnaires à l'île d'Orléans. 315 VI. Fruits de sanctification pro- duits par les sœurs de l'ile d'Orléans. 317 VIL Établissement de la mai- son de la Providence à Qué- bec. 320 VIII. Fruits que produit l'éta- blissement de la Providence à Québec. 321 IX. Fruits de la mission de la Sainte -Famille. Mandement relatif aux petites filles. 324 X. La sœur Bourgeoys visite les missions de la Congrégation. Son esprit d'humilité. 327 XL La sœur Bourgeoys donne naissance à l'établissement de l'hôpital général de Québec. 328 XII. La sœur Bourgeoys établit des écoles à Québec Les sœurs V sont d'abord logées dan.s une étable. 331 XIII. Par délicatesse pour les Ursulines, et par zèle, la sœur achète une nouvelle maison à Québec. 333 XIV. Embarras de la ^ sœur Bourgeoys pour satisfaire un créancier inexorable. 335 XV. La sœur Bourgeoys a re- cours à la très-.sainte Vierge, qui l'exauce à l'instant. 338 XVI. Missions du Chàteau-Ri- cher, de la Chine et de la Pointe-aux-Trembles. 340 LES SOMMAIRES. LXVII TROISIÈME PAIiTIK. CONDUITE DE I.A l'IlOVIDE.NCE DANS I.A CONSEIIVA TloN DE l'iNSÏITIT de LA CONGRÉGATION. CHAPITRE PREMIER. Providenre pariiru/ière de DiEi SU/- le teinpiirel de lu Conijré- yatioii. I. .Attention (ie la divine Pro- vidence sur les sœurs durant les temps de disette. 343 II. Incendie de la maison de la Congrégation. 346 III. Sentiments de la sœur Bour- geovs sur l'incendie de sa maison. Sentiments des amis de la Congrégation. 348 IV. La sœur Bourgeoys se dé- termine à bâtir une maison plus spacieuse et à la haute ville. 349 V. Confiance de la .=œur Bour- geoys au secours de Dieu pour rebâtir la maison de la Congrégation. 351 VI. La sœur Bourgeoys forme le dessein d3 construire une église pour posséder le très- saint Sacrement dans sa mai- son. 356 Yll. "N'ertus de M"« Jeanne Le Ber, recluse dans la maison de ses parents. 357 VIII. M"e Lé Ber fait construire l'église de la Congrégation , pour s'y ménager un appar- tement et y vivre recluse. 359 IX. Avant que l'église soit ache- vée, les sœurs possèdent le très-saint Sacrement, à l'oc- casion de l'incendie de l'Hôtel- Dieu. 360 X. Les sœurs de l'Hôtel -Dieu et leurs malades sont logés à la Congrégation. " 362 XL M"e Le Ber entre à la Con- grégation pour v vivre re- cluse. ' 363 XII. Le très-saint Sacrement repose enfin dans l'église de la Congrégation. 365 XIII. Reconnaissance de la sœur Bourgeovs pour cette faveur. 367 XIV. La Congrégation .spéciale- ment suscitée pour Villema- rie. Efforts inutiles des reli- gieuses de Troyes et d'autres communautés pour s'y éta- blir. 368 XV. Projet d'établir les reli- gieuses de la Visitation à Vil- lemarie pour y instruire li jeunesse. 370 XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet, qu'il juge con- traire au dessein de Dieu sur la Congrégation. 372 XVII. Nouveau projet des L'r- sulines de Québec; elles s'a- dressent à M. Dollier. 373 XVHI. Les Ursuhnes de Québec s'adressent à il. Tronson. Ré- ponse qu'il leur fait. 375 • CHAPITRE II. Trouilles suscités en vain pat- l'ennemi de tout bien, pour éteindre dans ht Conffrégo- tion l'esprit propre de cet institut. I. Efforts du démon pour rui- ner le dessein de Dieu sur la colonie, en éteignant l'esprit donné aux trois communau- tés. 378 I I . Vues chimériques de la sœur Tardy de réunir les trois com- munautés en une seule. 379 III. M. de Saint- Vallier affai- blit , sans le vouloir, la dé- pendance qui régnait au sé- minaire. 380 IV. M. de Lacolombière et M. Bailly entrent dans les vues de la sœur Tardy. Déclara- tion extravagante de celle-ci à la sœur Bourgeoys. 382 Lxvin TABLE DES SOMMAIRES. Y Peines intérieures nîi DiEV "permet que loailie la sœur Bourgpoy.s. 383 VI La sœur Boursecys veut se démettre de sa place de supé- rieure. DiEi- met alors obsta- cle à ce dessein. ^'^^ VII. Sentiments de M. Tronson sur les visions prétendues de la sœur Tardv. 388 "VllI. M. de Lacolomljière cl M Baillv 1 appelés en France. La sœur Tardv va à Pans. M. Tronson écrit à lasœurBour- geoys. **^" IX M Tronson rappelle en "France M. Guyotle, qui s'en- tremettait pour le retour de lasœurTardy eu Canada. 392 X M. Tronson refuse de con- ' sentir au retour de M. Baillv et de M. de Lacolombière à Villemarie. ^^^ XI. Les sœurs de Saint-Joseph s'étant logées à la Congré- gation après leur uicendie , Dieu montre quelle est la vraie union qui doit être entn- ces deux communautés. 396 XU. Acte d'union des deux communautés composé par la sœur Bourgeoys. 398 XUI. Instances de la Congréga- tion et de l'Hotel-Dieu pour être dirigés à raveuu' par le Séminaire. ''"^ XIV M. de Valens est nomme directeur de la Congréga- tion. ^02 XV La sœur Bourgeoys se dé met enlin «le sa charge de supéri.'ure. Elle esl délivrée de ses pein'S. ^03 TABLE ALPHABKTIOUE DES MATIÈRES. AcADiE. M. GeotTroy y établit une école, t. ii, p. 172, Ecole (les filles de la Croix ii i^orl-Royal , p. t73, Projel d'établir une mission de l;i Congréiialioii ii l'Aeadie, p. Mi. Ai.t.KT (d'), eeelésiastiqiit' de Saint-Sulpiee, envoyé a Ville- inarie |)ar M. Olier, 1. i, p. S'>E (Sainte-) d'YAMAcmcnE; mission établie dans cette pa- roisse, t. II , p. 490. Ancek (Angéliiiue), supérieure de la Congrégation, t. ii , p. 384. Lettre que lui écrit M. Dosq'uel, p. 384. Mort de la sœur Anger, p. 392. Anglais (Étude de 1') introduite dans l'enseignement de la Congrégation, t. ii, p. 407. .Vpôtres. Les sœurs de la Congrégation vont en mission pour imiter les saints apôtres, t. ii , p. 13, 14. Argenson (d'), gouverneur de Canada, t. i, p. 101. Arnal'lt (la sœur), dite Saint-.\rsène, envoyée a Louisbourg, t. Il , p. 345. Transférée en France , elle écrit a M. de Mau- repas pour lui exposer les besoins des sœurs, j). 302. Re- tourne a Louisbourg, p. 309. Epreuves qu'elle y endure, p. 370 et suivantes. Elle est transférée en France une seconde fois , p. 379. Lettre qu'elle écrit à la supérieure de la Con- grégation , p. 380. Elle meurt à La Roelielle, p. 399. Son éloge par M. l'abbé de l'Isle-Dieu, p. 401 , 402. AssoMPTio.v, rivière de Lacliigan; mission établie dans cette paroisse, t. ii, p. 496. x\ttontinon (Marie-Barbe), Iroquoise, sœur de la Congréga- tion, t. i, p. 293. AuGÉ, négociant à Villemarie; son zèle pour le rétablissement de la maison de la Congrégation après l'incendie de 1708, I. II, p. 417 , 420; pour la reconstruction de la cbapelle de ^otre-Dame de la Victoire . p. 421 ; pour procurer à la Con- grégation la propriété du licf Saint Paul, p. 424; pour le rétablissement de l'église de Bon-Secours , p. 429. LXX TABLE ALPHABETIQUE B Bacqueville de la Potherie; éloge qu'il fait des scpurs de laCongrégaliou, l. ii , p. 189, 190. Bailly, prêtre de Sainl-Sulpice, dévoué à la Congrégation, t. I, p. 254; est eliargé de la direction spirituelle de cette communauté, p. 270, 271 ; il entre dans les vues cliimé- riques de la sœur Tardy, p. 382; est rappelé en France par M. Tronson , p. 390, 391 ; quitte la compagnie de Saint-Sul- pice, p. 3 î3. M. de Saint-Vallier veut le ramener a Ville- marie: M. Tronson ne jieut y consentir, p. 393, 394. Barbier (Gilbert dit Minime): son dévouement pour l'éta- blissement de Villemarie, t. n, p. 100, 101, 102. Bakiîier (Marie); la première fille de Villemarie reçue dans l'institut de la Congrégation, l i, p. 265. Son zèle pour les travaux les plus pénibles, sa dévotion à l'Enfant Jésus, p. 199. Elle est envoyée a la mission de la Montagne; en est rappelée pour aller établir celle de l'île d'Orléans, p 302 , 303. Sa ferveur, p. 313, 316. Elle est mise a la tête de la maison de la Providence à Québec, p. 321. La grande con- fiance que ses filles ont en elle, p. 322. Assistance de la bonté divine en faveur de celte maison , p. 323, 32i. La stpur Barbier est envoyée de nouveau ii la mission de l'île d'Orléans, p. 330. Elle est élue supérieure de la Congréga- tion, p. 105. Notice sur la sœur Barbier, t. ii, p. 100 et suiv. Sa Vie composée par M. MonIgoHier, t. i, p. lxv ; t. II, p. 450. BARTIIELE.MY, prêtre de Saint-Sulpiee, dévoué à la Congré- gation, t. I, p. 254. Batiscan, la sœur Bourgeovs v établit une mission, t. i, p. 310. Bealce (Sainte-Marie de la Nouvelle-), mission établie dans cette paroisse, t. ii, p. 469. Beaudrv (Victoire), supérieure de la Congrégation, t. ii, p. 468. Sa mort, p. 474. Bédard, curé de Saint-François de la rivière du Sud , procure l'établissement de la mission de ccite paroisse , t. ii , p. 392. Il pose la première pierre de la maison destinée pour les sœurs, p. 3!)4. Leur donne l'usage de cette maison, p. 395. Bellevue (M"" de), pour dissuader la sœur Bourgeoys de passer en Canada, lui fait offrir d'être reçue carmélite, t. I, p. 46, 47. La so'ur Bourgeoys, dans son troisième voyage à Paris, loge quelques jours chez M"*^ de Bellevue, p. 257. Beemont ( de ), ecclésiastique de Sainl-Sulpice, envoyé en Canada pour faire l'école aux enfants sauvages, fait con- struire l'église et le village de la mission de la Montagne, t. I , p. 279. Etat de son école, p. 280. Etat de sa mission , p. 291. Son application a instruire et ii former les jeunes sau- vages, p. 292. Il fait fortifier le village de la Montagne, p. 304, 305. Il place le cœur de la sœur Bourgeoys dans le mur de l'église de la Congrégation, I. ii, p. 87. Oraison DES MATIERES. LXXI funèbre de la sn-iir Bourgeoys qu'il iirononce clans celte cir- ronskince, p. 8S et siiiv. Il siiceède ii M. Dullier de Casson , |). J8S. Sa eoncluite a l'oeeasinn de la défense intimée k la Coiijiréfxalion de faire des vreu\ simples, p. 201. Kerit an ministre snr ce sujet, p. 208. M. de l.ongueil allant îi la rencontre d(=s Anirlais, M. de Belniont lui remet un éten- dard, p 221. M. de Helmont proiumee l'oraison funèbre de la S(eur Le Ber, p. 238. Il demande pour la Conf,Méf:ration la remise des lois et vente du lief l.anoiii', dans l'île Saint- Paul, p 2t50, 2t)2. (Compose les Etoiles Je quelques personnes mortes en odeur de saiulelé à Montréal, I. n , p. 27(); t. i, p. i.vi. Compose l'Histoire du Canada, t. i, p. ii\. Eloge qu'il fait de la Conirréiiation, t. ii, p 270. Il est remplacé à sa mort par M. Normant , p. 332. Ber ( l.ej Jacilues, le plus riclic négociant du Canada, t. i , |). 3o7. Essaye de dissuader la su'ur Bourgeoys de se cliarger de l'éducation des jeuiH's sauvagesses , p. 287; permet à M"^ Le Ber sa lille île \i\re recluse -dans sa maison , p. 358; l'accompagne dans la cérémonie de sa réclusion à la Con- grégation, p. 36i, 3()(); s'entremet sans succès auprès de M. ïronson, pour obtenir le renvoi de M. Guyotte h Ville- marie, p. 393; ne visite sa tille (lu'une ou deux fois l'an- née, t. II, p. 227. Ber (Le) Pierre, fils du jnécédent, 1. 1, p 3o7. Sa généro- sité envers la Congrégation, t, ii, p.'23i, 235. Ber (Le) Ducliesne, fds de Jacques Le Ber, l i, p, 358. Ber (Le) Jeanne, sa famille, t. ii, p. ii6. Vertus qu'elle pra- tique dans la maison paternelle, t. i, p. 357. Elle fait con- struire l'église de la Congrégation pour \ vivre recluse , p. 3''9. Cérémonie de sa réclusion, p. 303. Elle est visitée par M. de Sainl-Vallier , t. ii, p. 48. Prédiction de la sœur Le Ber sur la tentative des Anglais , en I7M. Sa conliance en Marie, p. 218, 219. Edification (jue répand au deliors cette sainte recluse, p. 226, 227. Elle fonde l'adoration et la messe de communauté cliez les sneurs, [). -227; déter- mine les sœurs à reconstruire la maison du [)ensionnal , p. 228. Construction du pensionnat , p. 230. Assistance des sainls^Auges fdans cette construction, p. 231, 232. La sœur Le Ber fonde des |)laccs de i)ensionnaires, p 233, 234. Elle donne à la Congrégation une très-petite partie du tief .Saint -Paul, p. 423. Mort précieuse de la sœur Le Ber, p. 235. Bespects rendus h ses restes , p. 230 , 237. Son éloge funèbre par M. de Belmont, p. 238 et siiiv. .M. de Belmont compose la Vie de la sœur Le Ber, p. 278, t. i, p, i.xiv. Vie de la même par M. Monlgolfier, t. ii, p. 450; t. i, p. i.xv. Berm^res, vicaire général de Québec, t. i, p. 246. Donne un certiticat favorable h la Congrégation , p. 254. Bertache (de la) Elisabelb , se donne k la sieur Bourgeoys, t. I , p. 222. Signe le procès verbal de la fondation de Bon- Secours , p. 235. LXXII TABLE ALPHABÉTIQUE Berthei.ot, propriétaire de l'île d'Orléans, donne un arpent de terre pour les sœurs de la mission de la Sainte-Famille, t. I, p. ;-5l9, 320. Instances qu'on lui fait pour l'engager k aider celte mission, l. ii, p. 166, 167. Berthier; mission établie dans cette paroisse, t. u, p. 470. Besson (Le) Pierre, capitaine de vaisseau, conduit la sœur BourgeoYs en Canada, t. i , p. 62. Blondel, procureur des hospitalières de la Flèche, donne sa nièce a la sœur Bourgeoys , t. i, p. 120. Bom-Secolrs (Église de Notre-Dame de). La sœur Bourgeo.ys en fait jeter les fondements, t. i, p. 98 M. de Ouey'us, alors il Québec, fait suspendre cette bâtisse, p. 100, 101. Motifs de la Providence dans l'entreprise et la suspension de la construction de Bon Secours, p. 102, 103, 104, 105, 106. Fn 1670, la sœur Bourgeoys prend la résolution de bâtir cette éjîlise, p. 204. Dons qu'on lui fait a Paris pour ce sujet, p. 223 et suiv. Statue donnée par MiM. le Prêtre, p. 224. La statue est mise dans un petit appentis de bois, p. 232. Le séminaire demande la permission de bâtir cette église, p. 233. Elle est construite en 167.^, p. 234; an- nexée il perpétuité à la paroisse, p. 237. Le désir de M. Olier, d'être cliapelain de la très-sainte Vier^'e k Mont- réal, accompli dans la personne de ses disciples, p. 238. D«';votion ûcs peuples pour l'église de Bon-Secours, p. 242, 243, 24 i. Cette église est consumée par un incendie en 1754, t. Il, p 406. Le gouvernement veut s'emparer du terrain de Bon-Secours , p. 407 , 408. Héclaraatious de la paroisse qui empêchent l'exécution de ce dessein , p. 409. Beconstruction de l'église de Bon-Secours, p. 427. Inscrip- tion, p. 429. Zèle des sœurs de la Congrégation pour ce rétablissement, p. 430. BoNV (Catherine), sœur de la Congrégation, t. i, p. 26S. BoRNELF, prêtre de Saint-Sulpice, confesseur de la Congré- gation , t. Il, p. 464. BossET, ancien curé de Neuville, contribue k la fondation de la mission de cette paroisse, t. u, p. 264. Boucher, donne un emplacement pour la mission de Bou- cherville, t. ii, p. 176. BotcHER DE LA Brlyère , sœur de la Congrégation, t. ii, p 338. Bol'Cherville; mission établie dans cette paroisse, t. ii, p. 17S. Interrompue par suite d'un incendie; rétablie, p. 489, 490, 491. BorcHERViLi.E, sœur de la Congrégation , t. u , p 338. HoiRBAULT (Madeleine) , sœur de la Congrégal on , 1. 1 , p. 265. BoLRGEovs (Abraham), père de Marguerite, t. i , p. 1 , 2. H confie a Marguerite l'éducation de ses enfants en bas âge, p. 4. Il consent a son entrée chez les carmélites, et promet de payer sa dot, p. 13. Permet qu'elle fasse l'essai d'un nouvel institut sous la conduite de M. Jendret, p. 19. Sa mori . p. ±\ . DES MATIERES. LXXIIl BofRGF.T (Mgr), évoque de Villemario, propose aux smirs dr la Congré^'atinn dV'tablir uno mission à Kingston, I. ii, p. iS:!, iSi. Rlogc (|ii'il l'ail de la Coiigrr'galioii , p. i86. |{(Mid onminiint' :i tdiilt's les scimiis l'une des reliailes an- nuelles, p. 4HH. Supérieur de la Congrégation, p. i*M. Missions nouvelles dont il proeure l'élablissemenl, p. 496. BoiRRASsA , marguillier de Villemarie; son zèle pour la re- construction de Bou-Seconrs, t. ii, p. -i:29. BoiRRASSA , curé de Cliàleauguav, élalilit la mission de cette jiaroissc, t. ii, p. 489. BouvART , de la compagnie de Jésus; témoignage qu'il rend aux vertus de la sœur Bourgeoys, t. i , p. lOÔ. Brassier, prêtre de Saint-Sulpice, supérieur de la Congré- gation , t. II, p. 439, 460. Bresi.ay (de), évoque de Troyes, t. i, p. 5. Bkeslay (de), prêtre de Saint-Sulpice , préside à l'inhumalion de la sœur Bourgeoys, t. ii, p 8b, 86. Brésole, voyez Moreau. Bretonvii.lieks (Le Bagois de), supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, veut construire h ses frais la première église qui serait bâtie en l'honneur de la très-sainte Vierge à Vil- lemarie, t. I, p. 10! , 102. p]st le principal soutien de la colonie, p. 49, 158, 159. Convoque'une assemblée pour déterminer si le séminaire abandonnera ou non l'œuvre de Villemarie, p. 165. Y renvoie des ecclésiastiques, p. 176. Fait établir une mission sauvage a Kenlé, p. 274. Briand, évêque de Québec, se rend dans son diocèse, t. ii, p. 401. Console les sœurs de la Congrégation après leur incendie, p. 417, 418. Visite en 1773 la communauté de Villemarie, et prend connaissance des règles, p. 434, 435, 436. Il annule tous les changements faits Ji ces règles par ses prédécesseurs, p. 437, 438. De son agrément, on com- pose le Coutumier, p. 439. H renouvelle les permissions relatives aux saints de saint Pierre et de saint Jean-Baptiste ; autorise a le donner le jour du Sacré-Cœur, p. 435. Brigeart, secrétaire de M. de Maisonneuve, est pris par les Iroquois, qui lui font endurer d'horribles tourments, t i, p. 155. Broderie; cet art est introduit dans le pensionnat de Ville- marie, t. il, p. 467. Brouillant, voyez Saint-Ovide. Caille, prêtre de Saint-Sulpice, supérieur delaCongrégalion , t. Il, p. 64. Caillère, gouverneur général de Canada, assiste aux obsèques de la sœur Bourgeoys , t. ii , p. 84. Carleton (Guy), autorise les sœurs de la Congrégation à acquérir le fief Saint -Paul, t. ii , p. 423; et confirme cette autorisation, p. 424. 11 révoque la défense qu'il avait faite a l'égard des postulantes et des novices , p. 432, LXXIV TABLE .UPllABETlUL E Caiim ÉLITES ; doux cou vents de cel Ordre iiTroyes, l. i , j). 1:». La sœur Bourgeoys demande d'être reçue dans eelui du fau- bourg. Elle est refusée, p. 13, 14. Carmes; le Provincial de Paris fait olVrirà la sœur Bourgeoys l'entrée des Carmélites, si elle renonce au dessein qu'elle avait formé d'aller en Canada, l. i, p. 46 et suiv. Il écrit a la Sieur ii Nantes pour lui réitérer ses ofl'res, et la presse de les accepter, p. 57. Un carme de iSanles est d'avis qu'elle accepte. Lettre k M. de Maisonneuve sur ce sujet , p.S8, 59. Caseunks ; projet du gouvernement de construire des casernes sur le terrain de Bon -Secours, t. ii, p. 4(IS. Zèle de M. Monlgolli(!r pour conserver ce terrain ii la paroisse, p. 409. Casso.n (de), voyez Dollier. Chaigneal (du), prêtre de Saint-Sulpice , directeur de la Congrégation, t. i, |) 402. Champigny (de), intendant de Canada; témoignage d'estime qu'il donne a la Congrégation , t. ii , p. 189. Champlain. La sœur Bourgeo,>s étahlit une mission dans cette paroisse, I. i , p. 310. Cette mission, d'abord interrompue, est ensuite rétablie, t. ii. p. 172. Supprimée, p, 458. Chapelle de l'Enfant-Jésus. Les sœurs de la Congrégation doivent avoir une place à l'église , pour elles et pour leurs élèves, t. Il , p. 37. On leur donne l'usage de la chapelle de l'ExFANT-JÉsrs , p. 188. (^onlirmation de ce privilège, p. 257. Charlevoix , de la compagnie de Jésus-, hommage qu'il rend il l'mslitut de la Congrégation, t. ii , p. 271. Forme le dessein d'écrire la Vie de la sœur Le Ber, p. 292, 293. Ne réalise pas ce dessein, p. 29i. Charly (Marie-G-atherino). Sa famille, t. ii, p. 192 Elle est reçue dans la Congrégation , t. i, p. 265. En est élue supérieure, t. n, p. 193, 194. On lui signifie la défense du ministre tou- chant les Vieux simples, p. 199. Elle consulte M. Baudot, intendant de Canada, sur la conduite qu'elle a h tenir dans celte occasion, p. 201 et suiv. Elle écrit k M. de Ponl- chartrain pour lui demander la révocation de celle défense, p. 206, 207, 208. Écrit pour le même objet k M'"* de Maintenon, p. 21 1 , 212. La scpur Charly se d-met de la supériorité. Sa mort, p. 216. Charon, fondateur de l'hôpital général de Villemarie, a dessein d'établir une communauté de maîtres d'écoles. M. de Pontcharlrain, ministre de la marine, lui défend de former une communauté de religieux, t. ii , p. 196, 197. Vœux et costume uniforme des frères Charon , p. 214, 215. M. Charon obtient ensuite une gratification de la Cour pour ses maîtres d'écoles, p. 214, 268 Commencement des missions d'écoles, p 269. Pourquoi cet établissement s'éleint , p. tlO , 271. Ch.vtealguay, établissement de la mission de cette paroisse , t. Il, p. 489. DES MATIERES. LXXV CnATEAL-l{i<:iiEi! , l'Iahlissoiiicii I (le la mission do cr liou, t. i , p. 3i0. Sii|ipriiiu''c depuis la i^iifrro . on 1759, l ii , p. 385. CiiAiEi., nolairo à Troyos, codo sa lille h la sœur Rourgorivs, pour ((u'oUe lasuivo à Villoinario , L i. p. 116, 117, 118. Chaumaiîx , voyoz Citons. CiiAUMONOT, do la cninpai^'nio do Jésis, donno naissanco îi la confrériodo la Sainlo-Kamille, t. i, p. 170. Chauson , iillo do la ooii!.MVi.'aliun do la Croiv , (Mablil nno OcrAc a Porl-Hoyal, t. ii, p. 573. CiiALViN , oiiré do la baio Sainl-Paul , étahlil la mission do cello paroisse, t. ii , p. 496. Cheruif.r, curé do Sainl-Denis, procure l'élablissemenl de la mission de ce lieu , t ii , p. 455. CiiESNEAii (du) , intendant do Canada; détail qu'il donne au ministre do la marine sur la mission de la Congrégation établie a la Montagne, t. i , p 281. Chine, élablissemenl de la mission do ce lieu, l. i, p. 3i0. Interrompue, rétablie ensuite, t. ii , p. 178, 179. Détresse des sœurs do oetto mission, p. 267. La mission est transférée a la Pointe-Claire , p. 457. Chomedey de Maisonneuve, \o.vez Maimûneuve. Chomedey (M"'' de), sœur de M. de Maisonneuve, religieuse de la Congrégation à Troyes , [)resse son frère pour qu'il emmène quelques religieuses de cet institut a Villeniarie, t. I , p. "In. Lui donne une image pour gage de leurs promesses mutuelles, p. 27; et fait proposer a la sœur Bourgeoys de se joindre aux religieuses qu-md elles parti- ront , p. i9 , 30. Elle presse de nouveau M de Maisonneuve , et lui fait connaître la sœur Bourgeoys , p. 33. Il refuse les services de ces religieuses, et n'emmène à Villemarie que la sœur Bourgeoys , p. 35. Chci.y (M™'= de), sœur de M. de Maisonneuve, offre un appar- tement pour loger les trois iilles destinées a faire l'essai d'un nouvel institut, t. i, p. 19. Reçoit cbez elle la sœur Bourgeoys , après que celle-ci a perdu son père, p 22. Sur l'inviialion de M. de Maisonneuve, elle conduit la sœur Bourgeoys à Paris, p. 41; quoiqu'elle ignore encore le dessein de la sœur d'aller k Villemarie , p. 43 , 44. CicÉ (de), prêtre do Saint-Sulpice, missionnaire à Kenlé, t. I, p 274. CiTOYs HE Chaumaux , prêlro de Saint-Sulpi'^e, directeur de la Congrégation; t. ii , p. 250, 251. Clarisses de Troyes ; la sœur Boursreoys se présente chez elles pour entrer dans leur institut; elle est refusée, t. i , p. 14. Cleucq (le), récollet; témoignage qu'il rend aux vertus do la soeur Bourgeoys , 1. 1 , p. 1V)6. Éloge qu'il fait dos sœurs de la Congrégation , t. ii, p. 189. Ci-osse , major de la garnison de Villemarie , nommé gouver- neur en l'absence do M. de Maisonneuve, t. i, p. 88. Elisabeth Moyen, femme de M. Closse, marraine de la première Iroquoise qui reçoit le baptême, p. 97. M. Closse LXXVl TABLE ALPHABETlgTE fait graver sur une lame de cuivre la première iuseriplidu destinée pour l'église de Bon-Seeoiirs, p. 100. Clôture; les sœurs de la Congré^ralion ne doivent point être astreintes à la clôture, t. ii , p. -10. M. de Sainl-Vallier aurait désiré (|u'elles fussent cloîtrées, p. 18, 19. M. de Vaudreuil cl M. Raudol font défendre la clôture aux sœurs par le minisire, p. 193, I9fi, 197 La sœur Charly, supé- rieure de la Congrégation, remercie le ministre de cePe défense, p. 206. CtEL'R (Saint) de Makie, établissement de sa fête à la Con- grégation, t. II, p. 25i, 255. Les sœurs s'adressent au saint Cœur de Marie, et sont délivrées d'un incendie qui semblait devoir consumer leur maison , p. 27i. CoELR (chapelle du Sacré-), construite, t. ii, p. 418. Cœur de la soeur Bourgeovs, placé dans l'église de la Con- grégation , t. Il, p. 86, 87. Consumé dans l'incendie de 176tS; on en recueille les cendres, p. i' 3. Colbert , ministre de la marine ; son zèle pour la colonie de Villemarie, l.i, p. 178, 218; pour la Congrégation, p. 218, 219; pour les petites écoles destinées aux enfants sauvages, p. 277, 278. Il obtient du roi une gratification annuelle de 1,000 livres pour aider les sœurs à instruire les sauva- gesses, p. 479. Compagnie de Notre-Dame de Montréal, voyez Montréal. CoMPAiN (Louise), supérieure de la Congrégation ,t. ii , p. 461 . Son éducation, son caractère, p. 462. Sa mort, p. 469. Conception ( la sœur de la) , voyez Louishourg . Conefroy, curé de la Pointe-Claire; son zèle pour rétablisse- ment de la mission de celte paroisse , t. ii , p. 4S7. Congrégation (religieuses de la) a Troyes; elles y établissent la Congrégation externe: édification qu'elle répand, t. i, p. 4, 5. La sœur Boiirgeoys y est admise, p. 10. Les reli- gieuses supplient M. de Maisonneuve d'emmener quelques- unes d'elles ;i Villemarie, p. 2o. Il refuse leurs services, en leur donnant cependant quelque espérance, p. 26 Elles proposent a la sœur Bourgeovs de les suivre à Villemarie, p. 28. Font instance pour y aller, p. 32, 33. M. de Maison- neuve refuse leurs services, p. 35. Lasœur Bourgeoys, dans un vovage qu'elle fait en France, loge chez elles à Troyes , p. 115. Congrégation séculière de Villemarie. — Fin de cet INSTITUT. La (Congrégation destinée a faire honorer la Irès- sainte Vierge dans lîle de Montréal, en procurant la sanctification des jeunes filles, t. i, p. xxxvi. Elle a été spécialement suscitée pour Villemarie, de préférence k toute autre communauté, p. 368 et suiv.; t. ii , p. 3. Pour- quoi n'a-t-cUe pas été établie dès le commencement de celte colonie, t. i, p. xxxvii. — Esprit de cet institut, t. ii, p. 2 et suiv. Les (i!les de la Congrégation continuent les emplois que la très-sainte Vierge a exercés après la résur- rection de Notre-Seigneur , p. 4, 5. A l'exemple de Marie, ItES MATIEKES. LXXVII (lies lie font [loiiii de vœux solennels , p. !J. Kllcs ne sont point cloîtrées, p. 10, 11. Klles vont en mission pour imiter les ap(Mres , p. 13. Doivent être filles de paroisse, p, li, Iti. {)nd\\\éii de l'amour de Dieu que la sœur Bourgeojs demande de ses tilles, p. 66 et suiv. Qualités de l'amour du prochain, p. 69 et suiv. Prières de la sceur Bourgeojs pour --on institut, p. 76 et suiv. — Oustaclf.s divers : troubles suscit' s |)our éteindre resjirit propre de la Congré- galion, en confondant cet institut avec celui de Saint- Joseph, l. I, p. 'MS. Nature de l'union qui doit exister entre eux, p. 397, 3i'8, 399. Diflicuilés formées contrôle genre de vie des sœurs de la Congrégation ,1. ii, p. 1 , 2, Voyez Règles, \'œtix. — Approb.xtio.n de cet r.xsTiTUT : Permission donnée en 1669, par .M. de I.aval, de faire l'école, t. I, p. 2(18. M. Talon désire que la Congrégation soit autorisée par des lettres patentes du roi, p. I76. La sœur Bourgeoys passe en Europe pour les obtenir, p. 210. Lettres patentes du roi, p. 420, 221. M de Laval, en 1676, conlirme l'établissement de la Congrégation. — Temporel : soins de la Providence, 1. 1 , p. 344 et suiv. Étal du temporel de la Congrégation en 170 i, t. ii, p. 181'. Étal du personnel, p. 180. Le nombre des sœurs n'a jamais été déterminé par le gouvernement , p. 252. Co.NGRÉGATio.N (maison de la). La compagnie de Montréal donne à la sœur Bourgeoys une élable, qui devient le ber- ceau de l'institut, t. i , p. 94, 9o. Nouvelle maison pour la Congrégation ; autre maison plus spacieuse, p. 203. Elle esl consumée par le feu en 1683, p. 347. La sœur Bourgeoys fait bâtir, à la Haute-Ville, une maison plus considérable que les précédentes, p. 349. Assistance de Dieu pour fournir à la sœur les moyens d'entreprendre cette dernière bâtisse , p. 352 et suiv. La maison de la Congrégation pré- servée d'un incendie par l'invocation du saint Cœur de Marie , t. ii, p. 274. Actions de grâces pour celte faveur, p. 273, 276. La maison esl consumée par un incendie en '•768, p. 410, 413. Détresse où la communauté se Irouve réduite après cet accident, p. 416. Rélablissemenl de la maison, p. 417. Principaux bienfaiteurs qui contribuent à la rebâtir, p. 419. La maison de la Congrégation esl reconstruite sur un plus vaste plan, p. 492. Co.NonÉGATiON (fruits de la). Voyez laissions. Éloges donnés à cet inslilul, voyez : Bacqueville , Belmont , Bourget , Champignij , Charlevoix , Clercq , Colbert , Cousturier, Denonville , Dollier , Dosquet, Forant, Isle-Dieu , Juche- reau, La Tour, Laval , Le Ber, Leschas;sier, Louis XIV, AJeulles, Montgolper, M or in , Péletier. Prévost , QuiMier, Bamezai, Rawlof , Houx, Seignelay , Talon, Tronson , Saint-Vallier, etc., etc. Co>(,RÉGATiON EXTERNE, établie par la sœur Bourgeoys en 16S8, t. I, p. 93. Premiers fruits de cette institution, p. 184 , 185. La sœur Barbier en prend la conduite, t. ii , LXXVllI TABLE ALPHABÉTIQUE p. i37. Nouvelle forme donnée à celte Congrégation, par .M. Jollivet , p. i'2!. Suite des directeurs de la Congré- gation externe, p. 422. Constantin (Madeleine), se donne à la sœur Bourgeoys, t. i,p. 222. CoNTREcoRiiR (de), Contribue à rétablissement de la mission de Saint-Denis, t. ii , p. 45b. CossART, oncle de la sœur Bourgeoys, la conduit k Paris, t. I , p. 43. Fait tout ce qu'il peut pour la dissuader d'aller en Canada, p. 44, 4b. Coi sTURiER , supérieur du .séminaire de Saint-Sulpice , écrit k lasœurGuillet, et lui otVre ses services, t. ii , p. 332, 333. Écrit à la sœur de Langloiserie, p. 355. CoLTLMiER DE LA CONGRÉGATION, commcucé d'abofd par M. Déat , I. Il, p. 296. Pourquoi interrompu, p. 197, 299. Composé sous l'épiscopat de M. Briand , p. 30U ; par la sœur Maugue, p. 438,43!). Cramahé, ses favorables dispositions pour la Congrégation , t. Il, p. 433. Croix (tilles de la), k Paris; la sœur Bourgeoys loge cbez elles , t. I , p. 257. École des filles de la Croix k Port-Koyal , t. Il , p. 175. Crolo (la sœur). On croit que ce fut elle que la .sœur Bour- geoys délivra d'un grand danger, I. i, p. 2u. Elle s'otTre pour Villemarie; M. de Maisonneuve refuse ses services, p. 36. Elle se donne plus tard k la sœur Bourgeoys, et la suit en Canada, p. 116, 117. Concourt a l'établissement de la confrérie de la Sainte-Famille , p. 170, 171 Son zèle pour le travail , p. 199. Sa mort, t. ii, p. 148. CuiLLERiER, brave Montréaliste , pris par les barbares, et ramené ensuite il Villemarie, t i, p. 152, 153. 1) Dame (Notre-) aux Nonnains, kTroyes, t. i, p. 7. Da.me (.Notre-) dk Bon-Secolrs , voyez Bun-Secours. Daulac , brave Montréaliste, qui , de concert avec seize de ses concitoyens, sauve le Canada, t. i, p. 144 et suiv. Dauversièke ( LE Rover de La), appelé estraordinairement de Dieu k faire bonorer saint Josepli k Montréal, en y établis- sant une communauté d'hospitalières, t. i, p. xxxii, xxxiii. Sa rencontre comme miraculeuse avec M. Olier , p. xxxiv. il fait part k la compagnie de Montréal des ordres qu'il a i eçus de Duu; la compagnie s'engage k les exécuter, p. xxxv, LesRH.PP. Jésuitesjugenlquelavocationde M. de La Dau- versière vient de Dieu, p. 50. Il prend les avis de Marie Rousseau sur les atTairesde Montréal , p. xlvi. 11 envoie des femmes et des filles k Villemarie, p. 62, etc. Accompagne jusqu'k LaRochelle les hospitalières qu'denvoie en Canada, et leur dit le dernier adieu , p. 125. Sa mort , p. 126. Il con- sole ses lilles de Villemarie et les encourage dans leurs épreuves. HES MATIERES. LXXIX Davki.it (las(i'ur), missioiiuaiic au Lac Jts l)cu.\-.Moiilagnos, L II, p. 3;î8. Déat, prêtre de Sainl-Siilpicc, dircflrur do laCongré^alion, I. Il, p. 290,^291. Knlroprcnd de rédiger le Coutumier, puis interrompt eel ouvrage, [>. 296, 297. (Hiitio l'emploi de directeur pour exercer les fonctions ciiriales , p. 327. Dégouais, grand pénitencier de Troyes; la sœur Bourgeoys lui fait uni' confession extraordinaire, t. i. p. 9. Dems (Marie} , sœur de la Congrégalion , t. i , p 265. Denis (Mission de Saint-), établie, t. ii., p. -45.^. Deno.wili.e (de) , gouverneur général de Canada; témoignage lionoraMe qu'il rend à la (Congrégation , t. i, p. i87, 3S1. Dequen, de la compagnie de JÉst's, d'abord vicaire général de l'archevêque de llouen en Canada , t. i, p. 91 ; reconnaît M. de Cavlus comme seul grand vicaire, p. 92; obtient de nou- veau des pouvoirs de vicaire général pour Québec en ]6o8 , p. 109; cesse tout acte de juridiction à l'arrivée de M. de Laval, p. 13i. DEROussELLE(Madeleine), supérieure de la Congrégation, l. ii, p. 468. Desaulniers, marguillier de Villemarie ; son zèle pour la re- construction de Bon-Secours, t. ii. p. 429. Dessi.n ( L'art du) introduit dans les pensionnats de la Con- grégation, t. II , p. 467. Directeurs de i.a Concrégation. Après l'établissement des HH. PP. Jésuites et des Slécollets a Villemarie, M. Tronson pro- pose à la sœur Bourgeovs de prendre parmi ces religieux les direcleurs de la Congrégation , t. i , p. 400. Sur la demande instante de la s(pur Bourgeoys, le séminaire con- tinue à se charger de la conduite spirituelle des sœurs , p. 401 , 402. M. Tronson désire qu'elles s'adressent toutes au même directeur, t. ii , p. 122. Éclaircissement d'une ré- flexion de M. de La Tour sur cette matière, p. 303, 30i. Quelques sœurs s'éloignent de l'usage de n'avoir toutes que le même directeur, p. 300. M. Leschassier les ramène à l'ancien usage , p. 301 , 302. iNécessité de la soumission au directeur, p. 309, 310. — Suite des direcleurs de la Congré- gation; voyez Souar/, Le Febvre, Bailbj , Remy , Trouvé, Du Chaigneau , De Valens, Citoys de Chaumaux, Dosquet , Déal , Farard , Gay , Monigolfier . L'Écuyer, GuiUemin , Marchand , Roux, Sauvage du Chatillon et Roque Quiblier. DoLLiER DE Casson , prêtre du séminaire de Sainl-Sulpice. compose l'Histoire du Montréal, t. i , p. lix. Témoignage qu'il y rend à la vertu de la sœur Bourgeoys, p. 197; a l'assistance visible de Diec sur cette communauté , p. "131. Déférence de la sœur Bourgeoys pour M. Dollier, p. 2So. Il succède hM.de Que.vlus, repasse en France pour sa santé, p. 269; préside a la cérémonie de la réclusion de la sœur Jeanne Le Ber, p. 364 etsuiv. Acte qu'il rédige de cette réclusion, p. 366. M. Dollier se montre peu favorable au projet d'établir des Ursulines à Villemarie pour l'instruction LXXX TABLE ALPHABETIQUE de laje'jnesse, p. 373, 374, 375. M. de Siiinl-Vallier dans sa première visite juge M. Dollier peu favorablement, p. 381, 382. M. Dollier prononce l'oraison funèbre delà sœur Bourgeoys, t. n, p. 85. Il cesse de diriger deux sœurs de la Congrégation , n'étant point le directeur de leur com- munau'é , p. 122. Accorde aux sœurs de la Congrégation une chapelle pour leur sépulture, p. 188. DoNEi.i. (Mac ), évêque de Kingston , lègue a la Congrégation une maison pourservira une mission dans cette ville, t. ii, p. 483. DoRVAL (Marie- Louise), supérieure de la Congrégation, t. ii , p. 474, 475. DosQUET , prêtre du séminaire de Sainl-Sulpice , directeur des sœurs de la Congrégation, t. n, p. 282; nommé supérieurde la communauté de Lizieux, à Paris, p. 288; charge M. Ran- sonet d'écrire la Vie de la sœur Bourgeoys , p 283 ; est cédé par le séminaire de Saint-Sulpice k celui des Missions- Etrangères', qui man'^iuait de sujets, p. 291 . Il est sacré évê- que de Samos, p. 2'J2 ; nommé coadjuteur de Québec , p. 3 1 9. Sa sollicitude pas'orale pour la Congrégation , p. 321 et suiv. Il visite la mission du Lac des Deux-Montagnes, p. 336. Il établit une distinction entre les sœurs chargées des gros ouvrages et les autres, contre l'intention de la fon- datrice; ce chingementest révoqué ensuite par M. Briand , p. 435 et suiv. M. Dosqucl quitte le Canada, p. 349 ; laisse un souvenir aux sœurs de la Congrégation, p. 350, 351. Retiré à Paris, il correspond encore avec elles, p. 385, 384. Dot. M. de Sainl-Vallier veut obliger les sœurs à exiger pour chaque novice une dot de 2,000 livres, t., ii, p. 19. Man- dement de 1722, p. 297. Observation de la sœur Bourgeoys sur l'usage contraire qu'elle avait toujours suivi , p, 33, 34. DLCH.4RME , curé de Sainte-Thérèse, établit la mission de cette paroisse , t. ii , p. 496. Dldouyt, vicaire général de Québec , donne l'autorisation de construire leglise de Bon-Secours, t. i, p. 233. Dumouchet (Marie Jeanne), fonde à la Congrégation une messe et un salut en l'honneur du saint Cœur de Marie, t. n, p. 25i. Dumoulin, curé de Sainte-Anne d'Yamachiche , établit la mission de cette paroisse, t. ii, p 496. Dupo.NT , seigneur de Neuville , contribue a la fondation delà mission de ce lieu , t. n, p. 263. Dupuv , major de Villemarie , t. i, p. 213, 214. DuROSOv , Geneviève, se donne à la sœur Bourgeoys , t. i , p. 222 ; arrive à Villemarie , p. 230 ; proposée pour être su- périeure de la Congrégation , p. 386; périt dans l'incendie de la maison en 1683, p. 347. E Écoles de Villemarie. La sœur Bourgeoys n'a d'abord aucun enfant a instruire , t. i , p. 78. Elle commence ses écoles DES MATIERES. LXXXI en 1657, dans une élable qui lui est donnéf pour cet usage par la compagnie, des associés, |». 92 , 93, 94. Elle y réunit (l'alionl les f,'arçnns et les lilles, p. iU8. Klle a pour eom- pav'ue . Marguerite l'ieuud , p. 93, 9(), 108. Durant l'absence (le la soMir linurgeoys, à l'occasion de son premier voyage en France, deux hospitalières de Québec font l'école à Villeniarie , p. 111. La sœur Bourgeoys amène avec elle de nouvelles maîtresses, p. 130. Klle forme les enfants a la piété et ù lu vertu, p. 181 ; à la politesse et au travail , p. 182. — M. Cliaron établit des écoles pour les garçons, t. M, p. 208; dénombrement de six de ces écoles, p.° 269. M. Houx établit des écoles gratuites dans les faubourgs de Villeniarie, p. i77. — .\ la demande de M. QuiLlier, la Congrégation se charge des écoles des faubourgs pour les filles, p. 477. — M. Quiblier appelle à Villemarie les frères des écoles de la Doctrine Chrétienne pour l'instruction gra- tuite des garçons, p. 478, 479. ÉcrvER (L'), [)r'être de Saint-Sulpice , direcieur de la Congré- gation , t. M , p. 460. Église de la Congrégation; construite pour posséder le très- saint Sacrement, t. i, p. 356; consumée en 1768, t. ii , p. 415; reconstruite, p. 420. Étoffe fabri(|uée par les soeurs de la Congrégation dans un temps de calamité , t. ii, p. 185, 186. El STACiiE ( Mission de Saint-j établie , t. ii , p. 482 , 483, F Famille (Sainte); Montréal fondé pour y faire honorer la sainte famille de Jésus, Marie et Joseph, t. i, p. xxiv, XXV. M. Olier consacre l'île de Montréal a la sainte Fa- mille, p. XXXIX. M. Le Gautfre renouvelle cette consécra- tion , p. xLviii. Le domaine de Tlle est donné à per- pétuité k la très-sainte Vierge, t. ii , p. 155. La com- pagnie de Montréal s'engage à y établir trois communautés destinées a honorer et a faire honorer la sainte Famille, 1. 1, p. xxxvi. Ces trois communautés accomplissent le dessein de Dieu sans le connaître, p. li. Troubles suscités pour ruiner ce dessein , p. 378 et suiv. — Confrérie de la Sainte- Famille établie en Canada par le concours simultané des trois communautés de Villeniarie , p. 170. — La sœur Bour- geoys étiiblit k Québec la Providence de la S linte- Famille , destinée k faire honorer Jésus , Marie et Joseph, p. 321, 322. Famille ( Mission de la Sainte-) dans l'île d'Orléans établie en 1685, t. i, p. 312. Fruits qu'elle produit, p. 317, 318, .319. Bésolulion généreuse des enfants relativement k la toilette, p. 324 , 3'25. M. Lamy procure aux sœurs une maison provisoire, p. 319 , 320. Générosité de M. Lamy et de M. Le Franc , t. ii , p. 166. — La mission est inter- rompue k l'occasion du siège de Québec , p. 385. L'une des sœurs protégée dans sa fuite , p. 387. Rétablissement de celte mission, p. 391. LXXXII TABLE ALPHABETIQUE Faiscamp (de), promet de donner h la sœur Bourgeoys une statue pour Bon -Secours, t. i, p. 223. Guéri miraculeiise- ment, il donne 30 pistoles pour la construction de cette chapelle , p. 2:24 , 223 , 226. Première pierre posée en son nom , p. 23o. Fa.vari) , prêtre de Saint-Sulpice , directeur de la Congréga- tion; ses vertus, t. ii , p. 329, 330, 331. Dans l'incendie de la Congrégation , il transporte le très-saint Sacrement à riiôtel-Dieu , p. -iîS , -il i. 11 recueille les cendres du cœur de la sœur Bourireovs , ]». 413. M. Favard remplacé par M. Gay, p. 439. Ff.bvre (Le), prêtre de Saint-Sulpice, l. i , p. 229; supérieur de la Congrégation , p. 269. Fénelon , prêtre de Saint-Sulpice, confondu mal à propos avec l'archevêque de Cambrai , son frère , t. i, p. 177, 178; missionnaire à Kenté, p. 274; repasse en France avec la S(Pur Bourgeoys , p. 21 2 , -i 1 3 , 214. FiLi.ES à étalilir dans la colonie; la sœur Bourgeoys sert de mère à celles ijui viennent ii Villemarie, t. i , p. -187 , 188, 'I89;'dans son premier voyage, p. 122: dans le deuxième en 1672, p. 226; enlin dans celui de 1680, p. 263. Floqiet , de la compagnie de Jésus, assiste les sœurs après leur incendie en 1768, t ii , 419. Forant ( de ) , gouverneur de l'île Royale , fonde huit places de pensionnaires chez les sœurs de Louisbourg, I. ii, p. 3o6. Sa mnrl , p. 357. Kxécution de sa fondation, p. 358 , 359. François (Saint ) de la rivière du Sud; mission établie dans celle paroisse , t. ii, p. 392, 393. Frémin, de la compagnie de Jésus, t. i, p. 2.-J6 ; baptise le meurtrier de M. Le Maistre , p. 283 ; fait l'éloge de François Thoronhiongo, p. 299. Frémont , prêtre de Saint-Sulpice , dévoué à la Congrégation, l. I, p. 2:14. Chapelain de Bon-Secours, p. 242 , 243, 244. Frères Charon , voyez Charon. Frères des tcoi es de la Doctrine Chrétienne invités en 1737 a s'établir a Villemarie, y sont attirés en 1837, t. 11, p. 478. Frin (Louis), serviteur de M. de Maisonneuve, t. I , p. 217, 227. Il s'attache à la Congrégation après la mort de ce der- nier, p. 262. Frontenac (de), gouverneur général de Canada, t. 1 , p. 254. G Gagoltracs (Marie); sa charité; sa sainte mort, t. 11, p. 397. GALiNÉE(de), prêtre de Saint-Sulpice, accompagneM.de Queylus en Canada, t i, p. 177. Galini'er, prêtre de Saint-Sulpice , envoyé à Villemarie par M. Olier, 1. 1 , p. 88. Promesse que lui fait la sœur Bour- geoys, p. 111. Accomplissement de cette promesse, p. 129. Confondu avec M, de Câlinée , p. 216. Gamelin , son zèle pour la reconstrucMion de Bon-Secours, l. II, p. 428, 429. DES MATIERES. LXXXIII Gannensacoias (Marie-Tli^'rèse) , Iroquoise, sœur de la Con- }ïrt''gation ; son éloge, l. i , p. 293, 29 i. Sa iiiorl , p. ;?00, 301. Fac-similé de sa signature, |). 302. Garn'F.r (Guilleiiielle , mère de la so-iir Bourgeoys, 1. i, p. 1 ,4. Gasciiier, prêtre de Saint-Siilpiee , I. ii , j). 2oi. Gaifi RE ( Le) , associé de Montréid. t. i , p. xi.v. Renou- velle la conséeralion de l'île ii la sainte Famille, p. xlviii. Proposé pour être évê(iue en Canada, p. -132. Gai i.iN (Mgr), évêiiue de Kingston, appelle les sœurs de la Congrégation dans eelle vdie , t. ii, |). 484; les établit aussi à l'Assomption, rivière de Lacliigan , p. 496. Gay , prêtre de Saint-Sulpice , directeur de la Congrégation, t. Il, p. 439. Geoffroy, prêtre de S. 333. Ab.'n- DES MATIERES. LXXXVII donnée ensuite, p 469. Confiée ciitiii aii\ scfursde Notre- Dame des Sepl-Doiilcurs du Mans, p. iGU. I.AisoN (de), cède la propriété de l'ilc de Montréal a la <• lupagiiic de et' iioni, l. i , p. xxxv. M. dv. Lauson , gouver- neur général de Canada, vctil en \ain retenir à ^uéliee la reerne pdur ViUeniarie, cunduitc en IG.'iS par M. de iMai- sonneu\e, p. 71. I.AVAi. (de), nonuné par le roi évêiiue de Canada, t. i, p. 133. Keeoil des bulles de vieaire a|)ostoli(ine, avee le lilie d'évêque de Pétrée, et est reconnu comme tel eu Canada, p. I3i , 135. Le pape ayant supposé dans ses bulles que Québec était dans le diocèse de Uouen , l'archevêque (le cette ville conclut de là que sa juridiclion n'est pas iléiruile par celle du vicaire apostoli(iue, p. i36, 137. M. de I.aval oblige M. de Quevlus à ([uitter le Canada, p 138, 131). Il ordonne de ne reconnaître d'autre juri- diclion que la sienne, p. 1 {(►. Il oblige de nouveau à sortir de Canada M. de Queylus, qui arrivait de Kome avec des l)ouvoirs pour ériger une cure à Villeuiarje, et en être le premier curé, p. 151), 1G0. Fermeté de M. de Laval, p. 1G2, 1G3. Il refuse de consentir au retour de M. de U'iejius, et de ilonner des espérances pour l'avenir, p. 165. U nte au séminaire de Sainl-Sulpice lajustice de Montréal, p. 1G7. Ce |)rélat perd son crédit à la cour à cause de son zèle, qu'ony regarde comme excessif, t. ii, p. 209. M. Talon rend la justice de l'île au séminaire de Sainl-Sulpice, t. i, p. 17 i, 175. M. de Queyliis retourne en Canada; M. de Laval le nomme grand vicaire, el, sur la demande du roi , il permet aux prêtres de Sainl-Sulpice tle porter l'Evangile aux sauvages, p. 177. En 1669 il donne à la sœur Uourgeoys la permission de faire l'école dans le Canada , p. 207, 208. La sœur le visite a Paris, el lui présente ses compagnes qu'elle amenait ii Villemarie, p. '2"22, 223. M. de Laval annexe l'église de Bon-Secours a la paroisse, p. 237, 238; el la paroisse au séminaire de Sainl-Sulpice , p. 2i0. Il visite la Congré- gation et y reçoit deux s(eurs, p. 245. Il conOrme i)ar ses lettres patentes, en 1676, l'établissement de celle conimu- naulé, p. 247. Il se propose de lui donner des règles , et ne met pas ce projeta exécution, p. 2i;i, 250. La sœur Bour- geoys élanl allée le trouver à Paris pour ces mêmes règles , il n'approuve pas son voyage, el désire qu'elle n'amène avec elle aucune compagne à Villemarie, p. 258. Après l'in- cendie de la Congrégation , il propose h la sœur Bour- geoys d'embrasser l'institut des l'rsulines, p. 265, 2'j6. Eloge de M. de Laval , par M. Tronson, p. 372. Lavigne, brave Monlréaliste, pris par les Iroquois, t. i, p 148. Ramené de captivité après qu'on lui a arraclié un doigt, p. 151. Le Rek , voyez Ber. LECoy, négociant ii Nantes; M. de Maisonneuve lui adresse la LXXXVIII TABLE ALPHABETIQUE sœur BourgeoYS, t. i, p. 46. Humiliation qu'elle reçoit de la part de M™*" Leroq , p. 34 et suiv. Attentions de M. Lecoq pour la sœur Bourgeoys, p. GO, 61. Le Febvre, voyez Féore. Lefèvke; son zèle pour la reconstruction de Bon-Secours, t. II, p. 428. Le Gai ffre , voyez Gouffre. Leglai ( le frère Claude), son zèle pour la sanctilication de la colonie de Villemarie , t. i, p. vlui , xliv, xlv. Le Maistre, voyez Maistre. Lemoine, de la compagnie de Jésus, I. i, p. 96. Assure à la sœur Bourgeoys que la première fille iroquoise élevée par celle-ci est la première de celte nation qui ait reçu le baptême, t. i, p. 97. Il pose une première pierre à Bon- Secours, p. 100. Le Moine , voyez Moine. Leprêtre (Denis et Louis), donnent une statue pour Bon- Secours, t. r , p. 2'24. Lesc.hassier, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice ; sa correspondance, t i , p. i.vi. 11 écrit a la s(pur Lemoine , t. II, p. 181. Hemet ;i la Congrégation desilroits d'indemnité, p. 183. Console les sœurs dans un temps de détresse, p. 185. Kdilicalion qu'il reçoit de leur résignation h la volonté de Diei', p. 187. 11 excite eflicacement les citoyens de Villemarie ;» fabriquer des élotVes pour se vêtir durant la guerre , p. 183 Prend jiart à i'atVaire des vœux sous M. de Ponlchartrain , ]). 212 Cliarge M. Grandet d'écrire la Vie de la sœur Bourgeoys, p. 181. Approuve que M. Uan- sonet la compose , p. 283. Ramène les sœurs de la Congré- gation à la praticjue de n'avoir toutes que le même directeur, p. 301 , .302 , 303. Sa mort, p. 304. Lescoas (le Pappe du), prêtre de Saint-Sulpice, t. ii, p. 328. Létang (Véronique), supérieure de la Congrégation , t. ii, p. 432. Lettres patentes du roi, pour l'Hûtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, 1. 1 , p. 219 ; pour la Congrégation , p. "220, 221 . LoNGiEiL ( le baron de); sa confiance au secours de la trè.s- sainte Vierge dans une expédition militaire, t. ii, p. 220,221. LoiiSBOLRG. Etablissement de cette colonie, t. ii , p. 305. Proiet d'y former une mission : obstacles qui en font différer l'exécution, p. 507. La sœur de la Conception désire aller l'établir, p. 309. Elle est y envoyée par M. de Saint- Vallier, malgré l'opiiosilion de la Congrégation, (|ui ne la juge pas capable d'un pareil dessein, p. 312. Elle donne commencement à cette mission, p. 314. Se fait confirmer dans sa mission par M de .Mornay, p. 316. Le roi accorde 1,500 livres de rente annuelle pour trois sœurs de la Congrégation ii Louisbourg, p. 317. La sœur de la Con- i"e|ilioii demande eu vain des compagnes de cet institut I>ES MATIKIÎK.S. LXXXIX pour l'aider, |i. '.{|S. lU-sdliilidu prise par M. Dosqiiel et pai' la Cdiif^régalioii , de rappeler la scrur de la Coneeplioii au (Canada, p. ',V.iS el siiiv. Klle est releiino ii Louisltourg, maiirré les ordres du coadjuleur, p. 3il. Elle repasse eu (^auada , ji. 3i3. La sœur Trollier la reiu[)laee a\ee deux autres sœurs, p. 3lo. Maisou de la Coiijirégalion a I.nuis- hourg, aciiuise ii des coudilions Irès-ouéreuses, p. ■Hlî. Nouvel envoi de sœurs à Louisbourg, p. 'SU. M. Lyon Saint -Ferréol visite eet établissement, p. liol. Secours accordé à la mission par le ministre , p. 352 , 353. Première catastrophe de Louisbourg : les sœurs sont transférées en France, p. 3()0. Détresse des sœurs dans leur séjour en France, p. 3GI. Flics refusent de retourner en (>anada avanl la conclusion de la paix, p. 363. Requête qu'elles adressent au ministre avant leur départ , p. 368. Files relournenl h Louisbourg , p. 369. A cause de l'état de délabrement où elles trouvent leur maison, elles ne peuvent reprendre leurs fonctions, p. 370. Sur les espérances que la cour leur donne, elles entreprennent le rétablisse- ment de leur maison, p. 372. Les ouvrages qu'elles entre- prennent sont ruinés par un violent ouragan, p. 374. Elles rebâtissent entin la maison i» leurs frais , p. 376. État de dénùment où cette construction les réduit, p. 377. Louisbourg repris par les Anglais, p. 378. Les sœurs sont de nouveau transférées en France, p. 379. Elles instruisent , a La Uoclielle, quelques-unes de leurs pension- naires de Louisbourg , p. 382. Etat des sœurs retirées a La Uoclielle, p. 398. Extinction de leur communauté, p. 401. LoLis XIV, envoie M. de Courcelles et M. Talon en Canada avec des pouvoirs extraordinaires, t. i , p. 174. 11 désire que iM. de Bretonvilliers augmente le nombre des ecclésias- tiques de Villcmarie, p. 176; qu'ils soient autorisés k porter l'Evaniiile aux sauvages, p. 177.11 espère que la colonie de Montréal augmentera par le zèle et la générosité de M de Queylus, p. 178 II conlirme l'établissement de la Congrégation par des lettres patentes, p. 220. Accorde a la Congrégation une pension annuelle de 3,000 livres, pour la mission des jeunes sauvagesses de la Montagne , p. 279, 2S5 , 286. Louis XV, accorde une pension annuelle de 1,100 livres pour le soutien des sœurs de la mission de Louisbourg, t. n , p. 517. LoLTRE(le) , missionnaire de l'Acadie , visite a La Rochelle les sœurs de Louisbourg, t. ii, p. 366. Visite les sœurs de cette mission, el demande le rétablissement de leur maison au ministre , p. 372 , 373. Llxe des habits dans les femmes et les filles, t. i, p ô22. Changement que les sœurs de la Congrégation obtiennent a Québec , de la part de leurs élèves, p. 323. Changement semblable a l'île d'Orléans , p. 324. Mandement à ce sujet, relatif aux enfants de Villemarie, p. 326. XC TABLE ALPHABETIULE Lyon .Sai.nt-Feriikol, \isile les sœurs dé Louisbourg. t. ii , p. 331. M Macé (Catlierine), sœur de Sainl-Joseph , s'embarque purdela Con- «•eption dans la mission qu'elle avait reçue de M. de Saint- Vallicr pour Louisbourg , I. ii , p. 316. S'excuse de passer en Canada , et reçoit M. Oosquet pour coadjuteur , p. 519. Motifs (les véritables) de Messieurs et Dames de la société de Montréal, publiés à Paris en 16i3, l. i , p. xiv , xv. Miuhav, permet de rétablir lamission de la Pointe-aux-Trem- bles de Québec et celle de la Sainte-Famille , t. ii, p. 391 ; d'établir celle de Saint- François de la rivière du Sud, I). 592. .Ml'siqle. Motels en musique introduits à la Congrégation , t. ii, p. 2.N6. Les sœurs consentent à enseigner la musique à leurs pensionnaires, t. i, p. 481 , 482. iN Nantes; séjour de la sœur Bourgeoys dans celte ville, t. i , p. 54 et suiv. Navetier, prêtre de Saint-Sulpice , t. ii, p. 290. Nazaire (Saint-), port de Bretagne; la sœur Bourgeoys s'y embarque pour le Canada, t. i , p. (i2. Elle relàclie à Saint- Nazaire, p. 64 , 65. Les premiers ecclésiastiques de Saint- Sulpice s'y embarquent avec M. de Maisonneuve, p. 89. .\ei viLi.E, mission établie dans cette paroisse, t. ii, p. 263. Noël i. Jacques), massacré par des sauvages, t. i, p. 1.53. NoRMANT DE Mést, commissairc-ordonnatcur H Louisbourg, t. II, p. 309. Son zèle pour rétablissement de la mission de cette ville, p. 31 i, 313, ,316, 317, 318. Il y retient la sœur de la Conception, malgré les ordres contraires du coadju- teur, p. 341. Ecrit , prêtre de Saint-Sulpice , t. ii , p. 290. Adresse aux sœurs de la Congrégation des avis au nom de M. Dosquet, p. 322. Remplace M. de Belmont comme supérieur du séminaire et de la Congrégation, p. 232. Notre-Dame de Bon-Secoirs, voyez Bon-Secours. Notre-Dame de la Victoire; vœu de bâtir une cliapelle sous ce nom, à l'occasion des mouvements de guerre de 1711 , t. II, p. 218. Construction de cette cliapelle, p. 223. La cliapelle de Notre-Dame de la Victoire est l'occasion d'un renouvellement dans la piété, p. 22i, 225. Incendie de cette chapelle, p. 410. Son rétablissement, p. 42ersonne de ses disciples, après la conslruclion de Bon-Secours, p. 239 , 240. Orléans; vovage de la sœur Bourgeovs k Orléans, t. i, p. 50, 51.^ Orléans (îled'), érigée en comté, sous le nom de Saint- DES MATIERES. XCVII Laurent, p. 319, 320. Mission de l'ild d'Orléans, voyez Sainte Famille. Pankt, coadjultur de Québec, procure rétalilissenienl i\f la mission de la Hivière-Oiielle, t. ii, p. 468. Papinkal'; son zèle pour la reconstruction de Bon-Secours, t. ir , p. 428. Pauuin, curé de Sainl-Eustaclie, établit la mission de cette paroisse, t. ii , p. 482. Paré, sœur delà Congrégation, t. ii, p. 338. Pal'i, (baie Saint-); établissement de la mission de ce lieu, t. II, p. 490. Paul (île Saint) , voyez Saiiit-Paul. Peintire (l'art de la) introduit dans le pensionnat de la Congrégation , t. ii , p. 4B7. Péi.etier ( Le), prêtre de Saint-Sulpice; M. de Belmont lui adresse les Eloges de quelques perf^onnes dêMontréal , etc., t. Il, p. 277. M. I.e Péletier remet à .M. Crandet des mé- moires pour la Vie de la sœur Bourgeoys, p. 281. il écrit à la supérieure sur la nécessité, pour les sœurs de la Con- grégation , de s'adresser toutes au même directeur, p. 301. Il succède à M. Lescbassier, et offre ses services à la Con- grégation , [>. 303. Il presse M. Dosquet d'accepter la coadju- torerie de Québec, p. 320. Ecrit à la supérieure au sujet de M. Déat, p. 328. Pei.trie (M"<^ de La), assiste k la fondation de Villemarie, t. i, p. XL. S'efforce, sans succès, d'y établir Tes Ursulines de Québec , p. 369, 370. Pensionnât. La sœur Bourgeoys établit un pensionnat h Ville- marié, t. 1, p. 183. Elle supprime les sorties des pen- sionnaires , t. Il , p. 17. Avant sa mort elle recommande de reconstruire le pensionnat sur un plus vaste plan, p. 82. La sœur Le Ber désire d'exéruter cette recommandation, p. 228, 229. Construction du pensionnai, p. 230. La sœur i.e Ber fonde des places pour les pensionnaires, p. 233. Offrande d'un cœur d'argent présenté à Noire -Dame de Bon-Secours parles pensionnaires , p. 516. Cérémonie tou- cliante (jui a lieu tous les ans au pensionnat , k l'occa'^ion du jour de la mort de la sœur Bourgeoys, p. ol7. Bâtiments du pensionnat considérablement augmentés , p. 492. Pérot, prêtre de Saint-Sulpice , l. i, p. 215, 216. Fait placer la statue de Notre-Dame de Bon-Secours dans un petit appentis de bois, p. 232. Pekrot, gouverneur de l'île de Montréal , t. i , p. 17S. La sœur Bourgeoys accompagne en France M™^ Perrot , femme du gouverneur, p. 255 , 2b6. Picard, sœur de la Congrégation . t. u , p 338. PiCALi) (Marguerite), aide la sœur Bourgeoys k commencer ses éci'les , t. I , p. 9"). Prend parti dans le monde, p. 21 1 . PuARï, de la compagnie de Jésis, permet ii la sœur Bour- XCYIIl TABLE ALPHABETIQUE geovs de bâiir une chapelle en l'honneur de la très-sainte Vierge, t. i, p. 100,235. Pointe-aix-Tremules, de Montréal; mission établie dans cette paroisse, t. i , p. 341. Etal de cette mission en i721 , t. ii , p. 267. Pointe-aux-Trembles, de Québec; mission fondée en 1713, t. II , p. 263 , 264. A l'occasion du siège de Québec plusieurs personnes se réfugient dans la maison des sœurs, p. 585. Elle est pillée par les ennemis , p. 589. Rétablissement de cette mission, p. 391. Elle est interrompue de nouveau en 1775, puis rétablie, p. 440, 441. Pointe-Claire; établissement de la mission de ce lieu, t. ii, p. 455. PoNTBRiANT ( de) , évêque de Québec, demande le relour des sceurs de la Congrégation k Louisbourg, t. i, p. 367. Kait des démarches sans succès pour les établir au Détroit, p. 572. Il meurt k Villemarie, p. 589. La distinction qu'il avait établie entre les sœurs est révoquée par son successeur, p. 455 et suiv. PoNTCHAi'.TUAiN (dc), ministre de la marine, défend aux frères Charon de former entre eux une communauté religieuse, t. II, p. 196 ; et aux sœurs de faire des vœux , p. 197, 198. La so'ur Charly lui écrit pour le prier de révoquer celle défense, p. 200, 207,208. PoRLiER; son zèle pour la reconstruction de Bon -Secours , t. II, p. 429. PoTiiEKiE (Bacqueville de La); éloge (pi'il fait de la Congré- gation , I. II, p. 189, 190. PoTviN, curé de Sainte-Croix, au diocèse de Québec, établit une mission dans cette paroisse, t. ii , p. 496. Prairie de la Madeleine. Les RH. PP. Jésuites y établissent une mission sauvage, t. i, p. 274; transférée ensuite au Saull-Sainl-Louis, p. 275. Établissement de la mission de la Congrégation h la Prairie, t. ii , p. 177. Elle est inter- rompue, puis rétablie, p 489. Prud'homme (Marguerite), signe l'acte de la fondation de Bon-Secours, 1. 1 , p. 235. Prévost, ordonnateur de la marine à Louisbourg, t. n, p. 369. Intérêt qu'il porte a la mission des sœurs de celle ville, p. 370, 375, 37 7. Détails ((u'il donne au ministre sur le siège de Louisbourg, p. 378. Prince (aujourd'hui évêque de Sainl-Hyacinlhe); son zèle pour la mission de la Congrégation à Kingston, t. ii, p. 485. Profit, confesseur extraordinaire de la sœur Bourgeoys à Troyes, juge qu'elle doit aller a Villemarie, t. ii , p. 39. Prud'homme (Elisabeth), sœur de la Congrégation, dite Sainte-Agathe; son enfance, t. ii, p. 410, 411. Elle annonce d'avance k la supérieure l'incendie de la maison des sœurs, p. 412. Providence (maison de la) , établie k Villemarie par la sœur DES MATIERES. XCIX Boiirfîooys, t. i, p. 187. Siipinimt'o , t. ii , p. 19. Maison st'iiiblablo élal)lif par la so'iir Hourgco.ys a Qu^'bcc, l. i, |). ;m). Fniil (le CCI (''lablisscinenl, p. 321, 322, 323. iiriiipla(;é cnsuiti' par l'hôpital i^'iMicral , p. 329. Les sivurs (le la Congn'-galioii , appclôes d'abord ii Québec Scpurs de la l'ioviJence , I. ri , p. KJi. Q Québec. Montréal ost établi ponr être la sauvegarde deQuéber , l. I , p. XIII. Inquiétudes où l'on est a Québec en attendant l'arrivée de M. de Maisonneuve, p. 67, 08. Prière qu'on adresse à Dieu , p. G9. Actions de j^ràces après son arrivée , p. 69,70 Ktat d'abandon (lù était alors Québec, p 71. Québec est sauvé par dix-sept Montréalistes, qui sacrifient généreusement leur vie, p. lii et suiv. — La sœurBour- geoys établit ;i Québec la Providence de la Sainte-Famille, p. 320, 321. Elle y ouvre des écoles gratuites, p. 328. Et donne commencement aTliôpital général, Pa329, 330, 331. M. de Saint-Vallier achète pour la mission de la Congré- gation une maison à la llaule-\ ille, p. 331. Il la donne ;i la Congrégation avec faculté de la vendre à cause de son incommodité, p. 332. Les sœurs quittent celle maison et se logent dans une élable, p. 332, 333. Puis à la Basse- Ville , dans une autre achetée de M. Hazeur, p. 554 et suiv. Le nombre des sœurs missionnaires augmente en 1700, t. Il, p. 159. La mission a peine a subsister, p. H. Étal de celle mission en 1701 , p. 162; en 1718, p. 262. Lettre de .M Hocquart en fa\eur de la mission de Québec, p. 3o2. Les sœurs quittent la ville îi l'occasion du siège ; leur maison esl incendiée, p. 3S^. Kétablissement de la mission, p. 425. Retraite annuelle à Québec pour les sœurs des missions voisines , p. 489. La mission de Québec esl trans- férée à Sainl-lïoch ; état actuel de celle mission , p. 491 . QuEsixEL (du), gouverneur de Louisbourg, nomme aux places de pensionnaires fondées chez les sœurs de la Congrégation , t. ii , p. 359. QuEVLUs (de), proposé pour être évèque en Canada, l. i, p. 132, 133. Envoyé à Villemarie par M. Olier en 1657, p. 88. On a écrit par erreur qu'il était déjà venu en Canada , p. 89. Nommé grand vicaire pour ce pays par l'archevêque de Houen , p. 91. Fait suspendre la construction de Bon- Secours, p. 100. 101, 102, 103. Approuve que la sœur Bourgeoys aille chercher des compagnes en France, p. 109. Les l{\{. PP. Jésuites obtiennent de nouveau de l'arclie- vêque de Rouen des pouvoirs de grand vicaire; ceux de M. de Queylus sont restreints à l'île de Montréal, ibid. Ignorant le dessein de Dieu sur les trois communautés, M. de Queylus essaye d'attirer à Villi-marie les hospitalières de Québec, p. 110,111. Il engage \ingl-trois hommes pour Villemarie, p. 122. M. de Laval arrive comme vicaire apostoli(iue; M. de Queylus cesse tout acte de juridiction, C TABLE ALPHABETIQUE p. 135. ErreurdeM.de La Tour sur ce point, p. 13a, 130. l'oiirquoi M. de Laval fait expulser M. de Queyius du Ca- nada, p. ■138, 139. M. de Queyius, faussement accusé d'être janséniste, obtient à Home une commission pour ériger une cure k Villemarie, et en être le premier curé, p. 158, 159. Il revient en Canada pour exécuter sa com- mission, et est expulsé de nouveau, p. ItiO, Kil. M. de Laval refuse de consentir au retour de M. de Que.vlus, p. 165. Celui-ci retourne enlin en Canada, p. 177. Il pro- cure l'augmentation de la colonie de Villemarie, p. 178, 179. Il confie a la sœur Bourgeoys l'éducation de deux petites sauvagesses , p. 18u. QiiitLiER, prêire de Saint-Sulpice, supérieur et directeur de- là Congrégation ; éloge de son administration par M. Viger, t. Il , p. 480 ; de son zèle, par les soeurs de la Congrégation , p. 476. Il établit dans les faubourgs de Villemarie des écoles gratuites de (illes , dont les S(eurs prennent la direc- tion , p. 477, 478. Il appelle les frères des écoles de la Doctrine Clirélienne pour l'instruction gratuite desgarçons, p. 479. lléunion extraordinaire des sœurs ii laquelle il préside, p. 492. Témoignage qu'il rend aux sœurs de la Congrégation avant son dépari pour l'Europe, p. 494, B lUiSJN (Marie) , déï>ire de suivre la sœur Bourgeo.>s à Ville- marie, t. I, p. 116. Obtient de son père la permission de partir, p 119, 120. Haizen.ne (Ignace), amené en captivité au Saull-au-Hécollet avec Elisabetb Naim, t. n, p. 442. L'un et l'autre renon- cent a leur patrie par attachement à la religion catholi(iue, p. 443. Ils s'établissent au Lac des Deux-Montagnes : édili- calion que leur famille y répand, p. 445. Raizenne (Jean-Baptiste) ; bénédiction de DiEi; sur sa nom- breuse famille, t. ii , p. 447. Raizemne (Simon et Josepli-Jérôme), prêtres, t. ii, p. 445, 448. Raizenne ( Madeleine), sreur de la Congrégation, dite Sainl- Hermanl, missionnaire au Lac des Deux-Montagnes, t. ii, p. 446. Raizen.ne (Marie), dite Saint-Ignace, dirige avec succès la mission de Québec, t. ii, p 427. Elle est élue supérieure de la Congrégation; son caractère, p. 449. Sa mort, p. 462. Ramezai (de), gouverneur de Villemarie, estime qu'il fait de la Congrégation , t. ii , p. 189. Rangeart (de), prêtre de Saint-Sulpice, curé d'oflice à Villemarie, t. ii, p. 257. Il meurt a la suite des fatigues qu'il avait endurées a l'occasion d'un incendie , p. 276. Ransonet , chargé par M. Dosepiel d'écrire la Vie de la sœur Bourgeoys , t. ii , p. 283. 11 écrit celle \ ie , p. 292, 293 ; la donne au public, p. 294. Idée de cet écrit , p. 295. DES MATIERES. CI Raudot , père el fils, inlendanls de Canada; éloge qu'ils font lies sa'iirs do la Cniii:n'"fralion , I. n, p. l'.K), lill. Sur la dciiiaiHlc dt' MM. Hau(li)l, le luiiiisln' drfciid la clAlLire aux sd'urs de lii Cnujiri'^alion , p. l!C). Conseil i[\u- M. liaudol père donuf aux sii'iirs ii l'dccasioii de la défense coueeruaiil leurs vœux , p. "lOi. Il approuve leur coiiduile dans celte ("ireonslanee (iélicate, p. :JI3, 21 i. 11 est ealonmié par un anonyme sur le sujel îles vœux , p. -il 5. Témoignag-î hono- rable ([u'il rend ii la Cont.'ré!_'ation , ]). :2.7.), 2()(j. liÈGi ES. La Congrégation n'ayant d'abord que des règles pro- visoires, M. de Laval se propose de lui en donner de fixes : ce que cependant il n'exécute pas. 1. 1, p. 240. Lasœur Kourgeoys passe en France pour conférer avec lui sur les règles, ]). 250. Elle porte avec elle les règles provisoires de la Congrégation, p. 2o3. M. de Laval n'approuve pas iiu'elle ail fait ce voyage pour ce motif, p. 258. Observations de M™* de Miramion sur ces règles, p. 2()i. M. de Valens entreprend de composer des règles, t. n*, p. 22 M. de Saint-vallier veut donner a la Congrégation la règle de saint Autrustin, avec des constitutions assez conformes ii celles des L'rsulines, p. 24. il permet enfin aux sceurs de lui faire leurs observations sur ces constitutions, p. 25 , 2G, 27. Il veut avoir l'avis de M. Tronson , p. 28. M. ïronson drsire ([ue les sœurs lui exposent en détail leurs difficultés , p. 29. A la prière de M. Tronson, M. de Saint- Vallier mo- difie les règles, p. 40, 41 , 42. Les sœurs de Villemarie acceptent les nouvelles règles, p. 45, 45. Les sœurs de Ouébéc les acceptent à leur tour, p. 45, 4G. IiÉMV, prêtre de Saint-Sulpice, supérieur de la Congrégation ; la sa'ur Bourgeoys lui écrit, t. i , p. 253, 254 Curé de la Chine, p. 270. Il en fait construire l'église , t. ii p. 179. Uetraites spirituelles ; la sœur Bourgeoys reçoit des filles el des femmes en retraite, t. i, p. i90, 191. Les dames el les demoiselles participent aux retraites de la Congrégation , t, I! , p. 320 , 327. Indulgences accordées par le souverain Pontife en faveur des personnes qui suivent les exercices de ces retraites, p. 407. Retraite annuelle à Villemarie, com- mune a toutes les sœurs de la Congrégation, p. 488. Re- traite particulière a Québec, p 489. Rivière-Olelle; mission de cette paroisse établie, t. ii, p. 468. RoBiCHEALx, sœur de la Congrégation, dite Saint-Yincent- de-Paul, envoyée a Louisbourg , t. n , p. 371. Transportée en France, p. 379. Elle survit à toutes ses compagnes d'in- fortune , p. 399. Sa mort, p. 401, Son éloge, p. 402. RocQCE (La), curé de Saint-Jean Dorchester, établit la mission de celte paroisse , t. ii , p. 496. RoQLE, prêtre de Sainl-Sulpice , supérieur et directeur de la Congrégation , t. n , p. 475. Roi'EN (l'archevêque de), accordait aux r>K. PP. Jésuites les pouvoirs de juridiction pour le Canada, t. i , p. 91. Il accorde ces mêmes pouvoirs à M. de Qiieylus pour qu'il y //* cil TABLE ALPHABETIQUE soii seul grand vicaire, p. Ud , 92. Sur la demande des KR. PP., il leur rond les pouvoirs pour Québec, et restreint ceux de M. de Quoylus h l'île de Montréal, p. 109. Les bulles de M. de Laval , vicaire apostolique pour le Canada , portant que Québec était dans le diocèse de Rouen, l'arclie- vêque se croit en droit d'exercer toujours sa juridiction , sans préjudice de celle du vicaire apostolique, p. 130, 137. L'arclievêque est accusé de jansénisme à celte occasion , p. 1.^9. UoussEAi) (Marie de Gournay, \euve), son zèle pour l'établis- st-ment de Villemarie , t. i , p. xi.v. M"" Mance et M. de La Dauversière prennent ses conseils, p. xlvi. Elle est destinée à allu'er la ^rràce de Dieu sur la colonie et non h y aller en personne, ibid. UoLX , prêtre de Saint-Sulpice , d'abord directeur de la Con- grégation , t. Il , p. 405. Ensuite supérieur de cette conmiu- nauté , enfin directeur et supérieur, p. -iOi. Son caractère ; son zèle pour la sanctiticalion des sœurs, p. 4H5. Il juge à propos d';ijouter diverses brandies d'atn'ément au mode d'iii>lrii('lion de la Congrégalinn , p 400. Il établit ii Ville- marié tU' nouvelles écoles graliiilcs , p, 477. Il public la Vie de la sœur IJoiirgeoys composée par .\i .Monigollier, p. 471 . Eloge ([u'il fait de celle mainte loiidatricc , p. 472, 473. Ses inliriiiités l'obligent d»; se démiîllre du soin de la Con- grégation; atlacliement qu'il conserve toujours pour cette communauté , p. 473. KovEK ( Le ) , voyez, Dauversière. S Saint-Denis; établissement de la mission de ce lieu, I. ii , p 455. Sai.nt-Eustache ; mission de cette paroisse établie, t. ii, p. 482, 483. Saint-François de la rivière du Sud ; commencement de celte mission, t. ii, p. 592. Construction de la maison des sœurs , p. 393. Saint-Germain , établit la mission de Terrebonne, t. ii , p. 470. Saint-IIvacinthe d'Yamaska ; établissement de la mission de ce lieu, t. ii , p. 409. Saint-Jean-Dori;hester , mission établie dans cette paroisse, t. II , p. 490. Saint-OviI)E de Brolillant, gouverneur à Louisbourg, t ii , p. 309; son zèle pour l'établissement d'une mission de la Congrégation dans cette ville, p. 314,315, 310, 318. Il y retient la sœur de la Conception , malgré les ordres con- traires du coadjuteur , p. 341 ; écrit au ministre îi ce sujet , p. 342; fait repasser la sœur en Canada, p. 345; procure aux sœurs quelques secours, p. 347. Saint-Pall (îlej; liistoire de cette île; les sœurs y acquiè- rent le fief Lanoue, t. ii , p. 258, 259; et plus tard, le lict Saint-Paul, p. i-22, 425, 42 4. DES MATIERES. C.lll Saim-Paii. (Raie), au dinc<''so do Qu(''l»or ; mission élalilic dans collo paroisse , I. n, ji. 11)0. Saint-I'iuk idi'), brave Monti^'alislc , massacre'' par les sau- va},'es ; prodige arrivé après sa morl , I. i, p. 153; t. ii , p. lili, li". Saint Sac.uemknt (le 1res-), exposé à Moniréal en iCïi'l , pendant loiile la première journée que les colons passent dans celle île, I. i , p. xi.i. Nothe-Seigneur, dans le Irès-sainl Sacrement, se montre ii la sneur Bon rgeoys sous la forme d'un petit infant , p. 23 ; a Nantes , il la délivre des inquiétudes qu'on lui avait inspirées sur sa vocation , p. 59. La S(Pur Bourgeoys veut faire construire uneéglis(> dans l'enclos de la Congrégation , pour y posséder le très- saint Sacrement , p. 356; elle obtient enfin cette faveur, p. 3(50 ; la reconnaissance qu'elle en témoigne à Diei' , p. 3H7. — Après l'incendie de 176S, on replace le très-saint Sacrement à la Congrégation ; reconnaissance de la com- munauté pour ce bienfait inestimable, t.»ii, p. 418, 4i9. Sainte-Anne d'Yamachiche ; mission établie dans cette pa- roisse , t. II, p. 496. Sainte-Croix, au diocèse de Québec; établissement de la mission de ce lieu, t. ii , p. 496. Sainte-Croix (les sœurs de) du Mans, s'établissent à Saint- Laurent, t. II , p. 469. Sainte-Marie de la Nouvelle-Beaice; mission établie dans cette paroisse, t. ii, 469. Sainte-Thérèse; commencement de la mission de cette paroisse , t. ii, p. 496. Sarrazin , médecin du roi , à Québec, traite la sœur Barbier, t. n, p. 132, 134, 135, 156. Saktelon, prêtre de Sainl-Sulpice, fonde la mission de la Pointe-Claire , t. ii , p. 456. Sa(t.t-al-Récoi.i-et ; origine de ce nom , t. ii, p. 168, 169. La mission de la Montagne y est transférée, ibid. État de cette mission, p. 170, 171. Motifs qui font désirer de l'éloigner de Yillemarie , p. 264; elle est transférée au Lac des Deux-Montagnes, p. 265. Saui.t (Long-). Atfaire du Long-Sault , où dix-sept Montréa- listes sauvent le Canada, 1. 1, p. 144 et suiv. Sault-Salnt-Louis. Les KR. PP. Jésuites y transfèrent la mission qu'ils avaient établie a la Prairie de la Madeleine , l. I , p. 275. La sœur Bourgeoys y établit une école pour les sauvagesses, p. 286, 287. Saumur. Voyage de la sœur Bourgeoys a Saumur , t. i , p. 53. Sauvages. Pendant plus de trente ans, on ne put en attirer dans l'île de Moniréal, pour les y instruire, t. i, p. 272, 273. La sœur Bourgeoys élève la première sauvagesse iro- quoise qui ait reçu le baptême, p. 95 , 96 , 97. Elle élève deux autres sauvagesses, p. 98. SÉGiENOT, prêtre de Sainl-Sulpice , dévoué a la Congréga- tion, t I, p. 254; curéde la Pointe-aux-Trerablesde Mont- CIY TABLE ALPHABETIQUE rcal , p. 3 U ; directeur de la sœur l^e Ber , l. m, p. 227. Seignei.ay (do), minisire de la marine, oblienl du roi une gralilicalion annuelle de 2,0U0 livres , pour aider les sœurs à apprendre à travailler aux sauvagesses de la Monlagne , t. I, p. 285,286. Seré , prêlre de Sainl-Sulpice , curé de Sainl-Laurent , I. ii , p. 334. SiGNAY , évêcjue de Québec , détermine les sœurs de la Con- grégation a enseigner la musique à leurs pensionnaires , t. Il, p. 482; son zèle pour la mission de Québec, p. 491. SiMONNEAU (Charles), grave le portrait de la sœur Fiourgeoys, t. II, p. 281. Soumit, prêtre de Saint-Sulpice , envoyé a Villcmaric par M. Olier, I. i, p. 88; donne un présent a une femme iro- quoise, qu'il détermine par là à céder sa tille à la sii^ur Bourgeoys , p. 96; concède l'emplacement pour la construc- tion de Bon-Secours, p. 23i; reçoit les vo'ux simples de la sœur iMorin , p. 172 ; encourage M. de Maisonneuve dans ses disgrâces, p. 168; préside à la fondation de Bon-Secours, p. 23i, 237; exerce pendant longtemps les fonctions de supérieur de la Congrégation , p. 269. SoiDRAYS (Guibert de la), prêtre de Saint-Sulpice, procure l'établissement de la mission de Boucherville , t. ii , p. 175. SoiMiLiARD (Marguerite et Thérèse), se donnent a la sœur Bourgeoys, t. i, p 222. Zèle d'une des sœurs Soumillard pour la construction de Bon-Secours, p. 236. Elle est chargée du soin de cette église, p. 242. Marguerite Soumillard proposée pourêtre supérieure , p. 386, périt dans l'incendie de la Congrégation , p. 269. Talon , intendant de Canada, rend au séminaire de Saint-Sid- pice la justice de l'île de Montréal , t. i , p. 175. Tardy , sœur de la Congrégation; ses vues chimériques sur le projet de réunir les trois communautés de Montréal en une seule, t. i, p. 379. Déclaration extravagante qu'elle fait a la sœur Bourgeoys, 385. .Jugement que M. Tronson porte des visions prétendues de la sœur Tardy, p. .588, 389. Elle repasse en France pour essayer de convaincre M. Tronson de ses visions, p. 390, 391. M. Tronson empêche son retour r Villemarie, p. 39-2. Elle meurt en France, p. 59o. Taschereau, contribue à l'établissement de la mission de Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce, t. ii , p. 469 . Tegakolita ( Thérèse), Iroquoise morte au Sault en odeur de sainteté, l. i, p. 197, 198. Teriay (Margonde), prêtre de Saint-Sulpice, pourvoit a la subsistance des sœurs du Lac des Deux-Montagnes, après la conquête du pays par ks Anglais, t. ii, p. 396; assiste les sœurs de la Congrégation après leur incendie , p. 419 ; les aide pour leur faciliter l'acquisition du fief Saint-Paul, ItES MATIERES. CV p.42S, et pour U- nHablissomcnl tic leur niissinii do Québec, p. i27. Tkkkeuonne; établissouienl (If la mission do cetto paroisse, (. II, p. 470. Tessiek (l.f), prôlrodoSainl-Sulpico, ouréde Saint-Laurent, meurt viotiuio do son /Mo, l. il, p. 3;î5. TiiiBAunEAU, fainillo (|ui se dévouo à i'd'uvre de Montréal el passe en Canada avoo la s(our Bourgoovs , t. i, p. i^ll , 1-28, 1^9. ÏHiBiERGE (Anno-iMario) , supérieure de la Congrégalion , t. Il, p. 355. Sa mort, p. 378. TiionoMiioNGo(Franoois), Huron de la mission de la Montagne; sa piété, t. I, p. '294, 293; devenu aveugle, il prie tous les jours pour son fils , p. 296 , dont il obtient la conversion , p. 297, 298; il est enterré dans l'église de la Montagne, p. 300. ToiiR (Bertrand de La), prêtre de Sainl-Sulpice; il est cédé par ses supérieurs au séminaire des Missions -Étrangères, qui allait s'éteindre par défaut de sujets, t. ii, p. 521; il retourne en France, p. 327 ; publie ses mémoires sur M. de Laval; pourquoi cet ouvrage est-il si défectueux; exemples de ses méprises, t. i , p. 135, 136, 138, 139. Éloge ([u'il y fait de la Congrégation, l. ii , p. 324, 525. Trappistines do Trocadio, dans la Nouvelle -Ecosse; la Con- grégation contribue h leur formation, t. ii, p. 470, 47i. Travail MANLEL. La sœur Bourgeoys et ses tilles se livrent au travail manuel, pour vivre sans être acbarge à personne, et donner gratuitement l'instruction aux enfants, t. i, p. 198, 199. Trocadie, voyez Trappistines. Trois-Rivières, bloquées par 600 Inniuois, t. i, p. 68. Tronson , supérieur du séminaire de Saint-Sulpice. Il est visité a Paris par la soeur Bourgeoys. t. i,p. 262. Estime qu'il fait de cette saiiito fondatrice, t. ii , p. 39, 40. Zèle de M. Tronson |;our l'instruction des enfants sauvages, p. 275, 276, 277 , 278 , 287. Estime qu'il fait de la Congrégation , p. 270, 271. Intérêt qu'il porte h la mission sauvage des sœurs à la Montagne , p 282 , et à. celle de la Pointe-aux- Trembles de Montréal, p. 3i1 , 342. Il s'oppose au dessein qu'on avait d'établir a Villemarie des religieuses de la Visi- tation , pour l'instruction de la jeunesse, p. 371 , 372,573, et au projet dos Ursulines de Québec, p. 375 , 376. — Juge- ment qu'il porte des i)rétondues visions de la sœur Tardy , qui tendaient a ruiner la (congrégation , p 588, 389. Appre- nant que MM. de Lacolombière etBailly étaient entrés dans les illusions de la sœ'ur, il les rappelle l'un et l'autre en France, p. 390; il s'excuse auprès de 'a sœur Bourgeoys do les faire repasser en Canada , aussi bien que la sœur Tardy, p. 391 ; il rappelle aussi «m France M. Cuyotte , qui était favorable aux projets de celle dernière, p. 592; ne peut CVI TAhLE ALPHABETIQUE consentir au dessein qu'avait conçu M. de Sainl-Vallier de rendre à M. Bailly la direction de la Congrégation!, p. 395, 394. — H fait proposer aux sœurs de la Congré- gation de prendre leur directeur parmi les \U\. PP. Jé- suites, ou parmi les Hécollels, p. 400. Sur la demande de la sœur Bourgeoys, il consent à ce que les ecclésiastiques de Sainl-Sulpice continuent a les diriger, p. 401. Il désire que toutes les sœurs s'adressent au même directeur, t. II , p. 122. — Il engage M. de Valens à composer des règles pour la Congrégation, p. 22, 23. M. de Sainl- Vallier compose lui-même des règles et veut que M.Tronson lui en marque son sentiment, p. 28. M. Tronson désire qu'auparavant les soeurs lui exposent toutes leurs diffi- cultés sur ces règles , p. 29. Réponse des sœurs à M. Tronson, p. 30. Lettre de la sœur Bourgeoys sur ce sujet, p. 3o, 36, 37. A la prière de .M. Tronson, M. de Saint- Vallier modifie ses règlements, p. 40. Satisfaction de M. Tronson après l'acceptation des règles, p. 40 , 47. Il écrit a la sœur Le Moine après l'élection de celle-ci, p. 148, 449. Sceau dont il se servait pour les actes relatifsa la seigneurie de Montréal, t. I, p. 240, 241. Sa correspondance manuscrite, p. lvi. Trottier (Gilles), services qu'il rend k la colonie de Villema- rie; sa piété, t. ii, p. 284,285. Trottier (Catherine), sœur de la Congrégation, missionnaire à l'île d'Orléans, p. 287. Trottier (Marguerite), sœur de la Congrégation; son origine, son éducation , p. 284 ; elle est envoyée en mission a Chà- teau-Ilicher, p. -280 ; dirige la construction du pensionnat de Villemarie, p. 230, 231. Elle est élue supérieure, p. 288; M.LePéletierluiécrit,p. 304,305. Elle consent àétablirune mission a Louisbourg lorsque les obstacles qui s'opposaient il ce dessein auraient cessé, p. 307 , 308 Elle est remplacée par la sœur Le Moine , p. 519. La sœur Trottier est désignée pour la mission de Louisbourg, p. 339, 343. Le roi approuve ce choix , p. 544. Elle se rend à Louisbourg avec deux autres sœurs , p. 345. Nouvel envoi de sœurs a Louis- bourg , 347. Mort de la sœ'ur Trottier , p. 363. Trouvé, prêtre de Saint-Sulpice, établit une mission iroquoise à Kenlé , sur les bords du lac Ontario , t. i , p, 177 , 274. Il est chargé de la conduite spirituelle de la Congrégation, p. 270. 11 repasse en France ; regrets de la sœur Bourgeoys , p. 270,271. ÏROYES. Voyez Mahonneuve; Congrégation ; Crolo ; Chatel ; Raisin. TiRMEME (de), ecclésiastique, chargé a Paris des affaires temporelles de la Congrégation; ses attentions pour la sœur Bourgeoys, t. i, p. 257 , 339. M. Tronson lui écrit pour l'empêcher de renvoyer la sœur Tardy h Villemarie, p. 392. Les sœurs lui écrivent au sujet de leurs règles, t. ii, p. 41. LES MATIÈRES. GVII u Ulric , curé ^c la l'r.iirif de la iMadclfinc, (. ir, p. 177. Urfi- ([.ascaris d' ), iirrln- de Saiiil-Siilpicc , l. i, p. 177. Ursimines; lenlalives pour t'Iahlir les Ursidiiics de Quélicc, à Vi Iciriario, I. i , i». 1 il , I i2 ; clics ne peuvent cjéculer ce d(■^sein , faulc de ressourci's Icinporelles, p. I i,S , lii. Nouveau pntjel (lu'ellcs rornieiil de s'élaldir ii Villemarit; , p. ^OG. f.e séminaire de Saiiil-Sulpiee ne favorise |)as ce dessein, p. 40!). M. de Lavai propose aux sœurs de laCon- ixréjïalion d'einhrasser l'inslilul des Ursulines; la sœur Bourgeoys lui fail d'liund)les représentations, p. 207. Elle visile les Ursidines dans ses voyages à Québec , t. ii , |(. 17, 18. Par déliealessc pour ces religieuses, el'e veut que la mission de Québec soil établie à la Basse-Ville, p. :^3i. Nou- veau projet d'incorporer la Congrégation aux Ursulines , p. 15, 16. M. de Saint- Vallier désire celte union, p. 17, 18. Les Ursulines soumeltenl ii M. Dollier le j)rojel (lu'elles forment de nouveau de s'établir a Yillemarie; ce projet ne réussit pas , t. i , p. 373 , 374. Ulles s'adressent sans succès à M. Tronson , p. 37.^, 37fi. V Vai.f.ns (de), l'rêlre de S.iint-Sulpice , direetiur delaCongré- galion, t. 1, p. 402, i03. La sœur Bourj^eoys le prie de composer des règles pour la Congrégation , t. ii, p. 22. Ser- vices qu'il rend k cet institut, p. 2i3, 2ii. Ses vertus, p. 24o. Avis spirituels qu'il laisse aux sœurs de la Congré- galion , |). 2 '.6, 2i7 , 2i8 , 249. Vallier (de Saint- ) , évêque de Québec; éloge qu'il fait de la Congrégation , t. i, p. 309, t. ii , p. 260 , 261 ; éloge de la mission de la Montagne, 1. 1, p. 290, 291 , 292. lldemandeà la .sœur Bourgeoys des missionnaires pour l'île d'Orléans , t. i , j). 313; la charge d'établir à Québec la Providence de la Sainte-Famille, p. 320.11 affaiblit sans le vouloir l'union qui régnait au séminaire de Villemarie, p. 380. Ne permet pas d'abord a la sœur Bourgeoys de se démettre, p. 387 ; le lui permet dans la suite, p. 403. Veut ramener M. Bailly à Villemarie; emmène M. de Lacolombière a Québec, p. 393. A l'occasion de la suppression de la Providence à Montréal, se montre faiblement disposé pour la Congrégation , t. ii , 1). 21.11 compose des règles pour la Congrégation assez conformes a celles des Ursulines , p. 24. Veut les mettre aussitôt a exécution; permet ensuite aux sœursde lui sou- mettre leurs observations, p. 25, !i6, 27. Il exige que M. Tronson lui marcpie son sentiment sur ces règles , p. 28, '2d. Acceptaiion des nouvelles règles, p. 43 ; faveurs spiri- tuelles qu'il accorde a la Congrégation , p. 47. U est fait pri- sonnier de guerre par les Anglais , |) 184, 185. Tentative qu'il fail pour diviser la Congrégation en deux corps indé- [tendants, p. 149 et suiv. 11 s'entremet sans succès pour faire révixpier la df-fensc touciianl les vieux, p. 208,209,210, CYIII TABLE ALPHABETIQUE 211. Il veut obliger les sœurs a exiger 2,000 livres de dot pour chaque postulante , p. 297. Il propose aux sœurs l'éta- blissement d'une mission a Louisbourg, p. 307; y envoie la sœur de la Conception , contre l'avis de la communauté, p. 312. Mort de M. de Saint-Vallier, p. 316. Valduecil (de), gouverneur de Villemarie , assiste aux obsè- ques de la sœur Bourj-'eoys , t. ii , p. 8o. Gouverneur général de Canada, il l'ait déiéndre la clôture aux sœurs de la Con- grégation , p. lliri. Témnigu.ige honorable qu'il rend à cet institut , p. 200. Il est calomnié par un anonyme au sujet de la défense relative aux vœux, p. 21 o. Vierge (la très-sainte), voyez Marie. ViGER (Jacques), jj^emer maire de Villemarie, l ii, p. i79,480. YiGNAL, prêtre de Saint-Sulpice, l. i, p lj2; accouîpagne les sœurs de S;iint-Joseph de La Flèche a La liochelle, p. -123. Il est massacré par des sauvages , p. loi. ViLi.ADE, curé de Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce, procure l'établisi^eraeut de la mission de ce lieu, t. ii, p. i09. Villemarie, nom proi)re de la capitale de l'île de Montréal, pouniuoi ainsi appelée, t. i,p. xxxix. Sa fondation ne fui point un dessein concerté par les hommes, p. x. Établis- sement des premiers colons, p. XL, XLi. Leur ferveur, p. xli, XLii, XLiii. Extrémités où'ils sont réduils par le déborde- ment du fleuve Saint-Laurent, p. 81. On rép.md le bruit à Québec que la colonie de Villemarie a été détruite par les Iroquois, p. 07. M. de Maisonneuve amène une nouvelle recrue de 100 hommes; changement que la grâce opère sur leurs cœurs, p. 73. Leur aciivilé pourforlifierVillemarie, p. 70; leur piété, p. 77. Joie de la colonie à l'arrivée de la recrue de 1059, p. 129. Résolution magnanime de 17 Montréalistes qui sauvent le Canada |)ar leur mort , p. 144 et suiv. — Par respect pour M. OUier, le séminaire de Saint-Sulpice ne peut laisser périr l'a-uvre de Villemarie, p. 105, 100. M. de Queylus en procure l'augmentation, p. 178 ,179. — Zèle de la sreur Bourgcoys jiour la sanctili- cation de Villemarie, p. 181 et suiv. Ses prières ardentes et continuelles, p. 194. Ses saints exemples, p. 195. — Con- sternation à Villemarie a l'occasion des mouvements de guerre de 1711 ; exercices de dévotion . t. u, p. 217, 218. Protection de Dieu sur le Canada , p. 221 , 222. Villemarie passe sous la domination britannique, p. 589. ViLLERMALLA (de), prêtre de Saint-Sulpice , procure l'établis- sement de la mission de la Prairie de la Madeleine, t. ii , p. 177. Il rétablit celle de la Chine, p. 178. Inculpation faite à sa mémoire, p. 203. ViMON , de la compagnie de Jésls, atteste que le dessein de Villemarie est l'ouvrage de Dieu, t. i, p. xx. Allocution qu'il adresse aux premiers colons de Villemarie, p. xl. Vincent (le Père) , trappiste, envoie trois vertueuses filles au noviciat de la Congrégation , pour qu'on les forme aux fonc- tions de l'institut , t. Il, p. 470, 471. DES MATIÈRES. oXyH VisiTANDiNES; le projet d'en t'iablirà Villomaric pour l'édura- lio» de la jcunosso, est rcjclt" par M. Tronson, l. i, p. 371 , Visitation de la tiiks-sainte Viergi; ; motifs de la dévotion sp '(Maie de la Congrégation jwur ce mystère , l. i , p. Md, <3U7 , o' o. V»:i'x. La sœur Bourgeoys fait vœu de cliuslelé et de pauvreté t. I, p. 15, 1G. M. de Saint- Vallier veut obliger les s.i-ursd»' la Congrégation h faire des promesses s .lenneltes et perpé- tuelles, et un vani d'obéissance à lui-même, t. Il , p 25. Kiles le prient de n'exiger que des vumix simp'es, et seuTe- inenl pour le temps qu'elles demeureronl dans la Congré- gation . p. 31. Klles font des vœux simples, p. 4G. Le mi- nistre déf( nd ensuite aux s(vurs de faire des visux simples, p. 197. Rmbarras où celte défense jette les sœurs, p. 199.' Lettre de la sieur Charly au ministre pour le prier de révo- quer celte défense , p. 20G , -2U7 , 2U8. Tempérament qu'on emploie dans l'émission des vœux , p. ^12, 213. ir ERRATA. Page 39, à la citation {]), Jachereau, lisez: Juchereau. — 68, 1634, lisez: 1633. — 71, Hospitaliers, /«sez; Hospitalières. — 91, Lav. lisez: Laval. — 91, Deguen, lisez: Dequen; item page 101. — 100, 101, 233, Pijard, lisez: Pijart. — 124, Raisin, lisez: Châtel. — 153, Godet, lisez: Godé. — 248, Prescrivons, lisez: Prescrirons. J VIE DE LA SOEUR BOLRGEOYS PREMIÈRE PARTIE L\ PROVIDENCE PREPARE LA SOEUR BOIRGEOVS A ÉTABLIR l'iKSTITLT DE LA CONGREGATION DE aOTRE DAME, A VILLEMARIE. CHAPITRE PREMIER. LA SœiR BOLRGEOYS EST APPELÉE A LMITER LE ZÈLE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE POUR LA SANCTIFICATION DES AMES. I. Maro'uerite Roure-eoys naquit à Troyes en , ^'aïssance o L. o 1 J de Marguerite Champagne le 17 avril 1620 (1), et le même «TurlS jour, qui était celui du Vendredi saint (2) , elle qi-eSemontre reçut le sacrement de baptême dans l'église premier âge. Saint-Jean de cette ville. Quoique sa famille de l'étSt^dvii , . de la ville de n eut rien de remarquable, selon le monde, elle Troyes , pa- roiise Saint- était pourtant considérée des gens de bien pour Jean, \i avril sa probité et sa vertu. Son père, nommé tf]^,]hll"'^g Abraham Rourgeoys, honnête marchand, et sa ^geom.—^VArt mère, Guillemette Garnier (3), l'un et l'autre dltfr.mo^^ mécUocrement pourvus des biens de la fortune, deTroyesMd. 2 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. s'efforçaient surtout de laisser pour héritage , aux cinq enfants que Dieu leur donna , la piété sin- (1) Vie de la cèro dout ils faisaient eux-mêmes profession (1) ; sœur Bour- geoys.ms, g^ [{^ jiB tardèrent pas à voir paraître dans la m)-%"*Rm- jeune Marguerite les premiers fruits d'une solli- *^''^^'P'^^' citude si chrétienne. Dès son enfance, elle se distingua de ses petites compagnes par sa facilité à lire et à écrire , par son amour pour le travail , son adresse pour les ouvrages qu'on lui donnait à faire , mais spécialement par les dispositions singulières qu'elle annonçait pour la piété et la vertu. Aussi, la sagesse qui paraissait déjà dans sa conduite, et la maturité de jugement qu'elle montrait , lui concilièrent de bonne heure l'estime de ses compagnes, et lui donnèrent même, comme naturellement , un certain ascendant sur elles que cependant elle ne rechercha jamais. II- Les personnes appelées de Dieu à quelgue Indices ^ ^ qu'elle donne dessein particulier donnent ordinairement, dès de sa vocation ^ ' de'^dix.ïns. ^'^o^ ^^ P^^^ tendre , des indices de leur voca- tion, qui sont comme des fruits précoces de {ï)Traitéde.s l'esprit qui déjà les anime et les dirige (2). saints Ordres ^ p , , i- i i i par M. oiier. Le lut ce qu OU eut heu de remarquer dans la r» partie , chap. 10. jeune Marguerite Bourgeoys. Elle était à peine âgée de dix ans, qu'on la voyait réunir autour d'elle ses petites compagnes, les animer à la vertu et leur proposer les projets que déjà elle r^ l'ARTIE. — ClIAriTlŒ I. 3 formait pour l'avenir. C'était d'assembler do jeunes fdles pour vivre en commun, dans un lieu écarté , éloignées du commerce du monde , et saintement appliquées au travail et aux exer- cices de la piété. La proposition d'un tel dessein dans une fille de dix ans , pouvait bien passer pour quelqu'un de ces jeux innocents, si ordi- naires à cet âge ; mais la suite montra que ce projet et ces discours étaient comme les pre- mières étincelles du zèle ardent qu'elle devait faire éclater plus tard pour la sanctification des jeunes personnes. Du moins, c'est le jugement que dans la suite elle porta elle-même de ces instincts de sa vocation, dont le souvenir lui demeura toujours très-présent. « Dès ma petite « jeunesse, écrivait-elle à l'âge de 78 ans. Dieu « m'avait donné une inclination particulière « pour assembler des petites filles de mon âge , « dans le dessein de demeurer ensemble et de « travailler en quelcpe lieu écarté pour gagner « notre vie. Car je n'avais point connu encore « de communauté de filles [qui eût pu faire « naître en moi cette idée] , mais seulement quel- « cjues filles qui vivaient ensemble. Nous accom- « modions cela comme pouvaient le faire des tognipùs "Hl n , r i\ ^c sœur Bour- « entants (1). » geotj.?. La jeune Marguerite, c|ui semblait préluder Après"amort 4r VIE DE LA SOECR BOURGEOYS. de sa mère, ainsi à l'exercice du zèle par ses entretiens avec elle s'applique à l'éducation cette petite troupe d'àmes innocentes, se vit dun frère ^ '• ^efauTsohis^' t^i^ntôt, par la mort de sa mère, qui arriva du ménage. ^^^ après, obligée de l'exercer réellement dans sa propre maison. Son père, voyant dans Mar- guerite une gravité et une prudence de beau- coup supérieures à son âge , accompagnées d'une grande piété , lui confia l'éducation de ses deux plus jeunes enfants et la chargea encore des détails (1) Vie de et de la conduite du ménage (1). Nous ne savons la sœur, par M. Ranwnet, rien des vertus qu'elle pratiqua dans l'emploi isis" '"3T' laborieux qu'elle eut alors à remplir. Mais si sa modestie lui a fait taire tout ce qui aurait pu tourner à sa louange, son humilité sincère l'a souvent portée à s'accuser, avec douleur, des fautes de vanité et de légèreté qu'elle croyait avoir commises à cette époque de sa vie. Fidèle aux pratiques ordinaires de la piété, elle ne souffrait pas qu'il y eût rien d'affecté ou d'im- modeste dans sa parure ; toutefois en y gardant {i) Vie de la les règles delà décence, elle ne se faisait pas sœur Bour- geoys, 1818. scrupulo de mettre quelque recherche dans ses p. 37. — Vie ^ ^ ^ de la même, ajustements, pour ne pas paraître inférieure aux sonet, p. 16. £i}gg ^q ^^ conditiou et de son âge (2). Étabiislement ^es religieuses de la congrégation de Notre- congrégation Dame, de l'institution du Père Fourrier, parti- à Troyes, culièrcment vouées à la sanctification des jeunes 1"' l'Ain iK. — ciiAriTiiK r. 5 filles, et établies à Troyes en 1628, sous l'épis- copat de M. René de Breslay(l), avaient donné chUtiamï commencement à leur congrc'galion externe. ^"' C'était une pieuse association de jeunes per- sonnes qui , sans contracter aucun engagement de conscience , s'assemblaient les jours de fêtes et de dimanches pour vaquer à certaines pra- tiques de religion , et s'employaient quelquefois à exercer diverses fonctions de charité et de zèle. La congrégation externe ne fut pas plutôt établie à Troyes, que plusieurs jeunes personnes, en petit nombre d'abord, y entrèrent comme à l'envi, et soutenues les unes les autres par leurs exemples échfiants et leur ferveur mutuelle (2), (-2) La con- duite de la elles s'efforcèrent de se conformer dans leur ex- Providence dans Vétablis- térieur aux règles de la plus austère simplicité, cément de la ^ ^ «■ Lo agrégat ion. Une vie si exemplaire semblait être la censure ^°"l' i^^-^"' ••■ p. loo. de toutes les jeunes filles qui n'avaient pas le courage de l'imiter; aussi ne manqua-t-on pas de taxer les congréganistes de singularité, et bientôt on leur donna dans la ville de Troyes la qualification odieuse de bigotes (3). du^Montréa? Ces vertueuses filles estimaient et aimaient la decas^°i^,'de jeune Marguerite, et désiraient vivement de mnmiscrit de i attirer a elles, persuadées que son exemple de- queMazarîne. terminerait un grand nombre de jeunes personnes à entrera leur tour dans la congrégation. Elles 6 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. l'invitèrent donc, elles la pressèrent avec in- stance, et firent tout ce qu'elles purent pour la gagner. Mais Marguerite n'osait se résoudre à faire cette démarche. Elle n'aurait pas voulu conserver dans la congrégation les parures aux- quelles on renonçait en y entrant. Toutefois la crainte de passer aussi pour bigote la retint pen- du%oi'tr''!7' ^^'^^^ plusieurs années (1), et elle persévéra dans ^*^' ces sentiments jusqu'à l'âge de vingt ans et demi , où enfin la très-sainte Vierge, à qui cette âme de choix avait été spécialement confiée, daigna faire un merveilleux changement en elle à l'oc- casion que nous allons dire. V. Le premier dimanche d'octobre 1640, où les Faveur extraordinaire Dominicains célébraient la fête de Notre-Dame qu'elle reçoit à la vue ^^ Rosaire, elle eut la dévotion d'assister à la d une statue ' trèïsahitc procession solennelle qui se faisait ce jour-là, Vierge. ^^^^ ^^^ ^^jj^ ^^Iq q^\_ ^té reçue dans cette con- frérie, soit qu'elle fût portée à se mettre dans les rangs par un mouvement secret de la grâce qui voulait dans cette occasion parler à son cœur. {<2.) L'Art de C'était le 7 octobre (2), deux mois, jour pour vérifier les ^ ' S?' "^"^^ j^"^^!'' depuis que les associés de Montréal s'é- taient engagés à établir une communauté de filles destinées à élever les enfants dans la colo- Gwrdon^io- ^^^^ i^)' '^V^^^^ ^^"^^ fp^ ^^ jeune Marguerite se ?fl7wri64o?" f^t ^^^isc dans les rangs, la procession vnit à r« PAUTIE, — CUM'ITllE I. 7 passer, selon l'usage, devant le portail de l'ab- haye des religieuses de Notre-Dame-aux-Non- {]) Sceau de nains , dont le monastère était contigu au couvent rAhhaue de iS'otie -Ddiite- des religieux de Saint-Dominique. Sur ce portail, f»'-r-Nonnains ^ ^ ^ (leTroyes.par connu dans les anciennes chroniques sous le -^J- ^/"^*^tv>/- i fiiief ; Pans, nom de ^em(-jPor/o<7 (1), se trouvait une statue p^S'etss*"' de pierre qui représentait la Mère de Dieu (2). (2) Aihum • 1, .,,, • -I r r -1 • î^itioresque et Marguerite 1 avait deia considérée sans doute : mais monumenfai du déparfe- ce jour-là, arrivée devant le portail, et levant ment de r Au- " ^ oe. — Vue de les yeux pour regarder la statue : dans ce mo- [-afg^jg §^^^ ment elle lui parait être d'une beauté ravissante îîJ^jaie^^ ^^ë . . , M j T-i » 1 -x X Saint-Jacques, et toute céleste. En même temps son esprit est 1852, par m. éclairé tout à coup d'ime lumière intérieure qui lui découvre le néant de toutes les choses du monde, et son cœur est pénétré pour Dieu de l'amour le plus pur. «Enfin je me trouvai alors « si touchée et si changée, écrit-elle elle-même, « que je ne me reconnaissais pas (3). » Jamais {^) Écrits au- ^ '^ 7 tographes de peut-être, ces paroles du Canticpie, c[ue l'âme i" s'^ur Bour- lidèle, dans l'ivresse du saint amour, adresse à Marie : Vous avez blessé mon cœur, ô ma sœur, vous avez blessé mon cœur par un seul regard de vos yeux (4), ne furent plus httéralement ni ,£^,fjf/*^f/e"! plus parfaitement accomphes que dans cette '''^P' ''> '• ^• circonstance. Car ce rayon de grâce que la très- sainte Vierge laissa tomber sur la jeune Margue- rite fut comme un trait pénétrant cpii porta 8 A'IE DE LA StELR BOURGEOYS. dans son cœur l'amour le plus ardent envers Marie , et le remplit pour elle des sentiments les plus vifs de tendresse , de confiance et d'a- bandon. VI. Cette ffrâce si abondante lui ayant été don- Effets ^ ^ -^ ^ sensibles née principalement en vue d'attirer à Dieu un que ^ ^ cette faveur o-rand nombre d'âmes , reiaillit aussitôt d'une produit dans o ' J Bourgèoys. niaiiière sensible dans toute sa personne. Elle parut surtout dans l'expression de son visage, qui sembla dès ce moment être une image touchante de la modestie de Marie, de son hu- milité et de sa douceur. Toutes les personnes qui connaissaient Marguerite ne purent s'em- pêcher d'être frappées d'un changement si subit et si extraordinaire. « Après la touche que j'avais « eue à la vue de cette sainte image, écrit-elle, « retournant à la maison si touchée et si chan- « gée, cela paraissait à tous: chacun sachant « bien que jusque alors j'avais été fort légère et « la bienvenue avec les autres filles. Mais dès « ce moment je quittai tous mes petits amuse- « ments, et me retirai d'avec le monde pour (i) Écrits au- « me douiier au service de Dieu (1). » Ne con- tographes de . •ni i iin n la sœur Bour- uaissaut rieu de plus condamnable dans elle , geoys. qu'une trop grande recherche dans les habits et le désir de paraître pour s'attirer l'estime , elle ne voulut plus porter, et ne porta plus en "YOC/JIOÎI .''■ / /' //. -/ /a t?nf ({'taie .1-1 a ùa' ife Marie, /a Jivi/r âoun/em/j- .renf son amr r/ia/N/e /a/// -à-roiif), et ,re tfépoue au .rennee de cette t/aa/ie mère 1"= l'AUTIE. — CHAPlTRli I. effet dans la suite, que des vôtemeiits très- simples de couleur brune ou noire, sans soie ni autres ornements superflus (1), et se (i) ^«^ "''? ^ ^ ' In sd'ur Bour- voua dès lors avec une ferveur toujours plus ^y-^^'^fr^-^^i',- J •'■ 38. — Vie ai: grande aux humiliations dont nous verrons J^ "tamoneT qu'elle fut insatiable tout le reste de sa vie. ^'' ^ ' • Enfin , immédiatement après la faveur dont nous venons de parler, sa première démarche fut d'aller se jeter aux pieds de M. Dégorais, grand pénitencier de la cathédrale de Troyes, et de lui faire une confession (2) extraordinaire , {'^) Écrits au- ^ ' tograplies de en détestant dans l'amertume de son cœur et ^"j^'i'-'' ^ow- en s'efforçant d'expier, par ses larmes et sa com- ponction vive et véhémente , les fautes de légè- reté et de vanité, dont elle ne cessa de gémir et de s'accuser depuis. Pour donner un nouvel aliment à sa ferveur, '^'H- Mlle elle eut alors le désir de se joindre aux pieuses Bourgeoys J • ^ est reçue congréganistes externes. Cependant avant de congrégàSon demander entrée dans leur société, cette fille sage et prudente examina d'abord la conduite et l'esprit cpii les animaient ; et ayant bientôt re- marqué en elles une vertu aussi solide qu'elle était exemplaire , elle demanda d'être reçue elle-même dans leur conofréaation (3"). Elles {^) Histoire o o \ / fi^ Montréal , l'accueillirent avec une satisfaction propor- ^Ig'caswn^de tionnée aux vœux qu'elles avaient faits pour la ^^^^ " ^^^^' 10 VIE DE LA SCECR BOURGEOYS. (1) Ibid. VIII. Son union aux dispositions intérieures de la très-sainte Vierge. Elle est élue préfète de la congrégation. posséder parmi elles , et à la joie que leur avait fait éprouver son généreux changement. Mais elles ne tardèrent pas à s'apercevoir que dans la réception d'une telle compagne , tout l'avan- tage était de leur côté. Dès son début, la sœur Marguerite, car c'est ainsi qu'on la désigna depuis dans la congrégation (1), fiit un modèle de perfection digne d'être proposé à toutes les autres congréganistes , et qui excita parmi elles une sainte émulation de ferveur. Elle était par- tout où il y avait quelque action de dévoue- ment à pratiquer, toujours prête à entreprendre toutes sortes de bonnes œuvres ; et elle s'y ap- pliquait avec une ardeur d'autant plus entraî- nante pour ses compagnes, que ce saint zèle prenait sa source dans son union intérieure avec la Mère de Dieu , qui semblait résider dans elle , pour les attirer toutes à l'odeur de ses vertus dans les voies de la perfection. Depuis le moment où elle se sentit si vive- ment touchée à la vue de l'image de Marie, son attrait dominant, ou plutôt l'occupation habituelle de son esprit et de son cœur, était en efTet de s'unir aux dispositions très -saintes et très-parfaites dont cette divine Mère avait animé ses actions lorsqu'elle était sur la terre. Pra- tique sanctifiante, à laquelle elle fut constam- 1"' l'AKTiE. — cu.vrnuE 1. H ment fidèle tout le reste de ses jours, et qu'elle laissa aux vierges chrétiennes dont elle devint dans la suite l'institutrice et la mère , comme la base et le fondement de toute la perfection de leur société (1). Aussi l'édification qu'elle ré- , (i) '^(f ^^^ ^ ' ^ la sœur Bour- pandit dans la congrégation externe lui gagna ^^''y^' *^^^' si parfaitement les cœurs de toutes ses com- pagnes, et lui concilia à un si haut degré leur confiance et leur vénération, cpi'auj premières élections c|ui eurent lieu depuis son entrée, elle fut choisie pour occuper la charge prin- cipale , celle de préfète. Enfin, ce qui montre le grand éclat cpie sa vertu toujours soutenue jetait parmi ces saintes filles, elle fut continuée tou- jours dans cette même charge jusqu'à son départ pour le Canada , c'est-à-dire l'espace d'environ (g) Histoire 1 ...,,,. , du Montréal, douze ans, ce cjui avait ete jusque alors sans parM.DoiHer , de Casso7i , exemple (2). iimi. Celle des conorréffanistes externes qiù l'avait . ^^• '- G 1 La sœur occupée avant elle , et qui était une fille de vertu boKovÏ et de bon sens, frappée comme les autres de la îa conduite , de ferveur de la sœur Marguerite , jugea qu une âme m. Jendret. qui semblait plutôt voler que marcher dans les voies de la perfection , avait besoin d'un guide sûr et expérimenté. Elle l'engagea donc à se mettre sous la direction d'un ecclésiastique très- to(jralhes"d'c éclairé dans les voies de Dieu , M. Jendret (3) , qui geoys. 1^ VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. était alors directeur des carmélites du Fau- bourg (*). Ce saint prêtre, à cjui elle se fit con- naître entièrement, voyant en elle une vertu généreuse et à toute épreuve , un amour extraor- dinaire pour les pratiques les plus austères de la pénitence , ne douta pas que la très-sainte Vierge , l'instrument d'un changement si admirable , n'eût sur elle des desseins particuliers. Il jugea que sa pénitente n'était pas destinée à vivre dans le monde, et que probablement Dieu l'appelait à entretenir le feu sacré de la ferveur dans quel- que communauté spécialement vouée à Marie. Gomme il portait un vif intérêt à l'institut des carmélites , dont la réforme jetait alors un grand éclat dans toute la France , il désira de procurer à la maison du Faubourg un trésor si précieux; et après avoir éprouvé quelque temps sa péni- (]) Écrits au- ^q^^^q [\ gg détermina à lui proposer enfm d'en- lograpnes de J- *• %oy^.'^^^'^' trerdans cette communauté (1). X. La fin de cet institut, destiné à honorer la très- La sœur 1 - 1 ivT rx Marguerite sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du Bourgeoys , s^ ' Mont-Carmel , et la vie très-austère dont on v fait présente chez «^ ^^^ Ss"ci!e?^' profession , avaient trop de conformité avec les les clarisses, qui refusent de la recevoir. (*) Ces religieuses avnicnl à Troyes deux maisons de leur (l)GalliaCliri- inslilut, l'une établie en 1620, appelle de Y Incarnation ; coLTai.'' '^"' l'autre en 1630, dite du Faubourg (1). r" PARTIE. — CHAPITUE I. i'i attraits qu'éprouvait alors la sœur Marguerite , pour qu'elle put se refuser à une proposition sem- blable , qui lui était faite d'ailleurs par celui à qui elle avait confié le soin de sa sanctification. Elle y acquiesça donc avec joie , et ressentit môme un grand désir de se consacrer pour toujours , dans cet ordre , au culte de Marie. Son père , à qui elle ne tarda pas à faire part de son dessein , ne put s'empêcher d'être sensible à la privation d'une fille qu'il aimait très-tendrement, et dans laquelle il s'était plu à considérer jusque alors l'ap- pui et la consolation de sa vieillesse. Néanmoins comme l'affection qu'il lui portait était une affec- tion chrétienne , et que d'ailleurs il ne pouvait rien refuser à sa fille, dont il admirait et vénérait lui-même la vertu , il ne mit point d'obstacle à son dessein , et promit de faire tous ses eflPorts pour fournir à la communauté la dot qu'on avait coutume d'exiger (1). M. Jendret proposa donc sa (i) Histoire du Montréal , pénitente aux carmélites. Mais le Carmel n'était pnrM.Doiiier de Cnsson , de pas l'ordre où Dieu voulait qu'elle le servît. Il leaaàiesa. l'avait choisie pour être elle-même la fondatrice et la mère d'un institut de vierges , destiné à ho- norer sa très-sainte Mère d'une manière nouvelle, et à la faire aussi honorer dans la ville qui devait être bâtie à sa gloire dans la Nouvelle-France , et porter pour cela le nom de Villemarie. C'est 44 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. pourquoi , comme il agit à son gré sur les cœurs et sur les volontés pour arriver à ses fins , il dis- posa de telle sorte les esprits des religieuses (i>^cr//5^/w- carmélites, qu'elles refusèrent de la recevoir (1). tograpfies de Ici sœur Bour- Nous ignorons quels furent les motifs de ce re- geoys. fus : peut-être le changement subit qu'on avait remarqué dans la jeune postulante , et dont on ignorait la cause véritable, fit -il soupçonner quelque légèreté dans le désir qu'elle témoignait d'embrasser un institut si austère, et douter si (2) Vie (le Cette grande ferveur serait de din*ée (2). Quoi la sœur Bout- geoijs, 1818, qu'il en soit, se voyant refusée par les carmé- lites, et ne connaissant pas encore les desseins de Dieu sur elle , son zèle ardent pour la perfection et son grand amour pour la pénitence , lui firent penser alors que peut-être l'ordre austère des clarisses était celui auquel elle était appelée. M. Jendret, qui ignorait aussi de son côté les vues de Dieu sur elle , approuva apparemment ce désir, et l'autorisa à se présenter chez ces reli- gieuses. Mais cette demande n'eut d'autre elTet que de faire trouver à Marguerite une nouvelle occasion de mérite, dans l'humiliation qu'elle i<^^^—vfe'par Sembla lui attirer encore ici , par le refus qu'on M. Rnnsonet , r ■ i i • /o\ p. 19-20. fil de la recevon' (3). XI. Croyant alors que Dieu voulait qu'elle prati- La sœur - Bourgeoys quât au milieu du monde la vie parfaite ;i ]a- I" PARTIE. — CHAPITRE I. i5 quelle elle se sentait si fortement attirée , elle se lie au service eut le désir de s'attacher irrévocablement au Je Dieu dans service de Dieu par les vœux perpétuels de chas- ^^ monde par ^ ^ ^ les vœux teté. de pauvreté et d'obéissance. M. Jendret de chasteté cependant , quoiqu'il ne doutât pas de la solidité ^^ pauvreté. de sa vertu, ne jugea pas à propos de lui per- mettre d'exécuter aussitôt ce dessein. Pour éprouver son humilité, il lui réponcht qu'elle ne devait pas penser à contracter de pareils en- gagements dans le monde, avant d'avoir atteint l'âsre de trente ans (1). Elle n'en avait alors que , ^'^ ^(f ^^ o V / T. /a sœur Bour- vingt-deux. Comme le désir de la sœur Margue- %'n{^,ànet', %'. rite lui était inspiré de Dieu et c[u'il était calme rfeJ8i8,"p. 42*! et paisible, elle se soumit aussitôt et aveuglé- ment à la réponse de son directeur. Une défé- rence si prompte et si humble devait être pour celui-ci un trait de lumière bien propre à le dé- terminer sur le parti qu'il avait à prendre. Tou- ché en effet de l'humilité de sa pénitente, autant qu'il était surpris des merveilleuses opérations de Dieu en elle , il lui permit peu après de pro- noncer d'abord le vœu de chasteté perpétuelle , ce qu'elle fit avec toute la ferveur possible (2), '^|) ^'^^^^ le jour de saint Thomas, apôtre, 21 décembre 1643 (3), dans la vingt-troisième année de son (X Écrits au- tographes (le âge. Depuis ce jour et jusqu'à la fin de sa vie, i» '^'^ur Bour- elle regarda l'engagement qu'il lui fut donné de iô VïE HE LA SCEUR BOURGEOTP. contracter alors , comme une des grâces les plus signalées qu'elle eût reçues de Dieu, et comme l'époque de sa consécration parfaite à son ser- vice. Vers la fin de sa vie , rendant compte de la conduite de Dieu sur elle, elle écrivait en rappelant cette circonstance : « Je me suis don- « née à Dieu en 1640 ; et quelques années après, « dans le premier dessein que sa bonté m'avait a donné pour son service , j'ai fait mon vœu de « chasteté par l'avis de mon confesseur, avec '( intention de faire les deux autres quand j'en '( aurais la permission. Peu après, j'ai fait aussi « le vœu de pauvreté; et j'ai prononcé ces deux « vœux avec tout le zèle et toute la perfection (( qui m'étaient possibles , et avec résolution de 4lf/£X « les garder toute ma vie (1).» XII. Cette circonstance fut en effet l'occasion dont M. Jendret . . juge que la bonté divine sembla se servir pour faire en- la sœur BourgeoYs f^evoir déjà le dessein qu'elle avait sur la sœur est appelée J ■* la^vîe'de Marguerite , selon l'expression dont elle-même se ^^^vfe'S"^^ sert ici. Car M. Jendret, frappé du peu de succès un nô'uvei des démarchcs qu'elle avait faites pour entrer en institut. ,. . . , 1 , religion , et connaissant par une heureuse expé- rience le zèle et le talent incomparables que Dieu lui avait donnés pour l'instruction et le salut des jeunes filles et dont il voyait tous les jours les plus consolants résultats ; assuré d'ailleurs de la soli- V PARTIE. —CHAPITRE I. 17 dite et de la générosité de sa vertu, disposée à tout entreprendre pour la gloire de Dieu : il jugea qu'il seconderait les vues de la divine Providence sur elle , s'il pouvait la fixer à cet emploi , en lui associant quelques jeunes personnes de vertu, qu'on pourrait trouver aisément dans la congré- gation externe dont elle était préfète. Enfin, l'at- trait qu'elle avait toujours ressenti depuis qu'elle s'était donnée au service de Dieu, pour hono- rer la vie et les vertus de la très-sainte Vierge , et pour s'unir à ses dispositions intérieures dans ses actions , fit croire à ce saint prêtre qu'elle était en effet destinée à l'honorer d'une manière propre et spéciale. Il conçut donc le projet d'un nouvel institut conforme à cet attrait, et fit part de son projet à Marguerite. « Ce bon père, rapporte-t-elle elle- « même , me parla un jour du dessein de faire « une communauté pour honorer l'état de la « sainte Vierge dans sa vie voyagère. Des trois « états de filles cjue Notre-Seigneur a laissés « après sa résurrection pour suivre et servir « l'Église , me dit-il , je ne trouve que celui de « sainte Madeleine et celui de sainte Marthe qui « soient remplis (1). L'état de sainte Madeleine H) Ecrits au- tographes fie « est rempli par les carmélites et les autres lasœurBour- geoys. « recluses; celui de sainte Marthe, par les reli- institut dont il t'ait un essai. 18 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « gieuses cloîtrées qui servent le prochain ; mais « celui de la vie voyagère de la sainte Vierge « ne l'est pas, et c'est celui qu'il faut honorer. « Il ajouta que, (sans clôture), sans voile, ni « guimpe , on serait vraiment rehgieuse ; ce qui n\ lettre de « m'était bien agréable; car j'avais pitié des %lyT à ""i/' « filles qui , faute de bien , ne pouvaient s'éta- « bhr au service de Dieu (1). » XIII. Pour s'assurer cependant de la volonté divine M. Jendret compose touchant ce dessein , M. Jendret le communiqua des règles ^ pour à M. le théologal de la cathédrale de Troyes, le nouvel ° J qui ne balança pas à l'approuver; et l'un et l'autre s'étant joints ensemble , ils composèrent pour ce nouvel institut des règles d'une grande perfection. Mais , trop défiants de leurs propres vues pour oser ne s'en rapporter qu'à eux-mê- mes, ils désirèrent de soumettre ces règles à des personnes éclairées , et les firent présenter à plu- sieurs docteurs de Sorbonne par M. le théologal de Notre-Dame de Paris. Ces docteurs les ayant (2) ibid. approuvées (2), comme très-propres à procurer Ecrits auto- , , . , .„ . , graphes de In la gloire de DiEU et la sanctification des âmes , sœur Bour- geoys. ]\[_ Jendret résolut de les mettre enfin à exécu- tion , d'abord par manière d'essai. Les re- ligieuses de la congrégation de Notre-Dame applaudirent à ce dessein, dans l'espérance qu'il contribuerait à assurer la sanctification et la per- r« l'AHTlE, — CIlAriTIlE I. iQ sévérance de leurs élèves dans le monde ; et une pieuse veuve, M"' de Chuly, sœur de M"' de Chomedey , celle des religieuses de la congré- gation qui était chargée de la direction des con- gréganistes externes , offrit , pour commencer cet essai, un appartement dans sa maison à Troyes (1). (i) vie de ^ . . la sœur Bour- Tout étant amsi disposé, M. Jendret commu- geoys. par » M. Ransonet , niqua son dessein au père de Marguerite, et ce p- 22- vertueux père, toujours prêt à seconder les pieuses intentions de sa fille , se confiant d'ail- leurs pleinement à la sagesse et à la prudence de M. Jendret, consentit à tout, dans l'espérance de contribuer de sa part , par ce sacrifice , à pro- curer la gloire de Dieu. « Mon père, écrit la « sœur, me donna au bon M. Jendret, pour « disposer de moi hors de notre maison (2) ». {%) Ecrits au- tographes de Enfin deux autres vertueuses filles furent i"sœurBour- fjeoys. associées à Marguerite, et toutes trois commen- cèrent l'essai de ce nouveau srenre dévie (3). {^) Lettre de ^ ^ ' la sœur Bour- Elles s'apphquèrent donc à l'instruction et à ^^^^^ ^ '^^• i i i TroHSon. la sanctification des jeunes filles, se proposant pour modèle la charité que la très -sainte Vierge avait montrée pour le salut des âmes, en aidant les Apôtres par la ferveur de ses prières , la perfection de ses exemples et la sain- teté de ses conversations , dans le temps qu'elle 20 YIE DE L\ SŒUR BOURGEOYS. XIV. Trait de courage de la sœur Bourgeoys. L'essai du nouvel institut ne réussit pas. passa sur la terre après l'Ascension du Sauveur. La sœur Marguerite , surtout , fit paraître dans l'exercice de ce ministère de charité, une sagesse et une adresse vraiment étonnantes, et déploya un zèle magnanime pour protéger la ver lu des filles pieuses qui lui semblaient être plus exposées. La supérieure de la congrégation de Troyes rapportait dans une de ses lettres un trait de courage bien remarquable. Un jour, de jeunes libertins entraînaient de force une honnête fille. La sœur Marguerite , informée de cette action audacieuse , prend à l'instant un crucifix en main , et court après les ravisseurs , qu'elle atteint bientôt. Sans craindre les me- naces qu'ils lui faisaient de décharger sur elle un pistolet prêt à être tiré : « Malheureux ! leur dit- ce elle en leur montrant le crucifix ; c'est Jésus- « Christ que vous attaquez dans ses membres. « Sachez que tôt ou tard il se vengera de votre « sacrilège témérité. » Etfrayés de ces menaces, ils se retirent confus, et laissent en liberté la jeune personne , qui court à l'instant se préci- piter avec transport dans les bras de sa libéra- trice. Cette fille fut, dit-on, M"^ Crolo, qui s'at- tacha dès cet instant à la sœur Marguerite, et %oys"!'p^Tif. la suivit quelques années plus tard , en Ca- 23-24"— T7e nada (1), comme nous le raconterons dans le de la même , 1818, p. 44. livre suivant. (1) Vie de T" rAirriK. — c.iiAriTiU': i. 21 Mais la suite montra bientôt que le dessein conçu par M. Jendret n'avait été qu'un simple moyen ménagé par la Providence pour faire discerner dans la suite sa volonté sur la sœur Marguerite, et donner plus de confiance aux per- sonnes qui seraient chargées de prononcer sur sa vocation si extraordinaire [>our le Canada. L'essai dont nous parlons ne fut pas en effet de longue durée , malgré les heureux commencements qu'il avait eus. Car l'une des deux compagnes de la sœur étant venue à mourir, et l'autre ayant pris parti ailleurs (1), M. Jendret se vit contraint [ï] Ecrits nu- togrophes de d'abandonner son projet et de conseiller à la hsœurBour- geoys. — Let- sœur Marguerite de reprendre ses premières tre/ieinsœur ° ■■• ^ a M. Tvonson. occupations de simple congréganiste , en atten- dant qu'il plût à Dieu de leur manifester plus clairement ses desseins. Dans le même temps, Dieu imposa à cette âme xv. • P • « 1 La sœur généreuse un nouveau sacrmce qui coûta beau- Bourgeoys perd son perc, coup à sa sensibilité , mais qui dut attirer de nou- et se retire ■^ ^ auprès velles grâces sur elle par les dispositions saintes jyiu,edeChui dont elle l'accompagna : ce fut la perte qu'elle fit ^^ console. alors de son père (2). Après l'avoir assisté dans {i] Ecrits n u- tographes de sa maladie et l'avoir disposé à la mort, avec lasaurBour- geuys. tous les soins et la tendresse qu'on peut ima- giner de la part d'une telle fille , elle eut encore le courage et la charité de l'ensevelir elle- 22 VIE DE LA SŒiUR BOURGEûYS. même de ses propres mains. Comme si cette action de piété filiale eût augmenté en elle son ardente charité pour le prochain, elle commença, dès ce jour, à joindre aux autres bonnes œuvres dont elle avait fait profession jusque alors , la pratique chrétienne d'ensevelir les morts, et l'exerça le reste de sa vie dans toutes les occasions qui se présentèrent , sans qu'elle se refusât jamais à cette (1) Vie de Œuvro de miséricorde (1). Enfin, ayant rendu lu sœur Bour- 5reo?/s,i8i8. p. à son père tous les devoirs de la piété filiale, elle revint chez M"" de Chuly occuper de nou- veau l'appartement qu'elle avait quitté, et elle y demeura jusqu'à son départ pour la Nouvelle- France , qui eut lieu peu après , comme nous le i'^) Ecrits au- racouterons au chapitre suivant (2). lograp/tes rie ^ "• -' geoy^.' ^'''"' ' Après qu'elle eut perdu son père , et que , par la rupture de la petite société formée par M. Jendret, elle se voyait dans l'incertitude de sa vocation, Dieu sembla vouloir la dédom- mager abondamment de toutes ces diverses épreuves. Il se plut alors à l'inonder pendant plusieurs mois des plus ineffables consolations. Chaque fois qu'elle s'approchait de- la sainte (3) Vie de table, le feu sacré qui embrasait son âme re- geoy^par^M. jaillissaiit sur SCS seus extéricurs , elle avait Ransonet, p. . , i r i • • mit 26. — Vie de pciue a luoclerer les impressions sensibles de p. 45. cette sainte ardeur (3) , comme nous le lisons i""^ rAUiii;. — DiiAi'iTKE I. 23 de plusieurs grandes servantes de Dieu, entre autres de la mère Agnès de Jésus , obligée alors d'entrouvrir sa robe et même de mettre sur sa ,^^ y-^ ^^ poitrine des serviettes mouillées pour se donner ,%'''jésus'fpar quelque soulagement (1). Mais une faveur plus tàges!'' extraordinaire encore, et qui enivra la sœur Mar- xvi. NOTRE- guerite des plus ravissantes consolations, ce fut Seigneur une apparition sensible de Notre-Seigneur dans montre la sainte Eucharistie, sous la forme d'un enfant, Bourgeoys sous comme de l'âge de trois ans et d'une beauté la forme incomparable, grâce dont la mère Agnès avait petit enfant. aussi été honorée. L'année 1650, le jour même de l'Assomption de Marie, car il semblait que Dieu , pour l'attacher de plus en plus à sa divine mère, se plût à choisir les jours de ses fêtes pour la combler de ses plus précieuses faveurs; le jour donc de l'Assomption, fête principale de la congrégation externe, le très-saint sacrement étant exposé selon l'usage, elle fut désignée pour rester en adoration en sa présence pen- dant la procession cpi'on faisait ce jour-là. Après avoir demeuré quelque temps humblement pro- sternée devant Notre-Seigneur, plus encore de cœur et d'esprit que de corps, elle se sentit portée à lever les yeux vers la sainte hostie; et dans ce moment elle aperçut la merveille dont nous parlons. 11 n'est pas donné au langage 24 VIE DE LA SCETIR BOURGEOYS. humain d'exprimer les opérations de Dieu dans les âmes , lorsqu'il daigne les favoriser ainsi de visions célestes. Tout ce que nous pouvons dire de celle que reçut la sœur Marguerite dans cette occasion, c'est que la \Tie de la beauté ravis- sante de l'enfant Jésus , en lui faisant éprouver les impressions les plus douces et les plus ineffa- bles du saint amour, lui inspira en même temps un ici dégoût pour les beautés trompeuses et corruptibles de la terre , que , quoique déjà elle fût remplie pour elles d'un souverain mépris , dès ce moment elle ne vit plus dans leurs at- traits que des pièges de Satan, et des amorces (1) Vie de empoisonnées du péché (1). Enfin, comme ferait la sœur liour- geoijs,par M. un ansTO du cicl s'il venait sur la terre habiter fiansonef , p. ^ Tié^r^mi" dans un corps mortel , elle n'usa plus désormais p. 45. qu'avec contrainte et dégoût des choses les plus nécessaires à la vie; et c'était précisément la disposition où Dieu voulait , par une si insigne faveur, faire entrer cette grande âme, pour la rendre capable d'exécuter les desseins qu'il allait lui manifester en l'appelant au Canada. V" l'AKTlK. — CHAl'ITKK H. CHAPITRE II. dieu fait connaître a la soeur bourgeoys qu'elle est appelée a exercer son zèle a villemaril. On a VU dans l'Introduction qu'en 1641 , lors- i- ^ En 1641 , que la compagnie de Montréal résolut de fonder les religieuses Villemarie , elle oflrit la conduite de cette entre- '^'J'/îrlyes" prise à M. Paul de Chomedey de Maisonneuve , "TÏe"* qui 1 accepta avec joie , dans la vue de sacritier sa d'emmener >i !• iiT.T> iT^ m ■•! quelques-unes Vie a la gloire de la Mère de Dieu. Ce gentil- d'elles à Villemarie. homme, qui appartenait à l'une des meilleures familles de Champagne, se rendit à Troyes avant l'embarquement, pour prendre congé de ses parents, et surtout pour recommander à leurs prières le succès d'une entreprise si périlleuse. Il a^'ait dans cette ville une sœur, religieuse de la congrégation, M"*" de Chomedey dont nous avons parlé, connue en religion sous le nom de sœur Louise de Sainte-Marie (1). Cette religieuse, qui (i) La con- duite de la éprouvait, comme autrefois sainte Thérèse, un Provide?icn ^ dans l'étahhs- ardent désir d'aller porter la foi aux gentils sèment de la ^ ^ congrégation. et de mériter parmi eux la gloire du martyre, Jo^^V^^ff'T avait à peine eu connaissance du dessein de ^^^' Montréal, qu'elle s'était sentie touchée d'une compassion particulière pour les sauvages de 26 "VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. la Nouvelle-France. Mais apprenant de la bouche de son propre frère sa nomination à la charge de -gouverneur de cette nouvelle colonie, qui était destinée à faire honorer la Mère de Dieu , et où l'on devait établir une communauté de filles, vouées à l'instruction et à la sanctification du pro- chain , elle crut que la Providence avait ménagé un si heureux événement pour lui donner à elle- même l'occasion d'aller exercer son zèle à Ville- marie. Elle n'eut donc rien de plus pressé que de le conjurer d'emmener avec lui trois ou quatre re- ligieuses de la congrégation ; et toutes les autres religieuses de cette communauté, entrant dans le même zèle, lui firent à leur tour la même ii} ''''''■''■ demande (1). II- Quelque désir qu'éprouvât M. de Maisonneuve ^\ïit "refusé ^^ favoriser leur pieux dessein, il fut contraint leurs services, ^^ j^^^. représenter que sa simple commission de leur faisant ^ • .1 •. i 1 i cependant gouverneur ne lui permettait pas de leur donner pour ' cette satisfaction : un établissement de cette na- l'avenir. ture ne pouvant être accepté que par la compagnie de Montréal , de laquelle il tenait lui-même ses pouvoirs. Que d'ailleurs, dans l'état où serait le pays pendant plusieurs années, une maison de leur ordre ne pourrait être d'aucun avan- tage , la colonie devant être établie auparavant , et le pays peuplé. Néanmoins elles ne laissèrent i" riRTiE. — ■ niiAi'iTRi': II. 27 pas de le presser encore, surtout sa sœur, qui employa pour le iléchir les plus vives instances ; mais tout fut inutile. Cependant, pour adoucir la peine que leur causait son refus , il finit par leur donner des promesses pour l'avenir, et ac- cepta de leur part , comme un gage de leur parole mutuelle, une image de la très-sainte Vierge, autour de laquelle sa sœur écrivit en lettres d'or les paroles suivantes , qui étaient sans doute de sa façon : Sainte Mère de Dieu , pure Yierge au cœur loyal , Gardez-nous une place en votre Montréal (i). (i) Ecrits au- tographes de Depuis cette année 1G41, M. de Maisonneuve ^" ^■'^«'- ^o«';- •t ' geoys. — Let- ayant été obligé de repasser plusieurs fois en ^^u^^nmn. France pour les affaires de la colonie , ces reli- ^«/visis, p! gieuses, qu'il ne manquait pas de visiter dans ces occasions, s'empressaient, en le revoyant, de lui réitérer leurs instances et de lui rappeler à lui-même ses promesses, mais toujours avec aussi peu de succès. La situation de Villemarie, qui était alors une vraie boucherie , par les guerres cruelles et continuelles qu'on y avait à soutenir contre les Iroquois, ne permettait pas en effet de donner suite à ce dessein, quoi- que les religieuses de Troyes nourrissent tou- jours dans leur cœur les mêmes espérances. Elles ne se doutaient pas alors que cette fon- 46-47. 28 VIE ]iE LA SŒUR BOURGEOIS. dation si désirée était réservée à la sœur Mar- guerite , ni que toutes leurs instances auprès de M. de Maisonneuve , et tous leurs projets à cet égard , étaient un simple moyen ménagé par la divine Providence pour donner occasion à l'exé- cution de ses desseins sur cette fille de grâce. Voici comment Dieu daigna enfin les mani- fester. III. Après la faveur que la sœur Marguerite avait religieuses reme le jour du saint Rosaire de l'année 1640,' de la - J ^TropScnt" étant ensuite entrée dans la congrégation ex- lasœur terne, comme nous l'avons rapporté, elle avait Boure-eoys . , -, i p • de appris par ses compagnes qu on venait de taire on se joindre ni i i / i t à elles Canada un nouvel établissement qui serait con- lorsqu'elles iraient sacré à la Mèro de Dieu, et où les religieuses a Villemane. " de la congrégation espéraient d'aller exercer (i)Leffre(ie leur zèlo (1). Pcu après , pendant que, par le geoys à M. couscil de SOU directeur, elle faisait pour son Tronson. ^ entrée en religion les démarches dont nous avons parlé, l'une des congréganistes externes, f[ui avait un grand désir de passer en Canada , vint la trouver, et lui dit d'un air très-as- suré, et avec des paroles pleines de force, qu'elle ne devait pas embrasser la vie reli- gieuse , mais cju'il fallait qu'elles allassent l'une et l'autre s'employer au service de Dieu dans la colonie de Villemarie. Là-dessus, elle lui allègue I""* PARTIE. — ClIAPlTUi: 11. 29 tous les motifs qu'elle juge être les plus propres à la toucher, et qui sans doute lui étaient in- spirés de Dieu. Elle lui fait les instances les plus vives et les plus pressantes , et agit enfin si efficacement sur son esprit et sur son cœur, qu'elle l'oblige d'aller trouver la supérieure de leur congrégation, et de lui faire connaître à fond ses dispositions et toutes ses pensées (1). J^},^'f^°J''/ ^ ^ >■ ^ ' du Montréal, C'était la sœur Louise de Sainte-Marie, la propre S-deCaSm sœur de M. de Maisonneuve. Elle dirigeait la fesa.'^^^ " congrégation externe avec tant de bénédiction , que l'ayant trouvée composée de trente filles seulement lorsqu'elle en prit la conduite, elle y en laissa plus de quatre cents, qui n'aspi- raient la plupart qu'à la vertu solide et à la plus haute piété (2). Comme elle connaissait (2) La con- ■*■ 1 \ / diate de la mieux que personne le caractère et la générosité f'^'^^},^lf'^ff. 1 J- o dans l etaolis- de la sœur Marguerite , elle fut ravie de l'on- r"Î86-i98^/'^" verture qu'elle lui fit alors, et ne doutant pas qu'elle ne fût appelée de Dieu à travailler dans une telle mission, qui demanderait des âmes d'un grand courage et d'une vertu à toute épreuve , elle jugea qu'elle pourrait avec beau- coup d'avantages se joindre aux religieuses de la congrégation, lorsqu'elles partiraient pour Villemarie. La communauté, entrant à son tour dans les vues de la sœur Louise de Sainte-Marie , 30 VIE DE LA SŒUR BOUKGEOYS. fit enfin cette proposition à la sœur Marguerite, qui l'accepta de grand cœur, a Ces bonnes reli- ,,,„ ., « ffieuses , dit-elle , me demandèrent si ie vou- {l) Ecrits ait- O ' ' J %ilœurBour- « ^^^^ ^^^^ ^^ 1^ partie quand elles iraient à ^'^ [illettré de « Moutréal ; je leur promis qu'oui (1), et que je Trunsoti. ' « serais de la bande (2). » J"^': Cependant les attaques continuelles des Iro- ^^^rêpasse ^^ quois , qui harcelaient la petite colonie de Ville- en France jjjr^j.|g ^ depuis surtout qu'ils avaient détruit ou à Troyes dispersé près de trente mille Hurons , obligèrent pour visiter ,, t ,, . > t-i /r.\ sa famille M. de Maisonueuve a repasser en France (3). Il en 1653. {i)Ecritu,u- représenta à M. Olier et aux autres membres fasœur''Bour- ^^ ^^ Compagnie la nécessité de lever une uou- 9<^oys- velle recrue d'hommes forts et courageux, en état de conserver la colonie, alors obligée de (4) Histoire rcstcr renfermée dans l'intérieur du fort (4) ; du Montréal, ,, , -, ^ t , i jmr M. Doi- CUV elle ne comptait plus que dix-sept hommes iierdeCasson, f/ei649Ài65o. capablcs de se défendre contre ces barbares (5). {^) Ecrits au- ^ ^ ' tographes de H ai outa même oue s'il ne pouvait emmener avec la sœur Bour- •' ^ ^ geoys. ]^j ^^ moins ceut soldats, son avis était qu'on abandonnât entièrement le dessein de Villemarie, qui ne pourrait subsister plus longtemps sans ce secours. Tous les associés , persuadés que Dieu voulait se servir d'eux pour conserver une œuvre qu'ils n'avaient entreprise que par ses ordres, /ON « w entrèrent dans les vues de M. de Maisonneuve (6) Histoire demTùZ-i. pour la manitenir (6) ; et cpioiqu'ils fussent alors I" PARTIE. — CHAPITRE II. 31 r(5(liiils au petit nombre de neuf ou dix, ils réu- nirent un fonds de 75,000 livres qu'ils employè- rent à lever une recrue de cent huit hommes d'élite, forts et vigoureux, et presque tous ha- biles à travailler de divers métiers (1). Cette ^(i)^"",ff ^ ' de r Hôtel - recrue était prête à passer en Canada au prin- £jf " ^" a" ''"'fâ temps de l'année 1653, lorsque, avant de s'em- '^'"' ^'"■'''' barquer avec elle , M. de Maisonneuve se rendit à Troyes pour visiter sa famille et ses amis. Quelques jours avant qu'il arrivât dans cette '^- ^ ville , la sœur Marguerite eut un songe qui la remarq^uabie frappa beaucoup , et qui était un moyen dont la Bourgèoys r» . T 1 ., . p . A, qui la dispose Providence voulait se servir pour taire connaître à connaître ses desseins sur elle. Dieu, qui peut manifester vocation , . , . pour sa volonté d'une infinité de manières, s'est servi viiiemane. quelquefois pour cela du langage mystérieux des songes , comme le prouvent les vies de plu- sieurs saints personnages , et même les histoires de l'Ancien et du Nouveau Testament. Chacun connaît le songe de saint Paul , qui fut l'occasion de son voyage et de sa prédication dans la Macé- doine, lorsque, voyant dans son sommeil un homme qui apparemment était vêtu à la ma- nière de cette province, il l'entendit qui lui faisait cette prière : « Passez en Macédoine , et « venez nous secourir. » Ce qui lui donna à comprendre, ajoute l'écrivain sacré, que Dieu 32 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. l'appelait en effet à prêcher l'Évangile dans {i)Acfesdes cette province (1). On voit aussi dans la vie de Apôtres, ch^p. XVI, V. 9eMo. saint François Xavier que Dieu se servit d'un semblable moyen pour lui faire connaître sa (2) vifœ s. vocation à évangéliser les Indes (2). La sœur Xaveriià Tur- . seiiino, lih.i, Marguerite, appelée à travailler pour la gloire de Dieu à Yillemarie, sans le savoir encore, crut donc voir pendant son sommeil un homme grave et vénérable, dont l'habit simple et de couleur brune , qui paraissait être moitié ecclé- siastique et moitié laïque , ressemblait assez à celui que prenaient alors les prêtres lorsqu'ils (3) Vie de allaient à la camiiaofne (3). Les traits du visage la sœur, par i o \ / u p "29"''*'"'^' ' ^® ^^^ homme, qui lui était entièrement inconnu, demeurèrent cependant vivement empreints dans son imagination, et elle sentit intérieurement qu'elle aurait par la suite avec lui des rapports très-particuliers , que Dieu ferait naître pour sa gloire. Ce songe l'ayant beaucoup frappée, elle le rapporta le lendemain à quelques personnes de confiance, sans connaître encore ce qu'il iasa'ur,^mi. signifiait (4), comme il arrive quelquefois dans (5) De ser- ^^s souges divins , selon la remarque de Be- fimlionefetc', noît XIV (5). Mais deux ou trois jours après Li,'n.'6,'e/c.'^" elle en reçut enfin l'explication. vi. M. de Maisonneuve, étant arrivé à Troyes , se Les , . . . religieuses rendit au parloir de la congrégation pour y voir I" l'AUTlE. CHAriTKE II. 33 sa sœur et saluer les autres religieuses. Elles, lui rappelèrent de nouveau ses promesses et le pressèrent d'emmener quelques-unes d'elles avec lui. Mais il n'y avait à Villemarie ni loge- ment convenable pour recevoir des religieuses cloîtrées , ni même alors d'occupations relatives à la fin de l'institut , la colonie ne faisant que de naître , et ayant d'ailleurs été beaucoup retardée par les guerres continuelles des Iroquois. Néan- moins , la sœur Louise de Sainte-Marie insista auprès de son frère , et ce fut sans doute pour le rendre plus facile à emmener des religieuses cloîtrées, qu'elle s'empressa de lui parler de la sœur Marguerite , préfète de sa congrégation ex- terne. Elle lui raconta sa vie extraordinaire, lui fit connaître tout ce que depuis longtemps elle nourrissait de projets dans son esprit pour le salut des jeunes filles (1 ) ; enfin elle n'omit rien pour lui représenter les avantages inappréciables qu'on pourrait retirer d'une fille de ce caractère dans un pareil établissement. En entendant ce récit, M. de Maisonneuve conçut aussitôt le désir de la connaître , et pria sa sœur de la faire appeler. Là-dessus on envoie chercher la sœur Margue- rite, comme pour venir prendre part à une conversation qui ne pouvait manquer de lui être agréable, et qui en effet devait, sans qu'on 3 (le la congri^'gation liressent de nouveau M. de Maisonneuve , et lui parlent de la sœur Buurgeoys. (I) Hisfoire du Montréal, pur M. Boî- tier de Casson. Ibid. 34 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. s'en doutât encore, l'intéresser plus que personne de la compagnie. VII. A peine est-elle entrée dans le parloir, que , La sœur - ^ ^ -^ Bourgeoys jetant les yeux sur M. de Maisonneuve , elle raconte ■• «J u'eUe"aeu demeure frappée d'un profond étonnement, en Maisonneuve reconnaissant dans cet étranger celui qu'elle a ^^dV^ vu en songe; et, dans le saisissement soudain à viiiemarie. qu'elle éprouve , elle ne peut s'empêcher de s'écrier tout haut : « Voici mon prêtre , voici (1) Vie de cclui quo j'ai vu dans mon sommeil (1). » Car la sœur, par M. Rausonet, c'était Dour la première fois qu'elle voyait M. de p. 29-30. —ri 1 J viedeiusœur, ]V[aisonneuve , comme elle-même nous l'ap- 1818, p. bO. i {e ^g Chuly , sŒur de ce erentilhomme (3). geoys. «^ "^ ^ ' (3) Annales Après uuo exclamatioii si sinsrulière et si peu de r Hôtel- ^ . Dieu, pur la attendue, il était naturel qu'on lui demandât de Sà'ur Alortn. faire à la compagnie le récit de ce songe. Elle le raconta sur-le-champ ; et ce fut d'abord pour toutes les religieuses un agréable sujet de récréa- tion. Mais bientôt la chose devint plus sérieuse. M. de Maisonneuve n'avait pas plutôt vu et en- tendu parler la sœur Marguerite , que , pénétré d'estime et de confiance pour elle, il avait désiré de l'emmener à Montréal , et de faire tout ce qui (4) Histoire Serait en son pouvoir pour procurer à la colonie du Idontre'al , , . • i r i a . i par M. Doi- naissautc un si riche trésor de grâces et de yev- lierdeCasson. • t r ibid. tus (4). Il lui demanda donc si elle serait disposée 1" PAUTIE. — Cll.Vl'l'Il'.K II. 35 à passer à Villcmarie , pour y l'aire les écoles et y instruire chrétiennement les enfants. Elle qui, de son côté , s'était sentie remplie de respect et d'estime pour M. de Maisonneuve dès qu'elle l'avait vu, répondit sans hésiter (1) tiue, si ses , (O v^'' ^« ' t' \ J l ' In sœur, \8\S, supérieurs ecclésiastiques l'approuvaient , elle i'- ^*'- était prête à partir, et qu'elle irait avec bonheur se consacrer au service des enfants et»à la gloire de Dieu dans cette nouvelle colonie. Les religieuses de la congrégation, surprises viii. de ce dénouement , ne manquèrent pas alors de ^'^\^eJi"g"^^ réitérer pour elles-mêmes leurs instances ; mais ^^^ delà^^ ce fut sans aucun succès. M. de Maisonneuve les *^°"^'ainsi'^"' , . T • T T fl"6 ceux assura qu il ne pouvait pas conduire des reli- de la sœur Crolo. gieuses à Villemarie. La compagnie de Montréal voulait en effet n'y admettre pour les écoles que des filles sécidières et non cloîtrées, qui pus- sent se transporter partout où le bien du pro- chain réclamerait leurs services. Dès lors ces religieuses craignirent d'être déçues pour tou- jours de leurs premières espérances, et com- mencèrent à penser que la sœur Marguerite, qu'elles avaient ainsi mise en avant pour déter- miner et hâter leur départ , pourrait bien, comme un autre Jacob , leur ravir la bénéchction qu'elles avaient cru d'abord leur être réservée à elles- mêmes. C'est pourquoi, touchées d'une sainte 36 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. jalousie , elles lui dirent qu'elle devait leur être fidèle : lui donnant ainsi à entendre qu'ayant été invitée par les religieuses de la congrégation à les suivre en Canada, elle ne devait y aller que dans leur compagnie. A quoi elle répondit agréablement : qu'elle avait bien promis d'être de la partie si elles allaient dans ce pays , mais qu'elle n'avait pas promis , si elles tardaient trop, (i) Vie de (Je ne pas y aller sans elles (l). la sœur Boni- i j \ ' geoys, 1818, Cependant uue des compagnes de la sŒur Mar- guerite dans la congrégation externe , M'" Crolo , la même apparemment qui l'avait si vivement sol- licitéede s'ouvrir à la sœur Louise de Sainte-Marie , eut le désir de l' accompagner , et pria M . de Maison- neuve de lui permettre d'aller la seconder, à Ville- marie, dans l'exercice de son zèle. La sœur Mar- guerite , qui l'avait sans doute informée de tout , désirait aussi de son côté que cette clière sœur pût se joindre à elle. Mais M. de Maisonneuve , jugeant (2) ibid. p. qne, dans l'état présent de la colonie , une seule 50-51. — y le ^ ^ ^oliet^^' u— i^'^'iîlresse suffirait aisément pendant plusieurs graphes d^* h ^nuées à l'iustruction des jeunes filles, refusa TM.'Tronsm. d'accepter les services de M'"' Crolo (2). IX. Comme il était sur le point de quitter la ville M. Jendret, consulté de Troyes, afin de donner ses ordres pourl'em- par M. de •^ ■•■ Maisonneuve, barquemont , il voulut, avant de partir , avoir juge que -i ^ appei?eksœur ^^^® entrevuc avcc M. Jendret , pour savoir son r*^^ l'Ait riK. — ciiAi'iTiU'; II. 37 sentiinenl (léliiiitir sur le voyage de la sœur Mar- à travailler en Canada. guérite. M. Jendret, convaincu depuis longtemps que DiKu avait sur elle quelque dessein particu- lier, était singulièrement frappé du songe qu'elle avait eu récemment , et de la circonstance si éton- nante de son entrevue avec M. de Maisonneuve ; il jugea donc que ce songe était un moyen mé- nagé par la Providence pour donner des preuves manifestes de sa volonté. Il connaissait eu effet la haute vertu et les belles qualités de ce gen- tilhomme, qui , à la prudence , à la capacité et à la valeur d'un gouverneur de place accompli, joignait le zèle et la ferveur d'un missionnaire et d'un apôtre ; et il ne douta pas que ce ne fût réel- lement lui-même que Dieu avait montré à la sœur dans son sommeil, sous un habit moitié ecclésiastique et moitié laïque , comme l'attes- tait d'ailleurs l'identité des traits de visage qu'elle avait reconnus avec étonnement dans M. de Mai- sonneuve. Il répondit donc à ce dernier que, quant à lui , il donnerait volontiers les mains au départ de la sœur Marguerite, étant convaincu par la connaissance qu'il avait de toute sa vie , que le dessein de ce voyage venait de Dieu (1). (i) vie de Là-dessus, M. de Maisonneuve prend congé de m. Mmonet, p. 30-31-32. ses amis et de ses parents , et part pour Paris , — vie de la ^ ^ ^ ^ _ S"'M/-, 1818, p. afin de donner à sa recrue les ordres nécessaires ^'- 38 VIE DE LA SŒIUR BOURGEOYS. X. M. Jeadret répond à la sœur de partir sans crainte. M. Profit et le grand vicaire de Troyes lui font la même réponse. (1) Lettre de la .sœur à M. Tronson. — Ecrits auto- graphes de la sœur. et de pourvoir à tous les préparatifs du voyage. Le refus que M. de Maisonneuve venait de faire de M""' Crolo effraya la sœur Marguerite. Elle pensa que la prudence chrétienne et même la décence ne lui permettaient pas d'aller seule avec ce gentilhomme et avec une recrue de sol- dats, dans un pays où elle ne connaissait per- sonne. Elle exposa donc ses craintes à M. Jendret. Quoique celui-ci eût déjà pris son parti sur la réponse qu'il devait lui faire , il lui dit qu'il y penserait encore devant Dieu pendant trois jours, et, au bout de ce terme, il lui déclara qu'elle de- vait partir sans crainte pour le Canada. Il ajouta que peut - être Dieu voulait effectuer par ce moyen , à Montréal , la formation de la commu- nauté qu'ils avaient essayé d'établir à Troyes, pour honorer la vie de la très -sainte Vierge sur la terre, et qui n'avait pas réussi (1). «Je ré- « pondis à cela, dit la sœur, que j'étais seule « pour partir, et que toute seule je ne serais « pas une communauté. A quoi il réphqua « que mon bon ange , le sien et moi , serions « trois. Je crois que ce bon père avait déjà con- « naissance de l'image envoyée par les reli- « gieuses de la congrégation, et dont alors je ne « savais encore rien moi-même. Je lui demandai « comment il se ferait que j'allasse seule en Ga- I" l'AUTIE. — CliAl-lTHE II. 39 a iiada; qu'on m'avait refusé une compagne , et « (|ue je serais sans autre conduite que celle d'un « gentilhomme que je n'avais jamais vu (avant « noire rencontre à Troyes). Il me dit de me « mettre entre les mains de M. de Maisonneuve, « comme entre celles d'un des premiers cheva- « tiers de la Reine des anges, et d'aller avec « confiance à Villemarie (1). Cependantje n'avais (\)Écritso>i- fogropfies fie « pas consulté M. Profit, à qui j'allais me con- fasœur.—An- ^ ' 1 J nnlpsde l'HÔ- « fesser quand ie ne pouvais m'adresser à fei- Dieu, par ^ '' '■ la sœur Mo- « M. Jendret au Faubourg, à cause de son éloi- d7'~rifôtei- « gnement. Après m'avoir donc répondu de la ^e^ (par^Ta <( sorte, il m'envoya à M. Profit, qui me de- 'reau), in-ia' « manda aussi trois jours pour y penser. Au « bout de ce temps, M. Profit me dit d'aller en « Canada. Ensuite onm'envoye au grand vicaire « de Troyes , qui me fait la même réponse que u les autres, chacun ayant pris trois jours pour « y penser. Notre évêque (M. François Maher de « Houssay) était absent, sans quoi j'aurais eu tSjraphes'^d'e . /_> la sœur Bour- « encore son avis (2). » geoys. Toutes ces réponses étaient sans doute un puis- ?^i. ^ ^ La tres-samte sant motif pour déterminer la sœur Marguerite à a^'arlit s'abandonner à la Providence. Mais le dessein lasœur d'un tel voyage dans une fille de trente-trois ans, 'Ju^|eo\s 1 , • > n '1 •. 1 1 , lui ordonne la perspective ou elle était alors de se trouver de partir. seule dans la traversée , au milieu d'une troupe 40 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. de soldats , la pensée de n'avoir à Villemarie aucune compagne qui partageât avec elle l'édu- cation des enfants, et d'y être exposée chaque jour au danger d'être prise et brûlée par les Iro- quois ; toutes ces considérations étaient bien propres à lui inspirer quelque sentiment de crainte ; et la prudence semblait l'autoriser à désirer que Dieu lui donnât quelque marque plus incontestable de sa volonté. Il ne la priva point de ce signe manifeste , quoiqu'elle ne le deman- dât pas; ou plutôt il voulut que la très-sainte Vierge, à la gloire de laquelle elle était résolue de sacrifier sa vie en allant lui former de fidèles servantes en Canada, l'assurât, de sa propre bouche, que ce dessein était vraiment son ou- vrage, et qu'elle serait elle-même sa gardienne et sa sauvegarde au milieu de tant de périls. Comme la sœur était dans sa chambre, occupée alors de tout autre chose que de son voyage , « un « matin, étant bien éveillée , cht-elle, je vois de- « vaut moi une grande dame , vêtue d'une robe « comme de serge blanche , qui me dit : Va , « je ne t'abandonnerai point; et je connus que « c'était la sainte Vierge, quoique je ne visse « point son visage; ce qui me rassura pour ce « voyage et me donna beaucoup de courage; « et môme je ne trouvai plus rien de difficile, Appi'D'Trrr ; /;/,/'>, La /rÀr ,la////e Vierr/t' apimrciuMtui/ ti /a Jii'i//- /Jti//;(/n/i/s,/ai t>/(/o/t/it' de fiarl/r pour } i//eni/ir/(',c^ /'aj:ri/re ///■ mi i>ri>tfc//o/i 1" TARTIK. — CIlAriTKK 11. -il « quoique iH)urt;uit je craiimisse les illu- , (|) ^^''''? « sions (1). » Après cette faveiu', la sœur Margue- ^^Én'iT^au- rite se trouva donc toute résolue à partir. 'ffm-ur^our- Son dessein était cependant très-secret , et , à d7iasamr,pcn- -, . - ,. . , , , . M. Ransonet , 1 excepiiou des religieuses de la congregaiion, p. 33 — vie (In la même, de M"' Crolo, et des ecclésiastiques qu'elle avait isis, p. 51. consultés, personne à Troyes n'en avait con- La^sœur naissance , pas même M"" de Chuly , ki propre ne^veuf porter sœur de M. de Maisonneuve , chez laquelle elle ni demeurait. Sur ces entreftiites , iM. de Maison- ni argent. neuve écrit à cette dame pour l'inviter d'aller Sagesse d'un ^ tel lui dire adieu à Paris avant son départ de cette ci«^pouiiiement ville, et la prie d'amener la sœur Marguerite avec elle. Le départ de la sœur dans la com- (2) Lettre de lu sœur à pagnie de cette pieuse veuve ne fit naître aucun m- Tronson. soupçon sur la résolution où elle était d'aller en ^^Sr^our- Canada; et ce qui devait contribuer encore à ^^°^^' éloigner la pensée d'un pareil dessein, c'est que la sœur ne prit avec elle pour ce -voyage qu'un petit paquet de linge qu'elle pouvait porter sous son bras. Mais un pareil dépouillement n'eut pas pour but de cacher aux personnes de sacoimaissancele vrai motif de son voyage. Il lui fut inspiré par sa sagesse et sa grande confiance en Dieu. Malgré toutes les assurances qu'il lui avait données jusque alors de sa volonté , et mal- gré l'apparition dont la très-sainte Vierge venait 42 VIE DE LA SCEUR B0UR6E0YS. de l'honorer tout récemment, apparition de la réalité de laquelle elle pouvait être assurée par le changement qu'elle avait opéré dans son âme en dissipant toutes ses inquiétudes précédentes , toutefois la sœur Marguerite, par un elTet de sa rare sagesse, craignait encore les illusions; sachant que , dans la vie présente , Dieu conduit ses enfants par les règles communes de la foi , et non par les voies extraordinaires. « Après cette « apparition, dit- elle, comme je craignais les 0 illusions, je pensai que si cela était de Dieu, « je n'avais que faire de rien porter pour mon « voyage. Je dis en moi-même : Si c'est la vo- (1) Leitre " louté de DiEU que j'aille à Villemarie, je n'ai y. "'Tmmim. « besoin d'aucune chose; et je partis sans denier tognqjhnl "de « ni maille , n'ayant qu'un petit paquet que je la sœur Bour- . -> / ,\ geoys. « pouvais porter SOUS mon bras (1). » XHi. Qji ne saurait assez admirer l'héroïsme d'une La sœur ^praSa*^ si parfaite confiauce en Dieu, qui n'a peut-être dépouliîement d'autre exemple que celui même des hommes ■'ialh/ apostoliques, de l'esprit desquels cette sainte (le sa vie. _, , . . . , i t t r- • iille se montrait amsi ammee. Au lieu de taire des provisions d'argent et de hardes , si néces- saires alors dans un pays qui ne fournissait rien encore, et où il fallait apporter d'Europe les choses les plus indispensables à la vie , elle se dépouille au contraire de tout ce qu'elle a, et f" rAllTIi:. — CUAl'lTRE 11. 43 distribue mèiiK» aux pauvres le peu d'argent qu'elle possède, ne voulant avoir pour tout bien que sou immense confiance en Dieu. Au reste, ce parfait dégagement ne fut pas en elle un efTet passager de zèle et de ferveur, il persévéra toujours le môme jusqu'à la fin de sa vie, comme la suite le montrera. Rappelant elle-même, déjà parvenue à une extrême vieillesse , cette^circon- stance de son départ, elle ajoutait: « Je n'ap- « portai pas un denier pour mon voyage : et « depuis qu'il plut à la très-sainte Vierge de me « toucher le cœur à la vue de son image , le jour « du Saint-Rosaire 1640, j'ai toujours été con- « duite par ce chemin de perfection , quoique je « n'y aie pas profité. Mais, dans toutes les ren- « contres qui se sont présentées, j'ai toujours « promis à Dieu de faire mon possible pour y fl^^XnZr^'' ^Te « avancer avec le secours de sa grâce (1). » ^eoy""^*^"'' Dans ces saintes dispositions , la sœur Margue- xiv. La sœur rite partit donc avec M"'" de Ghuly par la voi- Bourgeoys ^ «J ^ part ture publique qui faisait le voyage de Troyes à P°EJi-,^îg'^' Paris. « J'étais allée assurer les places, dit-elle, "^"piu?'^ « et mon oncle, M. Cossard, fut notre conduc- ^ d'aileV « leur, étant parti dans cette voiture (2). » C'é- tait au commencement du mois de février 1653. Dès qu'on fut en chemin, la sœur, qui jusque-là avait gardé le secret sur le vrai motif de son en Canada. (2) Ibid. 44 VIE DE LA SœUR BOURGEOYS. voyage, ne fit plus de difficulté d'en parler ouvertement, et de déclarer qu'elle n'allait à Paris que pour prendre la route du Canada, 011 elle devait passer avec M. de Maisonneuve. Comme elle parlait de ce voyage avec un certain air d'aisance et de satisfaction, son oncle, aussi bien que M""' de Chuly, crut cpie ce n'était que par enjouement, pour égayer la compagnie. Ils ne furent persuadés de la réalité de son des- sein cpie lorsque, arrivée à Paris, elle pria son oncle d'aller avec elle chez un notaire, où elle (1) Écrits au- avait , disait-ello , quelques affaires à régler ( 1 ) , Il tographes de _ '11 ^ . . lusœurBour- s'y rendit d'abord par complaisance; mais il fut geoys. — \ le "^ '- ^ ^llJ^'' 5^.53' bien étonné lorsqu'elle lui déclara qu'elle vou- lait faire entre ses mains, et en faveur de son frère et de sa sœur, du soin desquels il était chargé , un acte d'abandon de toutes les préten- tions qu'elle pouvait avoir dans la succession de son père et de sa mère. Surpris d'une telle résolu- tion, et affligé au delà de tout ce qu'on peut dire , M.Cossard, interdit et déconcerté , garde d'abord le silence, et tient ses yeux tristement fixés sur sa nièce, espérant qu'elle changerait d'avis. Voyant enfin qu'elle persistait, il fait tout ce qu'il peut pour ébranler son courage; il lui allègue l'affection qu'elle doit à ses proches, ce qu'elle se doit à elle-même , la témérité et l'extravagance I" PARTIE. — CHAPITRE H. 45 qu'il croit voir dans un pareil dessein. Tout fut inutile, la sœur Marguerite demeura inébran- (,) r^v de lable dans sa résolution, et l'acte fut écrit et si- geoys^pnrM. RiiKSduet , p. gué (1). 34-35. Il paraît que M'"'' de Chuly n'approuvait pas davantage son dessein , et que ce fut par la crainte qu'elle n'y eût mis obstacle avant son départ de Troyes , que la sœur ne lui en, donna connaissance que durant le voyage. Du moins celle-ci , parlant des assauts qu'elle eut à soute- nir à Paris, ajoute : « Mon oncle et cette dame « furent obligés de s'en retourner à Troyes, et « par leur départ je fus hors de peine de ce côté- « là (2).» M.Cossard, qui n'avait pu venir à bout (2) Écrits au- fogi-aphes de de l'ébranler par lui-même , crut toutefois cru'il ''« *'^«'" Bour- y réussirait mieux en faisant intervenir ses autres parents et les amis de sa famille ; et on peut pré- sumer que M"" de Chuly, de son côté, mit tout en mouvement pour l'arrêter. Le motif du voyage de la sœur Marguerite étant donc devenu public à Troyes , presque toutes les personnes de sa con- naissance le désapprouvèrent , et bientôt elle se vit accablée d'une multitude de lettres capables d'ébranler son courage, si elle n'eût été inva- riablement résolue à n'écouter que la voix de sœur, par m Ransonet, p. Dieu (3). Mais ce ne fut pas la dernière épreuve 36. — Vic de qu'elle eut à essuyer pendant son séjour à Paris, p ^^^ 46 YIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. XV. A Paris, M"e de Bellevue , pour mettre obstacle au départ de la sœur, lui fait offrir d'être reçue carmélite. (\) Ecrits au- tographes de la sœur Bour- geoijs. (2) Vie de la sœur Bour- geoys, 1818, p. 54. (3) Écrits au- tographcs de In sœur liour- geoys. En attendant son départ de cette ville , elle était logée chez une personne de qualité appelée M'" de Bellevue. Cette demoiselle n'eut pas plu- tôt connu la sœur Marguerite , que, frappée de sa simplicité, de sa douceur et de ses autres rares vertus, elle ne put s'empêcher de lui porter un intérêt vif et sincère. Ayant appris qu'elle allait en Canada avec M. de Maisonneuve pour y faire l'école aux petites filles, elle en fut affligée, crai- gnant qu'elle n'eût bientôt à se repentir d'avoir pris un parti qui lui semblait être si téméraire et si incertain. Comme elle sut qu'elle avait eu autrefois le désir d'entrer chez les carmélites de Troyes, elle pensa que par le moyen de son frère , qui était provincial des carmes de la pro- vince de Paris (1), elle pourrait aisément lui faire offrir l'entrée de quelque monastère de cet ordre, et ne négligea rien pour y réussir (2). Cependant M. de Maisonneuve, obligé de par- tir de Paris , chargea la sœur Marguerite de di- verses commissions , et spécialement du trans- port de toutes ses bardes à Nantes, où l'on était convenu de se réunir pour le départ (3). Il lui recommanda de s'y rendre quelque temps avant l'embarquement, et lui donna une lettre de re- commandation pour M, Lecoq, propriétaire du navire qui devait transporter la recrue en Ca- 1" PARTIE. — CHAl'lTKE II. 47 nada , et chez qui elle devait loger en attendant que lui-même arrivât dans cette ville (1). La (i)Viedeia ^ _ ^ ^ sœur, 1818 . sœur, ayant donc terminé ses alfaires , arrêta sa p- ^^' place dans la voiture publique d'Orléans , pour se rendre de là à Nantes (2). {-i) Écrits au- tofjrughes de Mais c'était au jour même où elle devait quitter ^" sœurBonr- Paris , que l'atteudait l'épreuve dont nous avons parlé. M'"' de Bellevue, qui cherchait à. mettre obstacle à son départ , obtint que son frère lui fit offrir, si elle consentait à être carméhte , de la recevoir dans tel monastère de cet ordre qu'elle voudrait choisir (3). Comme la sœur avait déjà {^) Lettre de 'la sœur à M. postulé à Troyes , par le conseil de M. Jendret, Tronson. pour entrer dans cette rehgion , et qu'elle n'avait cessé depuis de l'avoir en singulière estime , à cause de la vie austère et surtout du dévouement à Marie dont on y fait profession , ces offres du provincial la jetèrent dans une étrange perplexité. En les refusant , elle craignait de s'opposer peut- être à la volonté de Dieu ; et comme le moment du départ de la voiture approchait , elle prit le parti de perdre ses arrhes , afin de pouvoir con- sulter quelqu'un là-dessus , et de s'en rappor- ter à son avis (4). ^*)ï^i^- Dans les dispositions où elle était alors, si L^J^ur celui à qui elle devait s'adresser lui eût conseillé ^^a^dressF d'entrer chez les carmélites , il est naturel de père jésuite, 48 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. qui penser qu'elle eut renoncé au dessein de son la confirme . , dans voyage , qui peut-être eut été rompu pour tou- sa vocation pour iours ; et à ne considérer les choses crue selon le Canadii. "^ _ _ \ les règles ordinaires de la prudence , il semble qu'on ne pouvait guère lui donner un autre con- seil. Mais la vocation de la sœur Marguerite était étroitement liée avec le dessein de Dieu sur la nouvelle chrétienté de Villemarie , où , comme nous l'avons fait observer, il voulait répandre l'esprit de la sainte famille par trois nouvelles communautés , dont une , spécialement destinée à retracer la vie de la très-sainte Vierge , devait être instituée parla sœur elle-même. Il ne per- mit donc pas que son dessein fiit traversé , ni que cette sainte fille , cpii cherchait à connaître sa volonté avec tant de pureté d'intention, fût exposée à la méconnaître dans cette circonstance. Pour la lui manifester clairement, il lui inspira la pensée d'aller s'adresser aux RR. PP. Jésuites de la rue Saint- Antoine ; et , sans le savoir, elle se présenta à l'un de ces Pères qui connaissait {\)LeUrede le Canada (1). C'était l'ange que Dieu lui avait la sœur Bour- -, . , i • i i i r geoys à M. destiue pour lui rendre le calme par une réponse Tronson. nette et précise. Ce Père , à peine informé des merveilles de sa vocation , la confirma dans le dessein de continuer son voyage , et l'assura de la manière la plus expresse qu'elle faisait en cela r*' iwiiTii:. — ciiAriTKE II. A9 la volonté de Dieu. Remplie alors de confiance, et la paix succédant dans son esprit et dans son cœur au trouble qui l'avait quelque temps agitée, elle va remercier les personnes qui lui avaient fait des propositions si bienveillantes, et, sans différer davantage , elle arrête sa place pour par- tir le lendemain (1). , (i) t'«'^ ^e ^ ' la sœur Bour- On ne saurait méconnaître ici la saeresse de la s^'^y^^ ^,}^^^ • o • p. 5o-56. divine Providence dans le moyen qu'elle inspira à cette sainte fille pour être fixée dans sa voca- tion. La sœur avait déjà entendu parler du sémi- naire de Saint -Sulpice, établi depuis plus de douze ans à Paris. Ses liaisons avec M. de Mai- sonneuve ne lui avaient pas laissé ignorer que M. Olier, supérieur de ce séminaire, était alors le directeur et le mobile de la compagnie de Mont- réal (2). Ayant été chargée de faire elle-même, du%"!trTa7, avec les fonds fournis par le séminaire, diverses ^de' cassm !de 1 XX > r» • T T. X /r,\ 1649 à 1650. emplettes a Fans pour 1 embarquement (3), on i^^yAnnaiesde ne peut pas douter qu'elle n'eût entendu parler saùd-jôs^ph" de M. de Breton villiers , curé de Saint-Sulpice , Monn! qui désirait ardemment de passer lui-même en Canada, et qui était déjà, par ses largesses, le JJ'y^^Jfn^^ principal soutien de l'œuvre de Yillemarie (4). paT^'^Bour- Cependant, dans cette circonstance où il s'agissait Extmitï^deTa -, ^f •, 1 1 r , . Vie du même, pour la sœur Marguerite de se déterminer sur son composée par ,. ,, . , , M.Baudrand, avenir, au lieu d avoir recours a quelques-uns p. us. 50 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. des ecclésiastiques de Saint-Sulpice , elle est pous- sée intérieurement à s'adresser aux RR. PP. Jé- suites; et c'est un religieux de cette compagnie qui la confirme dans sa vocation. Nouveau irait de la sagesse avec laquelle Dieu veillait sur le dessein des trois communautés , afin d'en être reconnu l'auteur , et d'empêcher que dans la suite on ne put l'attribuer aux hommes (*). x^'iï- Le lendemain du jour où la sœur Marguerite Voyage •* ^ de Paris avait aiusi été fixée dans sa généreuse résolution , Orléans. q[\q partit Dour Orléans : « Ayant, dit-elle, Humiliations ri j ' ' lalœur " quinze écus blancs pour mener toutes les bardes y reçoit. ^^ j^ jyj ^^ Maisonueuve, et quelques autres em- « plettes que j'avais eu à faire par commis- {i) Lettre de « siou (1)-» Daus la voiture publique qui la la sœur Bour- geoys à M. conduisait , elle n'était connue de personne, et TroHSOn. '■ comme elle s'était présentée seule avec son petit paquet, et sous le costume le plus simple que (*) Ce fut aussi la conduite de la Pro\idence dans la vo- cation de M. de la Dauversière, destiné a instituer pour le même dessein la Congrégation des sœurs de Saint-Joseph. On verra en elïet, dans l'Histoire de la colonie de Villemarie, que les RR. PP. Jésuites, alors les seuls directeurs de sa con- science, l'assurèrent, après avoir examiné longtemps sa vo- du Moi'tii'aL^, cation, qu'elle était vraiment l'ouvrage de Dieu, et firent ')l"V^Mo«"'— ïTi^ii^^ 'P^ premières démarclies pour qu'il pût oblenir la Arcltives des nropriélé (le l'î'e de Monlréai (I ) , condition préalable à l'exé- nospitatiers rit- ' ' ^ ' la Flèche. culion d'une vocation si extraordinaire i" r.\iiTi;:. — r.iiAriTur. ii. 51 portaient alors les personnes dévotes de la classe commune, on la regarda d'abord comme une fille sans consécjuence , et bientôt comme une per- sonne suspecte qu'on ne devait recevoir qu'avec peine dans une honnête compaimie (1). Aussi de (0 ^'^^ ^^^ ■^ i u \ / /q sœur Bour- Paris à Nantes eut-elle à essuyer les plus dures y^y^' '^^^' humiliations, ainsi qu'elle-même nous l'ap- prend. « Au voyage d'Orléans, écrit -elle, « en une hôtellerie où il n'y avait que des « hommes logés, la dame de la maison, qui « était fort âgée, refusa de me recevoir; et « comme tous ces hommes me chsaient plusieurs « paroles fâcheuses, je ne pouvais m'écarter du « cocher. Mais il se trouva un monsieur habillé « de noir, qui prit mon parti ; et cette femme « me permit de passer la nuit sur son lit , où je « me couchai tout habillée. « En un autre gîte on refusa aussi de me lo- « ger. Il y avait cependant encore quelques « chambres et trois lits pour des personnes qui « pouvaient payer ; je m'offris à payer et à pas- « ser la nuit auprès du feu , mais cela ne me fut « pas accordé. Cependant un charretier ayant « prié de me loger, disant qu'il était de mon « pays et qu'il paierait tout, on me conduit « dans une chambre éloignée. Je ferme la porte, « et la barricade de tout ce cpie je puis trouver, {i) Écrits au- tographes de la sœur Bour- geoys. XVIII. Voyage d'Orléans à Nantes. Saintes industries de la sœur. Nouvelles humiliations qu'elle reçoit. VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. et , tout habillée , je me mets sur un lit. Quel- que temps après, on frappe à la porte, on tâche de l'ouvrir, on appelle. Après toutes ces importunités , je m'approche de la porte pour voir si elle était bien fermée ; et je parlai à cet homme comme si j'eusse été une per- sonne de grande considération, lui disant que je ferais mes plaintes , et que je saurais bien le trouver. Enfin il se retira; mais j'entendis bien du bruit autour de ma chambre. Le len- demain matin je levai la tapisserie , et alors une porte ouverte qui se trouvait là, et un tas d'hommes qui dormaient couchés sur la place après avoir fait débauche, m'avertirent (du danger dont Dieu m'avait préservée du- rant cette nuit). On disait que depuis la guerre , tous ces gens étaient méchants et furieux (1). » Échappée à ce péril , la sœur Bourgeoys partit de grand matin, et s'embarqua sur la Loire, pour se rendre d'Orléans à Nantes. Il se trouvait dans le bateau douze ou treize passagers, parmi lesquels il n'y avait qu'une seule femme et son en- fant ; et toutefois la sœur eut la pieuse adresse d'en- gager toute cette compagnie d'hommes à sanc- tifier le voyage par plusieurs pratiques de dévo- tion. Chaque jour on disait le chapelet, on ré ci- T" PAUTiE. — r.iiAi'iinE II. 53 tait l'oflice de la très-sainte Vierge, et on faisait encore une lecture de piété. Il arriva même qu'un jour de samedi la sœur obtint du maître du bateau de forcer la route et de marcher la nuit , pour qu'on s'arrêtât dans un endroit où l'on put entendre la sainte messe (1). (i) viedeia sœur , par M. Lorsqu'on fut arrivé à Saumur, on mit pied à Ronsonpt p. A ^ 39. — Vre de terre afin de coucher dans cette ville. Uneiiouvelle ^asœur, isis, p. o/. humiliation y attendait la sœur Bourgeoys. Comme on la vit débarquer avec une troupe d'hommes, c'en fut assez pour faire naître des soupçons sur sa vertu ; et , malgré les bons exemples qu'elle avait donnés pendant toute la route, elle fut exposée à un affront semblable à celui qu'elle avait essuyé deux fois dans le voyage de Paris à Orléans. On refusa de la loger à l'hôtellerie, sans que ceux de sa compagnie parussent prendre beaucoup de part à son humihation, comme il arrive ordinairement aux gens de bien méprisés. Elle accepta ce nouveau refus avec reconnais- sance envers la bonté divine, s' estimant heu- reuse de participer encore dans cette occasion aux humiliations que la très-sainte Vierge avait reçues elle-même à Bethléem. Cependant un par- ticulier delà ville , honnête et charitable , touché de son maintien grave et modeste, lui offrit le couvert, qu'elle ne crut pas devoir refuser dans M \'IE DE LA riCËUn BOURGEOYS. cette nécessité où la mettait la divine Providence. Le lendemain il fut aisé de remarquer combien Dieu se plaisait à bénir l'humilité de sa servante ; car l'affront qu'elle avait reçu la veille en pré- sence de toute la compagnie , ne diminua rien de l'estime de tous les passagers pour elle , ni de l'autorité que sa vertu lui donnait sur eux ; en sorte qu'on continua le voyage aussi saintement (1) Vie dp qu'on l'avait commencé ; et après quelques jours p. 57. on arriva enlin a ^antes (1), Humiliations P^rmi les passagers qui étaient descendus sur ^" reçoi?^'^ la Loire avec la sœur Bourgeoys , il y avait un ^"'^'" jeune homme destiné pour le Canada, qui allait attendre à Nantes M. de Maisonneuve pour s'en- gager à son service. En débarquant dans cette ville, ce jeune homme, plein d'estime pour la sœur, voulut absolument se charger de son pa- quet, ce qu'elle ne lui permit qu'à regret, et par pure complaisance; et ce fut encore pour elle un nouveau sujet d'humiliation. Accompagnée du jeune homme , elle demande la maison de M. Lecoq, négociant à Nantes : c'était l'adresse que M. de Maisonneuve lui avait donnée. Ce né- gociant était peu connu dans la ville sous le nom de M. Lecoq : on l'y nommait ordinairement (2) Vie de ]vi. (Je la Beaussonnière (2) (*). Elle allait donc la sœur par \ / \ / ^^ M. Ransonef, 77; '. 7" p. 39. (*} Dans les actes d engagement pour \il!emarie , passes T" PARTIE. — CIIAIMTIIE II. o5 à l'aventure de côté et d'autre en s'informant de la demeure de M. Lecoq , que personne ne savait lui indiquer. Enfin l'ayant rencontré lui-même dans une rue sans le connaître, et s'étant adressée à lui : « C'est moi-même , » lui répondit-il ; et il ajouta aussitôt : « Ne seriez-vous pas la personne « au sujet de laquelle je viens de recevoir une « lettre de M. de Maisonneuve, qui me prie de « la recevoir chez moi comme je le recevrais « lui-même? — C'est moi, Monsieur,» répondit- elle à son tour, en lui remettant une lettre de re- commandation dont M. de Maisonneuve l'avait chargée. Sur-le-champ M. Lecoq lui indique sa maison et l'invite à l'y devancer, en attendant qu'il ait terminé quelques affaires pour lesquelles il était sorti (i). (i) v^^ ^^ ^ ' la sœur Bour- Elle s'y rendit, et c'était là que l'attendait l'hu- '^;-'{^:J^^^' miliation dont nous avons parlé. La femme de M. Lecoq , la voyant suivie du jeune homme qui portait son paquet , en conçut une idée très-dé- favorable, et refusa absolument de la recevoir. Sans être déconcertée par un procédé si peu at- tendu, la sœur Bourgeoys se retire dans une église voisine. C'était celle des Dominicains, où en 1653, par Lafoussc, notaire à la Flèehe, M. Lecoq est qualifié: Maître Charles Lecoq, sieur de la Beaussonnière. 56 VIE DE LA s(*:lr bourgeoys. l'on faisait en ce moment mie procession en l'hon- neur du saint Rosaire. Elle assiste dévotement à la cérémonie, et retourne ensuite chez M"' Le- coq , de qui elle reçoit un nouvel affront ; car elle ne craignit pas cette fois de lui reprocher en face d'être accompagnée du jeune homme qui portait son paquet; et comme la sœur ne pouvait lui montrer la lettre de recommandation de M. de Maisonneuve , qu'elle avait laissée entre les mains de M. Lecoq, cette bonne dame persistait à lui refuser l'entrée de sa maison , lorsque enfin son mari arriva. Alors, après des excuses propor- tionnées à l'affront qu'elle se reprochait d'avoir fait à la sœur, elle s'empressa de lui faire le meil- (1) Vie de jg^j, accueil qu'elle put(l): et comme on ne tarda la sœur Uour- ^" r \ / ' r°58-'59^^'^' pas à reconnaître la vertu et le mérite de la sœur, on s'efforça de la traiter dans cette maison avec tous les égards possibles. A Nantes ^^^^^ ^^"^ ^^ séjour qu'elle fit à Nantes, elle Tin^'oiref ^^^ bientôt en proie à de nouvelles inquiétudes d^es^doute^s sur sa vocation, et les plus vives peut-être sur sa vocation , „ *, • • «• / r\ a, t. pour qu elle eut jamais éprouvées. On eut dit que le Canada. i o • n 1 ennemi de tout bien , prévoyant les Iruits abon- dants de salut qu'elle devait produire, voulût faire un dernier effort pour l'empêcher de partir. En attendant le jour de l'embarquement, elle s'était adressée pour la confession à un religieux la sœur Bour- geoys. 1" rAHTlE. — ClIAl'lTllt; 11, 57 carme, par un effet de l'affection particulière qu'elle portait à l'ordre du Carmel, sans prévoir que ce choix de sa part dût être pour elle l'occa- sion de nouveaux troubles. Sur ces entrefaites, le provincial des Carmes de la province de Paris , dont elle avait refusé les offres, lui écrivit ime lettre pour l'assurer de nouveau qu'il la ferait recevoir dans tel couvent de son ordre »qu' elle souhaiterait. « Ce bon religieux, ajoute-t-elle , « me pressait fort là -dessus (1). » La sœur fl;^l^Jii,*/^rTe Bourgeoys , qui ne se conduisait que par obéis- sance , crut qu'avant de l'épondre au provincial pour le prier d'agréer son refus , elle devait in- former son confesseur de cette réponse. EUe fil donc part à ce dernier de la lettre du provincial ; et cette ouverture la mit dans la nécessité de lui faire connaître aussi les démarches qu'elle avait faites à Troyes, par l'avis de son directeur, pour être reçue parmi les Carmélites ; le refus qu'elle avait éprouvé de leur part ; les offres si bienveil- lantes qu'elle venait de refuser elle-même à Pa- ris ; et d'ajouter enfin qu'elle était sur le point de s'embarquer avec M. de Maisonneuve pour aller faire l'école aux petites filles de Villemarie. Son confesseur, à ce récit , jugea qu'elle ferait beaucoup mieux de demeurer en France et de suivre sa première vocation ; et il semblait que la 58 VIE DE LA SCIEUR BOURGEOYS. prudence ordinaire , d'après laquelle il devait se conduire dans cette occasion, ne lui permettait pas de porter un autre jugement sur sa pénitente. « Il me fit scrupule, dit-elle elle-même, de « n'être point carmélite , en ayant l'occa- lasœiu'Bour- « sion (1). » Cc bou religieux lui commanda geoys à M. -. n.r • > t\ • /r»\ ^ • i r- n Tronson. douc d ecrire a Pans (2) ; et pour lui obéir, elle la sœu!\ par écrivit en effet deux lettres , l'une probablement M. Ransonei , . . ^ ^ . ^ ,, i,> p. 40. au provincial lui-même, et 1 autre sans doute a M"" de Bellevue. Nous ignorons ce qu'elles conte- naient ; la sœur Bourgeoys fait remarquer cepen- dant que , ces lettres étant restées sans réponse , elle tomba alors dans les inquiétudes les plus {i) Ecrits an- yives sur le parti qu'elle devait prendre (3); et tograpnes de ^ -•■ ^ \ / ' %ol^s"' ^^"' ' ^^^^® circonstance autorise à penser qu'elle avait exposé dans sa réponse les signes extraordinaires de sa vocation pour le Canada , et cpi'elle priait le provincial des Carmes déjuger lui-même de- vant Dieu si elle devait la suivre ou y renoncer, xxr. Dans le même temps M. de Maisonneuve , qui Désolation ^ ^ , '^^ était arrivé à Nantes , reçut de son côté une lettre la sœur • ^' "dÏeu ^^' anonyme dans laquelle on semblait vouloir alar- le'caime'en ™6r la délicatesse de sa conscience. On lui don- sur nait à entendre que cette fille ayant une voca- sa vocation. . ,,. ., tioii marquée pour être carmélite , il ne pouvait pas contrarier les desseins de Dieu sur elle en la transportant ainsi au delà des mers, et cpie, I l'" r.VKTIE. — OllAl'lTIlE 11, 59 puisque la Providence lui ollrait l'entrée de cet (i) vie de la sœur Hour- ordre , il était de son devoir de ne pas s'opposer à geoys, par m. ^ ^ Rnnsonet , p. ce qu'elle y fut reçue (1). Cette lettre cnie M. de t*- — ''^f„/f« Maisonneuve montra à la sœur Bourgeoys (2), les ^'m'iettrede • I ■)• • •£ > n • la sœur Bour- cramtes qu inspirait a celle-ci son nouveau con- ^^^y^ à m. l'esseur de résister à la volonté de Dieu en ciuittaiit la France , enfin le silence qu'on semblait affecter à son égard après les deux lettres qu'elle avait écrites ; toutes ces considérations jettent la sœur Bourgeoys dans une désolation intérieure qu'il serait difficile d'exprimer. Tout éplorée , elle entre dans la première église qui se présente de- vant elle ; c'était celle des Capucins , oîi le saint Sacrement était exposé. Là, prosternée, elle ré- pand son cœur avec une grande abondance de larmes en la présence de Notre-Seigneur , et lui proteste de nouveau que son unic|ue désir est de connaître et d'accomplir en tout sa sainte vo- lonté, aux dépens même de sa vie. Dieu, qui n'avait permis cette rude épreuve que pour puri- fier de plus en plus la générosité et le dévouement de sa servante, ne différa pas de l'exaucer. Car à l'instant même , le cœur inondé d'une joie toute céleste, et l'esprit éclairé d'une vive lumière, elle connaît sans ambiguïté le dessein de Dieu sur elle , et se trouve toute résolue de persévérer jusqu'à la mort dans le dessein de servir Dieu 60 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. (1) Vie de à ViUemarie (1). « En un moment, écrit-elle, la sœur Bour- ^ ' RansôneT p' " toutes mes peines furent changées ; je reçus là 'de'Tn mém'e'^, « ^1^^ très-fortc impressiou et une très -grande (1) Lettre de « assurauce qu'il fallait faire le voyage, et je la sœur Bour- ■ i iw t ,-> geoys à M. « revms cle 1 église avec une entière convic- Tronson. — . •. n /-, Ecrits auto ■ a tiou que DiEU voulait quc j allasse en Cana- graphes de la sœur. « da (2). » XXII. Quant à M. de Maisonneuve, dont on avait M de Maisonneuve essayé de surprendre la religion et la délicatesse , donne ordre . , , . , ^ . ... T'inr il n'était pas homme à se laisser intimider par le dé]>art. Attentions de vaiucs terrcurs , ni par les remontrances de de M. Lecoq *■ ia^=œur personnes qui n'osaient pas se faire connaître. Après toutes les précautions qu'on avait prises à Troyes pour s'assurer de la volonté de Dieu à cet égard , il lui suffisait de connaître les dispositions de la sœur Bourgeoys elle-même ; et ayant ap- pris de sa propre bouche qu'elle était plus réso- lue que jamais de suivre sa vocation pour Ville- marié , il mit tout en œuvre pour presser l'embar- quement. Malgré les troubles et les inquiétudes de con- science auxquels la sœur Bourgeoys avait été en proie pendant son séjour à Nantes, elle avait su gagner l'estime et l'affection de la famille de M. Lecoq par sa douceur, sa charité et son em- pressement à rendre dans cette maison toutes sortes de bons offices ; en sorte qu'on ne la voyait I" PARTIE. — CHAPITRE II. 61 l>arlir qu'à regrci. Par égard et par reconnais- sance pour elle, non -seulement M. Lecoq ne vou- lut rien recevoir pour le passage ni pour la pen- sion de la sœur Bourgeoys, mais encore il eut l'attention de lui procurer les commodités ordi- naires du voyage , dont elle s'occupait bien peu elle-même. Dans ce dessein , il fit embarquer un lit complet qu'il lui donna; et sachant qu'elle s'était interdit l'usage du vin, il voulut y sup- pléer par une provision d'eau douce, dont le dé- faut fait beaucoup souffrir en mer (1). laïlsuJ^Bour- La recrue de M. de Maisonneuve, choisie avec RammeT,^'- beaucoup de soins, principalement dans les pro- iamême,in?,, vinces de Maine et d'Anjou (2), se composait de (2) Actes de Lafousse, no- 108 hommes, tous srens de cœur et en état de taireàiaFiè- _ c/(e,1653. défendre la colonie contre les barbares (3). (i) Histoire . , du Montréal, Comme ce secours était absolument nécessaire }>arM.Doiiier de Casson. à sa conservation et même à celle de Québec , la compagnie de Montréal employa à cette dé- pense une somme très-considérable , que la sœur Morin , religieuse de Saint-Joseph , suppose avoir été donnée en grande partie par le séminaire de Saint-Sulpice. Elle ajoute : «Ma sœur Bourgeoys, « qui avait fait les achats et les provisions né- « cessaires à cette recrue , m'a dit que la dépense « avait monté à 7 5 ,000 livres (4) . » La compagnie d}'*^ rmM- , > n . > 1 DieuSaint-Jo- s engagea encore a payer annuellement a chacun seph. 62 VIE DE LA SCEUR BOURGEOTS. de ces hommes les gages dont on était convenu avec eux , et leur fit même des avances pour fa- {\) Archives .,. , » i t du séminaire ciliter leui* établissement dans le pavs (1). Enfin, de Villema- . ^ r j \ ; rie, engage- \q 90 iuin 1653, tous s' embarquèrent dans la aS^s d^^Bei- ^'^^^ ^^^ Saint-Nazaire , sur le vaisseau appelé le à%mnt-'ia- Saint -Nicolas de Nantes, sous la conduite du za^^e,^Ojuin ^^^^^g^^^^ p^^^.^^ Le BCSSOU (2). CHAPITRE IIÏ. TRAVERSÉE DE I,A SOEUR BOIRGEOYS EN CANADA. SES OCCUPATIONS PENDANT LES QUATRE PREMIÈRES ANNÉES DE SON SÉJODR A VILLEMARIE. I. La sœur Bourgeoys avait pensé qu'elle serait Accidents divers seule de son sexe sur le navire ; elle fut agréable- que la sœur éprouve dès le nicut surpriso d'v trouver plusieurs vertueuses commence- r j i la na\?Ration compagnes, destinées pour Yillemarie. «M. de « la Dauversière, dit-elle, envoya pour l'em- « barquement la femme Milot, Marie du Mans , « une autre femme avec son mari et quelques {^)EcrHsau- « fiHes (3). » Toutcfois cette satisfaction fut tem- tographes de lasœurBour- pérée par divers accidents qui donnèrent à la geoys. ^ ^ ^ sœur l'occasion d'acquérir bien des mérites dans le cours de ce voyage. «M. Lecoq, maître du « navire , rapporte-t-clle , • fit mettre plusieurs « barriques d'eau pour mon usage, et même 1" PARTIE. — Oll.VnTKK 111. 63 « plus qu'il n'en aurait fait embarquer pour une « seule personne , à cause que je ne buvais point « de vin (1). » Cette précaution était excessive à <') '^''^• l'égard de la sœur Bourgeoys, accoutumée à ne boire jamais qu'une fois le jour, dans une très- ])etite tasse de cuir, qu'elle portait toujours avec elle, et en une quantité qui n'était jamais suffi- sante pour la désaltérer. Toutefois elle ne j)rofita pas de cette attention de M. Lecoq. « Quand le « navire fut hors de la vue du port, dit-elle, « l'eau me fut refusée, et il fallut boire du « breuvage des matelots. » Pendant toute la traversée, on ne lui servit en effet qu'une eau croupie et corrompue, dont, au reste, elle se montra toujours très-contente, à cause de son grand esprit de pénitence et de mortification (2). (2) vie de TT -1 • 1» m- la sœur Bour- Lu accident qui 1 almgea davantage peu de jours y^oys, isis, après l'embarcjuement , fut la perte d'un pa- quet précieux qui lui était confié. M™ de Ghuly, sœur de M. de Maisonneuve, avait eu soin de faire pour son frère une très-riche pro- vision de linge fin et de dentelles de prix, dont les hommes de sa condition usaient alors ; la sœur Bourgeoys pendant la traversée en ayant formé un paquet, il arriva que ce paquet tomba par hasard dans la mer, et que, malgré tous les mouvements qu'elle se donna pour le recouvrer, 64 VIE DE LA SŒUR B0UR6E0TS. il fut perdu sans retour. Ne connaissant point encore le caractère généreux et élevé de M. de Maisonneuve , et ne doutant pas qu'en homme du monde il ne fût très-sensible à cette perte , que l'on ne pouvait réparer en Canada, elle va, triste et toute tremblante , lui en faire l'aveu. Mais elle fut aussi agréablement surprise qu'édifiée de la manière dont M. de Maisonneuve reçut cette nouvelle : il ne fit que rire en l'apprenant, et ,., , , dit à la sœur qu'il était bien aise de cette perte, (1) Annales ^ ^ iieu ^'saùii- puisquo lui et elle étaient débarrassés par là du iœufmrfn!" soiu importuu de ces ornements de vanité (1). II. Un autre accident plus sérieux ne tarda pas à La recrue pour Montréal alarmer toute la recrue. En partant de Saint- est obligée ^ relâcher Nazaire, à peine avait-on levé l'ancre, qu'on s'é- Saint-Nazaire ^^^* aporçu quc le navire était pourri et faisait eau de toutes parts. Comme cependant on était fort en bras, ayant, outre l'équipage ordinaire, 108 hommes pour Montréal, on espéra qu'on pourrait étancher le vaisseau. Mais inutilement. Quoique les gens fussent à la pompe jour et nuit , ils ne pouvaient en venir à bout, et enfin l'eau commençait à gagner et à endommager les pro- visions; en sorte qu'après avoir fait trois cent cinquante lieues en mer, on fut contraint de laslurBour- rcvcnir à terre et de relâcher à Saint-Nazaire p!''62-63. ' d'oîi l'on était parti. (2) «En approchant de terre, 1" rAUTii:. — CKAriTRE itr. 63 dit la sœur Bourgeoys, nous périssions sans le secours que , par la grâce de Dieu , nous re- çûmes des habitants de ce lieu-là. J'étais fort en peine de nous voir dans ce danger, car nous étions près de 1 20 passagers sans prêtre , et nos 108 soldats étaient mal préparés pour mourir, aussi bien que tout le reste. M. de Maisonneuve fit mettre tous ses soldats dans une île d'oîi l'on ne pouvait s'échapper, car autrement il n'en serait pas demeuré un seul. Il y en eut même qui se jetèrent à la nage pour se sauver , car ils étaient comme des furieux et croyaient qu'on les menait à la perdition. Il fallut bien du temps pour trouver et pré- parer un autre navire, et pourvoir aux autres besoins ; en sorte que l'on ne fit voile que le jour de sainte Marguerite , 20 juillet , après tograp'he.f^d^ avoir entendu la sainte messe à l'église (1). » geoys. Mais comme l'œuvre de Villemarie, à laquelle m. . La maladie cette recrue devait se dévouer avec tant de ré- se met sur le vaisseau. solution et de courage, était une œuvre sainte, zèie ^ de la sœur pour laquelle la plupart d'entre eux eurent dans ^°^|ster la suite le bonheur de verser leur sang, il plut ^^^ malades à Dieu de les préparer tous à leur sacrifice par ^ à*^L ST.^^ de nouvelles épreuves, et de prendre même déjà pour lui les prémices de cette troupe choisie. Car la maladie s' étant bientôt déclarée sur le navire , 5 66 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. il y eut un grand nombre de malades , et « des « cent huit hommes , que M. de Maisonneuve {\)Ecrifsau- « conduisait, il en mourut huit en mer (1). » tographes de ^ ' la sœur Bour- Qg f^{ pQyp j^ sŒur Bouro:eoys uue occasion geoys. ^ o j de déployer sa charité , en leur prodiguant à tous les services qu'elle pouvait leur rendre et en les préparant à mourir saintement. « Dans « cette traversée, dit M. DoUier de Casson, elle « n'eut pas de médiocres peines : y ayant eu « quantité de malades , elle les servit tous , en « qualité d'infirmière , avec un soin indi- (2) Histoire « cible (2). » Jour et nuit elle était auprès d'eux , du Montréal , rfei652«i653. elle les consolait dans leurs maux , et leur dis- tribuait libéralement tout ce qu'elle recevait de la charité du capitaine et de celle de M. de Maisonneuve. Car celui-ci lui envoyait de sa table, à laquelle elle ne voulut jamais prendre place , tous les aliments convenables ; elle ne les acceptait que pour les donner aux malades, se contentant pour son usage de la nourriture ordi- naire de l'équipage , et même de la plus modique ration. Enfin son séjour dans le navire fut une véritable et continuelle mission : elle instruisait avec soin les matelots et les soldats , leur faisait exactement le catéchisme, récitait elle-même les prières du matin et du soir, et faisait souvent des lectures spirituelles et d'autres exercices de I'"'^ PARTIE. — CIlAriTIŒ IIF, 67 piété , sans que les incommodités ordinaires à ceux qui ne sont pas accoutumés à la navigation , /«Vœw/- ^Bour- ralentissent jamais l'ardeur de sa charité (1). p. ei/ Pendant que la recrue était en mer, ceux de iv. Extrémité Québec et de Villemarie, en proie aux plus où est réduit ^ ^ ^ le Canada vives incjuiétudes pour eux-mêmes , se voyaient ^^'J'^',^''j^''JJ'^^^ comme sans défense , exposés à toute la fureur M^iisonneuve. des Iroquois. M. de Lauson, gouverneur du Canada , ayant envoyé durant ce temps une bar- que à Villemarie, les hommes qu'elle portait n'osèrent s'approcher du château, s'imaginant qu'il n'y avait plus aucun Français dans ce poste et qu'il était tombé au pouvoir des Iro- quois. C'est pourcpioi ils retournèrent à Québec et y annoncèrent celte nouvelle, qui ne tarda pas cependant à être démentie par ceux de Ville- marie. De son côté. M"' Mance, qui avait engagé M. de Maisonneuve à passer en France pour amener cette recrue et sauver Montréal , impa- tiente de ne pas le voir arriver, prit le parti de descendre à Québec, pour apprendre de ses nouvelles par les vaisseaux qui pouvaient venir d'Europe (2). Elle partit accompagnée de ^J^\^f„*J/.^7 quelques soldats de Villemarie qui songeaient ^leCcmon''de à retourner en France (3), désespérant sans doute '^^i^)Eaif^ciu- de conserver plus longtemps cette colonie. Mais famur^our- à peine M"^ Mance , en descendant le fleuve Saint- 68 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. (1) Histoire du Montréal. Ibid. V. Prières qu'on fait à Québec pour l'arrivée do M. de Maisonneuve . Allégresse qui éclate à son arrivée. (2) Histoire du Montréal. Ibid. Laurent, avait -elle perdu de vue les Trois- Rivières, quecelieu fut bloqué par 600 Iroquois, entre les mains desquels elle serait tombée pour peu qu'elle eût différé son départ de Villemarie. La nouvelle de ce blocus jeta la consternation à Québec, et fit désirer avec plus d'impatience encore l'arrivée de M. de Maisonneuve. Cepen- dant les colons de Villemarie délivrèrent heu- reusement les Trois-Rivières ; et on apprit enfin par un navire venu de France que M. de Maison- neuve était en mer avec plus de 100 hommes (1). Cette nouvelle ayant fait renaître la con- fiance dans ceux de Québec et des côtes, on s'empressa de faire des prières pour son arrivée, et on le surnommait déjà le libéraieui^ du pays {2). « Les Iroquois ont fait tant de ravages en ces « quartiers , écrivait , le 1 2 août de cette année « 1654, la mère de l'Incarnation, rehgieuse de « Québec, qu'on a cru quelque temps qu'il « fallait repasser en France. L'habitation de « Montréal leur a puissamment résisté et donné « la chasse avec perte de leurs gens. Il vient du « secours de France, ce qui console tout le pays; « car c'eût été une chose déplorable, s'il eût « fallu venir à cette extrémité que de quitter. « Mais enfin nous attendons le secours que « M. de Maisonneuve, gouverneur de Montréal, 1'" l'ARTlE. — CllAl'lTUE UI. 00 « amène de France, oîi il est allé exprès (1).» (i) Lettres (le Marie de Toutefois , comme on imorait en Canada que riummatiim, ° P«/-M-,1681,in- M. de Maisonneuve avait été obli^^é de relâcher ,4°, n^wiie, "-■ lettre xlviii, à Saint - Nazaire , et qu'on était surpris qu'il p-^o4. tardât tant d'arriver, ce retard fit naître les plus vives incpiiétudes ; « et à la fin, dit la sœur Bour- « geoys, on n'avait guère plus d'espérance que « nous dussions arriver (2). » Pour hâtei; la venue {'2) Ecrits mi- fograpfies de de ce secours si ardemment désiré et si néccs- /« w"'- Bow- geoys. saire au salut du pays , ceux de Québec firent des prières publiques , on exposa pendant plu- sieurs jours le très -saint Sacrement, jusqu'à ce qu'enfin Dieu, touché de leur ferveur, daigna les exaucer (3). (Sj iH'^toire ^ ' du Montréal, « Nous arrivâmes le jour de Saint-Maurice, ^^ï^. « 22 septembre (*), dit la sœur Bourgeoys; mais « on ne prit point garde à une arête, qui s'en- « fonça tellement dans le navire, en arrivant « devant Québec, que les grandes marées ne « purent le relever, et qu'il fallut le brûler sur « la place. Notre arrivée redonna de la joie à (*) M. Dollier de Casson, dans l'Histoire du Montréal, dit que la sœur arriva le 27 septembre. Mais la reruarque que fait ici la sœur Bourgeoys elle-même , en disant que ce fut le propre jour de Saint-Maurice , montre qu'elle arriva en effet le 22, et que par conséquent la date du 27 est une aber- ration de l'écrivain dans le manuscrit de M. Dollier. 70 YIE DE LA SŒUR BOUKGEOYS. {l) Ecrits au- tographes de la sœur Bour- geoys. — Vie de la sœur, par M. Ransonet , p. 44. — Vie de la même, 1818, p. 6-2. (2) Histoire du Montréal. Ibid. (3) Relation de ce qui s'est passé l'été de 1652 jusqu'à l'été (jp 1653, par le P. Fran- çois Le Mer- °cier, cliap. ii^, p. 10-n. YI. État d'abandon où était alors l'établissement de Québec. Oïl veut y retenir la recrue de M. de Maisonneuve. « tout le monde (1). » On rendit en effet des actions de grâces solennelles à Dieu en chantant le 7 e Deum dans l'église de Québec (2). Le Père Le Mercier, jésuite, dans la relation de cette année, e:»vprimait ainsi la satisfaction publique après l'arrivée de M. de Maisonneuve : « Le secours extraordinaire , qu'on a envoyé par le dernier embarquement, a donné de la joie à tout le pays. Quelques personnes de mérite et de vertu , qui aiment mieux être connues de Dieu que des hommes , ayant donné de quoi lever une bonne escouade d'ouvriers sembla- bles à ceux qui rebâtissaient jadis le temple de Jérusalem , maniant la truelle d'une main et l'épée de l'autre, ils sont plus d'une cen- taine de braves artisans , tous savants dans les métiers qu'ils professent, et tous gens de cœur pour la guerre. Dieu bénisse au cen- tuple ceux qui ont commencé cet ouvrage , et leur donne la gloire d'une sainte persévérance pour le mettre à chef (3) ! » Ce témoignage du Père Le Mercier et l'allé- gresse qui éclata à Québec, à l'arrivée de ces cent hommes, font assez comprendre quelle devait être la faiblesse de cet établissement, malgré les engagements que la grande compagnie avait pris depuis longtemps de l'accroître , et de V^ PARTIi;. — CIIAI'ITIIE III. 71 lui donner de la consistance. Rien ne peint mieux l'état d'abandon où il était , que ce que la sœur Bourgeoys rapporte de la surprise qu'elle éprouva en y arrivant. « Il n'y avait alors à la haute « ville de Québec, dit -elle, que cinq ou six « maisons, et dans la basse ville que le magasin « des PP. Jésuites et celui de Montréal. Les « hospitaliers étaient habillés de gris. Ejifin tout « était si pauvre, que cela faisait pitié (I). » {i)Ecntsaii- ■^ ^ X \ / togiuphes de Aussi M. de Lauson , gouverneur général pour la J" ^^^"'' ^^"'■^ grande compagnie , fit-il tous ses efforts afin de retenir à Québec la recrue de M. de Maison- neuve et de l'empêcher de monter à Montréal , et il fallut toute la fermeté de ce dernier pour triompher des oppositions qu'il rencontra dans cette circonstance. M. de Montmagny, prédé- cesseur de M. de Lauson, sous le spécieux pré- texte que la colonie de Montréal ne pourrait jamais se maintenir, avait usé déjà de sem- blables procédés, quoique avec aussi peu de succès , tant à l'égard des premiers colons con- duits en 1641 par M. de Maisonneuve, que de tous ceux que la compagnie de Montréal n'avait cessé d'envoyer depuis pour fortifier cet établis- sement. Bien plus, comme on avait essayé de retenir à Québec M'" Mance à son arrivée en Canada, quoiqu'elle y fût venue pour établir 72 VIE DE LA StELK BOURGEOYS. du Montrénf, l'Hôtel-Dieu de Villemarie (1 ), on fit aussi quelques parM.Dollier . . .• ni t» > de Cassonade teiitatives pour y tixer la sœur Bourgeoys après 1652 à 1653" rfei640ffli64i! SOU débarquement. « Les Ursulines , dit-elle, me — Histoire du . Canada ]>nr « firent la STrâce de m'offrir leur maison; mais M.deBetmo)d. ^ {-i r» chap. V, p. 6. sœur, comme on l a vu, ne jugeait pas qu ils tus- sent tous disposés à mourir saintement, lorsque, en arrivant à Saint-Nazaire , le navire avait été sur le point de faire naufrage. Il est même à remarquer que, dès les premiers jours de la traversée, plusieurs de ces hommes, qui n'a- vaient pas le cœur assez pur, ni l'intention assez droite , pour ne penser que du bien de leur prochain, avaient conçu quelques soupçons sur M. de Maisonneuve , à cause de ses attentions (3) Vie de pour la sœur Bourgeoys (3). Mais lorsqu'ils eu- /a sœur Bour- geoys. par M. rent connu la vertu de l'un et de l'autre , ils Ransonet , p. 43-44. — Vie n'eureut plus pour eux que de l'estime et de la de la même, ri j. 1818, p. 62. vénération. Enfm en mettant le pied sur la terre du Canada , ils semblèrent être changés en des hommes nouveaux. « M'" Mance retourna à « Montréal , dit la sœur Bourgeoys , et je restai « seule à Québec pour faire fournir les provi- 1" rARTIi;. — CHAPITRE III. 75 « sions aux soldats. Ils étaient doux commu « de vrais religieux, ce qui me donnait bien « de la joie d'aller avec eux à Villemarie; et « peu de temps après leur arrivée dans ce lieu , « ces cent hommes étaient changés comme le « linge qu'on a mis à la lessive (1). » {\) Ecrits uu- Le séjour de la sœur Bourgeoys à Québec fut uisœurBour- plus prolongé qu'elle ne l'aurait désiré , à cause "^ du refus qu'on faisait de donner à M. de Maison- neuve les barques nécessaires pour conduire sa recrue , quoiqu'on fût obligé à lui en fournir. M. de Lauson espérait que par là il les retiendrait à Québec ; mais M. de Maisonneuve déclara que ces hommes avaient trop coûté à la compagnie de Montréal pour qu'il en laissât un seul ; et enfin, étant venu à bout de se procurer des barques , il remonta le fleuve Saint-Laurent , faisant passer (21 fiisfoivG tout son monde devant lui et marchant le dernier du Moyitréai. parM.Dollier pour ne laisser personne (2). de Casson. Ce fut une ioie inexprimable à Villemarie de i^- Arrivée des voir arriver M. de Maisonneuve avec sa recrue cent hommes h Villemarie. de cent hommes ; ce n'était de toutes parts qu'ac- p^Jj"' £ifier tiens de grâces qu'on rendait à Dieu et spécia- Surpiété.' - lement à la très -sainte Vierge , aux prières de laquelle on avait attribué jusque-là, avec tant de (^^).uuiaiesde raison, la conservation si providentielle de cette saùn-ios^p?!*, 1 . p 1 , 1 . ,n\ pn>' In sœur colonie fondée pour sa gloire (3). Morin. 76 VIE DE LA SIEUR BOUK(iEOYS. Tous les hommes, à peine arrivés à Villemarie, s'empressèrent de défricher des terres , d'abattre et de scier des arbres, et de préparer, chacmi selon son état, avec une activité infatigable , les matériaux nécessaires pour élever promptement des bâtiments en charpente et sortir enfin du fort où la petite colonie était renfermée. On com- mença par construire , aux frais des seigneurs , l'église de l'hôpital ; on augmenta de beaucoup le corps de logis de cette maison, auquel on donna quatre-vingts pieds d'étendue sur trente de pro- {\) Histoire fondeur i\); et pour que M"' Mance ne fût plus — ^■innu/ltV/r Obligée de l'abandonner par la crainte des Iro- ^s^aint-joleph. quoïs, et de se retirer dans le fort avec ses ma- lades , on construisit tout auprès deux redoutes , que l'on fournit d'armes et de munitions, afin de (2) Archives g'y défendre en cas d'attaque (2). Plusieurs d'entre au séminaire "^ i \ / InLwiTe^'Tle ^^^ colous élevèrcut pour leur propre usage des fur ief"'iié- maisons auprès de l'hôpital . M. de Maison- penses faites p , , • p • i par les sei- ueuve lit Construire, aux trais des seigneurs , une redoute sur le haut du coteau Saint-Louis, indé- pendamment d'une autre qui était au-dessous de - {%)\h\à.Act.e ce coteau (3); et, pour aider les colons à s'éta- du 2 février itî54, entre M. jjlir aiusi hors du fort , la compasrnie de Montréal ae Maison- *■ ^ lîeursBoncbf ^^^^ douiia à chacun une somme, à condition Godin et Ja- q^'^jg demeureraient toute leur vie dans l'Ile, tant qu'elle ne serait pas abandonnée par la corn- 1" PARTIE. — CHAPITRE III. 77 pagnie , ou qu'ils rendraient cette somme s'ils venaient à la quitter d'eux-mêmes (1). Enfin au {\)Arrhives ■*■ ^ ' dit si'inijiaire printemps suivant 1654, M'" Mance sortit du 'f'-y'^ '<'>"" >-'f, '■ '■ c/tyayi'iiieiita fort pour occuper les bâtiments de l'hôpital, ^^'^ '^^*- qu'on n'abandonna plus depuis. La petite colonie était , en effet , si bien unie entre elle , si dévouée au bien commun , elle montrait tant de résolu- tion à se maintenir à Villemarie , qu'elle inspira bientôt de la terreur aux Iroquois, malgré leur grand nombre (2). (2) Histoire du Montréal, Rien de plus touchant que la charité désinté- parM.Doiuer ^ de Cdsson, de ressée et courageuse de ces fervents colons les i653«ic54. uns pour les autres. M. de Maisonneuve avait formé parmi eux une compagnie de soldats dé- signée sous le titre de compa^gnie de la Irès-sainte Vierge, qui devaient être toujours dans la dispo- sition de sacrifier leur vie pour conserver celle des autres colons , et qui pour cela faisaient tour à tour la garde auprès des habitations et des champs , oii les sauvages avaient coutume de se cacher pour les surprendre. « M. de Maison- « neuve , dit la sœur Bourgeoys , en avait associé « soixante-trois , dont le nombre fait neuf fois « sept, pour nonorer le nombre des années que « la très-sainte Vierge a passées comme on croit « sur la terre. Tous les dimanches il en mar- « quait pour communier chaque jour de la (1) Ecrits nu- 78 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « semaine , et leur faisait une exhortation, « Quand les soldats montaient la garde , c'était « toujours avec des prières ; et s'ils avaient « quelque devoir religieux à remplir, on les « conduisait pour cela à l'église ; ils y faisaient togl-aphe's"de « leurs dévotious et quelques prières dont ils geoys. « paraissaient fort contents (1). » X. Dans l'état où était encore la colonie , la sœur La sœur ^'^"dSbord Bourgeoys ne pouvait guère avoir occasion ^àSruire"^ d'exercer son zèle pour l'éducation chrétienne Maisonneuve des eufauts , Car jusque alors on avait eu soin de 7e soiir n'envoyer à Montréal que des célibataires ; et il de sa maison. . , . , . , . y avait eu a peine quelques mariages depuis l'établissement de la colonie. Mais cette année M. de Maisonneuve ayant permis à ses soldats (2) Histoire de s'établir (2) ,il y eut quatorze mariages (3) ; ce du Montréal. . „ . . - , n» / i ibid. qui taisait espérer que dans peu d années la sœur {^) Registres de la paroisse Boursreovs aurait des enfants à instruire et à for- deVillentarie, ^ •' année 1654. j^gp u^g autre cause qui avait empêché de sentir jusque alors le besoin d'une institutrice , c'est que tous les enfants français , nés à Villemarie , depuis rétablissement de cette colonie , étaient morts en bas âge. « On a été environ huit ans , « dit la sœur Bourgeoys, sans pouvoir garder « d'enfants à Montréal; ce qui donnait bonne « espérance, puisque Dieu prenait les prémices. « La première qui est restée vivante fut Jeanne r* PARTIE. — CHAPITRE III. 79 « Loysel, que l'on me donna à quatre ans et « demi , et qui a été élevée et a demeuré à la « maison jusqu'à son mariage avec Jean Bour- « don. Jean Desroches est venu après Jeanne « Loysel (1). » En attendant que la sœur pût se i^) Ecrits au- ^ ^ ' ^ '■ Togra]ines (le rendre utile aux enfants, M. de Maisonneuve lui ^u^^urBou,- donna le soin de sa maison et le maniement de tous ses intérêts domestiques , dont il s'occupait si peu lui-même ; car il vivait dans un esprit de désintéressement comparable à celui du religieux le plus fervent. Elle demeura ainsi, les quatre premières années de son séjour à Yillemarie (2), {2) Annales de ^ ^ ^ ^ l'Hôtel - Dieu dans le fort où résidait M. de Maisonneuve (3). Saint -Joseph, ^ ' par la sœur Il la considérait cependant non comme une ^'"'"^^ {Z) Archives servante , mais comme une personne d'une ^u séminaire ^ aeVillemarie, vertu éminente que Dieu lui avait donnée pour ff'^^^^/J^^'JJ'; l'aider à travailler à son salut par la pratique ^^- ^'■'^"*''"- des plus hautes maximes de la perfection , dont elle lui donnait d'ailleurs des exemples si tou- chants dans sa propre personne. Ce fut par les conseils de cette sainte fille , L^'^g^ur cpie M. de xMaisonneuve soutint constamment ^2g'|f_°5J ce beau caractère de parfait désintéressement , à^s-a'^anœ^ dont il avait toujours fait profession , depuis son la perfection. arrivée en Canada. N'y étant venu que pour procurer les intérêts de Dieu , il ne chercha jamais les siens propres , quoiqu'il l'eût pu par 80 VIE PE LA SŒUR BOURGEOYS. {i)Anmiies(ie des voies très-légitimes (1) , et laissa à tous les /'Hôtel - Dieu i i i r i Saint -Joseph, gouvemeurs un grand exemple de détache- ment, qui malheureusement n'a presque point eu d'imitateurs. Par les conseils de la sœur Bourgeoys , il pratiqua , dans la place de gou- verneur de Yillemarie , la pauvreté évangélique la plus entière et la plus généreuse , se privant lui-même de tout pour soulager les colons , se contentant d'un seul domestique , et aimant à se vêtir d'habits très-simples, tels que le capot gris, alors à l'usage des hommes du commun. Ce fut encore sur les sages avis de la sœur que , pour ne mettre aucune borne à sa perfection, il voua à Dieu une chasteté perpétuelle. Ayant éprouvé quelques peines d'esprit dont il s'était ouvert à l'un des PP. Jésuites qui desservaient l'église de l'hôpital, celui-ci lui avait conseillé de se marier; mais M. de Maisonneuve éprouvait des répugnances insurmontables pour le ma- riage. Il fit part de son embarras à la sœur Bourgeoys , qui lui conseilla au contraire de faire vœu de chasteté perpétuelle. Le Père Jérôme Lalemant , cpi'il consulta là -dessus, approuva l'avis de la sœur; et M. de Maison- (^)Am>aiesde Ti^uve , ayant prononcé ce vœu , se trouva depuis r« PARTIE. — CIIAPITIŒ III. 81 Peu de temps après son arrivée à Villemarie , xii. Origine la sœur Bourgeoys , saintement empressée de du péinrinage procurer la sanctification de la colonie, contribua montagne. par la ferveur de son zèle au rétablissement d'un lieu de dévotion et de pèlerinage , que la piété de M. de Maisonneuve avait érigé à une demi- lieue de la ville , la première année de son séjour dans l'île de Montréal , et dont il est à propos de rappeler ici l'occasion. En 1642, après que la petite colonie eut construit , sur le bord du fleuve Saint-Laurent , un fort de pieux pour s'y mettre à l'abri des insultes des sauvages , le fleuve s'enfla tellement vers la fin de décembre, que la nuit de la veille de Noël on craignit qu'il n'entraînât dans sa furie le fort lui-même et tout ce qu'il renfermait pour la subsistance des colons. Dans cette extrémité, M. de Maison- neuve , ayant réuni sa petite troupe , fit au nom de tous un vœu à Dieu, par lequel il s'obligea d'aller planter une croix de bois sur la montagne de Montréal. Les eaux néanmoins ne laissèrent pas de croître encore et de remplir le fossé du fort ; mais dès qu'elles mouillèrent le seuil de la (i^ Relation porte, elles s'arrêtèrent et se retirèrent enfin. p^lt-'^^en^L M. de Maisonneuve, qui s'était empressé de faire en i642 et 1643,pfl/-/eP. construire la croix, se mit en devoir d'exécuter Vimont, cha^. XI, p. 198, 199, son vœu le jour de l'Epiphanie 1643 (1). « Il la 200. 6 82 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « porta lui-même sur la montagne, dit la sœur « Bourgeoys ; ce qui n'était pas une petite « charge , par le chemin escarpé de cette mon- « tagne , comme il l'était alors. Les autres « (qui l'accompagnaient) portaient les pièces « de bois pour le piédestal. On y fit un autel « où le Père (du Perron) dit la sainte Messe. « Depuis ce temps les personnes qui pouvaient « quitter l'habitation, allaient y faire des neu- « vaines, à dessein d'obtenir la conversion des « sauvages et de les voir venir avec soumission « pour être instruits. Il se rencontra un jour « que de quinze ou seize personnes qui y étaient « allées, pas une ne pouvait servir la sainte « Messe. M'" Mance fut obligée de la faire ser- « vir par Pierre Gadois, qui était un enfant, « en lui aidant à prononcer les réponses. Tout H) Ecrits au- « Cela se faisait avec bien de la piété (1). » la'sœSrBow- Tels furent l'origine et le but du pèlerinage à geoys. la montasrne. XIII. Avant que la sœur Bourgeoys arrivât en La sœur ^i -, r Tir -i ni • Bourgeoys Canada et durant sa traversée, M. de Maison- rétablit la croix neuve lui avait souvent parlé de ce lieu de du pèlerinage ^ delà dévotion, en lui promettant de l'y faire con- duire lorsqu'ils seraient à Villemarie. Toutefois , durant l'absence de M. de Maisonneuve, les Iro- quois l'avaient entièrement ruiné , sans que ceux montagne. I" PARTIE. — CHAPITRE III. 83 (le Villemarie , qui n'osaient plus sortir de leur fort , en eussent connaissance. « Quand je fus « arrivée, dit la sœur Bourgeoys , M. de Mai- « sonneuve, pour s'acquitter de la promesse « qu'il m'avait faite de me mener sur la mon- « tagne , détacha trente hommes qui m'y ac- « compagnèrent. Mais les sauvages avaient ôté « la croix (1). » Quel regret pour la sœur de ne {\) Ecrits au- tographes de plus retrouver de traces de ce monument si la sœur Bour- geoys. vénéré ! Animée d'un sainte ferveur, elle prend sur-le-champ la résolution de le rétablir. De retour à Villemarie , elle excite le zèle des ou- vriers, et, de l'aAds de M. de Maisonneuve, il est résolu qu'on ira de nouveau sur la mon- tagne pour y planter une croix selon les vues et sous la direction de la sœur. « Je fus destinée « pour cela, dit-elle ; j'y menai Minime (fervent « chrétien et charpentier très -habile) (2) avec (2) Histoire , du Montréal, « quelques autres hommes, et nous y lûmes parM.DoiUer de Casson. « trois jours de suite. La croix fut plantée ainsi « qu'une palissade de pieux pour la clore. Mais « l'on ne put plus y retourner ; car il survint « des empêchements de la part des Iroquois, « qui se cachaient dans le bois pour surprendre « nos travailleurs (3). » tographeslet!'. Le choix que fit M. de Maisonneuve de la xiv. sœur Bourgeoys pour présider au rétablissement de la sœur de Villemarie. 84 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. Bourgeoys cle ce monument , et l'empressement des pieux à Yè.garà <îes colons colons à exécuter les désirs de cette sainte fille , montrent assez la grande considération dont elle jouissait déjà dans la colonie , et l'ascendant que sa vertu lui donnait sur tous les esprits. Il eût été difficile en effet qu'il en fût autrement à l'égard de la sœur Bourgeoys : sa charité , qui semblait la multiplier elle-même , la faisait être toute à tous pour les gagner tous à Jésus-Christ , et l'on était sûr de la trouver partout où il y avait quelque bien à faire. On la voyait visi- ter et servir les malades , consoler les affligés , instruire les ignorants, blanchir le linge et rac- commoder gratuitement les bardes des pauvres et des soldats , ensevelir les morts et se dépouil- ler en faveur des nécessiteux des choses qui lui étaient le plus nécessaires. Nous avons raconté qu'au moment de l'embarquement , M. Lecoq avait voulu lui donner un lit pour son usage ; mais elle ne le conserva pas longtemps , et sem- bla ne l'avoir accepté que pour en disposer elle- même en faveur des nécessiteux. Durant un hiver très -rude , un soldat tout transi de froid vint implorer sa charité, en lui représentant qu'il n'avait pas sur quoi se coucher pour se garantir du froid pendant la nuit. La sœur Bourgeoys, accoutumée à regarder comme un fardeau insup- 1" l'.VllTIE. — CHAPITRE III. 83 portable tout ce qu'elle avait en propre , ne balance pas un instant : elle va chercher son matelas et le lui donne aussitôt. Peu de temps après , un autre soldat , désireux de partager lui- même la bonne fortune de son camarade, vint trouver la sœur pour lui exposer aussi sa misère : celui-ci obtint la paillasse. Deux autres, sans savoir que la sœur se dépouillait ainsi elle- même , étant venus à leur tour pour implorer sa charité, elle leur donna les deux couvertures. Personne , (ht- on , ne se présenta pour avoir l'oreiller , qu'elle eût donné volontiers ; car elle savait se passer de tout. Ainsi dépouiUée, elle prenait plaisir à coucher sur le plancher, qui était son lit le plus ordinaire , malgré la rigueur de la saison ; se croyant bien dédommagée de ses sacrifices lorsqu'à ce prix elle pouvait soula- ger les autres. Enfin, elle était à l'égard de tous, dans cette nouvelle colonie , comme une mère l"o^!i8?8"p- commune, la consolation de l'affligé, le soutien (je lamAme, du faible et de l'inchgent (1). ?o«e^ p. 55. (1) Vie de 86 VIE DE LA SCÊUR BOURGEOYS. CHAPITRE IV. ÉTABLTSSEMENT DC SÉMINAIRE DE SAINT-SULPICE A VILLEMARIE. LA SOEUR BOL'RGEOYS COMMENCE SES ÉCOLES, ET JETTE LES FONDEMENTS DE l'église de NOTRE-DAME DE BON SECOURS. I- Nous avons dit que le dessein de Dieu dans la M. de ^ Maisonneuvo fondation de Villemane , était de répandre dans passe ^ pou^'^prier *^®**^ colonie l'esprit de la sainte famille par trois (TenTOyer communautés , auxquelles donneraient naissance ecclésiastiques trois persounes , qui devaient participer, chacune à Villemarie. , . r • i > i> • i t selon sa vocation spéciale, a 1 esprit de Jésus, de Marie et de saint Joseph. Pour préparer de loin l'exécution de ce dessein , Dieu avait inspiré aux premiers associés de Montréal la résolution d'y établir trois communautés : l'une d'ecclé- siastiques séculiers , l'autre de filles pour l'in- struction des enfants , et la troisième de sœurs hospitalières pour le soulagement des n'ralades. Mais l'état chancelant de la colonie , toujours en guerre avec les Iroquois , et sans cesse exposée à être dissipée et ruinée par ces barbares , n'avait pas permis , durant les quinze premières années , de donner commencement à ce dessein , quoique déjà M. Olier eût établi en France une commu- nauté de prêtres séculiers, et M. de la Dauversière !'* tARTlE. — CHAPITRE IV. 87 une communauté d'hospitalières , dont ils de- vaient former l'un et l'autre un établissement à Villemarie. M"* Mance, dans un voyage qu'elle avait fait à Paris en 1649 , avait beaucoup pressé M. Olier d'y envoyer enfin de ses ecclésiastiques. D'autres personnes fixées dans cette colonie écrivaient de leur côté à M. Olier une multitude de lettres pour lui faire aussi les mèmé^ in- stances (1), et avec d'autant plus de raison que W Archives ^ ' ' i- i^ au séminaire les membres de la compagnie de Montréal Ir^rf^à^PaHs] avaient toujours témoigné ne vouloir établir 3fwo;-/i663! dans le pays que des ecclésiastiques de son sé- minaire (2). De plus, les RR. PP. Jésuites , cnii , i'^) Histoire \ -i i- ^ du Coiiada , s'étaient efforcés jusque alors de desservir la pe- ^^Q^^f'^lnut tite colonie de Villemarie , désiraient eux-mêmes Ziit/K roycfie. d'en être déchargés. Étant sans fondation dans çafj'^ iaes""' ce lieu , et n'y ayant reçu de la compagnie que (3) premier deux arpents de terre, comme le reste des co- de la Foi dans la Nouvelle- Ions (3), avec leur entretien (4) , ils avaient France mrie représenté plusieurs fois qu'ils ne pouvaient le ^^^^' *• "' p- desservir au préjudice de leurs missions sau- ^gj*^ ^^^'^•' p- vages (5); et, dans l'impossibilité de suffire à (5) Histoire . f • T ^^ Canada , tout, ils s'étaient vus oblisTés plusieurs fois de parM.deBei- . '^ . . ^^°nt. laisser sans missionnaire l'habitation de Mont- réal (6). Enfin M'" Mance et M. de Maisonneuve , (6) Histoire du Montréal , apprenant chaque année que M. Olier était tou- p"rM.Doiiier ^ ^ ^ ' de Casson, de jours malade et en danger de perdre la vie, '^^^« '^^^^ 88 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. crurent, en 1655, qu'il ne fallait plus différer {i)mà., Mis- d'obtenir de lui des ecclésiastiques (1). Dans ce foi?-e du ta- -^ ^ ' nada,ih\à. Jessein , après avoir nommé M. Lambert -Closse (2) ^/t/;/('p.s . gouverneur du pays en son absence (2), M. de du séminaire deViiiemarie, Maisouneuve partit lui-même pour aller solli- île de Mont- ^ ^ ''^"J', ol^'^^.i citer M. Olier, et le faire solliciter encore par acte du'i.^ août ' *■ ^^^^' les associés de Montréal , sans faire connaître (3) Histoire cependant à personne en Canada le motif de son du Montréal , ■*• ibid. voyage (3). II. Arrivé à Paris, M. de Maisonneuve , après M. Olier ^■, • • o , ^ • • i i nommequatre 1 avoir mlormé de tout ce cjui concernait la colo- ecclésiastiques pour nie , réitère ses instances et le prie de se ressou- Villemarie ; il prend des venir d'une lettre que M'" Mance lui avait écrite mesures '■ Yétobiir l'année précédente , pour l'avertir qu'il était les sœurs ^gj^^pg d'exécuter enfin tous les beaux projets ^èt rncmï. '' qu'il avait toujours faits pour Villemarie , et d'y envoyer sans délai des prêtres de son sémi- (4) Ibid. naire (4). Tous les membres de la compagnie de Montréal faisant de leur côté les mêmes in- stances, M. Olier, qui avait déjà adressé beau- coup de prières à Dieu pour ce dessein, crut (5) Ardiives y reconnaître clairement sa volonté ( 5 ) , et du séminaire '' senibi'ée^du"d'i s'empressa d'y donner les mains. Il nomma donc mars 1663. quatre ecclésiastiques pour cette mission, M. Ga- (6) Histoire ^^'^^^ ^^ Queylus , abbé de Loc-Dieu , docteur en Mà.-Hiffoi. théologie; M. Souart, bachelier en droit-canon , ibid. " "' M. Galinier et M. d'Allet (6). Comme d'ailleurs l'« PARTIE. — CHAPITUE IV. 89 il ne doutait pas que le moment ne fût venu de fixer aussi à Yillemarie la communauté naissante des hospitalières de Saint -Joseph, formée à la Flèche par M. de la Dauversière , il signa, conjointement avec tous les associés de Montréal , un acte d'engagement pour donner à ces filles la conduite de l' Hôtel-Dieu de Villema- rie , dès que la compagnie aurait fait constrbire les bâtiments nécessaires pour les recevoir. M. de Maisonneuve signa lui-même ce contrat (1) c£]^f ^^'/'ï '^^ et partit avec les ecclésiastiques de Saint-Sulpice pour s'embarquer à Saint -Nazaire (*). notaire à Pa- ris, 31 mars 1656. (*) Il existe au depdf de la marine, a Paris, nn mémoire anonyme sur le Canada (1), oii le Père de Charlevoix a puisé pour la composition de son Histoire de la Nouvelle- France. „„Y^""""^ ' L'auteur de ce mémoire, qui écrivait lorsque M. de Saint- Vallier était prisonnier en Angleterre (2), c' est-a-dire plus de soixante ans après la fondation de Montréal , se montre fort ^2) ibid. peu instruit des commencements de celte colonie, qu'il fixe mal à propos a l'an 16 iO. Il ajoute que depuis celte année jusqu'en 16o9, d'autres missionnaires que les RR. PP. Jé- suites furent chargés de la desservir. Une assertion si ouver- tement démentie par toute la suite des registres de la paroisse de Yillemarie et par les relations du Canada, décèle assez l'ignorance de l'auteur sur ce qui concerne Montréal. Il n'est pas étonnant après cela que, confondant diverses circonstan- ces de la vie de M. de Queylus, il le fasse venir en Canada quelques années après 16 iO, avec des pouvoirs de grand vicaire de Rouen , en ajoutant qu'il fut alors obligé de retour- ner en France (sa commission n'ayant pas été reconnue); mais qu'en 1657 il reviot paisiblement avec plusieurs ecclé- 90 VIE DE LA SCÉUR BOURGEOYS. On eut lieu d'admirer la conduite de la divine Providence dans le dessein qu'elle avait inspiré à M. de Maisonneuve d'aller solliciter M. Olier; car les ecclésiastiques de Saint -Sulpice ne se- raient point partis pour Villemarie , non plus que les sœurs de Saint - Joseph , s'il eût différé son voyage, M. OKer étant mort cette année, le 2 avril {i) Histoire 1657, avant qu'ils eussent mis à la voile (1). du Montréal, ibid. Il est même à remarquer que ces ecclésiastiques seraient vraisemblablement revenus sur leurs pas en apprenant cette nouvelle, si M. Olier n'eût déclaré avant sa mort que Dieu demandait Ci) Mémoire ^® vo/age de leur part, et qu'ils devaient le ŒuvresirAr- Continuer (2) , quelque obstacle qu'ils y rencon- in-40, p. 725. trassent. ,. ïii- , Ces ecclésiastiques, étant à Saint -Nazaire en M. de Queylus ^ est nommé attendant le moment de l'embarquement , s'a- srand vicaire J- (1) Histoire delà Nouvelle- siastiques de Saint-Sulpice. Ce premier voyage est une pure 3M. ' ' déception de l'anonyme, qui le confond avec celui de 16S7, et (2) Mémoires . , , ■ , • , .r^^^ , •. ,, sur M . de Laval qui prend ce dernier pour celui de 1668, dont il sera parle Tourj,i>. 10. — dans la suite. Il est a regretter que le Père de Charlevoix (1) uada"var ^M ^''^ donné trop de créance aux récits de cet anonyme , et que Garneau , t. 1 , d'autres écrivains aient mentionné aussi ce prétendu voyage p. sas. — His- ' "^ ^ loire du Cana- sur la foi du Père Charlevoix (2). Ce Père n'en a pas fixé la scin-^dc Bour- date, quc l'auteur du mémoire n'avait pas déterminée lui- ^ourg, 1. 1, p. jQ^j^g Mais un écrivain moderne, qui semble écrire l'histoire »Kf • f'ri^ r^^ ^° ^^ jouant , a jugé à propos de faire venir M. de Queylus «ada, 18SÎI, p. 3. en Canada l'an 1644 (3), et lui a même assigné un compa- (U) Manuscris , , s de M. N'oiseux. gnon de voyage (4). r" PARTIE. — CHAriTRE IV. 1)1 dressèrent à l'archevêque de Rouen pour obtenir ^u Canada '■ ^ par de ce prélat les pouvoirs nécessaires à l'exercice ^ ^^Rouen"^ du saint ministère à Villemarie ; car, depuis que deVprêtres les Français avaient repris possession du Canada , à Viiiemarie. c'était de ce prélat que les Jésuites résidants dans ce pays avaient reçu tous leurs pouvoirs de juri- diction (*). 11 leur en accorda donc de sem- blables à ceux qu'il donnait à ces Pères (1); et (i) Archives de VArchevê- de plus , comme dans les lettres de grand-vicaire chéde Rouen, registre in-fo- qu'il accordait au supérieur de la maison de ^'^' .^", ^^ ^ ^ mars 1657 au Québec (2) , il avait déjà mis pour condition JJ, '!J"* ^^^^ ' expresse que ces pouvoirs cesseraient, lorsqu'il {<£) Histoire de 1 . . . • , l'Hôtel - Dieu enverrait en Canada quelque ecclésiastique secu- de Québec [par la mère lier avec les pouvoirs de vicaire général (3), il vou- Juchereau), p. lut donner ces mêmes pouvoirs à M. de Quevlus , (3) Mémoire . . " deM.d'Allet, qu'il établit ainsi son grand-vicaire par ses lettres , Œuvres ^ ° '- dArnault, t. du 22 avril 1657 (4). En effet, le navire qui xxxiv, p. 726 ^ ^ ^ — Manuscrit portait les ecclésiastiques de Saint - Sulpice et f "^.J^'XiS- M. de Maisonneuve étant arrivé à Québec le que Voyaie"] 29 juillet suivant, le Père Deguen, qui avait français^Xe^s, , . , , . , . . , in-folio, p. 17. exerce jusque alors les pouvoirs de vicaire ge- ^4^ Archeié- r 1 1 1 . 1 , 1 r> i ché de Rouen, neral de 1 archevêque de Rouen , reconnut ibid., foi. 7. (*) On exposera dans V Histoire de la Colonie de Villemarie les preuves de ce fait, que le Père deCharlevoix semble avoir ignoré, et que M. de La Tour a entièrement défiguré dans ses Mémoires sur M. de Lav. 92 VIË DE LA S(EUR BOURGEOYS. {i) Mémoire ^^- ^^ Queylus pouF SGul grand - vicaire , ce que ih. ^—Hàfoirê firent aussi le Père Poncet elles autres Jésuites de l'Hôf.-Dieu ' • ^ , \ r\ l^ / ê\ (le Québec [par resiclauts a Québec (1). la mère Juche- i -,, • r -, ,,.. reau). p. 110- Al amvee de ces quatre ecclésiastiques parmi m.— Histoire i r du Montréal, eux, les colous de Montréal firent éclater une par M. Dollier iksTiG^/^ joie proportionnée aux prières instantes qu'ils (2) Histoire avaient faites à M. Olier pour les obtenir (2). du Montréal , ibid. M'" Mance surtout , qui avait si vivement pressé leur arrivée , s'empressa de leur offrir pour les loger une chambre de l'Hôtel -Dieu, qui leur servit tout à la fois de salle, de dortoir, de réfectoire et de cuisine , jusqu'à ce qu'ils eussent Fait construire pour leur usage une maison con- nue depuis sous le nom de séminaire. Ils lui annoncèrent une nouvelle qui fut pour elle et pour tous les colons un grand sujet de joie, sa- voir que les sœurs de Saint-Joseph partiraient de (3) A>inaies l^^ance pour aller servir les malades , aussitôt DieuSaùitfj^ ^^^^ les bâtiments destinés pour elles seraient seph, par la m < j i • /o\ sœur Morin. eu état de les recevoir (3). IV. Enfin , après l'arrivée de ces ecclésiastiques , cn^mence^ses ^^ ^^^^ Bourgeoys Commença elle-même l'exer- une'^étabi? ^^^^ ^^ s^s fouctions de maîtresse d'école. Elle '^donner quitta alors la maison de M. de Maisonneuve , les seigneurs, et alla habiter une pauvre étable que celui-ci lui offrit au nom des seigneurs , avec un terrain adjacent , et qui fut le seul local dont il pût I" PARTIE. — CHAPITRE lY. 93 disposer dans ces circonstances (1). C'était là (0 vie de la sœur liour- qu'elle devait former sa communauté , destinée yf^y-^ • p"'' ^■ ^ Ransonet , p. à répandre dans la colonie l'esprit et les vertus ^^• de la très -sainte Vierge. On eût dit que pour donner à la sœur Bourgeoys des rapports de ressemblance plus parfaits et plus touchants avec cette sainte Mère, Dieu voulût qu'en en- trant dans l'exercice des fonctions de sa voca- tion , elle n'eût à Villemarie d'autre logement que celui que Marie avait trouvé à Bethléem ; et que ce lieu , qui rappelait si bien l'étable où son divin Fils avait vouhi naître dans le monde , fût aussi le berceau de cette nouvelle société. « Quatre ans après mon arrivée , écrit la sœur Bourgeoys , M. de Maisonneuve voulut me donner une étable de pierre pour en faire une maison , et y loger celles qui feraient l'école. Cette étable avait servi de colombier et de loge pour les bêtes à cornes. Il y avait un grenier au-dessus où il fallait monter par une échelle , par dehors , pour y coucher. Je la fis nettoyer, j'y fis faire une cheminée et tout ce qui était nécessaire pour loger les en- fants. J'y entrai le jour de Sainte-Catherine (25 novembre 1657). Ma sœur Marguerite Picaud (qui a été ensuite M"^ la Montagne) demeurait alors avec moi, et là je tâchai de 94 A'IE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « recorder le peu de filles et de garçons capables yeoy^.^ ^"'' Le désir des associés de Montréal était de mettre la sœur Bourgeoys en pleine possession de cette maison , afin qu'elle ne pût y être troublée dans la suite ; c'est pourquoi M. de Maisonneuve lui en fit donation en leur nom par un acte en forme, le 28 janvier 1658. On voit par cet acte que le bâtiment en pierre, donné à la sœur Bourgeoys, avait trente -six pieds de long sur dix-huit de large, et qu'il était accompagné d'un terrain de quarante-huit perches , destiné sans doute aux récréations des maîtresses et des enfants : « La présente conces- « sion , ajoute- t-on , faite pour servir à l'in- [1) Archives « structiou des filles de Montréal audit Ville- Dieu Saint- « marie , tant pendant le vivant de ladite Joseph de Vil- • n .>iir>i»- lemarie, acte « Marguerite Bourgcoys qu après le décès di- 1658. « celle à perpétuité (2). » Mais comme la maison (•) La sœur Bourgeoys nous apprend qu'elle commença a réunir des enfants , pour les instruire à son école, le jour de Sainte-Catherine, 23 novembre 1657. C'est ce que conDr- ment les registres de la paroisse. On y voit qu'auparavant elle n'était pas considérée comme institutrice de la jeunesse: ainsi, dans un acte de baptême, du 30 septembre 1657, elle (1) Regutres est désignée simplement sous le titre de fille usant de ses sTsept^^'i&yff' rfroiYs (1 ) , au lieu que l'année suivante elle est quaiiliée dans (2) ibid., 1658 les mêmes registres , plh maîtresse d'école [^). I H I'' S /,(/ si/.f //i^y>i/'i' tiii.v rn/iinls i/i' I illi'iniirif lit nn'-li' l'iioci's la I i-rs ^ Il III le licrqr . r* PARTIE. — CHAPITRE IV. 95 et le terrain étaient en face de l'enclos de l'Hô- tel-Dieu, sur la rue Saint -Paul, M. de Mai- sonneuve mit pour condition à la donation , que si la sœur Bourgeoys , ou celles qui lui succéde- raient, venaient à se fixer dans un autre local plus commode pour leur fonction, l'Hùtel-Dieu pourrait prendre la maison et le terrain, en en payant le ^;!/2n?/Je^ prix, d'après l'estimation qui en serait faite par aSTnassei', j , /i\ notaire, du "i^ des experts (1). septem. 1690. Dans cette pauvre étable la sœur Bourgeoys com- v. n > ■ P • Elle mença donc a exercer gratmtement ses ionctions commence la en faveur des petites filles et des petits garçons de congrégation * EXTERNE. Yillemarie , dont elle fut ainsi la première institu- , Eiie éièye ^ la première trice et l'apôtre. Il y avait dans le pays quelques „l7'ait°recu filles qui n'étaient plus en âge de venir à l'école ; '^ baptême. la sœur voulut étendre sa charité sur elles en les réunissant aussi dans cette maison pour les animer toutes à la piété et les exciter à la ferveur. Dans ce dessein elle établit , sur le modèle de ce qu'elle avait vu pratiquer à Troyes, la Congréga- tion externe , qu'elle commença le jour de la Visitation (2 juillet de l'année 1G58), comme nous le raconterons avec plus de détails dans la suite (2); ce qui insensiblement fit appeler du ['£)Ecritsau- "^ ' i- ^ >■ tographes de nom de Connréqation la maison où elle les réu- iasœur Bow- "^ ^ geoys. nissait ainsi. Ce fut cette même année, et dans la maison de la Congrégation, qu'elle reçut et 96 VIE I)E LA SOEUR BOURGEOYS. qu'elle forma à la piété la première fille iroquoise à qui on ait conféré le baptême. « Dans le temps « où je commençai la congrégation séculière , « rapporte-t-elle , une femme iroquoise avait « une petite fille d'environ neuf mois , qu'elle « négligeait assez. Marguerite Picaud, qui de- « meurait avec moi , me pressait de la deman- « der, ce que le P. Lemoine et M. Lemoyne trou- « vaient impossible d'obtenir. Mais M. Souart , « prêtre du séminaire qui exerçait les fonctions « de curé à Villemarie , offrit un collier de « porcelaine de 30 francs, et quelques autres « choses qu'on donna à la mère , et elle con- {i) Ecrits au- « sentit à céder sa fille (1). » La femme iro- togruphes de la sœur Bour- quoise dout parle ici la sœur Bourgeoys s'ap- pelait Teonnhetharay , ce qui signifie il y a des pins; et son mari , qui était Agneronon , se nommait Totinataghe , qui veut dire les deux villages. Elle était venue à Villemarie au retour de la chasse avec d'autres sauvages iroquois, et éprise par l'appât du modeste présent qu'on lui offrit , elle donna volontairement son enfant à M. de Maisonneuve, qui l'accepta pour en dis- poser comme de sa propre fille. Enfin, quatre jours après , cette femme iroquoise confirma et renouvela la donation qu'elle avait faite de sa /^Ja^pamfsZ fill^, avec promesse de ne jamais la rede- deVillemnrie, -, /-.n 4aoriM658. mander (2). I" PARTIE. — CHAPITRE IV. 97 L'enfant fui baptisée le dimanche 4 août 1 658 , fête de Notre-Dame des Neiges, et nommée pour cela Maiie des Neiges. M. de Maisonneuve voulut être son parrain , et la marraine fut Elisabeth Moyen, femme de M. Lambert Closse, major de la garnison de Villemarie (1). La sœur Bourgeoys, à qui l'enfant fut remise, ajoute, dans le récit qu'elle fait de cet événement : « La mère « consentit à faire perdre son lait à l'enfant ; « elle prenait garde cependant qu'elle fût bien « soignée. Nous voulions la donner à une nour- « rice, mais l'enfant ne voulut jamais de son « lait, et riait quand on lui en présentait. Le « P. Lemoine a assuré que c'était la première « baptisée des Iroquois. Peu de temps après que « j'eus cette enfant j'allai en France, et durant « mon absence elle fut mise chez la petite « Lacroix. Le père de l'enfant , ciui vint à « Montréal, voulut ravoir sa fille; mais il ne « put pas découvrir où elle était, et fut con- « traint de s'en retourner sans l'avoir. Cette « enfant est morte à six ans dans notre mai- « son (2). » Elle mourut en effet le 19 août 1663 (3). M. Dollier de Casson , dans son Histoire (lu Montréal, ajoute les détails suivants : « La « petite sauvagesse nommée Marie des Neiges ; « qui promettait beaucoup , mourut à la Con- 7 VI. Baptême de cette jeune Iroquoise; sa sainte mort. Deux autres sauvagesses élevées parla sœur Bourgeoys. (I) Ibid. {T) Écrits au- tographes de la sœur Bour- geoys. (3) Registres de la paroisse deViltemarie, 19 août 1663. 98 VIE DE LA SCEUR B0UR6E0YS. « grégatioii, chez la sœur Bourgeoys, qui l'avait « élevée depuis l'âge de dix mois avec des soins « et des peines bien considérables , dont elle a « été payée par la satisfaction que l'enfant lui « donnait. A cause de l'amitié qu'on portait à o cette enfant , on a voulu ressusciter son nom « par une autre petite sauvagesse à laquelle on « a donné le même nom au baptême. Cette « deuxième étant aussi décédée, on en a pris « ensuite une troisième à laquelle on a encore « donné le nom de Marie des Neiges. Si celle-ci « ne meurt pas plus criminelle que les deux « autres , toutes trois , après avoir demeuré ici- (« bas dans la Congrégation de Montréal , auront « l'honneur d'être , j'espère , au ciel pour toute (1) ApOCa- -, , -, r ^ , I ,• ... /ypse,jiiY, t,. « 1 éternité, dans cette congrégation qui suit (2) Histoire « l'Agneau (1) immaculé avec des prérogatives du Montréal. r ■ ^ / -^s f/e]662rtl663. « tOlltCS SpCCialeS [z). » ^'11- Mais le zèle de la sœur Boursreoys pour la sanc- La sœur u j i Bourgeoys tiûcation de la colonie naissante de Villemarie ne lait jeter fondements ^^ bornait pas aux enfants et aux jeunes filles, il la chapelle s'étcudait à tous Ics colous. Un désir ardent qu'elle Notre-Dame éprouvait, c'était de mettre de plus en plus en de Bon-Secours, honiieur parmi eux et d'accroître , autant qu'elle le pourrait , la dévotion envers la très -sainte Vierge ; et ce désir lui inspira la pensée de lui élever, à une petite distance de la ville, une cha- 1" PARTIE. — CIIAriTUE IV. 90 pelle qui fût tout à la fois un lieu de pèlerinage et une sauvegarde pour le pays. De leur côté, les associés de Montréal, dès la formation de leur société , avaient résolu aussi de dédier à Marie la première chapelle qui serait bâtie dans cette île ; ce qui faisait dire à M. Olier , avant l'établis- sement de la colonie : « Il me vient souvent à « l'esprit que la miséricorde de Dieu me fera « cette grâce de m'envoyer au Montréal en Ca- « nada , où l'on doit bâtir la première chapelle « à Dieu sous le titre de la très - sainte Vierge , « et cjue je serai le chapelain de cette divine « Dame (1). » Mais quelque empressement que [i] Mémoires autographes témoisnassenl les associés de Montréal pour (^e m. ouer, ° '^ t. I, p. 73-74. élever ce monument de leur dévotion envers Marie , la construction en fut longtemps retardée par suite des hostilités des Irocpois ; en sorte que pendant bien des années il n'y eut à Villemarie qu'une simple chapelle en charpente. Dieu vou- lait sans doute que la sœur Bourgeoys , spéciale- ment suscitée pour répandre cette dévotion dans la colonie, réalisât elle-même leur pieux des- sein , et dans cette vue il lui inspira la résolution de jeter les fondements de l'édifice avant même que les ecclésiastiques de Saint -Sulpice fussent arrivés à Montréal. Car, pendant qu'ils se prépa- raient à partir de France avec M. de Maison- 100 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. neuve, au printemps de l'année 1657, elle s'était adressée au R. P. Pijard, qui desservait alors la colonie , et avait obtenu de lui la per- mission de bâtir la chapelle dont nous parlons. Munie de cette approbation : « J'excitai, écrit- « elle, le peu de personnes (qu'il y avait alors « à Montréal) à ramasser des pierres , et je de- « mandais quelques journées pour cette chapelle « à ceux pour qui je faisais quelque travail (d'ai- « guille). On charria du sable , et les maçons « s'offrirent. Le Père Pijard la nomma Notre- « Dame de Bon- Secours; le Père Lemoine mit « la première pierre , et M. Closse (qui tenait la « place de gouverneur en l'absence de M. de Mai- ce sonneuve), fit graver sur une lame de cuivre iigi^phes ^Te " l'inscription nécessaire ; enfin , les maçons com- la sœur Bour- , ,/i\ , > , i p ^ • geoys. « meucereut (1) » et posèrent les fondements. VIII. La sœur se proposait de reprendre ces travaux M. de Queylus ^ ^ ^ *^it^ à l'automne de la même année. Sur ces entre- suspendre construction f^if^s arrivèrent les ecclésiastiques de Saint- ïn'atSXi'u Sulpice , conduits par M. de Maisonneuve ; et ce son retour p , i i t» à viiieraarie. fut alors que la sŒur Bourgeoys commença ses écoles , comme nous l'avons raconté. Lorsque le temps de la reprise des travaux fut venu , elle excita de nouveau le zèle des colons pour cette sainte œuvre. M. de Maisonneuve, jaloux d'y conlribuer de sa part, « fit abattre des arbres J i'*-" l'Aïaii;. — ciiAriTUE iv. iOi « pour la charpente , et aidait lui-môme à les « traîner hors du bois (1). » Toutefois , la sœur, (\)Ê' ^°^^- ■"■ geoys. sorte : il était venu lui - même en Canada dans l'intention d'effectuer enfin le dessein des asso- ciés de Montréal , en bâtissant en pierre et en dédiant à la très-sainte Vierge la première église qui serait construite dans cette île , et dont M. de Bretonvilliers , successeur de M. Olier, voulait faire tous les frais. Ce dessein de M. Queylus était si connu à Québec , que la mère de l'hicarnation croyait qu'on l'exécutait déjà l'année suivante , i02 VIE DE LA SCËUR BOURGEOYS. puisqu'elle écrivait que M. de Bretonvilliers avait entrepris de bâtir une très-belle église à Mont- d ^^] ^miZ ^'^'^^O' quoique cependant cette bâtisse n'ait été J[^.^^^^^J^^^/''[|; commencée que longtemps après, comme nous partie, p. 5.2. j^ ^ii-ons dans la suite. M. de Queylus jugea donc convenable de concerter le dessein de la sœur Bourgeoys avec celui des associés de Montréal , afin de rendre plus utiles au bien de la colonie les deux édifices projetés ; et lui écrivit qu'en attendant son retour à Villemarie, elle suspen- dît la construction de cette église. . IX. Quelque désir qu'eût la sœur de voir son ou- La sœur ■■• ••• la résounion ^^^ë^ bientôt achevé , elle se soumit sans peine en^France. ^ ^,^ délai, clans l'cspérance que M. de Queylus de la ne tarderait pas à revenir à Villemarie , comme Providoncc dans on le croyait alors. Mais avant son retour un autre l'entreprise et dans motif décida encore la sœur Bourgeoys à sus- l'interruption i^6 pendre sa bâtisse ; savoir le désir d'accompagner M"* Mance , qui forma alors le dessein de faire un voyage à Paris. Se voyant en possession du terrain et de la maison donnés à perpétuité pour servir aux écoles, et considérant qu'elle n'avait que Mar- guerite Picaudpour la seconder, elle s'offrit pour accompagner M"" Mance , afin d'aller chercher à tollaphe.9 ^S'e Troycs, parmi ses anciennes compagnes, des filles zélées qui l'aidassent à instruire les enfants (2) (*). la sœur Bout geoys (*) Quoique nous n'ayons point eu dessein de relever dans 1" PARTIE. — CHAl'iTHE IV. 103 Elle partit en effet ; mais ce voyage , et ensuite les troubles survenus dans le pays , furent cause que la construction de Notre-Dame de Bon- Secours demeura longtemps suspendue , comme nous le raconterons dans la suite. celte Vie toutes les ine"xactitudos de oou\ qui ont écv'û avant nous sur la sœur Bourgeoys, nous ne pouvons cependant nous dispenser de donner ici un éclaircisseuienlsur les motifs de l'interruption de la bâtisse de Bon-Secours , que nous ve- nons d'exposer, et qui ne s'accordent pas entièrement avec les récits qu'on a déjà publiés sur ce sujet, d'après M. Ranso- nel, le premier historien de la sœur. Cet écrivain, trop peu fidèle dans les citations qu'il prétend faire des écrits de la sœur Bourgeoys , s'est donné la liberté de les abréger et de les exprimer en d'autres termes, sans prendre garde qu'il en altérait quelquefois notablement le sens ; et c'est ce qui est arrivé au sujet du récit qu'elle fait de la suspension de celle bâtisse. M. Ransonel lui fait dire ces paroles : M. de Queylus , ayant été iîistruit de mon dessein , en empêcha l'exécution. Alors je fis un voilage en France (\). M. Montgol- (D ^'"e de la •' ' -^ ^ • ' ^ sœur, par M. fier, qui commente d'ordinaire M. Ransonel, a conclu de là Ransunct,j>. 62. et a écrit dans sa Vie de la sœur Bourgeoys que M. de Queylus, en arrivant à Montréal , défendit à la sœur de continuer l'ou- vraqe (2) : et enfin , l'auteur du Manuel du Pèlerin de Bon- (-) ^'\<^ ('e la ^ ^ •" ' sœur, 1818, p. Secours f3) , qui devait regarder ces deux écrivains comme 'i. ,.-,,, , , . , , , ,• {5).)fanueldu bien fondés dans leur rccil , s est contente de dire , sans nom- péterm de Bon- . /■ ■ ,r 1 /-> 1 . > Secours, p. 13. mer toutefois M, de Quejlus : il fallut céder a l orage. ' ^ Mais M. Ransonel n'a donné lieu à ces jugements que parce qu'il a substitué aux paroles de la sœur Bourgeoys d'autres paroles de sa façon , qu'il a cependant accompagnées de guillemets, quoique ces signes soient la marque d'une ci- tation littérale. Car, au lieu de ces paroles qu'il donne comme les expressions de la sœur : M. de Queylus, ayant été instruit 104 AME DE LA SCEUR BOURGEOYS. Toutefois, dans l'interruption aussi bien que dans l'entreprise de cette bâtisse , on ne saurait méconnaître la conduite de la divine Providence. de mon dessein , en empêcha l'exécution ; alors je fis un voyage en France ; la sœur Bourgeoys dit en propres termes, ainsi que nous le lisons dans ses mémoires autographes : « J'ai écrit à M. de Queylus pour cette bâtisse. Il fit tout arrê- <( ter jusqu'à son arrivée à Montréal; et avant son arrivée << je m'offris pour accompagner M'^^e Mance en France, afin (1) Ecriis fli(- ,( d'avoir des filles pour les écoles (1). » Ainsi, d'après la sœur ta sœur Bour- Bourgeoys elle-même , la suspension des travaux de Bon- geoys. Secours eut deux causes : d'abord l'absence momentanée de M. de Queylus, qui jugeait a propos qu'on attendît son retour avant de les reprendre; et en second lieu, la résolution que la sœur prit d'elle-même de passer en France avant que M. de Queylus fût de retour à Villemarie. M. Monlgolfier semble supposer de plus que le dessein de la sœur Bourgeoys , en reprenant cette bâtisse , était de se (2j ibid , p. "71. procurer un local pour ses écoles (2). Mais, outre que ce local, à la distance où il était alors de la ville, et surtout dans un temps où rien n'était encore pavé à Montréal , n'aurait pu être fréquenté parles enfants pendant une partie considérable de l'année , il est certain que le dessein de la sœur Bourgeoys était de procurer non une école aux enfants , mais un lieu de pèlerinage aux citoyens de Villemarie. D'ailleurs, lorsqu'elle songea à la reprise de cette bâtisse, elle avait déjà reçu des seigneurs la maison de l'Étable avec un terrain adjacent de quarante-quatre perches, destiné aux écoles : elle avait fait approprier la maison à ce dessein , et enfin elle y réunit des enfants , pour la première fois , le jour de Sainte-Catherine 1657, comme elle nous l'apprend elle- même. Nous faisons ici cette dernière remarque pour montrer quelle a été la véritable destination de Notre-Dame de Bon- Secours. l"'- r.VKTlE. — CHAl'ITUE IV. lOo On a vu que trois communautés devaient ré- pandre dans la colonie de Villemarie la dévotion envers la sainte famille : le séminaire de Saint- Sulpice, la dévotion envers Notre-Seigneur ; la congrégation, celle envers Marie; et l'Hôtel- Dieu, la dévotion envers saint Joseph. En in- spirant donc à la sœur Bourgeoys le dessein de cette chapelle, et en voulant que les RR. PP. Jésuites en approuvassent la construction durant les derniers mois qu'ils restèrent à Villemarie , Dieu voulut donner d'avance des indices mani- festes de la vocation spéciale de la sœur à pro- pager le culte de Marie , que ce lieu de pèleri- nage contribua tant en effet à accroître dans le pays ; et en permettant que les prêtres du sémi- naire fussent la première cause de l'interruption de cet édifice , il voulut montrer que le zèle pour Marie , dont brûlait la sœur Bourgeoys , ne venait point de quelque impulsion qu'elle eût reçue de ces ecclésiastiques , et que la fin spéciale des trois communautés était son propre ouvrage , et non un dessein que les hommes eussent con- certé. Il sembla de plus qu'il eût permis cette longue interruption de la construction de Bon-Secours, qui dura quatorze à quinze ans , pour donner aux anciens associés de Montréal la joie de con- {06 VIE DE LA SCEUR ËOURGEOYS. tribuer par eux-mêmes à la construction de cette première chapelle , selon le dessein qu'ils en avaient eu dès la formation de leur société. Car nous verrons que non -seulement ils fournirent à la sœur Bourgeoys les premiers fonds néces- saires pour la bâtir, ainsi que la statue miracu- leuse de Marie qui devait y être exposée à la vé- nération des fidèles , mais que même la première pierre de l'édifice fut posée au nom du plus an- cien des associés de Montréal. La sœur Bourgeoys fut donc ainsi l'instrument dont Dieu se servit pour exécuter leur pieux dessein , puisque , comme elle-même nous l'apprend : « La pre- « mière église ( de pierre ) qui a existé à Ville- « marie est Notre-Dame de Bon-Secours. » DEUXIEMR PARTIE ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION. FRUITS DE CET INSTITUT. CHAPITRE PREMIER. PREMIER VOYAGE DE LA SOELR BOURGEOYS EN FRANCE ; ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME, ET DES FILLES DE SAINT-JOSEPH A VILLEMARIE. M"^ Mance , depuis son arrivée à Villemarie , i- Occasion avait eu le soin de l'Hôtel -Dieu, en attendant et motifs du voyage que M. de la Dauversière put y envoyer quel- Bofii,'<^po^sen ques-unes de ses hospitalières. Mais l'année même de l'arrivée des ecclésiastiques de Saint- Sulpice, le 28 janvier 1657, elle fit une chute dans laquelle elle eut le bras cassé et le poignet démis , et qui la mit hors d'état de rendre aucun service à celte maison ; car les chirurgiens qui lui remirent la fracture ne s'aperçurent de la dislocation que six mois après , lorsqu'il n'y eut plus de remède. Ce mal lui faisait souffrir des douleurs intolérables , et la réduisit à un tel état France. 108 VIE JiK LA SCEUR BOtRGEOYS. d'inaction qu'elle était incapable de s'habiller elle-même, et de rendre le moindre service aux {{) Déclara- malades de l'Hôtel -Dieu (1). Dans une situation tio?i de iV'.ie Mance; attes- si affligeante, elle résolut de passer en France, tations auto- graphes de M. afin d'obtenir de M"' de Bullion une dotation Olier, p. 51 e< suiv. pQ^p figg sœurs de M. de la Dauversière , à qui la compagnie de Montréal avait déjà résolu de (2) Histoire douncr la conduite de cette maison (2) ; et ce du Montréal, par M. Doi- fut ce oui détermina la sœur Bourgeoys à entre- /lerdeCassoti, ^ <-j o rfei657«i658. prendre elle-même ce voyage. « M"' Mance, « dit - elle , ayant besoin d'une personne pour « la soulager dans son voyage , je m'offris pour « cela , afin d'aller à Troyes pour avoir quel- « ques filles qui m'aidassent à faire l'école au « peu de filles et de garçons capables d'ap- {^) Écrits au- « prendre (3). » Il est vrai que le nombre de tographes de lasœurBour- çgg enfauts était alors peu considérable, comme geoys. ^ la sœur Bourgeoys nous l'apprend , et qu'aidée par sa compagne, Marguerite Picaud, elle au- rait pu aisément suffire à tout. Mais elle comprit sans doute que le séminaire de Saint-Sulpice devant se charger seul de l'œuvre de Montréal , d'après le désir des associés , il ne négligerait rien pour en accroître la population par des envois de colons chaque année , et que bientôt elle ne pourrait pas suffire à l'instruction de la jeunesse ; ce qui serait arrivé en effet si elle 11^ PARTIE. — CHAPITRE I. 409 n'eût entrepris ce voyage. Car, au lieu que pen- dant les quinze premières années il n'y avait eu à Villemarie que vingt- six mariages: dans les quinze suivantes on en compta plus de cent cinquante. Il n'était né dans la première période que soixante enfants , dont même pas un seul n'avait pu être élevé les huit premières années : et dans la seconde il en naquit plus de six cents (1). Aussi M. deQueylus, étant revenu de de la paroisse deVillemarie. Québec à Villemarie , approuva-t-il volontiers le (2) Histoire voyage de la sœur Bourgeoys pour la France (2). ibid. Nous avons dit que M. de Queylus étant arrivé ,, ^ ^î- , ^ ^ J M. de Queyliis l'année précédente avec des lettres de grand- ^ vmem'arie vicaire de l'archevêque de Rouen , celles du ïdonner f • n T'-i • L 1 T ,ila conduite de supérieur des Jésuites avaient cesse , d après la ruotei-Dieu clause que ce prélat y avait mise. Toutefois , Hospitalières de Québec. ces religieux, jugeant qu'il serait plus conve- nable pour eux d'être soumis à l'archevêcrue lui- ^ ^ {%) Archives même et d'exercer encore leurs anciens pouvoirs de rirchevê- *■ rite de Rouen , à Québec, avaient obtenu de ce prélat, le 30 '^li'œ'wîvë^ mars 1658, des lettres de grand-vicaire pour ce ixxiv,"p. V28*- lieu (3). Après la réception de ces lettres, M. de frèrëiéonard, ^. -. . . , . . Aufjustin dé- Queylus, voyant ainsi son grand- vicariat res- chausse; Bibliothèque treint à l'ile de Montréal, et n'ayant plus de rox,aie, à Pa- ns : Supple'- pouvoirs à exercer à Québec (4), retourna à '«^''^ /"''«;'- ^ -^ \ / çois , 1628, in- Villemarie. A son arrivée, il trouva M"* Mance ^"^''^'Ç:/!- , dans l'état que nous avons dit, et plus incapable iZnd'S.' ' no VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. encore, qu'il ne l'avait laissée, de rendre aucun service aux malades. Sachant d'ailleurs que les religieuses hospitalières de la Flèche n'avaient aucune fondation , il songea à attirer à Ville- marie celles de Québec , qui le désiraient beau- coup de leur côté. C'était aussi le désir des RR. PP. Jésuites; et à ne considérer les choses que selon les règles de la sagesse ordinaire , ce parti paraissait être le seul à prendre dans l'état où l'hôpital allait se trouver lorsque M'" Mance serait partie. En conséquence , deux hospita- lières , les sœurs de la Nativité et de Saint-Paul , (1) Histoire partirent de Québec le 18 septembre (1), avec du Montréal, par M. Doi- l'autorisatiou du P. Deguen, grand -vicaire, et lier fie Casson, *?'^* T 7^'^' se renchrent à Villemarie. On voit encore par ce toire de l Ho- r çiéScT }wr ^r^^i* ^^^ ^ï- ^^ Queylus, cpioique l'un des asso- dtereau, page ciés de Montréal , n'avait nulle connaissance du dessein de Dieu manifesté à M. Oher et à M. de la Dauversière , sur les trois communautés destinées à faire honorer dans la colonie la sainte famille : Jésus , Marie et Joseph ; et Dieu permit que ce dessein fût ainsi traversé , afin que son accomplis- sement , qui devait avoir lieu malgré cet obstacle et une multitude d'autres contretemps , ne pût être attribué qu'à sa seule puissance , qui change quand elle veut les obstacles en moyens. Mais M'" Mance, à qui Dieu avait inspiré la pensée 4 Il* PARTIE. — CHAPITRE I. IH de ce voyage pour attirer à Villemarie les filles de Saint - Joseph , se contenta de recevoir à l'Hôtel -Dieu les deux religieuses de Québec, et donna provisoirement l'administration de cette maison à une bonne dévote connue ensuite sous le nom de M"* de la Bardilière , à laquelle elle adjoignit une servante. Enfin, les deux hospita- lières semblèrent n'être venues à Villemarie que pour remplacer momentanément la sœur Bour- geoys. Car elle les pria de faire l'école aux de rmtei^- r>n 1 1 . ^^^" Saint' petites lilles pendant son absence , ce qu elles Joseph.— His- toire du Mont- acceptèrent, de l'avis de M. de Queylus (1). >éai, ibid. La sœur Bourgeoys et M"* Mance se dispo- La"œur sèrent donc à partir pour Québec. La sœur, qui et M"e^Mance jusque alors avait eu soin de la sacristie de en France. Villemarie, alla faire ses adieux à M. Galinier, prêtre du séminaire , chargé lui-même du maté- riel de l'église, et le pria de vouloir bien lui conserver cette charge à son retour ; ce qu'il lui promit, pourvu qu'elle ne fût pas absente plus d'une année. Elles partirent de Villemarie ce jour-là même, qui était le 29 septembre 1658 , fête de saint Michel (2), et s'embarquèrent à {i) Écrits au- tographes de Québec le 1 4 du mois suivant (3), qui était un lun- ^« sfj'urBour- \ / j. geoys. di . « Le navire sur lequel nous nous embarquâmes (3) Joumai des Jésuites. « pour aller en France , écrit la sœur Bourgeoys , « était tout rempli de huguenots ; il n'y avait Il 2 YIE DE LA SCEim BOURGEOYS. « que cinq ou six hommes de catholiques , outre « M"* Mance et moi. Nous ne sortions presque « point de la chambre aux canons. Ces hugue- « nots chantaient leurs prières soir et matin , et « dans d'autres temps (contre les ordonnances « du roi). Mais quand nous fûmes sous la ligne , « M'" Mance les pria de ne point chanter à leur « coutume , leur représentant qu'elle était obli- « gée de rendre compte de tout ce qui se faisait « sur le navire ; et ils cessèrent leurs chants. (]) Écrits mi- « ]vjous n'avious point de prêtre avec nous (1). » lograpnes de ^ -^ ^ ' la sœur Bour- ^^ arrivant à la Rochelle , M"' Mance éprouva des douleurs si vives et si aiguës qu'il lui fut impossible de supporter le mouvement de la voiture pour se rendre à la Flèche , oîi elle dési- rait aller visiter d'abord M. de la Dauversière ; et elle fut obligée de s'y faire porter sur un bran- (2) Hi.Hoire card (2) , toujours accompagnée par la sœur (lu Montréal, ibid. Bourgeoys (3). Elles y arrivèrent le jour des de l'Hôtel- Rois 1659 (4); et peu après elles partirent pour Dieu Saint - Joseph. Paris , où M"^ Mance s'empressa de voir M. de tograf!hes "de Bretouvilliers, supérieur du séminaire de Saint- geoys. Sulpice , M""" de Bullion , et ensuite tous les asso- ciés de Montréal. IV. Elle leur représenta l'impossibilité oii elle M"e Mance _ ^ ^ est guérie était de rendre aucun service à l'Hôtel -Dieu , et ïiiiraculeuse- ment combien il était nécessaire d'y envoyer des filles Il" PARTIE. — CIl.U'lTl'.E I. dl3 de M. de la Dauversière , que M. Olier avant sa par rattou- . . cliement mort et toute la compaOTie avaient déjà choisies du cœur ^ ^ •' de M. Olior, pour ce dessein. Touchés de l'état de M'" Mance, et obtient uue •^ londation les associés voulurent consulter sur son mal les , ^*^"'" , les sœurs de plus habiles médecins et chirurgiens de la capi- ^à vmemane'. taie. Mais ceux-ci demeurèrent tous d'accord qu'il était sans aucune sorte de remède humain. Alors , ne songeant plus à son mal , elle ne s'oc- cupa que des moyens d'attirer les hospitalières de Saint-Joseph à Yillemarie , et d'obtenir pour elles une fondation. Dans ce dessein, elle eut la pensée d' aller prier sur le tombeau de M . Olier ( 1 ) . ^ J ^atitréaT « Elle demanda, dit la sœur Bourgeoys, à voir ^M%JJeJ^t.i^ « la chapelle où était (le corps de) M. Olier; ^' ^'^" « j'allai avec elle ; mais on nous remit au di- te manche suivant (qui était cette année le jour « de la Purification de la sainte Vierge). Je la « laissai à Paris où elle avait une sœur, et je « partis pour aller à Troyes. Le dimanche sui- « vaut , M'" Mance fut guérie par la faveur de u M. Olier. Je reçus d'elle à Troyes une lettre où « elle me mandait qu'elle était guérie, et qu'elle « m'écrivait de sa propre main. Je montrai cette « lettre à un médecin et à d'autres , en leur ra- « contant la manière dont son bras avait été « rompu , et chacun me dit que cette guérison tograp/ils^dê c( ne se pouvait faire sans miracle (2).» Elle fut, geoyJ!' 8 il4 VIE DE LA SCEUR B0URGE0Y3. en effet, opérée subitement par l'attouchement du cœur de M. Olier , et avec des circonstances qui étaient elles-mêmes un nouveau prodige. Car toutes les ligatures et les enveloppes qui environnaient la main de M"* Mance, et qui étaient attachées avec une multitude d'épingles , se délièrent d'elles-mêmes ; et en même temps elle sentit une chaleur extraordinaire qui se répandit depuis son épaule jusqu'au bout de ses doigts , et qui lui rendit à l'instant le libre usage de sa main. « Dieu, dit M. DoUier do « Casson, voulut honorer la mémoire de feu « M. Olier, son serviteur, en donnant à son « cœur le moyen de témoigner sa gratitude à « cette demoiselle , qui pour lors s'employait si « fortement en faveur de l'île de Montréal, à « laquelle il portait tant d'intérêt lorsqu'il était « vivant , et dont Dieu veut bien qu'il prenne (1) Histoire « la protoctiou après sa mort (1). » La sœur ilu Montréal , ibid. Morin , religieuse de Saint-Joseph , qui rapporte aussi ce fait, ajoute à ce récit: « M"* Mance, « persuadée plus que jamais que Dieu voulait (( dans Villemarie des filles de Saint- Joseph , que « M. Olier, ce grand serviteur de Dieu, avait « acceptées pour cela avant sa mort , avec « messieurs de la compagnie , se sentit encou- (( ragée de leur procurer une fondation, comme 11* PARTIE. — CHAPITHE I. H ."> « elle le fit après ce miracle. Car cette meryeille « fit grand bruit dans Paris ; il y avait empres- « sèment parmi les dames à qui aurait M"' Mance « quelques heures en leur maison. M"" de Bullion « surtout la combla de présents (1), » et lui {\) Ammies ^ _ ^ ^ de rmtel - donna pour fonder les hospitalières à Villemarie ^"'" , •^'«*«'- ■*• '■ Jùse/j/i. 22,000 livres (2), que M'" xMance remit à M. de (2) Histoire ^ ' ^ du Montréal, la Dauversière, et dont 20,000 devaient être i^id. placées pour produire une rente annuelle de (3) Actes de 1,000 livres, destinée à l'entretien de quatre Morreau, no- taire ù Paris , sœurs (3). 29 ;/^ars 1659. Pendant que M"^ Mance , au comble de ses "^'• ^ Les sœurs vœux , faisait tous les préparatifs nécessaires chàteietcroio ' r r s engagent pour emmener avec elle les rehgieuses de Saint- 'la^sœur Joseph à Villemarie , la sœur Bourgeoys , de son ^ vuïfmZrle. côté , réunissait à Troyes de zélées et ferventes compagnes destinées à former le noyau de la société qui devait répandre dans cette colonie l'esprit de piété envers la très- sainte Vierge. C'est elle-même qui nous apprend dans ses Mémoires les bénédictions qu'il plut à Dieu de donner à toutes ses démarches , et l'heureux succès qui les suivit : « Étant arrivée à Troyes, « dit -elle , je fus loger chez les rehgieuses de la (c Congrégation. Je dis que je voudrais emme- « ner trois filles d'une assez forte santé pour « nous soulager dans nos emplois. Le père d'une 116 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « de mes amies , M. Raisin , qui demeurait à « Paris , étant venu à Troyes sur ces entrefaites , « et sachant mon dessein , me dit de faire prier " « (Dieu pour qu'il lui plût d'inspirer à de ver- « tueuses filles de me suivre), ne pensant peut- « être pas que la sienne, qui était jeune, songeât « à ce voyage. Il retourna ensuite à Paris. « Cependant M'" Raisin, sa fille , pressait fort « pour s'engager avec moi ; mais (je ne crus « pas d'abord devoir l'accepter) ne voulant em- « mener personne que du consentement des « parents. Enfin les trois qui s'offrirent furent « ma sœur Aimée Châtel , ma sœur Catherine « Crolo , et ma sœur Marie Raisin elle-même , « qui espérait obtenir le consentement de son (i) Écrits au- « père à Paris (1). togruphes de lasœurBour- « J'ai admiré comme M. Châtel, qui était geoys, ^ « notaire apostolique , m'a confié sa fille qu'il « aimait beaucoup. M' ayant demandé comment <( nous vivrions à Villemarie , je lui montrai le « contrat qui me mettait en possession de l'É- « table qui avait servi de colombier et de loge « pour les bêtes à cornes ; et ne voyant rien c( pour subsister : Eh bien ! me dit-il, voilà pour « loger ; mais pour le reste , que ferez-vous ? de « quoi vivrez-vous ? Je lui dis que nous travail- « lerions pour gagner notre vie , et que je leur 11« l'AKTlE. — ClIAl'ITUE I. i \1 « promettais à toutes du paiu et du potage ; ce « qui lui tira les larmes des yeux et le fit « pleurer. Il aimait beaucoup sa fille , mais « ne voulait pas s'opposer aux desseins de Dieu « sur elle. Il prend conseil de l'évèque de Troyes « (M. Malier du Houssay) (1), car il était (i) GaiHa christ i (ma , t. « bon serviteur de Dieu ; et sur la réponse affir- xn, coi. 522. « mative du prélat , il accède aux désirs de sa « fille. On passa en son étude le contrat d'enga- « gement , ainsi que celui de ma sœur Crolo , « qui avait eu le désir de venir avec moi dès « mon premier voyage. Par ces contrats elles « s'engagèrent pour demeurer ensemble et faire « l'école à Villemarie. La sœur Châtel fit de « plus une donation de tout son bien en faveur « de ses filleuls et de ses filleules , si elle ne « retournait pas après un certain temps li- « mité (2). [i) Ecrits au- tographes de « Ensuite M. Chàtel voulut accommoder un lasœurBour- rjcoys. « coffre pour les bardes de sa fille, et une cas- « sette pour son linge ; de plus il fit coudre « proche la baleine de son corset 1 50 livres en « écus d'or, avec défense de m'en parler, ni à « personne , afin que s'il fallait revenir ou aller « seule , elle put s'en retourner. Enfin, il écrivit « dans tous les lieux les plus considérables de la « route par où l'on devait passer , que si sa fille U8 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « avait besoin de service en allant , on lui don- « nât tout ce qui lui serait nécessaire , ou ce « qu'elle demanderait pour s'en retourner à « Troyes. ,,"^■1. « Selon le désir nue i 'avais eu en arrivant, Voyage ■■■ ^ '^àParfs'^^ « j'emmenai donc trois filles, mes sœurs Châtel, ^^iS\n " Crolo et Raisin , car cette dernière fut con- ^^"^pou/"^' « duite jusqu'à Paris par sa (belle-) sœur (*), La ' « dans l'espérance d'obtenir le consentement de sœurHioux. . « son père. J emmenai encore une petite iilie « qui a été ensuite la femme de Nicolas Boyer. « Enfin , il se présenta aussi un jeune homme « studieux pour ser\ar notre maison et se dou- te ner au service de Dieu toute sa vie. Il « nous suivait et prenait ses gîtes proche des « nôtres ; mais dans le navire il fut attaqué « d'un flux de sang, dont il est mort dans notre « maison, deux ans après être arrivé àVillemarie. « De Troyes à Paris nous étions quinze ou « seize personnes. Pour nous conduire , nous « avions pris des charretiers qui nous don- (*) La sœur Bourgeoys écrit dans cet endroit de ses Mémoires, que MUe Raisin fut conduite par sa sœur. Il paraît qu'elle veut dire sa belle-sœur, car elle fait remarquer ail- leurs que M. Raisin n'avait que cette fille avec un fils; et elle ajoute dans un autre endroit : ma sœur Raisin était seule avec un frère. 11« 1>A m lE. — CHAPITRE I. 119 « lièrent bien de la peine. Nous n'avions pas « fait une lieue que la charrette fut arrêtée , « parce qu'il n'était pas permis à des particu- « liers de nous conduire au préjudice des voi- « tures publiques. Il fallut donc retourner à « Troyes , oii M. Chàtel obtint la permission de « continuer la route. Un jour de dimanche, « comme nous passions près d'une égUse où l'on « sonnait la sainte messe , nous demandâmes au « cocher de nous la laisser entendre , mais nous « ne pûmes l'obtenir. Cependant, environ à « midi, une de ses roues se rompit en deux « pièces , et il fallait aller jusqu'à Paris pour « avoir une autre roue. Ceux qui ne purent « aller à pied demeurèrent là. L'après-dînée , M une petite cloche sonne, et un prêtre qui pa- « paissait tout languissant , avec cinq ou six « chétifs hommes , psalmodièrent les vêpres. Ce « prêtre nous conta les misères de ce lieu : « toutes les maisons ruinées , grande quantité « de chevaux morts , et même des hommes et « une femme : nous tâchâmes de mettre im peu « de terre pour les couvrir. « A Paris , ma sœur Raisin se présente à son « père pour avoir son congé. Il n'avait que cette « fille avec un fils. Il ne voulut point d'abord « lui accorder son consentement ; il refusa d20 VIE DE LA !i(JEUR BOURGEOYS. « même de la voir. Mais elle le fait prier, elle « pleure, elle fait tout son possible. Enfin , après « beaucoup de prières elle obtient sa demande ; « et son père lai fait faire un contrat sem- « blablc aux deux autres passés à Troyes. Il lui « donna même pour son voyage et pour ses « bardes 1,000 francs, dont je ne voulus « prendre que 300, et lui laissai le reste, n'en « ayant pas besoin. Mais tous les ans il nous « donnait 35 livres pour les 700, et après sa « mort , son fils a continué. Enfin, à la mort de « ce fils , avocat au Parlement , outre ces dons , « nous avons eu une rente de 300 livres pour « les 6,000 (qui revenaient à sa sœur). A Paris, « M. Blondel nous donna aussi sa nièce pour la « conduire à Montréal (*). C'est la sœur Hioux, « qui a été la première reçue en forme à la « communauté. Nous étions environ seize filles tographls'^dl « pour Moutréal , sans compter d'autres filles la sœur Bour- /-^ m / ■ \ geoys. « pour Quebec (1). » ^'^'^- La sœur Bourgeoys ne nous donne pas d'autres (*) M. Blondel, dont il est ici parlé, était connu de M. Olier et de M. de la Dauversière. Ce fut lui qui , en 1656 , accepta, au nom des religieuses hospitalières de la Flèche, (1) Acics de dont il était procureur, la conduite de l'IIôtel-Dieu de Ville- ^tau'c7i^'p'aris' "i^'''^- Dans l'acte qui fut passé alors , il est qualifié : Pierrp, 31 mars 1650. ' Blondel, bourgeois de Paris (1). Il" l'AIlTIE. CUAl'ITRE I. 12! détails sur le séjour qu'elle fit à Paris avec ses compares ; mais on ne peut guère douter qu'avant de quitter cette ville pour se rendre à la Rochelle , lieu de l'embarquement , elles n'aient visité les ecclésiastiques du séminaire de Saint -Sulpice , et que ceux-ci ne les aient encouragées à se consacrer à une œuvre si utile à la colonie et au bien de la religion. Du moins c'est ce qu'on peut conclure de ce témoignage que la supérieure de la Congrégation leur rendait en 1 702 , dans une lettre au ministre de la ma- rine : « MM. du séminaire de Saint -Sulpice de « Paris ont attiré les sœurs de la Congrégation « dans l'île de Montréal pour travailler à l'édu- '( cation des jeunes filles de cette île (i). » C'est aussi ce que semble insinuer le Père Le Clercq , récollet , lorsqu'il rapporte que la sœur Bour- geoys, après s'être associée en France de zélées coopératrices , « qui conspiraient à un même « dessein, sous la direction de MM. de Saint- « Sulpice, arriva en Canada en 1659, oii elle « donna commencement à l'établissement des « filles de la Congrégation (2). » A l'occasion de cet embarquement , ces ecclésiastiques , et surtout M. de Bretonvilliers , firent des dépenses considérables pour engager un grand nombre d'hommes vertueux et des filles pieuses à aller recrue pour Villemarie. Désintéresse- ment de la sœur Bourgeoys. (1) Archives de la marine, lettre de la supérieure de lu Congréga- tion, du 11 octobre 1702. (2) Premier établissement delaFoi,i69\, t. H, p. 59. 122 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. s'établir à Villemarie. Le nombre des hommes s'éleva à soixante, et celui des filles à trente- deux. M. Vignal , qui devait être lui-même du voyage , engagea à ses dépens deux hommes , M. Souart en fit engager quatre , et M. de Queylus {i) Archives viugt-trois (1), Les trente -deux filles furent con- (lu séminaire deVi lie marie, fiées à la SŒur Boursreoys pendant la traversée , engagements ^ ^ ' de 1659. g|. gjig ig^j. servit encore de mère à Villemarie jusqu'à ce qu'elles eussent été établies, comme nous le dirons plus en détail dans la suite de cet ouvrage. M. Dollier de Gasson , en parlant de ce voyage, rapporte un trait bien honorable à la sœur Bourgeoys. Un homme riche, qu'il ne nomme pas , membre de la compagnie de Mont- réal , touché de l'esprit de zèle et de dévouement apostolique qu'il reconnut dans la sœur, lui offrit un fonds considérable pour assurer un revenu à l'œuvre naissante de la Congrégation. Mais cette digne fondatrice refusa absolument de l'accepter, , , „. , . dans l'appréhension que cette aisance ne nuisit (2) Histoire ^ ^ ^ '!«/• ^iT'^Doi'- ^ l'6sprit de pauvreté qu'elle avait si rehgieuse- rfeieïsîïesg.' nient pratiquée jusque alors , et qu'elle était Canada'!^ par jalouse de légucr à ses filles comme le plus riche m'ont. trésor qu'elle pût leur laisser (2). T^ J"V . M"* Mance avait écrit à M. de la Dauversière Dimcultes ^à'iaVeïîue^ de Conduire les sœurs de Saint -Joseph à la Ro- Tempêcher chelle ; elle écrivit aussi à la sœur Bourgeoys H* TAUTIE. — CIIAriTRE 1. 1"23 d'aller la première dans cette ville avec les filles daller à. Villpmârip qu'elle conduisait et de l'y attendre. « Pour aller « de Paris à la Rochelle , dit la sœur Bourgeoys, « nous prîmes encore un charretier , mais envi- « ron à une demi - lieue de Paris il fut arrêté « comme l'autre , et il nous fallut revenir pour « avoir d'autres voitures (1). » Deux ecclésias- (i)E'-rifsau- fographes de tiques du séminaire de Saint-Sidnice , M. Vimal , '« *«'"'' ^°^''- ^ i ' a ' yeoys. dont on vient de parler, et M. LeMaistre, s'étaient rendus de Paris à la Flèche pour accompagner les sœurs de Saint-Joseph (2) ; et enfin , au temps (2) Annules ^ ^ ^ ^ de l'Hôtel - marqué , toute cette nombreuse recrue , com- ^'^" , Saint- •^ Joseph , par la posée de cent dix personnes , se trouva réunie *'^"'* -'''^'''"• au lieu de l'embarquement. Mais là quelques individus , qui ne voyaient qu'avec peine l'ac- croissement de la colonie de Villemarie , leur fournirent l'occasion de sanctifier leur voyage par de longues et dures épreuves. D'abord, pour empêcher les sœurs de Saint-Joseph de partir, on s'efforça de leur faire entendre qu'elles ne seraient pas reçues en Canada, et qu'on les ren- verrait en France la même année sans vouloir de leurs services. De plus, le maître du navire, homme fort intéressé , à qui on fit croire sans doute que les chefs de cette entreprise étaient insolvables , refusa d'embarquer les passagers pour Villemarie , à moins qu'on ne payât d'à- 124 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. vance le fret des cent dix personnes et de tous leurs effets déjà chargés sur le vaisseau , qui se montait à près de 20,000 livres. Enfin, comme ils avaient employé tout leur numéraire en effets et en denrées diverses pour la colonie , et qu'on re- fusait les garanties qu'ils offraient , ils se virent à la veille de revenir sur leurs pas. Ils furent obli- gés de faire à la Rochelle un séjour de trois mois , et de supporter pendant ce temps les frais du%on/réa7 d' entretien de cent dix personnes (1). La sœur d7ca£on%. Bourgcoys n'a pas oublié dans ses Mémoires ce fâcheux contre- temps. « A la Rochelle, les écus d'or que M. Raisin avait fait coudre dans le corset de sa fille, dit-elle, et qu'elle me donna ensuite, nous furent fort utiles. On nous avait promis qu'on embarquerait chacune de nous pour 50 livres, avec nos provisions et nos coffres ; mais il y eut quelques débats avec le maître du navire. On voulut nous faire payer à chacune 175 livres, et nous n'avions point d'argent. On refuse M. de Maisonneuve pour répondant , et on veut que ma sœur Raisin s'en retourne pour faire payer en France. Me voilà bien en peine. Enfin, on nous mande de faire deux promesses , l'une pour payer à IMontréal incessamment, l'autre sur M. Raisin, afin d'être payé par lui au retour du vaisseau , en ir PAIITIE. — CIIAriTRE J. i^"i « cas que celle de Montréal ne fût pas sûre. Ce- {i)Errif,att. '■ tographcs de « pendant le maître du navire , qui était nré- ^^ *'^"'" ^^"'■" ^ T. 1 geoys. « paré , se résolut à la fin de tout embarquer ^f}^^ rSci- « sur parole (l) , » le 29 juin 1659 (2). fepVeic!''^'' M. de la Dauversière , quoique atteint d'une ix. Derniers maladie violente qui lui faisait souffrir une sorte adieux de ^ M. de de cruel martyre, eut néanmoins assez de cou- la Dauversière '^ aux sœurs de rage pour accompagner ses filles à la Rochelle, sauu- Joseph. et y attendre le moment de l'embarquement. Ceux qui s'opposaient à leur départ pour Ville- marie , lui ayant demandé pourquoi il se pressait si fort , car ils auraient désiré que leur voyage fût dilféré jusqu'à l'année suivante, il leur ré- pondit : « Si elles n'y vont pas à présent , elles « n'y iront jamais. » Paroles qui furent bientôt justifiées par l'événement, comme la suite le fera voir. De leur côté , les chefs de la flotte de la grande compagnie refusèrent à M. de la Dau- versière la grâce qu'il leur demandait avec in- stance, d'attendre le vaisseau destiné pour Ville- marie. Comme ils persistaient dans ce refus , il dit : « Dieu en sera le maître ; » et ceux de la flotte n'eurent pas fait plus d'une lieue en mer, que leur amiral périt (3). Enfin , après trois mois ^j}^^ j^^^^ï^^i d'attente , la recrue pour Villemarie , qui s'était ^Se f^ m- embarquée le jour de la fête de saint Pierre , leva ^delaDalve/- i> 1 T n wT- • • r« • Ml 1 T\ sière sur son 1 ancre le jour de la Visitation , 2 juillet. Dans père. 126 VIE DE LA SŒUR B0UR6E0YS. ce moment , M. de la Dauversière fit ses adieux à ses filles, leur donna sa bénédiction, et voyant que, par leur départ, il avait accompli les des- {})Annniesde g^ius de DiEU sur lui , il récita , dans un srrand IHôtel - Dieu ° Saint-Joseph . gentiment de reconnaissance , le canticme Nimo, par la sœur ' T- Morin. dimillis servum tuum, Domine (1). Sa mission {% Lettre de ^ ' M. de Fan- ^\g^[i gjj qQq{ remplie. Il retourna à la Flèche, camp sur la ^ TaDautersii'- ^^ ^^ ^ uovembre suivant il acheva dans les Se' i-Hôter- plus vives souffrauces une vie si généreusement Flèche. * " employée à procurer la gloire de Dieu (2). X. Il y avait environ deux cents personnes sur le La maladie '' ^ se déclare sur navire, dout ceut dix étaient destinées pourVille- le vaisseau. ^ de lïsœur ^larie , et dix-sept ou dix-huit filles pour Québec. à^ass^isler " NouS aviouS , dit la SŒUr BourgeoyS , sept mê- les mourants. « nages pour Montréal; M. Le Maistre et M. Vi- « gnal , prêtres , pour Yillemarie ; M'" Mance et [B) Écrits au- « gcs relis^ieuses (3). » Ces dernières étaient la tographes de ^ ' lasœurBour- mère Judith Moreau de Brésole, supérieure; geoys. ^ la sœur Catherine Macé , qui avait deux frères prêtres au séminaire de Saint-Sulpice de Paris ; la sœur Marie Maillet et Marie Polo , leur ser- (4) Annales vaute (4). Ces saiutcs filles, qui allaient se dé- de rmtei - ^ ^ ^ Dieu etc. — youer cu Canada au service des malades, eurent Archives du vTuemarie^'^ bientôt l'occasiou d'exercer leur zèle pendant la r/Mefg!"'^"'' traversée. Le navire avait servi pendant deux ans d'hôpital de guerre , sans avoir fait depuis de quarantaine , et était infecté de la peste. II* PARTIE. — CHAPITRE I. 127 La maladie se déclara aussitôt , et il mourut huit à dix personnes dès le départ , sans qu'on per- mit d'abord aux sœurs de Saint-Joseph d'exposer leur vie pour les assister ; M. Le Maistre soignait les malades et ensevelissait lui-même les morts, les hant dans leurs couvertures et les jetant ainsi avec elles à la mer (1). Deux de ces {\) mstoù-e du Montréal, pauvres passagers qui étaient huguenots eurent i^id. — Ecrits * •*• ^ *■ ^ autographes le bonheur d'abjurer l'hérésie avant de mourir, i^ '" **^"'" J ' Bourgeoys. — et de trouver ainsi leur salut dans cette détresse ccmada'^ mo- commune. Enfin, on accorda aux instances des mmt.^ sœurs hospitalières la grâce qu'elles sollicitaient d'assister elles-mêmes les malades , qui étaient en grand nombre ; et dès ce moment il ne mou- rut plus personne sur le vaisseau. « Nous pou- « vous dire, ajoute M. Dollier de Casson, que « la sœur Marguerite Bourgeoys fut bien celle « qui travailla autant que toutes les autres pen- « dant toute la traversée , et que Dieu pourvut « de plus de santé pour suffire à tant de fati- « gués (2). » Elle éprouva cependant quelques i^%^YTi^ atteintes du mal aussi bien cjue les hospitalières ; '^^^• les sœurs Chatel , Crolo et Raisin surtout en res- sentirent toute la violence ; mais principalement M'"' Mance, qui fut réduite à l'extrémité (3). ^.^J^/^^^^^'S « La famille Thibodeau, tout entière, dit la ^aint- Joseph, « sœur Bourgeoys, était aussi à l'extrémité. 128 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « hormis une petite fille à la mamelle dont per- ce sonne ne voulait se charger. J'entendis que « l'on parlait de la jeter à la mer, ce qui me « faisait trop de pitié ; et je la demandai contre tiglaphes^^d'e « l'avis de toute notre bande, qui était toute la sœur Bour- -, -, , ,s geoys. « malade (1). » XI. Enfin, après une navigation si pénible et rem- Arrivée et séjour de pjjg ^g ^a,nt de vives épreuves, on arriva devant la sœur ^ ^ àQuébec? l'habitation de Québec, et on jeta l'ancre le 8 septembre , fête de la Nativité de la très -sainte Cïj Arma lesde Vicrse, 1659 (2). « Le dernier vaisseau à son l'Hôtel -Dieu. ° , . . etc. a arrivée, écrivait la mère de l'Incarnation, « s'est trouvé infecté de fièvre pourprée et pesti- « lentielle. Il portait deux cents personnes, qui « presque toutes ont été malades. Il en est mort « huit sur mer et d'autres à terre. Presque tout '3) Lettres " ^^ P'^^'* ^ ^^^ iufecté ct l'hôpital rempli de fincarmdion " malades (3). » M"' Mance et d'autres personnes 544.^^"'^' ^' destinées pour Villemarie demeurèrent quelque i^Hàtel^-^oleu l^mps à Québec, afin d'y rétablir leur santé (4), Saint -Joseph, ^^ ^g^ ^^^^ Bourgeoys continua encore d'exercer à leur égard ses charitables soins. « A Québec, « dit -elle, nous étions logées au magasin de « Montréal. M'étant chargée de la petite Thibo- « deau, que j'avais avec moi, je dis à son père, « qui se portait mieux , de la garder jusqu'à « notre départ pour Montréal, afin de soulager if^ PARTIE. — CUAriTIlE I. 120 « nos filles des cris de cette enfant. Mais les per- « sonnes qui étaient là firent un grand feu pour « se chauffer, et couchèrent l'enfant trop proche « du foyer, en sorte qu'elle eut le dos hrùlé. « Cette enfant souffrait beaucoup, et je n'avais « point d'onguent pour la panser, ce qui me fit « bien de la peine tout le voyage de Québec à « Villemarie. Enfin, quand nous fûmes arrivés, « elle se portait bien. Je la remis à une nourrice, « et elle mourut bientôt après. On me dit que de « l'avoir remise à la mamelle l'avait fait mourir. « Nous arrivâmes à Montréal le jour de Sainl- « Michel, en quoi j'admirai l'attention de la di- « vine Providence ; car à mon départ ayant prié « M. Gahnier de ne me pas ôter la sacristie à « mon retour, il m'avait dit que je n'en aurais « plus le soin , si je mettais plus d'un an à mon « voyage ; et nous arrivâmes le propre jour où « nous étions partis l'année précédente, à peu près « heure pour heure. Le soin de la sacristie et de « tout ce qui en dépend, dont une fille peut s'oc- /fiJ-Sef "^ë « cuper, me fut donc remis selon mes désirs ( 1 ) .» ^gelys!^ ^°"' ' La colonie de Villemarie fit éclater sa joie xii. Avantages à l'arrivée de ce nouveau renfort (2). Mais que la chute ^ ' de xM"e personne n'en éprouvait une plus vive ni une -Manœ plus douce que celle que goûtait M"^ Mance , dont ^ ^* coiome. le voyage en \ rance avait procure au pays tant du Montréal. 9 130 TIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. d'avantages réunis : une nouvelle recrue de colons forts et robustes , capables de défendre le pays contre les Iroquois , et tous habiles en diverses sortes de métiers ; les sœurs de Saint-Joseph , si longtemps attendues et si ardemment demandées; de nouvelles institutrices , qui devaient seconder la sœur Bourgeoys dans l'établissement de la Congrégation de Notre-Dame, et dont elles fu- rent avec elle les pierres fondamentales ; enfin , deux nouveaux ecclésiastiques de Saint-Sulpice , tout dévoués au bien de cette colonie. Si l'on juge du voyage de M"* Mance par ce résultat, on ne peut douter qu'il ne lui ait été inspiré d'en haut, et que l'accident si douloureux qui lui était arrivé en 1657, n'ait été un moyen ménagé de Dieu pour la rendre elle-même plus digne de consommer enfin le dessein d'établir , dans l'ile de Montréal , les trois communautés destinées à y répandre l'esprit de la sainte Famille. A ne con- sidérer que le cours ordinaire des choses , sans la chute de M'" Mance , son voyage en France n'aurait pas eu lieu ; et sans sa guérison , obte- nue dans ce voyage par l'intercession de M. Olier , les sœurs de Saint-Joseph, encore sans fondation, ne seraient pas parties pour Yillemarie, surtout après la mort de M. de la Dauversière. Enfin la sœur Bourgeoys , sans cette chute , n'aurait pas 11' PAUTIE. — ClI.VriïUE I. 131 entrepris ce voyage, dont l'occasion, comme elle- même nous l'apprend, fut la résolution môme c{ue M'" Mance avait prise de passer en France. Mais la joie que fit naître à Villemarie l'arrivée de toutes ces personnes, ne fut pas de longue durée. Les trois communautés , destinées à la fin la plus excellente qu'on put concevoir pour la colonie , devaient être éprouvées longtemps par la contradiction des hommes et porter leur pre- mier fruit au milieu même de ces épreuves, comme c'est le propre des œuvres de Dieu. Aussi à peine étaient-elles arrivées en Canada , qu'elles commencèrent à faire l'heureuse expérience de ce qu'avait annoncé le R. P. Vimont aux associés de Montréal, en 1642. Ce religieux, parlant de la consécration qu'ils avaient faite de l'île de Mont- réal à la sainte Famille de Jésus , Marie et Joseph, et montrant que ce dessein avait vraiment Dieu pour auteur, ajoutait ces paroles: « Ces Mes- « sieurs me permettront de leur dire en passant « qu'on ne mène personne à Jésus-Christ que par « la croix ; que les desseins qu'on entreprend « pour sa gloire en ce pays, se conçoivent dans « les dépenses et dans les peines , se poursuivent « dans les contrariétés, s'achèvent dans la pa- « tience, et se couronnent dans la gloire. La de ce qliVe^t , , ., . , -, "passé en la « patience mettra la dermere mam a ce grand Nouv.-France en ]642,chap. « ouvrage (1). » 'x*.p- 129. 132 YIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. CHAPITRE II. ÉPREUVES DIVERSES QUE LE SÉMINAIRE, LA CONGRÉGATION ET LES FILLES DE SAINT-JOSEPH O.NT A ESSUYER, DANS LES PREMIÈRES ANNÉES DE LEUR ÉTABLISSEMENT A VILLEMARIE. I- Les associés de Montréal s'étaient proposé, La compagnie '■ '■ ^^de\lln?^ dès la formation de leur compagnie , de procurer l'étaSemnt l'établissement solide de la religion en Canada , en Canada^ et pour cela d'y faire ériger un siège épiscopal (1 ) . selon ,,, ^ • c ■ -L -n le premier Louime le roi ne taisait encore aucun sacrmce dessein qu'elle i. -n avait eu dès pour cc pavs , et Que d ailleurs la sTaude com- sa formation. . / . . . (i) Les vén- V'^o^^^ ^ qui il en avait donné la propriété ne ^demLefiIa- s'occupait cpio de trafic et de commerce , les asso- ie* de la so- •'iaî l'i • l e t i ••!/ ciétédeMoni- cies de xMoiitreal avaient tonne une colome mde- 4°, p. 15-25. pendante, et obtenu pour eux la propriété de l'île de ce nom , où ils espéraient faire ériger enfin un évêché. Déjà en 1645 ils étaient sur le point (2) Mss. de d'y envoyer l'un d'eux, M. Le GaufPre, en qua- Grandet, vie ■.. , ■^, . deM.LeGauf- lité d évêque , lorsque ce saint prêtre vint à fre. — Lettres spirituelles de mourir (2). A l'occasion du voyage de M. de Mai- la mère de ^ ' o <-j {eiivTlui''^ ' sonneuve, en 1655, pour amener à Montréal les \lri7dd7Fas- prêtres de Saint-Sulpice , ils avaient proposé pour ^raieciucilrl'é co uouveau siégo uu autro membre de leur com- de France, • ht i> i i r n r\ i • i» -n i 1645, in-folio, pagiiie , M. 1 abbo de Queylus , qui d ailleurs de- p. 748-750, , 822. vait être envoyé par M. Olier a Villemarie ; et pour ir PARTIE.'-- CIIAriTRE H. 133 prévenir les difficultés qu'on aurait pu opposer à (^)J'>''irès-ver- leur dessein , ils avaient offert de doter eux-mêmes 'j^'' ^^«^''^''â'^ le nouvel évèque et son chapitre . sans qu'il en p^^^ea^/SK coûtât rien à l'Etat. Mais, malgré la protection du m nEuTt-e^^ cardinal Mazarin , premier ministre , et quoiciue xxxiT'p.^Tîs' les évèques de l'assemblée générale du clergé /^ '»SL'Î -, „ 1 . 1 • 1 , lettre du mi- de France se donnassent bien des mouvements nisire à m. de 1 XI f f . • / 1 \ n f Trary,\o 110- pour le succès de cette aiiaire (1) , elle éprouva vemf,re ic64. — Ibid. Re- des obstacles , auxquels on fut contraint de céder, f^istre des or- dres du Roi M. de Queylus partit néanmoins pour Montréal, pour les indes «J ^ i ' ocridentales : dans la compagnie de M. de Maisonneuve. et. ^fif^f^foi^' comme on l'a vu. avec les mêmes pouvoirs de , '^) if>'s[oire ^ de la Nori- grand-vicaire que l'archevêque de Rouen donnait 'JwêîpVe'J^ auparavant au supérieur des Jésuites de Québec, ^^^^'t^^^'"^'^' Ces Pères, voyant alors qu'ils allaient partager (4)^/-c/i?(?.* «J ^ i o r/M ministère leurs fonctions avec des prêtres séculiers , juge- '^%ranSre7' rent enfin eux-mêmes qu'un évèque serait utile (2) 1",^ ^pape " ro- au bien de la religion en Canada, et présentèrent derniers mois: pf 1C68. siip- i\ la cour M. de Laval (3!, ecclesiasticrue très-zélé. i>/e>nenf, 195, , P- '22. cfui avait déjà été sur le point d'être ordonné n. , , 1 /^ I • 1 • M. de Laval, eveque pour la Cochmchme. La cour demanda Aicaire apostolique aussitôt au Pape l'érection d'un siése en Cana- en Canada. ^ ^ M. de Queylus da (4) ; des bulles furent envoyées sans délai , et >'^'*^'^ . ^ ^ J ' tout exercice ainsi la compagnie de Montréal devint l'occasion ^^ ^"poii? *^" de l'établissement d'un évèque dans ce pays. ^de^Roum^ r> j ± 1- j 11 t .• 1. 'r Réclamation Cependant , au heu de 1 érection d un siège de cet , . -, -, . , , , archevêque. episcopal que la cour avait demande au pape (5), (5) jbid. T. 9* 13-4 VIE T)E LA SCETR BOPRGEOYS. (i) Archives les biiUes gu'oii reçut ne doanèrent à M. de r/cs nffaires e- i. ■> '\n'Let7re^dè ^aval qiie la simple commission révocable de !h''inuen^Tiu vicairc apostolique en Canada * avec le titre icos!'^ ' '^ d'évèque in partibus de Pétrée en Arabie (1). f/i?que ^}hzo- 0" prétendit en France que les officiers du pape 'F'!',''o!^9^'»ibûe avaient été surpris en expédiant des bulles si Vranre'XitL différentes de celles qu'on avait demandées , et rhf'\iÇimme. ^^^ vives réclamatious qu'elles excitèrent de la Paris ^ à (lé- part des évéques (2) et des magistrats (3) retar- — Archives du dèrent le départ de .M. de Laval jusqu'en l'année Palais de jtis- licc à Rouen, 1659 , OÙ euiÀn la cour crut devoir lui expédier ^ocfobrel668, ^ i6o8 '^ '^'"''"' ^^^ lettres patentes pour l'exécution de sa com- n] Archives missiou (4). M. de Laval étant arrivé à Québec, des affaires é- fra>,r,ères,îio- le Père Dequen f), supérieur des Jésuites, ciui me, 137. Lef- i v y ' i ? 1 Harhtj'^^difl ^xerçait les pouvoirs de vicaire général de l'ar- mnrs i6o9. chevèquc de Rouen pour la partie dépendante de (1) Lettres de (*) Il paraît qiK': les diverses manières de prononcer le nom rarnatiol, m de Ce n^llgieux auront donné lieu à ces différentes façons de Lvi'i'.— Vémoit l'^f'''^■•^ qu'on trouve dans les papiers du temps : De Quen (1), rc de M. ri' AI- dp Quien et même De Ouesne ("l). Dans la Relation de la Nou- Ict , supra. ^ HT / ,2, neidiHvi velle- France es années 16oS et 16.")6, envoyée par ce Père h ?r' u'V«/r,v" '*"'■'* ' ^" * ^'^"^ ^^ Quens (3). La véritable orthographe de son 1850, p. 32. nom est Deqmn : car c'est ainsi que lui-même l'a écrit dans c^qliïs'eitpàt 1^* registies de la paroisse de Villoraaric : Ego Joannes Dequen s. Loins ^ '^ (eiiot,\6b-,. ilit la Montagne, passé h Québec, le 3 février 16S0, il est riti\Hipicmes' pai'eill™ii'iit nommc par Audoiiarl, notaire de celte ville: ■itiiioveni.idhH. Jqq^ Dequen . et qualifié : supérieur de^ Jésuites, mission^ 11' rAllTlE. CIlAriTKE II. i'io Quéhcc (1), cessa dès lors d'en faire usa^e, et (i) Archives reconmit la juridiction du vicaire apostolique. féss^'ÎTo^— M. de Queylus , de son côté , se rendit exprès de f/if^^nr/^iw- Villemarie à Québec pour rendre ses devoirs à TfZrârwU'. M. de Pétrée (2), et cessa tout exercice de juri- Tamarbie,n!l ,.. ■»ri'ii'i/-\ 1 r • • fartât, iol.^l, diction. « ivl. 1 abbe de Queylus, écrivait sur ces verso. « entrefaites la mère de l'Incarnation , est des- des jesuiteT « cendu de Montréal pour saluer notre prélat. Il « était établi grand -vicaire en ce Ueu par « M^"" l'archevêque de Rouen ; mais aujourd'hui « tout cela n'a plus lieu , et son autorité cesse. « Les progrès, néanmoins, de la mission sont « grands à Montréal, et l'on y va faire tout d'un « coup l'étabhssement de trente familles , le der- [^)Letirede « nier vaisseau ayant amené a cet etiet un grand r incarnation, « nombre de filles (3) (*). » 542. naires de ce pays, et grand vicaire de Mgr l'archevêque de Rouen (i) ^*' Archives nouen [ij. ^^ ,^ marine, C) Les détails que nous donnons sur M. de Queylus dans ^"P"'^* cet ouvrage, sont bien dilTérents de ceux qu'on lit de lui dans les Mémoires sur M. de Laval, par M. de La Tour, le premier qui ait imaginé que M. de Queylus eût refusé opiniâtrement de reconnaître la juridiction de ce prélat. Ce n'est pas qu'en le traitant avec si peu d'équité, il ail agi par quelque senti- ment de malveillance pour le séminaire de Saiut-Sulpice; il était au contraire si dévoué a cette maison, que les jansé- nistes, dont il fut toujours l'un des grands adversaires, fai- saient de ce dévouement l'un des sujets de leurs griefs contre lui, lequàWû&nliUnsulpicien trés-zélé, soi-disant ancien doyen 13(3 VIE UK LA SCEUK BOURGEOYS. A peine M. de Laval s'était-il embarqué pour le Canada, que l'archevêque de Rouen adressa à la cour une requête pour demander qu'il fût per- mis à ses grands -vicaires de continuer l'exercice de sa juridiction en Canada, sans préjudice de celle du vicaire apostolique , qu'il reconnaissait pour très -légitime. Il faisait remarquer que (i) Nouvelles Je Qae6ec (1). Mais écrivant avec sa précipitation ordinaire, et ecclésiastiques, in -w , année ii'ajunt sur l'atTuire de M. de Quejlus qu'un petit nombre de ' ' '' pièces isolées, qui ne lui en laissaient entrevoir que quelques traits épars, il s'est donné la liberté, comme il a fait dans bien d'autres endroits de ses Mémoires , de suppléer aux la- cunes de sa matière par les conjectures de son propre esprit, et de former un ensemble qu'il a donné avec confiance et de bonne foi a ses lecteurs comme indubitable, quoique la vérité y fût entièrement défigurée. On pourra juger par les faits que nous indiquons d'après les monuments du temps , combien ses conjectures l'ont égaré dans cette rencontre ; et cet exemple montre avec quelle réserve un écrivain qui n'a pas assez étudié sa matière , doit se conduire pour ne pas offenser la vérité. Les Mémoires de M. de La Tour étant le seul ouvrage qu'on ait composé jusqu'ici sur les commencements de l'Église du Canada, il n'est pas étonnant que ceux qui ont écrit dans ces derniers temps , sans faire de nouvelles recherches , y aient puisé comme de concert; et il est arrivé de la que chacun a donné à M. de Queylus un caractère plus ou moins sombre , selon ses propres impressions. Ce que nous rapportons d'inédit pour compléter son histoire , pourra donc servir de correctif aux écrits récents dont nous parlons, tels que Y Esquisse de M. de Laval , l'Histoire du Canada , par M. Garneau , l'Histoire du Canada, de son Église et de ses Missions, par M. Brasseur de Bourbourg. ir l'AiiTiE. — cii.vriTiiK II. 137 le pape , dans les bulles de M. de Laval, ayant expressément déclaré que Québec était dans le diocèse de Rouen (1) , les pouvoirs du vicaire {\) Archives des affaires apostolique ne devaient pas annuler les siens étrangères , propres , qu'il y avait exercés constamment de- ^*°' puis la reprise de possession du Canada par les Français ; puisque les pouvoirs des légats a la- ' . . ., . -,, X . , {!) Archives iere , ajoutait - il , quoique dune tout autre des affaires étrangères , étendue crue ceux du vicaire apostolique, n'em- Rome, 137. ^ _ . Lettre de l'ar- pêchaient pas les ordinaires des lieux d'exercer c/ieie^we de ^ ^ Rouen, du 3 toujours leurs pouvoirs respectifs (2). mariiesQ. Cette demande parut raisonnable et bien fon- , ^^^- . ^ Le roi dée. En conséc^uence , on expédia au nom du i-archevêque roi une lettre de cachet à M. de Queylus pour lui ""^ ^^"^^"^ 1 ^ ,. -,, . 1 1 • -T M. de Queylus ordonner de continuer i exercice de la juridic- de continuer l'GXGrClC6 tion de l'archevêque , sans préjudice de celle du de sa juridiction. vicaire apostolique, jusqu'à ce crue le pape eût ordre con- ^ 1 j i 1 ri tradictoire. déclaré plus expressément sa volonté sur les pou- voirs de l'archevêque de Rouen en Canada ; et de son côté, ce prélat envoya à M. de Queylus de nouvelles lettres de grand -vicaire. Celui-ci était sur le point de faire un voyage en France lorsqu'il reçut ces lettres. Quoiqu'il eût promis à M. de Laval de n'accepter aucune sorte de pouvoirs (3) contraires aux siens, il ne . i .,,,,. , , . . , (3) Journal crut pas devoir désobéir aux ordres du roi m a des Jésuites, ceux de l'archevêque de Rouen que les bulles du i6o9. 138 VIE HE LA SŒUR BOURGEOYS. pape semblaient supposer être l'ordinaire du Ca- nada, surtout voyant que ces ordres reconnais- saient pour très-légitimes les pouvoirs du vicaire apostolique. Il dit donc à M. de Laval que , d'après ces ordres , il croyait devoir continuer l'exercice des pouvoirs de grand-vicaire de l'archevêque de Rouen, tout en reconnaissant ceux dont il était lui-même investi par le saint -siège. Comme la qualité de vicaire apostolique était alors nou- velle , que d'ailleurs la question de la juridiction de l'archevêque de Rouen devait être soumise au pape, et qu'enfin le pape déclarait lui-même dans ses bulles que le Canada était dans le diocèse de Rouen , il serait difficile de blâmer M. de Queylus d'avoir pris le parti d'obéir pro- visoirement à cet archevêque. IV. Mais le même vaisseau qui avait apporté ces M. de Queylus est expulsé lettres à M. de Queylus , datées du H mai 1659, du Canada. ' . en apporta une autre écrite le 14, au nom du {i)Lettrede roi , eu faveur de M. de Laval. Celle-ci dérogeait cachet, du l^ mai 1659 , à î^ jjj première , et ordonnait d'empêcher les M. le vicomte ^ ^ enregis'tréeau grauds-vicaires de Rouen d'exercer aucun pou- îec^eHoclob. voir au nom de ce prélat (1) (*). M. de Queylus (*) Dans une lettre de cachet adressée sur ce sujet à M. d'Argenson, on faisait dire au roi qu'il avait lui-même demandé au pape le titre de vicaire apostolique pour Il" l'ARTlE. — CHAPITRE H. 139 l'ut d(jnc obligé de se désister. Mais M. de Laval, qui déjà avait trouvé mauvais que , d'après les lettres du 1 1 , il eût voulu un instant exercer les pouvoirs de grand-vicaire de l' archevêque , crut qu'il ne devait plus se fier à lui. Se voyant muni lui-même de cette seconde lettre de cachet , il usa de toute autorité à Villemarie (1) , et poussa les choses peut-être avec un peu ^/j/J^^^ST's trop de rigueur, en voulant absohiment que •^^P^em6.i659. M. de Queylus quittât le pays. Il obtint même une nouvelle lettre de cachet pour le faire re- passer en France , et cette lettre lui fut signifiée parle gouverneur, cj[ui alla, avec un nombre con- sidérable de troupes , l'amener de Villemarie à Québec, ainsi que deux autres ecclésiastiques du deM.d'AUet. — Œuvre'; séminaire de Sain t-Sulpice (2). d-Amauit, t. '• ^ ' XXXIV, p. 729. Le départ de M. de Queylus affligea beaucoup » ^Jjj,?//'^ ^^" la colonie de Villemarie , pour la défense de la- M.deBeimoni. M. de Laval; et c'est de là que M. de La Tour, dans ses Mémoires , a avancé que cette commission avait en effet été sollicitée par la cour de France. Mais ce qu'on fait dire ici au roi est expressément démenti et par ses propres lettres au pape , et par toute la suite des démêlés relatifs a l'érection du . (*) ^''^l'}'-'^^ *^ * ' f^ de la manne , siège de Québec. Aussi , dans le projet de bulle pour l'érection registres des j . ' ■* ' ordres du Roi de ce siège, les secrétaires du pape ayant donné a M. de Laval pour les Indes ,,.,,.. , ,. , . ... .^ occidentales , le titre de vicaire apostolique, la cour exigea que ce titre y fut i669, foi. lee.— supprimé, et que dans les bulles d'érection il ne portât que le ^è^'s'.^Rome"". titre à'évêque de Pétrée (l), ce qui eut lieu de la sorte. xxxix, p. lao. liO ME HE LA SŒCR BOURGEOYS. quelle il venait de faire des dépenses considé- rables, en établissant aux deux extrémités du pays les postes de Sainte -Marie et de Saint- dl%o!fh^éâ7 Gabriel (1); et Péronne du Mesnil assure qu'il {fe'ci's?ôni'de ^ut aussi regretté par tous les colons de Québec , à 1658 à 1659. j i '-i f • -i /J>^ cause des largesses qu il laisait aux pauvres (2). 'cartrîm', Il Pai'^it le 22 octobre 1659; et ayant ensuite jmTpéronnl relâclié , il remit à la voile le 26 du même "(3)^joL'«a/ ^^^^^^ i'^)- ^près le départ de M. de Queylus, des Jésuites. jyj_ ^^ j^^^.^j ordoiiua aux prêtres de Saint -Sul- pice de signer un écrit, par lequel ils s'enga- geaient à ne reconnaître à l'avenir que sa seule {it) Archives juridictiou : ce qu'ils firent aussitôt. Ceux d'entre du se'minaire . . >i^-ii • r - uro deViiiemarie, eux qui restaient a villemane étaient M. Souart, ordotUKDif-e duiaoùt\m. M. Vignal, M. LeMaistre et M. Galinier(4). ^ V. Tel était l'état des choses à Villemarie , lors- On s efforce r. . ^^ que la sœur Boursreoys arriva avec ses com- laire repasser i o J en France pagnes. La protcctiou du séminaire, dans de lospitaheres pareilles conjonctures, était un faillie appui pour elles, aussi bien que pour les sœurs de Saint- Joseph. Ces dernières avaient même eu à essuyer un très- violent orage dès leur arrivée à Québec. M. de Laval et les Pères Jésuites, jugeant plus utile au bien du pays de n'y avoir que des hos- pitalières du même institut, voulaient installer à Villemarie celles de Québec, et obliger celles de Saint-Joseph à embrasser l'institut des autres ou Saint -Joseph. II* PARTIE. — CIIAriTRE ir. 141 a repasser en France (1). L'évêque donna même S}):'\'\"'^^^^f^^ ^ \ / 1 / Holel - Dieu l'ordre à M. Souart de leur dire de s'en retour- Stmit- Joseph, par la sœur ner par le même vaisseau qui les avait ame- ^^°""' nées (2) ; et elles auraient pris ce parti sans la (2) Histoire ^ ^ de l'institu- fermeté de la mère de Brésole , qui refusa con- tion des sœurs i Saint - Joseph . stamment, soit de s'unir à l'institut des hospita- ^"i/effj^f'^i: lières de Québec , soit de repasser en Europe, fièl-he!^^ ^" A la fin , M. de Laval, à qui les associés de Mont- réal avaient déclaré qu'ils retireraient tous les fonds de l'Hutel-Dieu , si on voulait donner l'ad- ministration de cette maison à d'autres qu'aux du Montréal, ibid. Histoire sœurs de la Flèche, permit à celles -ci, le 2 oc- de r Hôtel - Dieu de Qué- tobre, départir pour Yillemarie (3). Mais M. de ^^Ç- ?«/ /« ^ ^ ^ ' mère Juche- la Dauversière étant venu à mourir le 6 no- !IX.'e/(Ç;,gJ^Jé vembre suivant (4) , et la fondation de ces filles ^f ^^îf- 'j^s^l fournie par M"* de Bullion ayant été confondue ^ n\ieltrede dans sa succession , qui fut saisie : dès que cette ^àmpl lull dernière nouvelle arriva à Québec , on revint au ^|;,'^é chaùmo- dessein de les faire partir pour la France. Elles y de ' r Hôtel - Dieu de la seraient repassées si les citoyens de Yillemarie , F/éche. qui leur étaient tous dévoués , n'eussent adressé la mère ihin^e -.-. .^ de l' Incarna- it l'évêque de vives mstances, auxquelles il /zo«,irepartie, lettre xc , p. voulut bien avoir égard (5). 204. L'établissement naissant de la sœur Bourgeoys vi. Diverses n'était guère plus solide. Lorsque cette sainte ^^^1;^^!^^^^^^^^. fille passa en Canada avec M. de Maisonneuve , ''^.j/Q^^jUg^f en 1633, dans l'intention d'y faire les écoles, àviiiemarie. d42 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. nous avons vu qu'on lui offrit d'entrer dans la communauté des Ursulines de Québec. Elle fut à peine arrivée à Yillemarie , qu'on voulut y éta- blir ces religieuses. « L'on nous propose et l'on « nous presse de nous établir à Montréal, écri- re vait la mère Marie de l'Incarnation, le 24 sep- « tembre 1 654 ; mais nous n'y pouvons entendre, t( ajoute-t-elle , si nous n'y voyons une fonda- « tion , car on ne trouve rien de fait en ce pays , « et l'on n'y peut rien faire qu'avec des frais (i) Lettres de « immeusos (1). » Après l'arrivée de la sœur la mère de r^ > ir-n l'incrirnafion, Dourgeoys avec SOS compaguos a V illemarie , en 513. ' 1659 , on fit aux Ursulines de nouvelles instances d'aller s'y établir, ce qui, vu l'état où était alors cette colonie naissante , eût rendu inutiles les services de la sœur Bourgeoys et ceux de ses filles , et les eût obligées de repasser la mer. a. On nous presse de nous établir à Mont- re réal , écrivait de nouveau la mère de l'Incarna- « tion ; mais nous ne sommes pas en état de le « faire. Monseigneur notre prélat aura Finspec- « tion sur tout cela, quoiqu'il ne soit ici que « sous le titre d'évêque de Pétrée et non pas de (2) ibid.,p. « Québec en Canada (2). » Le même obstacle 542. qui avait empêché d'établir les Ursulines à A'il- lemarie , lorsque la sœur Bourgeoys y arriva la première fois , c'est-à-dire le manque de res- Il* rAiiïiE. — ciLvriTRE II. 443 sources pécuniaires , ne permit pas non plus d'exécuter ce dessein en 1 659 ; car l'évêque de Pétrée , ayant renoncé à ses biens de patrimoine avant de venir en Canada , n'était pas en état de les aider. « On peut dire avec vérité , écrivait « encore la mère de l'Incarnation , que notre « prélat a l'esprit de pauvreté. Il ne fera rien « pour accroître son revenu , il est mort à tout « cela. Peut-être (sans faire tort à sa conduite) « s'il ne l'était pas tant, tout en irait mieux; « car on ne peut rien faire ici sans le secours du « temporel. Mon sentiment particulier est que , « si nous souffrons en Canada pour nos per- « sonnes , ce sera plutôt par la pauvreté que par « le glaive des Iroquois (1). » ^^■'^ï'î/'/n Une considération bien digne de remarque, et ff^gj^'^'"^^^"' c[ui montre manifestement que le dessein de Dieu était d'établir la sœur Bourgeoys à Villemarie , préférablement à toute autre communauté , pour l'instruction des enfants, c'est que, tandis que les Ursulines jugeaient leur établissement impossible dans ce lieu , faute de ressources temporelles , la sœur Bourgeoys , en venant jeter les fondements du sien, s'était dépouillée de tout avant départir deTroyes. Elle ne voulut avoir, comme elle l'écri- vait elle-même , ni blanc ni maille , et ne porta avec elle qu'un petit paquet de linge sous son iAA VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. {i)Lettrede jjpgg Ç|j_ g^g^ plus , lorsqu'à son second vojage à fronson ^ ^3i^^s , en 1 659, l'uii des associés de la compagnie de IMontréal lui offrit une riche fondation pour s'établir , elle et ses filles , à Villemarie , elle la refusa, comme nous l'avons raconté, afin de ne fonder son œuvre que sur Dtec seul , et de pratiquer constamment la pauvreté parfaite qu'elle lui avait vouée. VII. Cependant les épreuves crue les filles de la Con- Danger * ri que court onréffatiou et celles de Saint-Joseph eurent à es- la colonie de ° ° ^ Villemarie suvcr pour s'étahlir , étaient peu de chose, com- de succomber J Jr ' r ' Sfroquois! P^rées aux craintes journaHères de voir la petite magnanime colonie de Villemarie succomber aux attaques de dix-sept • n i t • t > r • Montréaiistes. Continuelles des Iroquois. L expérience montra même qu'elle eût succombé infailliblement, sans le renfort qu'elle reçut à l'arrivée de MM. il) Histoire Vi^ual et Le Maistre (2). Comme iuscme alors du Montréal, " ^ ^ J n ^"e'cLfm'de ^^ colouie avait été peu nombreuse , et cpie les 1658 a 1659. ]3ap]3ares faisaient aux colons une cruelle guerre jusqu'à la porte de leur maison, M. de Maison- neuve s'était contenté de se tenir sur la défen- sive. Mais, après l'arrivée de ce dernier renfort , on résolut pour la première fois , en 1 660 , d'aller les attaquer, pour leur inspirer à eux-mêmes (3) Histoire do la tcrreur (3) ; et la générosité de ceux crui se du Montréal, \ / o 1 c?ei659«i66o. dévouèreut dans cette occasion , justifia de nou- veau le dessein que s'étaient proposé , en 1641 , 11* r.VUTIE. — C.HAT'ITHE II, 115 li's premiers associés de Montréal, de pourvoir, par cet établissement , à la défense et à la conser- vation de Québec et de toute la colonie française. La sœur Bourgeoys indique elle-même en peu de mots cette action de courage : « M. Daulac, « dit-elle, assembla seize ou dix-sept hommes « des plus généreux pour aller attaquer les sau- « vages, et à dessein d'y donner leur vie, si c'é- « lait la volonté de Dieu ; mais ils furent trahis « et tous tués (1). )> Le trait de valeur que la WEcritsaix- ^ / 1 {oyi'op/ies fie sœur rappelle ici est sans contredit le plus nié- J,"^^"' ^'^" ' morable de l'histoire militaire du Canada. On ne voit rien chez les Romains ni chez les Grecs de plus magnanime ni de plus audacieux que le dévouement de ces généreux athlètes, qui, au nombre de chx -sept, firent tète d'abord à trois cents, puis à huit cents koquois pendant huit jours , et inspirèrent tant de terreur pour le nom de Montréal , en sacrifiant si noblement leur vie , que par leur mort ils sauvèrent tout le (2^ Histoire /o\ MN ^^" Montréal, Canada (2) ( ). ibid. [DLciivcs de la (*) ^'ous rapporterons ici en abrégé ce trait de valeur cliré- mère Marie de tienne, tant pour l'édiGcalion et l'admiration du lecteur que n^'pTrn'é'^'ieurc pour suppléer a une omission de l'historien de la Nouvelle- ^^!"' Pa ^''?/' ■ ' ' sinv. — Relation France, qui semble l'avoir ignoré, quoique cette action eût de ce qui s'est passé , etc. , es- déjà été racontée fort au long dans les Lettres de Marie de l In- années 1659 et carnation et dans les Relations de la Nouvelle- France (1). p. -72 er'smy!^' 10 U6 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. VIII. Cruautés Il n'est pas de notre objet d'entrer dans le MLlacre^de ^^^^^^ ^® ^^^^^ guerre cruelle , qui remplit de M.LeMaistre. ^^^^ ^^^^j^ j^ colonie de ViUemarie ; mais nous I. Résolution héroïque des dix - sept Montréalistes. (1) Récit de M. Dollier de Casson , His- toire du Mont- réal, ibid. II. Les dix-sept .Montréalistes résistent pendant huit jours aux attaques de 300 et de 800 Iroquois , et sacrilient généreusement leur vie. Ces braves et généreux Montréalistes , après s'être préparés à leur sacrifice par la réceplion des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, en faisant serinent en la présence des saints autels de ne point accepter de quartier, et de se battre jusqu'au dernier souffle de vie; après avoir fait leur testament et reçu le dernier adieu de leurs concitoyens , remontent le fleuve Saint-Laurent, tous résolus d'atTronter l'ennemi et de répandre leur sang pour la religion et le salut de leur patrie (1). Ils étaient à peine partis, qu'un clief huron et un chef algonquin , alliés aux Français, arrivèrent malheureusement à ViUemarie, avec des sauvages formant un parti de guerre composé de quatre Algonquins et de quarante Hurons. Ces deux chefs avaient eu entre eux un défi sur la bravoure , et étaient venus dans l'inlention de se joindre aux Montréalistes contre les Iroquois, sachant que c'était a ViUemarie que se faisaient les coups de valeur. Là, ayant bientôt appris le départ des dix-sept braves, ils s'adressèrent à M. de Maison- neuve pour qu'il leur permît d'aller se joindre a eux. Il lit tout ce qu'il put pour les en empêcher, se défiant de leur bravoure; enfin il crut devoir céder k leurs instances, et leur remit une lettre pour Daulac, à qui il marquait de ne pas trop compter sur eux, lui donnant même l'option de ne pas les admettre dans son parti. Daulac les reçut cependant. Les dix-sepl Montréalistes, a peine arrivés au Long-Sault, aperçoivent l'avant- garde des Iroquois, et se jettent dans un petit retranchement de pieux qu'ils trouvent là par hasard, et qui avait été fait précédemment par des Algonquins. Aussitôt ils sont investis par trois cents Iroquois, qu'ils re- poussent avec une vigueur incroyable dans toutes leurs atta- ques et avec une perte énorme de la part des assaillants. Ceux- Il* rAiiTii;. - ciiAi'iTiŒ II. 147 ne pouvons nous dispenser d'en r;ip]Mirter ici quelques traits que la so'ur Ikjurgeoys rappelle elle-même dans ses Mémoires. Elle raconte que ci , iirilt'S de se voir tuer tant de monde, dépêchent un canol aux îles Richelieu , où élaienl cinci cenls des leurs. Le dessein (le ces deux armées était de tomber sur les Trois-Rivières, puis sur Québec, et enfin de venir attaquer Villemarie, pour éteindre par là le nom français dans le Canada. Ayant fait entendre de loin aux sauvages Hurons, renfermés avecDaulac dans le petit retranchement, que cinq cents Iroquois élaienl en marche pour venir les attaquer, et qu'ils eussent à se rendre incontinent , la frayeur se mit parmi ces sauvages alliés, comme l'avait craint M. de Maisonneuve. Ils sautèrent par-dessus les pieux, et se rendirent lâchement aux Iroquois, à qui ils apprirent que les Français renfermés dans ce retran- chement n'étaient qu'au nombre de dix- sept, ce que les autres refusaient de croire. Le cinquième jour de ce siège si vigoureusement soutenu, arrivent les cinq cents Iroquois, qui d'abord remplissent tout de leurs cris, selon leur cou- tume. Le petit retranchement est alors investi par près de huit cents hommes, qui donnent avec furie de toutes parts sur les assiégés, mais avec des pertes si considérables que durant trois jours ils sont contraints de lâcher pied a chacune de leurs attaques. Enfin, le huitième jour, ils étaient sur le point de se retirer, dans la persuasion que les Français étaient en très-grand nombre, lorsque, ayant interrogé de nouveau les transfuges, et apprenant d'eux que les Français n'étaient réellement que dix-sept, ces huit cents Iroquois, pour éviter la honte qui reviendrait a leur nation, d'avoir lâché pied de- vant dix-sept Montréalistes, prennent la résolution de périr tous, plutôt que d'abandonner ce siège. Us s'avancent donc tête baissée sur le retranchement, et malgré le feu que les assiégés ne cessaient de faire sur eux et qui leur abattait un grand nombre d'hommes, ils gagnent enfin la palissade et 148 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. dix-sept hommes furent pris dans une circon- stance, et qu'environ douze autres , qui travail- laient dans les terres du nommé Lavigne , furent occupent eux-mêmes les meurtrières, en s'efTorçant d'ar- racher les pieux. Alors Danlac charge un gros mousqueton jusqu'à son embouchure, pour le jeter au milieu des enne- mis; mais une branche d'arbre l'ayant fait tomber dans le retranchement , il y éclata au milieu des assiégés, dont plu- sieurs furent tués ou estropiés. Après quoi les Iroquois firent brèche de toutes paris. Néanmoins, fidèles jusqu'à la mort à leur généreux serment, nos invincibles athlètes se défendent comme autant de lions; si l'on arrache un pieu, quelqu'un d'eux saute à l'instant à la place, le sabre ou la hache à la main , tuant et massacrant tout ce qui se présente. Enfin , les Iroquois ayant renversé la porte du retranchement, le reste des Montréalistos, l'épée d'une main et le couteau de l'autre, se mettent à frapper de toutes parts avec tant de furie que l'ennemi perdit la pensée de faire des prisonniers. III. Après cet aifreux carnage, les Iroquois, reconnaissant par 1 *GS dix-SGDt Aïontréaiistes eux-mêmes que les assiégés n'avaient été qu'au nombre de sauvent^ Québec jj^-sept, sc dirent les uns aux autres que si dix-sept Fran- loutie Canada ç^^jg n'ayant pour toute défense qu'un petit retranchement de par leur audace s ' «^ ' » ' et par pieux , qu'ils avaient trouvé par hasard sur leur chemin, le généreux . d. • mépris avaient tué tant d iroquois et soutenu les assauts d une si lait de i^vie. grande multitude avec tant de vigueur pendant huit jours, la prudence ne permettait pas d'aller les attaquer dans leurs propres postes, où ils seraient en état de tuer tous leurs agres- seurs. Là-dessus, au lieu de poursuivre leur route, ils re- noncent à leur plan de guerre et retournent dans leur pays. Dès qu'on- apprit à Québec l'affaire du Long-Sault et le des- sein qu'avaient eu d'abord les Iroquois de tomber sur cette habitation, la frayeur fut si grande, qu'on renferma tout le monde dans le château, jusqu'aux religieuses et aux Jésuites. On exposa le saint Sacrement, on fit des processions, et l'on 11" rAllTlE. — OllAlMTUli 11. I W aussi emmenés par ces barbares dans leur pays , à la réserve de trois qui furent tués sur la place. Ce fut apparemment dans cette dernière circon- s'allendait aux (Icrnins malheurs (1). « Nous nous sommes W Letiresde la mère Marie « VUS k la veille que tout était perdu, écrivait de Québec, de l'iucama- « le i / septembre IGbO, la merc de llncaruation. Et en effet, leiuo lmu. « cela serait arrivé si l'armée iroquoise qui venait ici, et qui " nous eût trouvés sans défense, n'eût rencontré dix-sept « Français et quelques sauvages chrétiens. C'est une chose « admirable de voir la providence et la conduite de Dieu sur " ce pajs , qui sont tout a fait au-dessus des conceptions hu- « maines. Lorsque nous devions être détruits, ceux qui « étaient partis pour prendre des Iroquois ont été pris eux- '< mêmes et immolés pour tout le pays. Il est certain que « sans cette rencontre nous étions perdus sans ressource , a parce que personne n'était sur ses gardes, ni même en n soupçon que les ennemis dussent venir. Aussi la nouvelle " de leur retraite dans leur pays a fait cesser la garde dans " tous les lieux, excepté dans les forts ; et tout le monde tt commence à respirer, car il y avait cinq semaines qu'on « n'avait point eu de repos, ni de jour, ni de nuit , tant pour (1 se fortifier que pour se garder (:2). » (2) ibid. , rc »r r^ 11- 1 r< - • .- x . 1 • ^ partie, lettre xc, M. DoUier de Casson, après avoir raconte toutes les circon- p_ 205. — iiô stances de l'afTaire du Long-Sault, fait aussi de son côté cette ^vin%.555^c<'t\ réflexion : « On peut dire que ce grand combat a sauvé le « pays, qui sans cela était perdu suivant la créance com- « mune. Ce qui me fait dire que quand l'établissement de « Montréal n'aurait eu que cet avantage d'avoir sauvé le pays " dans cette rencontre, et de lui avoir servi de victime publique '• en la personne de ses dix-sept enfants , qui y ont perdu la « vie, il doit être tenu pour considérable a toute la postérité, « si jamais le Canada devient quelque chose , puisqu'il l'a « ainsi sauvé dans cette occasion , sans parler des autres ren- (3) Histoire 111, /r>v '^'" Monlréal, (( contres semblables (3). » ibid. 150 VIE DE L.V. S(JEUR BOURGEOYS. stauce qu'arriva ce qu'elle rapporte au sujet de trois Iroquois qui moururent de leurs bles- sures à l'Hôtel-Dieu , et auxquels on crut devoir donner le baptême quelques instants avant leur (1) Registres jQort (1). « M. Souart , dit-elle, les avait recom- (le la paroisse ^ ' '^''^ ' ,fcT""'^' « mandés aux prières , et on les enterra au ci- juui. 1662. -t^ « melière ; mais les chiens découvrirent la fosse « pour les manger. Le matin on la recrouvrit et « on la chargea de bois. Néanmoins ces animaux (( renversèrent tout pour achever de les manger. « Enfin on recouvrit la fosse de grosses pierres, « mais les corps de ces trois Iroquois furent dé- « couverts pour la troisième fois : ce qui don- « nait de la terreur et faisait penser que c'était {<£) Ecrits an- « un châtiment de Dieu (2). » La sœur Bour- tographes de la sœur Bour- o^eoys parle aussi des circonstances de la mort de geoys. O J l: M. LeMaistre, prêtre de Saint-Sulpice et économe du séminaire de Yillemarie. Le 29 août 1661 , après avoir célébré la sainte messe , cet ecclésias- tique, étant allé avec quatorze ou quinze domes- tiques du séminaire à la ferme de Saint-Gabriel , où l'on faisait alors la moisson , fut tué à coups de fusil par une troupe d' Iroquois cachés en embuscade pendant qu'il était en sentinelle pour (3) Histoire avcrtir les serviteurs du danger que l'on soup- du Montréal, rfe 1660 o 1661. çonnait (3). La face de ^^ ^^' ^^ Maistre, écrit la sœur, eut la tête cou- Il" l'AUTIÉ, — CHAlMÏHE II. i^\ « pée par les sauvages le jour de la Décollation ^i- ^^ Maistre « de saint Jean-Baptiste, proche de Montréal, ^""P^^j!"^® « et l'on rapporta qu'on avait vu sur son mou- "'" ^îpr"?''"^' 1-1111 . . sa décollation, « choir, dans lequel les sauvages avaient empor- « té sa tête, les traits de son visage empreints si « fortement qu'on pouvait le reconnaître. Quel- « que temps après , comme je me disposais pour « aller en France , j'eus la pensée de m'assurcr de « ce fait, afin que si on me demandait si cela « était véritable , je susse ce que je pouvais en « dire. Je fus donc trouver Lavigne c{ue l'on avait « ramené du pays des Iroquois , car il avait été « pris, et les sauvages lui avaient même arra- « ché un doigt. 11 me dit que cela était bien « véritable (qu'il en était assuré) , non pour « l'avoir entendu dire, mais pour l'avoir vu; « qu'il avait promis tout ce qu'il avait pu aux « sauvages pour avoir ce mouchoir , les assurant « que quand il serait à Montréal il ne manque- « rait pas de les satisfaire , ce c|ue , cependant , « ils ne voulurent pas accepter, disant que ce « mouchoir était pour eux un pavillon pour aller « en guerre (et qu'il les rendrait invincibles). » (i)EcHtsau- , togrophes de Les Hospitalières de Saint-Joseph , dans une let- lo sœur Bour- ^ geoys. tre qu'elles écrivaient à leurs sœurs de la Flèche, racontaient le même prodige , et avec des cir- constances nouvelles, qui en certifient de plus 152 VIE DE LA SCËdll BOURGEOYS. en plus la vérité : «Lorsque ces barbares , disaient- « elles, eurent décapité M. LeMaistre, tous les « traits de son visage demeurèrent empreints sur « ce mouchoir , en sorte que plusieurs des nôtres « qui étaient prisonniers dans leur pays le re- « connurent parfaitement ; ce que nous ont dit « plusieurs fois M. de Saint-Michel, M. Guillerier, « personnes dignes de foi, ainsi qu'un Père jé- « suite , qui était prisonnier d'une nation plus « éloignée , et qui nous a assuré que les sauvages « lui avaient parlé de cette merveille comme « d'une chose extraordinaire. Ce qu'il y a de par- « ticulier , c'est qu'il n'y avait pas de sang au « mouchoir, et qu'il était très-blanc. Il parais- « sait dessus comme une cire blanche très-fine « qui représentait la face du serviteur de Dieu. « Les sauvages s' entredisaient les uns aux autres « c[ue cet homme était un grand démon ; ce qui « veut dire parmi eux un homme excellent et « tout esprit. Ils en conçurent ensuite une si « grande crainte , qu'ils vendirent le mouchoir « aux Anglais. Le Père jésuite fit tout son possible (1) Arc/iives de l'Hôtel- « pour l'aclieter; mais il ne put y réussir, les Dieu de la ^ r J Flèche, lettre „ sauvasTcs ayant menacé les Anglais de les dé- su)' la mort o J <~> deM.LeMais- ^^ truirc s'ils le lui donnaient (I) . » X. La sœur Bourgeoys parle aussi d'un autre pro- Massacre ^ ■ de Saiui-Père. dige nou moins étonnant arrivé en la personne de 11" PARTIE. — ClUAriTllE II. do3 Jean de Saint-Père , homme d'une piété solide , c.irronstanœ ^ rL'inan[uable. d'mi esprit vif et d'mi grand sens. 11 fut tué à coups de fusil , avec Nicolas Godet son beau-père et Jacques Noël leur serviteur, pendant qu'ils couvraient leur maison à la pointe Saint-Charles , près de Villemarie. Les Iroquois ayant coupé la tête de Saint-Père pour l'emporter chez eux, ils entendirent qu'elle leur parlait en très -bon iro- quois , quoique le défunt n'eût jamais parlé cette langue durant sa vie. Bien plus , elle leur faisait jour et nuit ces reproches et d'autres semblables : « Tu nous tues, tu nous fais mille cruautés, tu « veux nous anéantir : tu n'en viendras pas à « bout. Vous avez beau faire, nous serons un « jour vos maîtres et vous nous obéirez (1). » , (iL^'f'^*7 J ^ ' du Montréal , « Les sauvages, dit la sœur Bourgeoys, ayant 5g'c^;£^/|'Jé « emporté la tête de Saint-Père pour avoir sa i^svàiess. « belle chevelure, on rapporta, pende jours après , « que cette tête parlait aux sauvages. M. Cuil- « lerier, qui avait été pris et était dans leur pays, a a assuré que cela était vrai. D'autres ont assu- « ré aussi que la tête parlait et que les sauvages « l'ont entendue plus d'une fois. Après ce meur- « tre on saisit quelques-uns des sauvages qu'on « amena au fort. Les deux enfants de Saint-Père « vinrent prier de ne leur point faire de mal, et lographes de la s , , , • obtient à Rome associes de Montréal considérèrent que la resolution ou était premiers vaisseaux , dans l'espérance peut-être d'y trouver quelque nouvelle lettre de cachet, que ses agents auraient oLlenue pour faire repasser M. de Queylus eu France. Celui-ci lui représenta que sa demande lui paraissait trop sévère; et M. d'Argenson , gouverneur général, fit à l'évêque les mêmes représentations. Néanmoins, le lendemain, le prélat écrivit à M. de Queylus pour lui défendre, sous peine de désobéissance, de sortir de Québec (3), el a M. d'Argenson pour le prier deCArciievêciic d'user de contrainte contre lui s'il voulait sortir (i). Ce gou- ^de^\f!'de Laval verneur, qui estimait M. de Quevlus et ne s'était porté que ? M- de Quey- nia'gré lui à l'exécution des ordres donnés en 16S9 pour le i66i. conduire avec une escorte de Villemarie à Québec fS), sachant . {'^)ibi(\.,iettre ^ ^ ' ' a M. d Argen- i.ussi d'ailleurs l'abus trop ordinaire des lettres de cachet, alla *<"'' *'" '* "i^"' ■ IV 1661. a I mslanl trouver 1 éveque pour lui représenter de nouveau la (5^ Mémoire rigueur d'une telle mesure, et s'excusa d'v donner lui-même ^'"- f''-4('f , ° ' ■' Œuvres aA?'- 1( S mains. Tout cela n'empêcha pas M. de Laval d'écrire encore nault, t. xxxiv, le lendemain deux autres lettres, l'une à M. d'Argenson, pour le presser de nouveau de lui donner secours, ajou- de l'arciiev^ciié tant que les intérêts des majestés divine et humaine lui en ^de'^'^. de' Laval faisaient une obligation (6); l'autre à M. de Queylus, pour lui " ^l- J^'A'Qen- ^ ^ ^ ' ^ j 1 V gpii ^ du 5 août défendre, sous peine de suspense encourue par le seul fait, i^ei. d'entreprendre ce voyage, déclarant que cette lettre tiendrait (') i"'<'-» i<'tire lieu de trois monitions (7). Enfin le lendemain, ayant appris lus, du baoût que M. de Quevlus était parti dans la nuit, il le déclara *^'''' (8 Ibid., leltie suspens (8). du o août 1661. 11 \&2 VIE DE L.V SfEUR BOURGEOTS. car il ne voulait que le bien de son Église , et lorsqu'il jugeait qu'une mesure était propre à y procurer la plus grande gloire de Dieu , il en Si l'on ne connaissait la piété sincère de M. de Laval , on aurait lieu d'être étonné qu'eu sa qualité de vicaire aposto- lique il ait voulu empêcher M. de Queylus d'exécuter une commission que le saint-siége même lui avait donnée, et qu'il se soit servi pour cela de la lettre de cachet obtenue contre lui. Quoi qu'il en soit, M. de Queylus n'en fut pas moins contraint de quitter de nouveau le pays, sans avoir mis à exécution sa commission, et partit de Québec le 2'2 (1) Journal octobre de la même année (1). Nous avons dit plus haut que M. de Queylus, à l'occasion de ces démêlés, fut accusé de jansénisme contre toute raison. C'est cependant d'après cette calomnie , rapportée simple- ment par M. de la Tour dans ses Mémoires sur M. de (2) Mémoires Laval (2) , que l'auteur de l'Esquisse de la Vie du même sur Ici Vie (le M. de Laval, prélat, publiée en 1815, a affirmé que M. de Queylus s'était ' ^' " ■ compromis en Canada par ses doctrines f3); et que , tout ré- (3) Esquisse ' ' \ / ~i i (le la lie de}/, cemmenl encore, le dernier historien du Canada n'a pas de Laval, 18ii5, • , .- i i . • . • ,.•.,,. p. 17. cramt d avancer que le reproche de jansénisme fait a M. de [U) Histoire Queylus était peut-être un peu fondé (i). Il est à regretter s()/i ^(f'to '" J '/"^ ^^^ la disette de monuments historiques relatifs à ces temps ses missions, anciens, qu'on ressent plus en Canada qu'ailleurs, expose 1852, t. I,p. 90. ^ , 7 . . ' f a tomber dans ces sortes de méprises les écrivains, d'ailleurs les mieux intentionnés. Jamais imputation ne fut plus dénuée de fondement que l'altribuiion de jansénisme aux prêtres de Saint- Sulpice, qui furent au contraire, de tous les ecclésias- tiques séculiers, ceux qui contribuèrent le plus à faire con- damner cette hérésie , comme le savent très-bien ceux qui connaissent l'histoire de ce temps, et comme d'ailleurs on en voit la preuve dans la Vie même de M. Olier (5). Il est vrai qu'à (5) Vie de M. la distance où l'on est en Canada, on peut être excusé en Olier, t. Il, p. 135 ef suiv. taisant de ces sortes de méprises sur les événements qui se 11" PARTIE. — C.IlAriTRE IT. 403 poursuivait l'i'xéculion avec une fermeté et une vigueur qui trouvent peu d'exemples. « Notre « prélat, écrivait la mère Marie de l'Incarna- « tion, est très -zélé et inflexible; zélé pour ce « qu'il croit devoir augmenter la gloire de Dieu, « et inflexible pour ne point céder en ce qui y (i) Lettres , , . . , de la mère « est contraire. Je n ai point encore vu qe per- de l'incama- f/ort, lettre xc, « sonne tenir si ferme ciue lui en ces deux duiiseptem- ^ hre 1660, p. « points (l). » 203. Cependant, après le second renvoi de M. de , ^^^• r i^ La compagnie Queylus en France, la résolution oii était '^g^e'dSS' ]\I. de Laval de ne pas souff'rir qu'il retournât Le séminaire r^ i-.i 11' L ± 1 Saint - Sulpice en Canada , jeta dans le découragement tous les lui succède, associés de Montréal , réduits alors au nombre de sept ou huit. Se voyant chargés de dettes consi- dérables , et obligés encore à des dépenses sont passés en Europe. C'est sans doute aussi ce qui justifie un prédicateur trop ardent qui , peu après la première expulsiou deM.de Queylus, s'emporta dans la chaire des Trois-Rivières contre ces mêmes ecclésiastiques et contre M. deBrelonvil- liers , leur supérieur, jusqu'à les accuser d'être jansénistes, et même a leur donner une qualification si étrange que nous n'osons presque la rapporter; car il les appela : Prêtres de l'Antéchrist (]). S'il les traita de la sorte, ce fut par l'excès ,^, ircinvesdu d'un zèle mal éclairé ; car nous ne pouvons penser, comme ''""'"""^', '"';" • ' ' moire k. 1280, l'insinue trop gratuitement le dernier historien du Canada, p. ^lO. que l'inculpation de jansénisme faite aux prêtres de Saint- Sulpice ait eu pour motif « l'espoir d'abaisser l'influence ^ (^l Hisioire '< croissante du séminaire de Montréal (2). » p. yi- ÏQA VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. énoimes pour soutenir cette œuvre , qui ne leur avait attiré que des sujets continuels de peine et de contradiction ; désespérant d'ailleurs de trou- ver des membres qui voulussent la continuer à l'avenir avec le désintéressement parfait dont ils avaient fait profession jusque alors : ils réso- lurent de dissoudre enfin leur société, et propo- sèrent au séminaire de Saint-Sulpice de prendre lui seul la propriété de l'île et toutes les charges {i) Premier et les dettes de l'œuvre de Montréal (1). Cette établissement lep^LeC/'erc' pi'opositiou de leur part eut pour motif le zèle —^Hiffofrè de bi^u conuu et la charité généreuse de plusieurs (Je %uébec!^^. nicmbres de ce séminaire , qui jouissaient d'une 239 —Mémoire de grande fortunc , et conservaient le plus grand M. Tronson i i • • • r r ^ •, sur le sémi- rcspect pour les desseins qui avaient elé chers a naire de Vil- lemarie. M. Olier. La vénération pour la mémoire de leur — 'Annales de i Hôtel-Dieu, fondateur ne i)ermit pas, enefTet, à ces ecclé- par la sœur ^ ^ Morin. siastiques de laisser périr l'œuvre de Yillemarie , et leur fit fermer les yeux sur toutes les charges et les dépenses énormes que l'acceptation qu'ils allaient faire devait attirer sur eux (*). Ils furent donc substitués à la compagnie de Montréal, par (*) Sans entrer dans le détail des charges qui rendaient alors cette œuvre extrêmement onéreuse, comme il sera dit plus amplement dans VHistoire de la colonie de Montréal, nous nous contenterons de faire remarquer que d'une part les terres défrichées ne rapportaient que cent écus de rente par an, Il" l'AUTlE. aiAlMTIîK 11. jeri C( »nti'at du 9 mars 1 0(33 (1 ). Mais cette acceptation, (jiii les rendait seuls seigneurs de l'île , an lieu de donner plus de consistance au séminaire et de faci- liter l'élablissement des deux autres communau- tés , sembla exposer au contraire toute la colonie de Montréal à une entière dissolution; car M. de Laval , qui était venu à Paris sur ces entrefaites , ayant refusé absolument de consentir au retour de M. de Queylus à Villemarie , sans donner mémo aucune espérance pour l'avenir, M. de Breton- villiers assembla son conseil pour prendre enfin un parti définitif sur le sort de la colonie (2). Jusque alors le séminaire n'y avait contribué que pour accomplir les ordres que M. Olier croyait avoir reçus de Dieu. M. de Bretonvilliers demanda donc à l'assemblée de décider à la plu- ralité des voix si les oppositions de M. de Laval ne devaient pas être regardées comme une marque certaine de l'improbation que Dieu don- nait aux travaux du séminaire en Canada, et s'il n'était pas à propos d'abandonner entière- ment l'œuvre de Villemarie. Dans ces circon- stances , le désistement du séminaire eût en- (1) Editscnn' cernnni le Ca- nada, t. I, p. 81. (2) Ar dîmes du séminaire de Vuvis, as- semhléesdu\% janvier et du 15 mars 1663. XV. Le respect pour M. Olier détermine le séminaire à ne point abandonner l'œuvre de Montréal, el que , de l'autre , les seuls gages de trente-deux serviteurs, nécessaires pour procurer aux ecclésiastiques de la maison les choses les plus indispensables îi la vie dans un pays nou- veau, s'élevaient chaque année a 9,600 livres. 166 TIE I)E LA sœUR B0URGE0Y3. traîné la riiine des deux autres communautés et celle de la colonie ; aussi M. de Fancamp écri- vait-il aux sœurs de Saint- Joseph de repasser en France si les ecclésiastiques du séminaire rf/^ umM- ^^enaient à quitter Montréal (1). ^oteph ^pnri'a L'assembléo , considérant donc les suites de la sœur Marin, délibération qu'elle allait prendre, fut unani- mement d'avis qu'auparavant chacun de ses membres vaquerait pendant trois jours à la prière , pour qu'il plût à Notre -Seigneur de faire connaître sa volonté sur une affaire si impor- tante, et qu'ensuite on se réunirait de nouveau (2) Archives pQ^p \^ couclure à la pluralité des voix (2). Enfin , du séminaire ^ ^ v. / ' ilmbîée'dull 1^ 31 mars 1G63 , qui fut le jour de la conclu- "^'^*' sion , ils convinrent tous que puisque l'œuvre de Yillemarie avait été entreprise suivant les des- seins de M. Olier, et après beaucoup de prières pour connaître la volonté de Dieu , le séminaire de Saint-Sulpice ne devait la détruire que dans la dernière extrémité, et lorsqu'il serait évident que Dieu en demanderait la suppression. Ils ajoutèrent que, n'ayant pas encore des marques assez manifestes de sa volonté pour la rompre , il fallait la conserver en attendant ; eL qu'ainsi on écrirait aux ecclésiastiques qui étaient à Yille- (3)ibid.,fl.y- marie de continuer leurs travaux comme par le semblée du 3 1 tnars. passé (3). W TARTIE. — CUAriTUE II, l()7 Le séminaire de Saiiit-Sulpice n'eut pas plutôt q^'I'^ succédé aux droits et aux charges de la compa- ^"a'^j^X^è'^^ gnie de Montréal , qu'il se vit exposé à de nou- ^^q MonïéHi velles épreuves. Elles eurent pour cause le zèle de d'en nommer le M. de Laval à établir dans le pays l'autorité du gouverneur. Humilit<5 roi , dont il était de l'ait le premier représen- de :\i. de Maisonneuve. tant depuis l'érection du conseil souverain de Québec (1). Par des lettres patentes de 1G44, le {^)Éfiitscon- ^ ^ cernant le Co- roi avait donné aux associés de la compagnie de ^^^"' ^- ' > ^^- Montréal la justice de cette île, alors déserte, et le droit d'y nommer tel gouverneur qu'il leur plai- rait (2). M. de Lavtal, de concert avec M. de Mésv, (2) i^ns, t. ^ ' " \, table.— ^;'- qu'il avait choisi pour s-ouverneur srénéral du ''^'"^'^ ^"^J^ M 100 manne, Ca- Cauada, ignorant peut-être l'existence de ces "«^"'t-'- lettres patentes , ou se persuadant que les clauses {2) Archives de l'érection du conseil souverain les avaient de rmtei- Dieu Saint - annulées , ôta au séminaire la justice de l'île Joseph de vn- •* lemarie, com- le 28 septembre de cette année 1663, et créa ^"J^JfV;S" à sa place une sénéchaussée royale, en nom- é^e^ee?''^"^' _„ , • j ■ . — Archives maut un nouveau juge, un procureur du roi et du séminaire rr /o\ r- r »i • r • - deVillemarie, un greilier (3). Lntin, on ota aussi au séminaire arrêt du is . . octobre 1663, le droit d'en nommer le gouverneur, et M. de Mai- etc. , • AI i (4)Ibid.,ww- sonneave reçut de nouveaux pouvoirs pour Mont- mission don- " . née à M. de real, avec cette clause, quils cesseraient quand Maisonneuve. /e 23 octobre }>L deMésy le jugerait convenable (4) (*). M. de i663. (*)M. Souarl présenta au conseil souverain les lettres 168 VIE DE LA SIEUR BOURGEOYS. Maisonneuve eut même à essuyer de la part de M. de Mésy bien des sujets d'humiliation qu'il reçut toujours avec la patience, la douceur et l'humilité d'un fervent chrétien. « Il était" sans « pareil en constance dans l'adversité, dit la « sœur Morin. Ce qui aurait été de nature à at- « trister ou à mettre en colère l'homme du « monde le plus modéré , ne servait qu'à le ré- « jouir ; s' estimant heureux dans ses disgrâces , « à cause de son grand esprit de foi. Vraiment, « on ne pouvait jamais savoir qu'il eût quelque « sujet de chagrin. Il visitait dans ces circon- « stances la mère de Bresole, supérieure de « Saint- Joseph , e\ la sœur Bourgeoys, pour se « réjouir de ses disgrâces; car, de leur côté, ces « saintes filles le félicitaient de ses peines et lui « en témoignaient leur satisfaction d'une manière « toute chrétienne. Il en faisait de même à l'égard « de M. Sou art, supérieur du séminaire. Pendant « cette persécution, qui dura deux ans, M. de « Maisonneuve ne perdit jamais rien de sa belle « humeur , ni ne se plaignit point des procédés « si durs de M. de Mésy à son égard , les souffrant patentes du roi qui donnaient la justice et le gouvernement aux seigneurs; mais comme il ne put en fournir qu'une copie, l'original se trouvant au séminaire de Saint-Sulpice de Paris , on n'y eut aucun égard. ir l'AllTlE. — CHAI'lTIiK II. 169 « toujours avec le silence et l'humilité d'un i'er- ^]if,JS^':%fu ^ ,4. „^„*^^ /j\ ï'"-^ If' sœur « vent novice (1). » Morin. Enfin, au mois de iuin 1664, M. de Mésv xvii. •^ -^ M. de nomma le sieur de Latouche "rouverneur de Mont- ^'aisonneuve ^ fist destitué réal à la place de M. de Maisonneuve (2) , « et fit '^''.fent d"^" « commandement à celui-ci , dit la sœur Morin , et^rènvoyé en « de retourner en France, comme étant incapable [1) Archives « de la place et du ran"; de ffouveriieup qu'il du séminaire _ ^ . deVillemarin, « tenait ici ; ce que j'aurais peine à croire , commission ' y- •} i- donnée au s^ « ajoute -t -elle , si une autre que la sœur Bour- ie^uu^niteC. « geoys me l'avait assuré. Il prit le commande- « ment de M. de Mésy comme un ordre de la « volonté de Dieu , et repassa en France , non « pour s'y plaindre du mauvais traitement qu'il « recevait et revenir triomphant , comme il « aurait pu le faire s'il l'eût voulu ; mais pour « y vivre petit et humble et comme un homme ^ , , , 1 1 , »•! {^) Annales de « au commun, n ayant qu un seul valet qu il rmtei-Dieu, , , , . . par la sœur « servait plus qu il n en était servi (3). » Marin. Il se retira à Paris , où le séminaire de Saint- Sulpice lui fit une pension jusqu'à sa mort (4). {i^) Lettre de '- r J T. ^ ' M. Tronson à Au départ de M. de Maisonneuve , l'affhction fut -J^- ^'TVif;^** i 5 avril 1677. générale à Villemarie. La sœur Bourgeoys sur- tout, et les personnes les plus clairvoyantes , ne purent s'empêcher d'éprouver les regrets les plus amers en voyant, dit M. Dollier, « leur père et leur »< très-cher gouverneur les quitter cette fois pour ilO VIE DE LA S(JEUR BOURGEOYS. « toujours , et les laisser dans d'autres mains , « dont ils ne devaient pas espérer le même con- « cours ni la même vigueur pour l'éloignement « des vices , qui y ont pris depuis ce temps leur (1) Histoire « uaissauce et leur accroissement , avec beau- du Montréal, rfei 664 «1665. « coup d'autres misères et disgrâces (1). » XVIII. Tous ces événements devaient retarder beau- Les trois communautés cQQp \q solide établissement du séminaire , de la ^donnenT Congrégation et de l'Hôtel- Dieu à Villemarie. "'^confrérie ^ Toutefois , ces trois communautés , destinées à y Famille, répandre l'esprit de la sainte Famille , ne lais- sèrent pas d'accomplir déjà le dessein de Dieu au milieu même de ces difficultés, en donnant naissance , par leur concours simultané et par le moyen du Père Chaumonot , jésuite , à une dévo- tion qui s'étendit bientôt dans tout le Canada , et qui est encore aujourd'hui une source abon- dante de bénédictions. Ce fut l'établissement de (2) Vie du la confrérie de la sainlc Famille (2) , institution R. p. C/mu- ^ ' monot, écrite gyj g^^ pQ^. jj^j d' offrir aux familles chrétiennes par hu-meme. t- i 'âiMrelur'fe l^s exemples de Jésus , Marie et Joseph , pour père Chaumo- « i -, • . j-^i i i not, par le lormer leur conduite sur ce modèle : les hommes père Dahlon , ,ii--, -.t iip du 28 février se proposaut d imiter saint Joseph , les temmes 1693; Bihlio- . ,,. , p i- p thèque royale, la très-sauite Vierge, et les entants 1 entant Supplément français,im, JÉSUS. « Eli 1663, dit la sŒur Bourgeoys, la in-folio. _ . . « sainte Famille a commencé. J'en ai signé l'acte , « ce qu'ont fait aussi la mère Macé, la sœur 11* TAUTiE. — i;i[Ai'rn;i<: ii. 171 « Crolo , M"" Mance (I). » Nous donnerons de i^)ErritsQv^ ^ ' togrophex fie plus amples détails sur cette dévotion dans l'His- ^^" sœurBow- toire de l'Hôtel- Dieu de Villemarie. M. de Laval la prit fort à cœur ; il voulut même que le pre- mier établissement canonique s'en fit à Québec, dans sa catliédralc , et permit alors à M. Souart de recevoir enfin les vœux simples de la sœur Morin, cpii était venue de Québec en 1C60 se joindre aux trois hospitalières de Saint -Joseph envoyées par M. de la Dauversière , leur fonda- teur. « Je ne manquerai pas , » écrivait jM. de Laval à M. Souart, en lui envoyant celte permis- {%^ Archivas sion , « de demander à toute la sainte Famille de de )'mtei - Dieu de Ville- « recevoir le sacrifice parfait et entier de cette marie, lettre du^novembre « bonne sœur (2). » i664. A la réception de la sœur Morin , les hospita- p,^^^.-^^ Hères étant incapables de chanter l'office dans g^^Jî^-^lorin leur chapelle , qui servait alors d'église parois- hœpUaiières siale , la sœur Bourgeoys , avec les sœurs Raisin et saim- Joseph. Hioux , les remplacèrent avec joie dans cette céré- monie. Car il y avait une union très -étroite entre les unes et les autres ; ce qui fait dire à la sœur Morin : « Nos premières mères lièrent avec la « sœur Bourgeoys et ses filles une amitié toute « sainte : elles étant filles de la très-sainte Vierge, « qu'elles ont choisie pour protectrice et pour « mère ; et nous filles de saint Joseph, son époux , 172 VIE I>E LA SœUR BOURGEOVS. « ce qui nous fait enfants adoptifs de la même « sainte Famille et unies par une même so- rfe^^^/S?- " ^^^^^ (^5* " ^ l'occasion de cette réception, ^'JurMoruu ^^^^ ^^^ ^^^^ ^^^ hospitalièrcs de Saint -Joseph firent paraître une vive allégresse, considérant la permission que venait de donner M. de Laval comme une sorte de reconnaissance authentique de leur étabhssement , qui leur avait été contesté jusque alors, et qui en effet ne le fut plus depuis. Ce prélat , quoique charmé des fruits que pro- duisaient àVillemarie les travaux de la sœurBour- geoys et ceux de ses compagnes, ne crut pas cependant devoir approuver encore d'une ma- nière officielle l'institut naissant de la Congré- gation , le genre de vie de ces filles , sans vœux de religion et sans clôture, n'étant pas goûté de tout le monde à Québec, et quelques-uns désirant qu'elles se fussent unies à un institut déjà existant , plutôt que d'en former un nou- (2) Èi'rits au- veau à Villcmarie (2). Les sœurs de Saint- Joseph tographes de , , . -., la sœur Bour- ïi étaient pas elles-mêmes entièrement rassurées geoys. sur ce dernier point : M . de Laval leur proposant toujours de s'unir aux hospitalières de Saint-Au- (3) An7iaies gustiu de Québec, et ne cessant de leur dire que de l'Hôtel- ,. p • n -, r Dieu. sans cette msion elles ne pourraient se perpé- tuer (3) (*) dans le pays. Cette crainte n'était ('} I.a sœur iMorin, dans ses JnnaZes , suppose, contre la 1I« PARTIE. — CIIAPITHE lî. 173 pas un petit sujet d'afïliction pour ces saintes liUes , et spécialement pour la sœur Maillet. En vue de la consoler et de la fortifier contre la dé- fiance où elle était quelquefois , que la commu- nauté de Saint- Joseph ne put subsister, M. Olier lui apparut plusieurs fois, jouissant de la gloire , ainsi que M. de la Dauversière. Ils l'assurèrent l'un et l'autre, de la part de Dieu, que cette œuvre, qui était la sienne, subsisterait malgré les oppo- sitions des hommes, qui agissaient en aveugles, ne connaissant pas ses desseins ; qu'enfin , étant sœurs de Samt-Joseph et consacrées à imiter et à honorer la sainte Famille, elles devaient marcher ,^s archives par le chemin des humiliations , des contradic- Bien saint'- ,. , -, • / . \ Joseph de la tions et des croix (1). Flèche. vérité (les faits, que M. de Queylus était constamment resté à Villemarie depuis son arrivée en 1637, et qu'il vivait toujours dans une grande intimité avec M. de Liival. Elle a même cru que si ce prélat ne témoignait pas beaucoup d'empressement pour consommer l'établissement des hospitalières, c'était par complaisance pour M. de Queylus, son ami , qui, avant l'ar- rivée de iM. de Laval, avait eu dessein, comme on l'a raconté, d'attirer a Villemarie celles de Québec. Il n'est pas étonnant que la sœur Morin, alors enfant , et qui n'écrivit dans la suite ses Annales que sur les bruits qu'elle avait recueillis de vive voix, soit tombée dans ces sortes de méprises, puisqu'il est certain qu'elle a été assez mal instruite sur plusieurs particu- larités arrivées de son temps, comme on le verra dans VHh- toire de la colonie de Villemarie. 174 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. CHAPITRE III. ZELE DE LA SOEUR BOURGEOYS POUR PROCIRER LA SANCTIFICATION DE LA COLONIE DE VILLEMARIE. I. La justice de l'île de Montréal est rendue au séminaire. M. de Bretonvilliers nomme un nouveau tfouverneur. {l)A)'chives de la marine, registre des ordres du roi, M.6S.—Edifs concernant le Canada, t. ii, p. 35. La grande autorité dont M. de Laval jouissait en Canada ne tarda pas à être pour lui une source de chagrins qui abreuvèrent d'amertume tout le reste de sa vie. Il ne trouva pas toujours dans les gouverneurs chargés de procurer le bien du pays , le concours cpi'il s'était promis de leur part ; et ce prélat , si pieux et si zélé , eut mal- heureusement avec eux des démêlés de plus d'une sorte. Cependant le roi Louis XIV, c{ui commençait à prendre en main le gouvernement de l'État , affligé de ces divisions , ayant d'ail- leurs à se plaindre des actes du conseil souverain de Québec, résolut enfin, le 23 mars 1665, d'envoyer en Canada M. de Courcelle et M. Talon, après les avoir revêtus l'un et l'autre de pouvoirs extraorcUnaires. Le premier, en qualité de gou- verneur général , devait avoir autorité sur le conseil souverain , terminer tous les différends et commander à tous , sans exception de rang ou d'état, ecclésiastiques, nobles et autres (I); et JM. Talon , comme intendant du pays, devait Il'' PAUTIE. — CHAPITRE III. 17.*) juger souverainement en matière civile , et ordonner de tout d'une manière définitive et absolue (1). Ce dernier procura si efficacement le , O f^f^^stre ^ ' ■•■ des ordres du bien de la colonie française en Canada , que la "'EdJshlnceT- mère Marie de l'Incarnation rendait de lui ce rfaft/nfp.'S' témoignage en 1 668 : « Depuis qu'il est ici , le « pays s'est plus établi et les atfaires ont plus « avancé qu'ils n'avaient fait auparavant depuis « que les Français y habitent (2). » Un des pre- {'i) lettres de ■*■ o o \ j 1. 1^1^ mère de miers actes de M. Talon , ce fut de rendre au f'^"^«'«"'«o«, lettre lxxxi. séminaire la iustice de l'île de Montréal (3). On (3) Histoire '* ^ ^ du Montréal, lui rendit aussi le droit de nommer le gouver- dei&aiàieei,. neur, et sur le choix que fit M. de Bretonvilliers de la personne de M. Perrot (M. de Maisonneuve étant trop avancé en âge pour retourner en Canada) , le roi expédia des lettres pour ce gou- vernement , en déclarant qu'il vaquait alors par la démission de M. de Maisonneuve (4); ce qui Ct) Arc/avei de la marine. donnait à entendre cme la nomination du sieur de ^egist'-e des ^ depeclies , Latouche était nulle , comme contraire au droit ^^''^' ^^'- ^^• des seigneurs. M. de Courcelle et M. Talon se rendirent à ^, "• M. Talon Montréal , et ce dernier visita chaque maison , ^|^,f^r^J"t'Jo,^ jusqu'à celles des plus pauvres , pour savoir si paJ^feïîîttres tous étaient traités selon la justice et l'équité. ^fnrS^ Ces magistrats eurent bientôt occasion de con- m. (le^Queykis , „ . 1 • • ^ N'illeinaru^, naître par eux-mêmes les iruits que proamsaient \1(i YIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. pour le bien du pays les communautés naissantes de Saint- Joseph et de la Congrégation. Désirant - de donner à la sœur Bourgeoys , en particulier, toute facilité pour exercer son zèle et pour l'étendre même hors de Villemarie , dans les habitations qui commençaient à se former, ils approuvèrent l'un et l'autre l'établissement de la Congrégation. M. Talon fit plus encore. Voulant consolider ces deux commmiautés par l'autorité du souverain , il permit aux citoyens de Ville- marie de s'assembler extraordinairement , afin d'en demander au roi l'approbation par des lettres patentes. On s'assembla en effet le 9 du mois d'octobre au séminaire , et il n'y eut qu'une (1) ibid. — voix en faveur de la requête proposée (1). Arc/lires de . . l'Hôtel- Dieu Enfin , commc M. de Laval ne pouvait fournir Saint- Joseph. ^ — Vie de j^j entretenir des ecclésiastiques dans toutes les la sœur Bour- i yeoysA8\i,p. j^abitatious qui avaient besoin de leur secours, le roi désira que M. de Bretonvilliers envoyât un nouveau renfort d'ecclésiastiques de Saint- Sulpice , attendu que ceux-ci pourvoyaient par eux-mêmes à leurs propres besoins. En 1G67, ils étaient déjà au nombre de onze. Ce nombre ,„v , ,. n'étant pas encore suffisant, M. Talon écrivit (2) Archives ^ mémr^e'''"de pour prcsscr M. do Bretonvillicrs (2) ; et M. Souart (3) Histoire passa lui-memc en r rance pour hâter leur envoi du Mordréal. ^ .,^ . .„, rfei666fli667. a Villemarie [à). 11* l'AUTii:. — ciuriTiiE III. 177 Ce fut à cette occasion que M. de Queylus re- passa en Canada avec MM. d'Urfé, d'AUet et de -. , , fl) Ibid., de. (lalinee (1). M. de Laval les reçut avec joie et fit iggt « lees. * — Relation de même insérer à la Relation de cette année une cequisestpas- sé fiux années lettre écrite de sa main, où il s'exprimait en ces ^^^^/fpfH^. termes : « La venue de M. l'abbé de Queylus , JJ/,'; ^d^fZ 1 • 1 • I- ' 1 / • Lettres de la « avec plusieurs bons ouvriers , tires du sémi- mère de rin- - . , . , carnation, ii« « naire de Saint - Sulpice , nous a apporte partie, lettre . Lxxx , du M « beaucoup de consolation , et nous les avons octofjre lees, ^ p. 632. « tous embrassés dans les entrailles de Jésus- {=l) Relation de ce qui s'est « Christ (2). » Le prélat fit plus encore à l'égard passé, etc., p. de M. de Queylus, leur supérieur. Voulant effacer {z) Registres , , . .de la paroisse toutes les préventions qu on aurait pu avoir sur devuiemarie. Mariages, '2 et ses dispositions à l'ésrard de cet ecclésiastique , il 28 décembre i- ^ i 1669; 21 jan- le nomma son srand vicaire pour Yillemarie (3). vier,\9mars. o r ^ ^ n et 24 tio- Enfin, cédant aux désirs du roi, il permit aux ^ji'e'i67Î' prêtres de Saint-Sulpice de porter l'Évangile aux j^^^eTif ^^ sauvages (4), ministère c[u'il avait réservé jusque ^^Z^] f,^^^^!)-^^^ alors aux RR. PP. Jésuites (5), sans doute pour ^^j^/^^ ^f f/ Cju'il yeùt plus de concert et d'unité dans les mis- tobre'iéei. sions. En consécpience , le 15 septembre 1668, ^JJ/i/'ï*^;' ^Jj il donna des pouvoirs à MM. Trouvé et de Féne- goS/à m. Ion (*) pour aller s'établir à Kenté, sur les bords tohre'mi.'^''' (*) Le dernier historien du Canada parle de manuscrits récemment découverts , d'après lesquels il paraîtrait , dit-il , que cet abbé de Saîignac Fénelon était le même que le grand 12 178 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. dif^sén^naul ^^ ^'"^^ Oiitario , eii leur recommandant toutefois iettli^de"mfs'- de se conformer en tout à la pratique des Jésuites , ll^ptembAGes. et de les consulter dans l'occasion (1). — Relation, -, ^^m t r ^ r • • etc. , 1667 , Durant les dilhcultés que le séminaire avait 1668, p. 13. jjj rencontrées les années précédentes , la colonie ^^' naSue'""^ de Yillemarie ne s'était pas accrue autant qu'on '"^ tfoifïeîa^' l'aurait souhaité ; car on voit par le recense- il confie 'à ment de l'année 1666, qu'il n'y avait à Ville- la sœur . ^ r\ '^ / \ Bourgeovs marie que 584 personnes et 555 a Québec (2). l'éducation ^ r ^ \ / de Comme le roi était persuadé que le retour de deux petites '- ^ sauvagesses. }^^ ^q Qiieylus serait très -utile au pays, il de la marine, écrivait à M. Talou : « Témoignez protection de 1666. fait « et amitié à M. l'abbé de Queylus, afin qu'il par M. Talon. (3)ibid.,re- « travaille avec plus de soin à l'augmentation â'/w du roi « de la colonie de Montréal (3). » En outre, il pour les Indes . . , ,, . . m /-, n occidentales , laisait écriro a cet ecclésiastique par M. Lolbert , \66^, mémoire du roi, foUo son miiiistre : « Sa Majesté s'attend bien que la (i) Histoire du archevêque de Cambray (1). Ces manuscrits ne sont autres, Canada , de son ^^^^ doule, qu'une pièce des Archives de la marine à Paris , l.glise et de ses 111 > missions . 1852, sur la marge de laquelle on lit en etîet une apostille qui t. I,p. 166. Cl II (2) Lettre de suppose Cette identité (2). Mais cette note, ajoutée léméraire- M. de Fronte- ■ a , » u •■ 1 nac, du lu no- ment par une main récente, est une pure aberration; car il "'{2,)'^Archivis ^st bien assuré que François de Salignac Fénelon , prêtre du séminaire de ^^ séminaire de Saint-Sulpice, parti pour Montréal au com- de Paris, Cala- mencement de l'année 1667 (3) (et non avec M. de Quejlus, loque, p. 93. ,,,••, r^ 1 x \u) Histoire Tannée suivante, comme le suppose 1 historien du Canada} [\^i . de^Bausïet , était frère consanguin de l'archevêque de ce nom (4); d'ail- 1830, 1. 1, p. ^182- jg^jj.^ ^ pj^ lgg- ^ çg dernier n'était encore <àgé que de 16 ans. 11'^ PARTIE. — ClIAriTKE MI. 170 « colonie do Montréal aiii^mentera considérable- « ment par vos soins et par votre application ; « ce dont elle se repose prescjne entièrement sur « vous (1). » Cette recommandation eut son (i)ibid.,/e/- trn de M. Col- eiiet , car M. de Quevlus procura si efticacement '^^'^ « ^w. de •^ ^ (Jiteijlus , t5 le bien et l'accroissement de Villemarie , au'en '"/'' ^^^^' ^■ i 1-1 5 ; — année 1672 on y comptait de 14 à 1500 âmes (2). i^^^ f^-i- 3s. '^ ^ ^ ^ (2) Histoire Un autre obiet du zèle de M. de Quevlus , ce fut f^" Montréal, "^ -^ j ' parM.Dolher l'instruction et la sanctification des enfants sau- ^Iî',^"'^'Th^^^ 10 /l a 1072. vages , spécialement de ceux qui tombaient entre les mains des Iroquois. M. de Courcelle s'étant montré irrité envers ces derniers , et leur ayant commandé d'amener à Villemarie les prisonniers qu'ils avaient faits sur diverses nations sauvages alliées à la France (3) , M. de Queylus eut la pen- (3) Histoire du Montre'al , sée de prendre au séminaire les 2:arcons sauvages , etc., de lee'j ^ _ ° - ° à 1670. et de confier l'éducation des filles à la sœur Bour- geoys. C'est ce qu'écrivait M. Talon au ministre, le 10 novembre 1670 : « M. l'abbé de Queylus, « lui disait-il , donne une forte application à for- ce mer et à augmenter la colonie de Montréal. Il « pousse son zèle plus avant : il va retirer les « enfants sauvages qui tombent en captivité (( dans la main des Irociuois , pour les faire éle- « ver, les garçons dans son séminaire, et les « filles chez des personnes de même sexe qui « forment à Montréal une espèce de congréga- vemb)'ei&10. 180 VIE DE LA SŒUR BOURGEOIS. « lion pour enseigner à la jeunesse, avec les « lettres et l'écriture , les petits ouvrages de II) Archives « jnaiu (1). » Mais le temps marqué par la (le la marine, ^ ^ r n r Taion îo m- Providcnce 011 la sœur Bourgeoys devait déployer son zèle en faveur des enfants sauvages , n'était point encore arrivé. C'est pourquoi le projet formé par M. de Queylus n'eut pas alors tout le succès qu'on s'en était promis , les Iroquois n'ayant amené à Yillemarie que douze à quinze prisonniers. De ce nombre étaient deux petites filles sauvages. Les ecclésiastiques de Saint- Sulpice les obtinrent de M. de Courcelle , et les remirent à la sœur Bourgeoys , qui leur apprit la langue française et les éleva chrétiennement. Au sujet de ces deux enfants , M. Dollier rapporte un trait bien honorable aux sœurs de la Congré- gation: Quelque temps après qu'elles leur eurent été confiées , il arriva que la plus jeune de ces petites sauvagesses fut inopinément enlevée par sa mère, quoique celle-ci l'eût donnée con- jointement avec les Iroquois lorsqu'ils l'avaient amenée à Yillemarie. L'une des sœurs de la Con- grégation , informée de l'enlèvement , court aussitôt après l'enfant pour la faire revenir ; et , ce qui est un bel éloge de ces bonnes maîtresses , l'enfant , quittant incontinent sa mère , qui la tenait dans ses bras , vint se jeter entre les mains ■ ;.n\-i!-TQ?rQ F/ie peMe Miwa^ejse. enieve'e mopmémenl par sa /Tière, s'écAappe de ses /iras, e( va se p/rapiter eri/re /es mams d'it/ir switr de /1 de la sœur comme dans celles de sa véritable (i) iiMotte du Montréal , mère (1). ibid. Mais l'objet capital du zèle de la sœur Bour- iv. I.a sœur geoys , pendant les vingt premières années de Bourgeoys son ministère , fut la sanctification des jeunes ^^ai^made^*' filles de Yillemarie. Sachant que rien n'est plus ^ 'j^a^vertu.^ ^ important dans l'Église que la bonne éducation donnée aux enfants , elle les réunissait dès l'âge le plus tendre , avant qu'ils eussent l'usage de la raison, afin d'imprimer les principes de la foi chrétienne dans leur esprit dès qu'il venait à s'ouvrir, et d'appliquer les premiers mouvements de leur cœur à témoigner à Dieu leur amour. La première fille qu'elle éleva , comme on l'a rap- porté , n'avait que quatre ans et demi lorsqu'elle la reçut , et elle la garda près d'elle jusqu'à son mariage (2). Dans les commencements , où les [i) Écrits au- tographes de enfants étaient encore en très-petit nombre , elle la sœur Bour- geoys. élevait tous ceux de Yillemarie sans distinction , jusqu'à ce qu'enfin, la population devenant plus considérable, elle se borna à l'éducation des filles, les prêtres du séminaire s'étant alors chargés du soin d'instruire eux-mêmes et déformer les gar- çons (3). Son zèle embrassait les filles de toutes {^) Archives du séminaire les classes de la société , de quelque état et de devuiemarie. '- ^ — Lettre de quelque rang qu'elles fussent. «La très -sainte ^i- i'>'onson, « Vierge , disait- elle , a reçu avec la même afPec- 18-2 VIE DE LA SCËUR BOURGEOYS. (1) Écrits nu fographes de la sœur Bour- gcoys. V. La sœur Bourgeoys inspire à ses élèves des habitudes do politesse. Elle les instruit et les forme au travail. (2) Histoire (le la Nou- velle - France, par le P de Charlevoix,i. I, liv. VII, p. 312-313; liv. VIII, p. 343.— Histoire du Canada , de son Eglise et de ses mis- sions, 1852, t. I, p, 86. « tion les bergers et les rois ; à son imitation , les « sœurs de la Congrégation ne doivent pas avoir a plus de considération pour les enfants riches « que pour les pauvres , mais les aimer toutes « d'une égale charité. Si elles avaient quelque « préférence, ce devrait être pour celles qui « sont les plus délaissées : la sainte Vierge s'é- « tant trouvée avec son Fils aux noces de Cana « parce que c'étaient des pauvres, et qu'il y « avait à exercer la charité à leur égard (1). » En s'efforçant de graver dans le cœur des en- fants les premiers traits de la crainte de Dieu et de la vertu , elle leur faisait contracter encore , dès cet âge tendre , des habitudes de douceur, d'affabilité et de politesse , toujours inséparables de la vraie charité ; et si jusqu'à ce jour il règne dans le pays une si grande douceur dans les mœurs de toutes les classes de la société , et tant d'aménité dans les rapports de la vie , c'est au zèle de la sœur Bourgeoys qu'on en est rede- vable (2) en très -grande partie. Outre la science de la religion , elle donnait aux petites filles les premiers principes des lettres humaines avec un succès qui répondit parfaitement à ses soins. Il arriva même de là que les mères de famille ne le cédèrent pas sous ce rapport à leurs maris , occu- pés les uns aux travaux de la campagne, les ir PARTIE. — ClIAl'ITIŒ )II. 183 autres à la guerre ou au commerce ; et nous ver- rons , dans la suite de cet ouvrage , que les femmes eurent même en cela la prépondérance sur les hommes , à cause du zèle infatigable des sœurs de la Congrégation à les instruire et à les former. Enfin , sachant que rien n'est plus pernicieux à la jeunesse qu'une vie oisive et désœuvrée , elle inspirait à ses jeunes élèves l'amour du travail , et leur en faisait contracter l'heureuse habitude , quelle que fut leur condi- tion. « Les sœurs de la Congrégation, écrit-elle , « doivent se rendre habiles à toutes sortes d'ou- « vrages, afin d'apprendre aux enfants à éviter « l'oisiveté , qui est la source de tous les vices , « et les rendrait libertines. Il est donc nécessaire « de faire travailler les enfants des écoles et fograplies^dê . . /a sœur Bour- « aussi les pensionnaires (1). » georjs. Comme le genre d'éducation des enfants doit vi. , ^ . La sœur être proportionne à leur naissance et à leur état Bourgeoys ^ ^ établit de fortune , la sœur Bourgeoys ouvrit un pen- un pensionna l ° "^ ^ a \ illemane. sionnat, au grand contentement des citoyens plus aisés; et c'est là que furent formées , dès l'âge le plus tendre , la plupart des personnes de condi- tion de Villemarie et des environs. Dans le recensement de l'année 1681 , nous trouvons les noms de sept jeunes pensionnaires appar- tenant aux plus honorables familles du pays, 184 VIE DE LA S(*;UR BOIIKGEOÏS. élevées à la Congrégation : c'étaient Louise Migéon de Branssat, âgée de 13 ans; Marie Soumende , âgée de 1 0 ans ; Jeanne Dufresnoy- Carion (*), âgée de 9 ans ; Marie de Hautmes- nil, Marie Lenoir, âgées de 8 ans ; Madeleine de Varennes, âgée de 7 ans, et Christine de Haut- {]) Archives mesnil , âffée de 6 ans (1). L'éducation cme les de la manne, ^ ^ ^ ^ l'ecensement jeunes persounes recevaient à la Congrégation réunissait aux avantages de la piété , qui en était l'âme , une manière aisée et une liberté douce et modeste qu'on attribuait à la vie non cloîtrée des sœui's. , ^^^- Enfin, pour entretenir et ausrmenter dans ses La sœur ^ ° ^étabSrir élèves les bons sentiments qu'elle leur avait in- ^^"xfifnT''' spires , la sœur Bourgeoys réunissait les jours de "de ses" fêtes et de dimanches toutes celles dont l'éduca- aacieniios ... . , . . ^ élèves. tion était terminée , et qui composaient sa Lon- grégation externe. Dans ces réunions elle leur adressait de touchantes et ferventes instructions sur les moyens de se sanctifier dans le monde , et surtout de porter dans leurs familles la bonne odeur de Jésus -Christ. On ne saurait dire les fruits que produisit une institution si utile à la (') Jeanne Dufresnoy- Carion épousa en premières noces M. Jacques Lemoyne de Sainl-Hélène , l'an 1684, et plus tard M. de Monic. ir VAiniE. — ciiAi'iTKK m. IHo piété et à la vertu de toutes les jeunes personnes. Par ce moyen, non -seulement elle les préserva efficacement des dangers auxquels leur innocence aurait pu être exposée , mais elle alluma encore parmi elles une sainte émulation de ferveur, qui fut l'occasion d'un grand nombre de vocations pour son institut. L'une de ces zélées congréga- nistes , la première que la sœur Bourgeoys admit ensuite à la profession , demeura si frappée , tout le reste de sa vie , de ces entretiens spirituels , qu'étant chargée elle-même de les faire dans la suite , elle en écrivait en ces termes : « C'est un M emploi sublime et propre des Apôtres ; c'est la <( continuation de l'ouvrage du Sauveur ; je ne « m'en suis jamais acquittée qu'avec frayeur et « confusion (1). » Dans toutes les paroisses oii la , (i) -^i-chive'^ ^ ' ^ du séminaire sœur Bourgeoys forma par la suite des écoles , elle %f"l'^pfj!!f établit aussi la Congrégation externe. Celle de MaHe^'^'^Bar- Villemarie, commencée en 1658(2), persévère 7^{f;,.,,^f^,„f^, encore , à la grande édification de la paroisse , oii ^f(^sœur%our- elle est connue sous le nom de Congrégation de ^^^^*' Notre-Dame-de-la-Vietoire , depuis qu'elle tient ses réunions dans une chapelle de ce nom , con- struite dans l'enclos des sœurs de la Congréga- tion, comme nous le raconterons dans la suite (*). (*} Quelques personnes ayant lémoigné le désir de voir 186 VIE bE LA SCEUR BOURGEOYS. VI II. Outre les exercices spirituels de la Conqréqa- La sœur ••■ o ^ ^^éiSl\i^ iion externe, la sœur Bourgeoys procura de plus '"en7aveur^ aux jeuues filles de la classe indigente un nou- liiies pauvres, veau moyen de persévérer dans la vertu : ce fut de leur apprendre d'honnêtes états , qui les missent à même de subsister du produit de leur }l]apfroisse Iravail. Dans ce dessein, elle établit un ouvroir slpuitures !% appelé la Providence, où plus de vingt grandes et 28 sèptein- filles étaient instruites et formées par ses soins. hre 1687. — „ p . Efat , présent Elle foumit pour Cet usage une maison (1) située de l'Eglise de la Nouvelle- près de collc de la Congrégation (2) , et désigna France, 1688, ^ o o v y o in-8'', p. 66. quelques sœurs pour apprendre à ces filles à tra- {^) Annales de , . . i Hôtel - Dieu vailler. Le séminaire se chargeait de l'entretien Saint -Joseph , par la sœur ^q phjsieurs d'entre elles, et donnait de plus Mann. ^ ^ {d)Leftresde chaque Semaine une certaine quantité de pain M. Tronson , lettre à M. pour les uourrir (3). Cet utile établissement attira Dollier, diiii, '- ^ ^ mursi623. même l'attention de M. de Denon ville, gouver- supprimer les assemblées des congrégations externes, sous pré- texte, disaient-elles, qu'on en retirait peu de fruit , la sœur Bourgeoys refusa de consentira cette suppression. Elle déclara, au contraire, qu'elle les continuerait toujours, ajoutant que quand ces assemblées ne devraient produire d'autre bien que d'empêcher uneàme de commettre un seul péché, elle se croi- rait abondamment payée de ses peines. C'est pourquoi, avant de mourir, elle pria instamment l'une de ses sœurs de ne pas soulTrirqu'on détruisît ces sortes d'assemblées. Son intention fut lasceur^Bour- fidèlement exécutée après sa mort; et M. Ransonet, qui rap- ffeoys, par M. pQ^tç (.pg détails, ajoute : '( On les continue encore aujour- 96. « d'hui avec beaucoup de fruit et de bénédiction (1). » 11" PARTIE. — CHAriTKi; III. 187 neur général du Canada, qui s'empressa de le recommander à la protection du ministre de la marine. « J'ai trouvé à Villemarie, en l'île de « Montréal, lui écrivait - il , un établissement « des sœurs de la Congrégation sous la conduite « de la sœur Bourgeoys, qui fait de grands biens « à toute la colonie ; et en outre un établisse- « ment de filles de la Providence qui travaillent « toutes ensemble. Elles pourront commencer « quelque manufacture de ce côté-là, si vous fjehtilw^riZ^. 1 1 , r 1 1 n • 1 , • lettre de M. c< avez la bonté de leur laire quelque grati- devenonvuie, p . , , du \?> novem- « ticatlOn (1). » hre 1684. Comme le zèle de la sœur Bourereoys à élever , ix. ° "^ La sœur les jeunes filles avait pour fin d'en former de gj^ïï! mire bonnes chrétiennes , afin qu'elles fussent un ,^ui"vi[nnJnt j . , > 1 p -11 à Villemarie jour de sages et vertueuses mères de lamilie , sa pour charité s'étendait aussi à celles qui allaient de France à Villemarie , dans l'intention de s'établir et d'accroître la colonie. Dans tous ses voyages de France en Canada , elle prit toutes sortes de soins des filles qu'elle amena toujours avec elle. M. Dollier de Casson, parlant de celui de 1659, où elle conduisit trente- deux filles pour Mont- réal , auxquelles elle servit de mère dans ce voyage, et même jusqu'à ce qu'elles eussent été pourvues, ajoute , en considérant les services plus que maternels qu'elles recevaient d'elle dans une 188 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. position si délicate : « C'est ce qui nous fait dire « qu'elles ont été bien heureuses d'être tombées (\) histoire ^^ ^^^^ ^q gj ]3onnes maius que les siennes (1). » (lu Montréal, i \ ' t/e 1658 «1659. £j^ g£pg| ^ j^ g^g^j. Bourgeoys les recevait dans sa maison, elle les logeait, les nourrissait, leur donnait à toutes les instructions qui leur étaient utiles , et les gardait avec elle jusqu'à leur éta- bbssement. Bien plus, quoique les sœurs de la Congrégation se contentassent alors de simples couvertures à leurs lits , elle employait à l'usage de ces iilles les draps qu'on avait dans la mai- (1) Ecrits au- son (2). C'était la même sollicitude àl'éeardde tograpnes de ^ ' o l?eoys"' ^^"'' toutes cclles qui arrivaient à Villemarie pour s'y établir. « Quelques années après le voyage de « 1658, écrit la sœur Bourgeoys , il arriva envi- « ron dix -huit filles du roi que j'allai quérir au « bord de l'eau , croyant qu'il fallait ouvrir la « porte de la maison de la sainte Vierge à toutes « les filles. Mais notre maison étant trop petite « (pour loger tant de monde), nous fîmes accom- « moder une maison que nous avions achetée de « Saint-Ange , et là je demeurai avec elles. J'étais « obligée d'y demeurer à cause que c'était pour (3) ibid. « former des familles (3). » Elle désigne sous le nom de filles du roi de jeunes personnes que le roi faisait élever à l'hôpital général de Paris, toutes issues de légitimes mariages , les unes or- ir PARTIE, — CHAPITRE III. 189 phelines et les autres appartenant à des familles tombées dans la détresse. Comme l'expérience montra bientôt que ces jeunes filles élevées déli- catement n'étaient pas assez robustes pour résister au climat du Canada , ni à la culture des terres , à laquelle chacun était alors obligé de s'appliquer, M. Colbert, en 1670, pria M. de Harlay, arche- vêque de Rouen , d'en faire choisir par les curés de trente à cpiarante paroisses situées près de cette ville, uneou deux dans chaque paroisse (1). On voit (i) Archives ^ de In marine, ici avec quelle circonspection on procédait dans r^yidre de^ ^ t r expéditions le choix des jeunes personnes destinées à devenir ^inits^o^dden- des mères de famille en Canada , puisque ce soin fo/^Jg ^iH^ ' était confié au curé même de chacune de ces pa- roisses. La sœur Bourgeoys nous apprend d'ail- leurs qu'elle n'acceptait pour les conduire à Vil- lemarie que des personnes de vraie vertu (2) (*). {"i) Ecrits au- ^ ^ \ / \ / togrop/ies de C'est ce qui explique pourquoi elle leur témoi- ^^ •^^"'' ^^'"■■ i 1 1 i 1 yeoys. gnait tant d'affection et de confiance , et les gar- dait dans sa maison jusqu'à leur mariage. Il (1) .\'ovveaux (*) Ces détails peuvent servira montrer la lausseté des voyages, i, p. 11 allégations injurieuses de la Hontant (1), et confirmer de plus (2) neiationdc en plus ce que disent à la louange des premières mères de 203** 20^^''* ' ^' famille du Canada , le Père Vimont , dans sa Relation de (3) Histoire véritable de la 1641 (2J;M. Pierre Bouclier, dans l'ouvrage qu'il publia en Nouueiie-Frau- 1663 (3); et le Beau, dans ses Avcnturefi imprimées en isê. .-00 /«\ (li) Aventures 1 /oe ^4j. delcBeau,Hi8. t. I, p. 91. 490 YIE DE LA SŒUR B0UR6E0YS paraît qu'elle avait ordinairement quelques-unes de ces fdles auprès d'elle pour les former et les instruire ; du moins nous lisons dans le recen- {i) Archives semeut de 1667, fait par M. Talon, intendant, de la marine, ,., ., i > i /-i / i- . on Canada, re- qu il y avait alors a la Congrégation quatre iilles censément de ^ ... 1667., a marier (1). .^■^ Enfin, la sœur Bourgeoys n'ignorait pas que, '^Tèçmt^^ malgré sa vigilance et toute l'ardeur de son zèle , '^^ femmes '^^ quelques-uues des filles qu'elle avait élevées , ou sa maison, à c{ui elle avait donné d'autres soins, pouvaient des retraites être oxposécs à perdre de vue les obligations de spirituelles. leur état , et à se ralentir dans les pratiques de la piété. A celles-ci elle fournissait un moyen efficace de se renouveler au service de Dieu par les retraites spirituelles qu'elle leur faisait faire {'i) Écrits au- dans la maison de la Consrré^ation (2). Elle y tographes de u u \ / j la sœur Bour- recevait encore les petites filles aux approches de leur première comnmnion. Convaincue de l'im- portance d'une digne préparation à cette action solennelle qui a t^nt d'influence sur le reste de la vie , elle était ravie de disposer les cœurs de ces enfants à recevoir leur Sauveur pour la première fois , et de leur donner la facilité de passer quel- ques jours dans le recueillement et dans la pra- tique de divers exercices de piété proportionnés à la faiblesse de leur âge. Plusieurs parents dési- raient même de placer leurs enfants en pension ir PARTIE. — CHAPITRE III. 191 à la Congrégation pendant les semaines qui pré- cédaient immédiatement leur première commu- nion ; et nous voyons que Marie Barbier, qui suc- céda dans la suite à la sœur Bourgeoys , y passa ainsi six semaines. Ce fut dans ce court séjour à la Congrégation qu'elle sentit naître dans son cœur un désir ardent de s'attacher à ses saintes fil JxiTchx'i)^^ institutrices , et de consacrer elle-même sa vie à du séminaire . . , T, . . Saint- Sulpice un mmistère quelle savait être si avantageux a Paris, vie fie Marie Bar- aux âmes et si utile à la gloire de Dieu (1). ^^ier. Mais les secours les plus puissants que la sœur xi. ^ ^ ^ Austérités Bourgeoys put offrir aux âmes , pour les aider que^pratique dans l'œuvre de leur sanctification, étaient sans po"ur|^i5.e'r contredit les exemples admirables de sa propre de ofE^sur 1 -fil . » I X la colonie. Vie , plus persuasils et plus entraînants cpie tous les discours. Le zèle apostolicj[ue dont elle était animée ne lui permettait pas de se considérer autrement que comme une victime chargée d'expier les péchés des autres. Il lui inspirait un amour ardent et continuel pour la souffrance ; en sorte qu'elle pouvait dire en toute vérité qu'elle portait tovjours dans son corps la mor- tification de Jésus-Christ (2) ; et qu'e//e accom- (2) n^ Épi- treaitxCori/i- plissait sans cesse dans sa chair ce qui manquait thiens, chap. à la passion du Sauveur pour la sanctification de cette Église (3) naissante. Voici un aperçu aux &1- . " , siens, chap. i, des mortmcations ordinaires que son grand v. 24. . 192 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. amour pour le salut des âmes lui avait inspirées. Elle prenait pour sa nourriture les aliments les plus grossiers , donnait toujours la préférence à ceux qui étaient de mauvais goût , et s'il s'en trouvait quelqu'un c[ui pût flatter sa sensualité, elle y remédiait toujours en le prenant trop froid ou trop chaud, en le délayant avec de l'eau, enfin en y mêlant de la cendre ou quelque autre poudre amère qu'elle portait toujours avec elle pour s'en servir dans l'occasion. Elle mangeait peu , et , selon son ancienne pratique , ne buvait que de l'eau, qu'elle ne prenait qu'une fois le jour, même dans les chaleurs de l'été, jamais en quantité suffisante pour étancher sa soif, mais assez pour l'irriter davantage. C'était toujours dans quelque posture pénible et mortifiante qu'elle prenait ses repas , se tenant debout ou appuyée sur un pied , ou assise seulement ?i demi. Le vendrecH elle ne faisait c^u'un seul repas , et le jour du Vendredi saint elle prenait ce repas à terre. Par la longue habitude de se mortifier dans le sens du goût , elle en perdit tel- (1) Vie de lement l'usage , que les mets les plus désagréables la swiir Bour- , . . , . , ^ | (/eoys-,parM. uc lui causaieut aucuue peme, et que les plus konsonei , p. , . . . ■H 4. délicats ne Im procuraient aucun plaisir (1). CoS'uité ^^^ ^^^ ordinaire était le plancher ou la plate ^des^prières^ terre , avec un billot pour chevet ; et elle s'accu- H* PARTIE. — CIIAI'ITKE III. lOo sait de sensualité condamnable , si elle était ohli- •'•^ ^^ ^*"'' gée de coucher sur une paillasse avec un oreiller ,^ colonie. de paille. L'hiver, elle ne s'approchait point du feu , et elle supportait les incommodités des autres saisons avec la môme dureté pour elle- même , sans vouloir prendre , contre les accidents qui auraient pu survenir, les plus légères pré- cautions. Son corps, qu'elle déchirait souvent par de cruelles disciplines , était de plus chargé d'instruments de pénitence très - meurtriers ; et l'on ne peut entendre parler qu'avec une sainte horreur d'un certain bonnet hérissé d'é- pingles au dedans , qu'elle portait secrètement nuit et jour sur sa tête. Ses sœurs ayant remar- qué par hasard cette invention de son amour pour la soufTrance , et l'ayant conjurée de quitter ce bonnet , elle leur dit en souriant qu'il ne lui faisait pas plus de mal qu'un oreiller de plume. Ayant été priée une fois par ses sœurs de modé- rer ses austérités , pour se conserver à sa commu- nauté , elle leur répondit par une instruction sur l'obligation où est le chrétien de mener une vie austère et pénitente ; instruction si forte et si pathétique , que ses sœurs, étonnées et frappées, se sentirent touchées d'un saint et efficace désir lasœwBour- geoys , 1818, d'imiter ses exemples (1). ^Ve^^à^^F A ces austérités elle ajoutait des prières ar- ^'(i^el^fulv^' 13 i94f VIE DE LA SCËUR BOURGEOYS. dentés, pour toucher plus efficacement le cœur de Dieu en faveur des justes et des pécheurs ; et par la ferveur et la puissance de ses oraisons elle semblait être le plus ferme soutien de cette colo- nie. Aussi M. Souart , qui la dirigea pendant plus de douze ans , convaincu du grand crédit de la sœur Bourgeoys pour négocier les intérêts du pays auprès de Dieu, aimait à la considérer comme la petite sainte Geneviève du Canada : c'était son expression ; et il était persuadé que, quelques efforts que fissent les ennemis de la religion et ceux de l'État , la colonie ne souffri- rait aucun mal considérable de l^r part , étant (1) Vie de souteiiuc par les prières de cette sainte âme (1). lasœur Bour- ^ ^ ^ ' ?T77-m^' ^" pouvait dire d'elle comme du grand saint Martin de Tours , qu'elle était sans cesse en prière pour cette nouvelle Église. Quoiqu'elle ne prît qu'un sommeil très -court , elle l'interrompait toutes les nuits par deux heures d'oraison au moins , qu'elle passait dans les postures les plus humbles et les plus incommodes. Les grands froids de l'hiver ne la détournaient jamais de cette pratique de ferveur. «Vous savez, » disait M. de Belmont aux sœurs de la Congrégation , après la mort de leur sainte fondatrice, « vous « savez qu'elle passait les nuits aussi bien que « les jours en oraison presque continuelle , et 11* PARTIE. — CHAPITRE III. ■19o tt que dans le moment précieux de la sainte « communion, qu'elle recevait, les yeux ordi- « nairement baignés de larmes , dans une bouche « parfumée de soupirs amoureux , il semblait « que son cœur venait tout enflammé d'amour « à la rencontre de son bien-aimé. Voilà ce dont « vous avez été témoins. Mais pour ces faveurs n) Arc/arcs « intérieures , ces paroles , ces colloques qui sont ^" sa'lnt-siX ^ -i 1 11 , pi ce à Paris; a au-dessus du langage des nommes, ce sont Uogesdequei- « des mystères dont Dieu seul s est réserve la nés mortes en odeur de scdn- « connaissance (1). » teté. Malgré sa vie si austère, la sœur Boursreoys xiii. ° ° -^ Efficacité n'avait rien dans son extérieur qui ne fût propre rfei652ài653. « de Moutreal (2). » La sœur Bourgeoys , après ir PARTIE. — CHAPITKE III. 2U3 avoir reçu des seigneurs une concession de soixante arpents de terre , située vers le lac Saint-Joseph, et ensuite quelques autres arpents crue M. de Bre- . , ^ r M (l) Archives tonvilliers fit aiouter à cette concession (1), en de imtei- "^ ^ ' Dieu Saint- Jo- mit en effet trente -cinq en valeur (2), v con- ^^p^/f^v^^^^- ^ \ / 7 j marie. struisit une ^ran^e (3) et y établit un fermier (4), (2) Archives ^ o \ ] i K J' de la marine, afin de retirer de ce fonds de quoi faire subsister, Canada, re- ^ censément de au moins en partie, sa communauté naissante. ^^^'" ^ (3)Ibid.,/e<- L'étable où elle s'était \o^qq en 1657 fut bientôt 'r^f patentes ° delà Congre- insuffisante aux besoins des sœurs et à ceux des 3"-f'^"}- (4) Ecrits au- écoles. La sœur Bouro-eoys fît bâtir alors sur le tographes de ° "J la sœur Bour- mème terrain une maison assez grande pour y 5'^°2/^- loger douze personnes (5) ; et, de plus, elle acheta {^)Anfiaiesde l'Hôtel - Dieu du nommé Saint-Ange une petite maison située Saint -Joseph, par la sœur tout auprès (6). Enfin, celle qu'elle avait fait Morin. . [6] Ecrits au- construire étant encore msullisante , et les sœnrs tographes de la sœur Bour- de la Congrégation témoignant toutes le désir a^oys. d'en avoir une plus spacieuse , elle consentit à leur dessein ; et on bâtit sur le terrain contigu à retable une grande maison toute en pierre (7). {i)Annaiesde ^ r \ / l Hôtel -Dieu. Cependant , lorsque la sœur Bourgeoys vit ^^'^• cette dernière maison élevée , son grand amour pour la pauvreté lui inspira des regrets très- amers d'avoir donné son consentement pour la bâtir ; elle se persuadait même qu'avant de l'en- treprendre elle n'avait pas consulté le supérieur de la communauté , ou qu'elle n'avait pas eu 204 ME DE LA SŒUK BUURGEOYS. {i) Ecrits au- tographes de la sœur Bour- fjeoys. XVI. La sœur Bourgeoys jiriimet à Dieu de reprendre la construction de jSotre-Dann- de Bon-Secours. un consentement assez exprès de sa part. Elle éprouva donc des peines de conscience très- vives , s' imaginant que la construction de cette grande maison était contraire à l'esprit de dé- nùment de toutes choses auquel elle se sentait si fortement attirée (1). Mais Dieu permettait qu'elle tombât dans cet état de trouble, pour la déterminer à entre- prendre une autre bonne œuvre, dont il voulait qu'elle fût l'instrument, et à l'exécution delà- quelle ces peines servirent en effet d'occasion. Ce fut de construire une église en l'honneur de la très-sainte Vierge, selon le projet qu'elle en avait formé en 1657, et qui depuis avait été suspendu, comme nous l'avons raconté précédem- ment. A son retour de France en 1659, elle avait trouvé que tous les matériaux préparés pour l'église de Notre-Dame de Bon -Secours étaient dissipés. Mais alors l'état chancelant du séminaire et de la colonie elle-même, les atta- ques journalières des Iroquois, et les autres évé- nements qui survinrent , ne lui avaient pas per- mis de reprendre ce projet, malgré le désir qu'elle en avait toujours eu. D'ailleurs , « depuis mon « retour de France, dit -elle, étant en com- « munauté avec mes sœurs, je n'avais pas la « môme liberté qu'auparavant. Enfin, en 1670, H'' PARTIE. — CHAl'ITIlE III. 20") « je ne voyais aucun moyen de construire cette « église , car nous avions fait bâtir la grande « maison, où il n'y avait plus à faire alors que le « dedans , outre le logis où nous étions logées , « la grange et autres choses c[ui avaient coûté « beaucoup. Mais dans les peines que j'éprouvai « (après la construction de cette grande maison), « je promis à la sainte Vierge de faire bâtir sa « chapelle, et tout aussitôt je trouvai du sou- « lagement (1). » Ce fut peut-être à la suite de (i)Ecrits au- tographes de cette promesse que la sœur Bourgeoys fit con- lasœurBour struire un petit appentis sur l'endroit où elle avait jeté autrefois les fondements de la chapelle , ainsi que le rapporte la sœur Morin. « Neuf ou dLx « ans après, dit -elle , la sœur Bourgeoys y fit « faire un petit bâtiment de bois (*), mais si « dévot que le peuple y allait comme à un asile (*) La sœur Morin, étant venue se ûxer à Montréal en 1660, et ayant toujours pris un vif intérêt à ce qui concernait la religion, et spérialement le culte de Marie dans celte ville, son témoignage doit servir de correctif a ce que dit M. Mont- golfier , lorsqu'il suppose que cet appentis fut construit en 1639, au retour de la sœur Bourgeoys de son premier voyage de France. 11 avance encore , avec aussi peu de fon- (i) Vie de la dément, que la sœur se servit de ce lieu pour y faire l'école }ieoys, i8i8,"p" aux enfants fl). C'est ce qu'on lit aussi dans la notice liisto- **^'''^" ^ ^ * (2,, ^famlel rique sur cette chapelle, publiée en 1848 (2), d'après le récil ''" pclerin de inexact de M. Monlgolfier. 13 et la. 206 VIE DE LA SCEUR BOITRGEOYS. « assuré dans tous ses besoins. 11 s'y fit plusieurs « guérisons qu'on a crues miraculeuses tant « pour l'âme , par la force et le courage qu'on y (( a obtenus de Dieu pour sortir du péché, que « pour le corps , par la guérison de plusieurs {i)Annaiesde « maladies cousidérables fl). » Ce petit monu- l'Hôtel-Dieu ^ ' ^ Saint -Joseph, meut étant construit depuis peu, la sœurBour- geoys partit pour son second voyage de France , à l'occasion que nous allons raconter dans le cha- pitre suivant. CHAPITRE IV. DEUXIEME VOYAGE DE LA SOEUR BOURGEOYS EN FRANCE. ELLE OBTIENT DES LETTRES PATENTES DU ROI POL'R SON INSTITUT , ET FAIT CONSTRUIRE l'ÉGLISE DE NOTRE-DAME DE BON-SECOURS. Les ursuiines Lorsque M. de Queylus était arrivé à Québec "^twmeïa ^^ 1 668 , les religieuses Ursuiines s'étaient em- le^projef" pressées de lui donner des marques de leur de s'établir . . . , aa J c • x à viiiemarie. estime , aiusi qu aux autres prêtres de Samt- [i) Lettres de Sulpice qu'il couduisait à Viiiemarie (2); et la mère de . i> / V Incarnation, comme ces religicuses ne perdaient pas 1 espé- u^ partie , let- tre Lxxx. rance qu'elles avaient conçue déjà plusieurs fois, d'aller s'établir dans cette dernière ville , on fit II* PARTIE. — CHAPITRE IV. 207 alors quelques démarches pour engager M. de Queylus à favoriser lui-même leur dessein. Sans s'y refuser expressément , il répondit d'abord que l'état actuel des choses ne permettait pas encore de l'exécuter. C'est apparemment ce qui fait dire à la mère de l'Incarnation , dans une lettre de l'année 1670 : « M. l'abbé de Queylus , « qui est supérieur spirituel et temporel à Mont- « réal, pour MM. de Saint-Sulpice , nous promet « sa protection lorsque les choses seront en état. « Nous ne sommes pas marries de ce retarde- « ment. M»'" notre prélat, qui ne fait rien qu'a- « vec prudence, est aussi de ce sentiment (1). » (i) Lettres /-,• ïï 1 ï 1 • r ^^ i i • i de la mère de Si M. de Laval avait réellement le dessein de rincamation, ire partie , let- procurer à ces religieuses un établissement à ^/^ cxxvu , p. 187-188. Villemarie , on pourrait croire que ce fut pour ce motif qu'il ne s'empressa pas d'ériger en communauté la Congrégation , quoique déjà elle eût obtenu les éloges de M. de Courcelle et de M. Talon, et même leur autorisation expresse. Ce prélat jugeait, sans doute, que deux commu- nautés vouées à l'instruction n'auraient pu trou- ver assez d'occupation à Villemarie. Cependant , s'étant rendu dans cette ville au mois de mai 1669, pour concerter enfin avec les ecclésiastiques du séminaire et avec les fabriciens les moyens de bâtir l'église paroissiale , dont la construction 208 VIE LE LA SŒUR BOURGEOYS. {i) Registres avait été différée iusque-là (1), par suite de des délibéra- o ± \ / x tionsdeiapn- troubles précédcnts : dans cette circonstance il roissedeS ille- -t j^ggg'^' ^^ ""^' daigna , le 20 du mois de mai , approuver aussi lui-même les emplois de la sœur Bourgeoys et de ses compagnes. Du moins il leur donna alors par écrit la permission d'instruire les enfanis {i) Archives dans l'éteudue du diocèse (2) (*). Cette simple de l'archevé- \ / \ / x. ]%ies^"d''éta- pemiissiou donnée aux sœurs pourrait faire en- 'la^Cùlm-éga- ^revoir dans M. de Laval quelque dessein ulté- 1676! ^ "'^"^ rieur d'établir les Ursulines à Villemarie, ou peut-être eut-elle pour motif l'incertitude où il était encore sur l'état futur de la Congréga- tion, ne jugeant pas qu'il fût prudent de l'éri- (*) Le greffier du parlement de Paris, dans l'acte d'enregis- trement qu'il dressa des lettres patentes du roi en faveur de la (1) Archives Congrégation, mentionna cette permission de M. de Laval , en (lu royaume o " " ' Paris, section marquant qu'elle avait été donnée le 20 mai, audit an (i). juin 1671. ' Cette manière de parler indiquerait l'année 1667, puisque im- registremeiT, niédiafement auparavant on rappelle l'acte d'assemblée des ci- ?Jl„*^ P'^^°P^^^ tovens de Villemarie du 9 octobre de cette même année. C'est 1672. Arcnwes de la Congre- aussi ce qu'on lit dans l'acte d'enregistrement de ces lettres pa- fiation. , •■ 1 -^ .1 - 1 A . (3) Archives tentes au conseil de Québec, ou les mêmes expressions sont de l' archevêché , ,,, ,c,> »i • > , -, jt •. de Québec. — l'epetees (2). Mais c est par erreur qu on a écrit ces mots : imIgrégalLu ^^^dit an ; il fallait mettre: en 1669. Car, outre que l'ordre lettres de M. de dans lequel les divers certificats énumérés dans l'acte d'enre- Laval. — Re- marques sur les gistremenl semble supposer que la permission dont nous t'onstitutions , , , ■ ,, , , . -./^ • „« imu. — Bemoii parlons était d une date postérieure au 20 mai 166/ , on voit nég'ies. —'^Acte '^'^^^ 1^^ Lettres d'établissement de la Congrégation , données de Basset^ , no- ^^ 1676 par M. de Laval lui-même, que cette permission, tembrc loic. qu'il y rappelif. élait de r.innt'e 166<.) (3). II* PARTIE. — r.lIAriTllE IV. 200 ger en communauté avant qu'elle eût donné des garanties pour son avenir. Quoi (|u'il en soit , les ecclésiastiques du sé- minaire, chargés seuls, comme seigneurs, de soutenir la colonie , et de pourvoir à ses divers besoins , ne goûtaient pas le projet d'y établir les Ursulines. Ils pensaient que ces religieuses , vivant en clôture , étaient moins en état que les sœurs de la Congrégation , de rendre au pays le genre de service qu'exigeaient alors ses besoins. Ils remercièrent donc les Ursulines , en leur allé- guant ce motif. D'ailleurs ces religieuses , cj^ui ne pouvaient encore vivre de leurs revenus, ni se suffire à elles-mêmes par le travail, comme fai- saient les sœurs de la Congrégation , auraient été à charge au pays ; leur établissement eût même été inutile , la colonie de JMontréal étant trop peu nombreuse pour fournir assez d'occupa- tion à deux communautés à la fois. Aussi les Ursulines de Tours, qui avaient eu dessein de passer elles - mêmes à Villemarie , comprenant sans doute qu'elles ne pourraient y trouver ma- tière à exercer leur zèle tant que la sœur Bour- geoys et ses filles y instruiraient les enfants, écrivaient à leurs sœurs de Québec qu'elles iraient volontiers à Montréal, pourvu qu'elles y fussent seules. Pour les détourner de ce projet , 14 210 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. la mère de l'Incarnation leur répondit en ces termes : « Si vous saviez ce que c'est que Mont- « réal , vous n'auriez garde d'y envoyer des « religieuses : elles n'y pourraient vivre sans « être changées de temps en temps , à cause « de l'incommodité du pays. Mais nous ne « serons pas en cette peine , parce que MM. de « Saint-Sulpice , qui en ont la conduite, n'y « veulent que des filles séculières , qui aient la « liberté de sortir pour aller çà et là, afm de « solliciter et d'aider le prochain. Laissons donc « conduire le tout à Dieu , c[ui fera toutes n«^part.fieurê " choses daus le temps ordonné dans son LXXXVIII , p. -1 /jN 668-669. « conseil (1). » n. Le dessein de Dieu sur la sœur Bourgeoys On conseille à i-» ^ la sœur paraissait assez clairement par les fruits qu'elle en^Franœ ^vait déjà produits daus la colonie , et l'on avait ^*^"du*^ror ^"^ lieu d'en espérer de plus grands encore de son des l6ttr6s patentes, zèle , si sa Communauté y était établie d'une et amener . „ , , • / i • at de nouveaux manière fixe et par 1 autorité du souverain. Nous sujets pour sa communauté, avons même vu cju'en 1667 M. Talon avait auto- risé les citoyens à s'assembler officiellement pour dresser une requête au roi , afin d'obtenir en faveur de cette communauté des lettres pa- tentes. La sœur Bourgeoys, toujours étrangère aux maximes de la sagesse humaine , n'avait point demandé la convocation de cette assem- 1I« PARTIE. — CHAPITRE IV. 21 1 Liée ; et , depuis ce temps , elle n'avait fait au- cun usage de la recjuète , ne comptant cjue sur le secours de Dieu pour elle-même et pour sa communauté. Mais ceux cpii la dirigeaient ne crurent pas qu'elle dût négliger plus longtemps un moyen que la prudence rendait nécessaire , et que la parfaite confiance en Dieu ne condamnait pas. Ils lui conseillèrent donc , cette même année 1670, de passer en France pour solliciter de la cour des lettres patentes , et aussi pour amener de nouvelles compagnes , dont elle ne pouvait plus se passer, à raison tant de l'accroissement de la colonie que du petit nombre de sœurs qui par- tageaient alors avec elle le soin des écoles. Car la sœur Marguerite Picaud , qui s'était jointe à elle en 1657, avait pris parti dans le monde (1) ; {i)Ecritsau- I • -1 1 m ,1 • tograplies de et il ne lui restait plus que les sœurs Latnenne la sœur Bour- geoys. Crolo, Marie Raisin, cju'elle avait emmenées de France , et la sœur Anne Hioux , venue aussi avec elle , qui s'était donnée à la communauté depuis son arrivée en Canada. Au reste , Dieu montra manifestement qu'il approuvait ce nou- veau voyage, par l'heureux résultat dont il se plut à le couronner. Bien plus , pour que ce succès ne pût être attribué à la faveur des hommes , il vou- lut , par un concours de circonstances que sa Providence avait sans doute ménagées , priver si 212 VIE DE LA sœUR BOURGEOYS. universellement la sœur Bourgeoys de tout se- cours humain , qu'il est difficile de concevoir un plus grand dénùment que celui où elle fut - réduite pendant les deux ans que dura ce voyage. Voici le récit qu'elle nous fait elle-même des attentions de la bonté divine à son égard . ni. « On me dit qu'il fallait demander des lettres Second voyage ■"• de la sœur „ patentes et emmener quelques filles. Je reçus Bourgeoys ^ l M ^ ^"^sa"^^' ^^ beaucoup de certificats, tant du séminaire « de Saint -Sulpice que de Montréal et de « Québec (*). Je partis donc avec tous ces « certificats que j'avais eus sans aucune peine. « A Québec, étant un peu indisposée, j'allai « prier M. de Fénelon, qui devait passer avec « nous , de permettre à son domestique d'em- « porter ma couverte et une boîte où étaient « mes bardes , ce qu'il me promit. Je vais en- <( suite pour recevoir la bénédiction du saint « Sacrement et celle de M^"" l'évêque , et je « m'embarque (**). Ma boîte avait été mise chez traversée. (*) Outre la permission que M. de Laval avait donnée à la sœur Bourgeoys en 4669 , elle était encore munie de la délibération de l'assemblée générale du 9 octobre 1667, (1) Archives d'un certificat de M. Pérot, prêtre du séminaire et curé de (tu royaume, ,..,, • i , • » • .. ... parlement de Villemane , daté du même jour ; d une attestation du juge de u-emaitdcsfet ^^ ^'eu datée du 10, et enfin d'un certificat de M. Talon, \7^^Conm%at intendant, donné aQuébec le 17 août de cette année 1670 (1). J'i"'' 20 juin (*') i^a sœur Bourgeoys, en racontanl à ri i verses reprises H- l'AllTIK. — CllAl'ITl'.E IV. 'i I ij « M"'" Saint -Amand, avec les effets des voya- « geurs ; et quand ils partirent , ne reconnais- « sant point cette boîte, ils la laissèrent. Cepen- « dant le serviteur de M. de Fénelon m'assure « que tout est dans le navire ; je cherche mes « affaires , on n'y voyait pas clair ; il fallut « passer ainsi la nuit. Le matin , je ne trouve ni « ma couverte ni ma boîte. M. de Fénelon veut « donner une pièce de 40 sols pour envoyer « quelqu'un les chercher à Québec ; mais « dans le moment on crie qu'on va faire voile. « Je m'avise alors d'écrire à M. Dupuis, major « de Montréal , qui était à Québec : que si ma les circonstances de ses trois voyages en France, a confondu, dans un endroit de ses mémoires, le deuxième, qui eut lieu en 1670, avec le troisième, qu'elle fit en 1679. « Quelque " temps avant mon second voyage , dit-elle , j'étais fort « inquiète. Je prends occasion de nos règles, pour aller « consulter Mgr de Pétrée en France; car il était a Paris '- aux Missions étrangères.... » Il n'est pas étonnant qu'é- crivant vingt-liuit ans après son deuxième voyage, elle ait pu rapporter a celui-ci cette circonstance, qui n'ap- partient qu'au troisième. Car il est certain qu'en J670 M. de Laval était a Québec et non k Paris. D'ailleurs , la sœur nous donne assez à entendre qu'il y a confusion dans ce dernier récit, puisque ailleurs elle dit expressément qu'avant de s'em- barquer pour aller solliciter du roi des lettres patentes, elle demanda la bénédiction de M. de Laval. M. Montgolfier, qui n'a pas fait cette remarque en lisant les mémoires de la sœur Bourgeoys, a mêlé ensemble les circonstances de ces deux derniers voyages. 214 VIK DE LA SCEUR BOURGEOYS. « boîte se trouvait , il m'envoyât en France ce « qui pourrait me servir, comme les papiers , et « fît parvenir la boîte à Montréal. Il ne reçut . « point ma lettre. Cependant , comme cette « boîte était restée chez M"" Saint -Amand, « M. Dupuis en fait l'ouverture ; et reconnaissant « par les bardes qu'elle était à moi , il fait un « paquet des papiers , qu'il m'envoie par un « autre navire, et fait passer la boîte à Montréal. « Me voilà embarquée , seule de mon sexe , « n'ayant pas même 10 sols. Je me range sur « des étoupes et sur un rouleau de cordes. Il y « avait deux prêtres avec nous. J'avais de la toile « pour une paillasse qui devait me servir dans « le navire; me voyant sans ma boîte, j'en fis « une chemise , et cependant je ne changeai « point de Hnge dans la traversée. Nous ne « fûmes que 31 jours en mer; mais à la « Rochelle , en descendant du navire , croyant tollaphe.rd'e " Y rentrer (ensuite), je laissai cette chemise , et lasœurBour. ^^ elle fut pCrdue (1). IV. « En arrivant dans cette ville, M. de Fénelon Arrivée de la sœur « nie fit prêter 50 livres ; et pour le carrosse ie Bourgeoys ^ i j à Pans. „ donnai 45 livres 10 sols jusqu'à Paris. Je « ménageai ma dépense. J'arrivai à Paris le soir « fort tard , sans argent , sans bardes et sans con- « naissances , et je passai la nuit chez une 11' l'AllTlE, — ClIAriTUE IV. 215 « femme proche Saint-Sulpice. Le matin, je vais « à cette église , et comme je vis qu'on allait (< porter le saint Viatique à des malades , je me « joignis aux fidèles, et je suivis Notre-Sei- « GNEUR. On passe devant l'église des religieux « Prémontrés (située tout proche au carrefour « de la Croix -Rouge); j'y entrai pour faire mes « dévotions, et ce fut là que je me confessai , et « continuai tout le temps de mon séjour à Paris. « Ensuite je portai une lettre de M. Pérot, notre « curé de Montréal, à ses sœurs, qui me deman- « dèrent ce qu'il fallait de port. Je leur dis « qu'elle venait de trop loin ; et elles me con- « nurent par le contenu de la lettre. Elles « m'olfrirent à déjeuner, ce que j'acceptai avec « besoin , sans leur dire pourtant que j'étais « arrivée dès le soir fort tard. J'allai ensuite au « séminaire donner quelques lettres , et savoir « oïl je pourrais trouver M. de Maisonneuve. « Je dirai ici que, comme j'étais à Québec « avant l'embarquement, un prêtre du sémi- « naire (de Montréal), à qui nous avions fait de « l'ouvrage et fourni quelque chose, sans cfue je « connusse combien il pouvait me devoir, m'a- « vait mandé en quoi je voulais qu'il payât mes « sœurs. Je lui mandai cpie si j'avais cela à « Paris, cette somme pourrait me servir, et je 216 VIK VE LA S(EUR BOURCIEOYS. « ne pensai plus à cela : nous allions faire voile. « Étant donc allée au séminaire de Saint- « Sulpice pour rendre mes lettres , comme « j'attendais à la porte, j'entends un prêtre qui « disait : On me mande de donner 100 livres à « une fille que je ne connais point ; et entendant « prononcer mon nom, je dis : C'est moi. Une « lettre de M. Pérot, que je remis, confirma la « vérité. Tout de ce pas, je suivis ce monsieur, (( qui demeurait tout auprès dans la rue Prin- « cesse. Il me donna 100 livres, et je lui fis une (i) Ecrits nu- « quittance double (1). tographes de lasœurBour- « H y avait 16 uo me souviens point com- « bien d'années que j'avais prêté à un jeune « garçon 120 livres, et M. de Maisonneuve lui « en avait prêté 12, à la prière de M. Galinier (*), « et ce jeune homme m'avait fait une pro- « messe que j'envoyai à M. Blondel à Paris , « pour nous en faire payer. Mais M. Blondel « était mort, et l'on m'avait mandé que la pro- « messe était perdue ; je ne pensais plus à cela. (*) La sœur écrit ici, par inadvertance, de Galinée pour Galinier. Car M. de Galinée n'étant arrivé à Montréal qu'en •1668, après le départ de M. de Maisonneuve , le nombre d'an- nées qui s'était écoulé depuis ce prêt , et dont la sœur Bour- geoys avait perdu le souvenir, montre qu'elle veut parler ici de M. Galinier, arrivé en efTel à Villemarie en 1657. Il*-" PAUTIE. — CHAriTlŒ IV. 217 « Ayant donc reçu les 100 livres dont j'ai ^„ ^•, '1 - "J Elle va loger « parlé , ie fis en sorte de trouver M. de Maison- MÏ;'I^?i'onL a neuve, qui était logé au fossé Saint -Victor, « proche les Pères de la Doctrine chrétienne. « J'y arrivai assez tard. Il n'y avait que c|uel- (' ques jours qu'il avait fait garnir une petite « chambre , et construire une cabane à la façon « du Canada , afin d'y loger quelques personnes « qui viendraient de Montréal. Je frappai à la « porte , et lui-même descendit pour m' ouvrir ; « car il logeait au deuxième étage , avec Louis « Frin, son serviteur; et il m'ouvrit la porte « avec une joie très-grande. A quelques jours « de là, comme il me montrait quelque chose « en son cabinet , il mit la main sur une « planche , et y trouva la promesse de ce jeune « homme. Je cherchai le jeune homme pour lui « faire reconnaître sa promesse. Je trouvai sa « mère, qui était veuve, et la somme... (1) » {i) Ecrits au- ^ togrophes de (me fut rendue d'une manière bien providen- i"sœurBour- tielle). On a su de la sœur elle-même, rapporte M. Montgolfier, que , marchant un jour à pied dans une rue de Paris , elle entendit un cavalier qui courait après elle, et qui, l'ayant atteinte, lui demanda si elle ne connaissait pas une fille venue du Canada , nommée Marguerite Bour- geoys. Celui-ci, ayant appris par sa réponse 218 VIE i»E LA SœUR BOURGEOYS. que c'était elle-même , voulut lui remettre en main une somme d'argent , qu'elle refusait ab- solument de recevoir, ne sachant pas le motif d'une pareille générosité. Mais elle fut bientôt rassurée lorsqu'elle apprit de lui que c'était le (1) Vie de remboursement de ce même prêt qu'elle lui geoys, 1818. avait fait dans son besoin à Villemarie (1). . ^'î- Nous ne connaissons pas le détail des dé- Bienveuiance ^ '*î^r la sœur* ^^^^hes que la sœur Bourgeoys fit à Paris pour Bourgeoys ojjfenir ses lettres patentes. On ne peut douter Cung°égation. quo Ics aucieus associés de Montréal , et les autres personnes zélées pour l'établissement de cette colonie , ne l'aient aidée de leur crédit auprès de M. Colbert , ministre de la marine , d'ailleurs si bien disposé lui -môme pour l'a- vancement de Montréal , qu'il favorisait de tout son pouvoir. Aussi, non content de faire obtenir à la sœur Bourgeoys les lettres patentes qu'elle était venue solliciter, il écrivit encore en sa faveur à M. Talon, intendant du Canada. « Quant à l'établissement de la Congrégation de « filles, lui disait -il , qui se forme à Montréal « pour enseigner aux personnes du même sexe à « lire , écrire et quelques ouvrages de main , le « roi trouve bon que vous vous appliquiez à le c( fortifier : ces œuvres de piété pouvant contri- « buer beaucoup à l'augmentation du culte de 11* l'AKlIF. — CHAriTKi; IV. 2I9 « notre reliînon (1). » Enfin, sachant toutes les {i) Archives o \ ' de lu marine, oppositions que le séminaire de Villemarie ^)'s"/'.e"jes7é- avait éprouvées de la part du conseil souve- \tn!h'M.Ta- rain de Québec , M. Colbert voulut que les lettres ^°"' ^''^' ^'" patentes de la sœur Bourgeoys fussent d'abord enregistrées au parlement de Paris avant d'être présentées à Québec , afin qu'elles ne pussent rencontrer aucun obstacle dans cette dernière cour. Il avait usé de la même précaution dans la rédaction de celles des sœurs de Saint -Joseph de Villemarie , expédiées en 1 669 , et qui même furent adressées au parlement de Paris seule- ment (2). Une autre circonstance crui montre ('2) Édits ^ ' ^ concernant le combien la Pro\ddence disposait en faveur de la ^"lf%'^' '' sœur Bourgeoys toutes les personnes avec les- quelles elle avait à traiter dans cette négocia- tion , c'est que le secrétaire chargé d'écrire les lettres patentes ne voulut rien recevoir pour les togmphes Ve n • 1 /n\ /*\ T-m f • r i la SŒur Bour- Irais de sceau (3) ( ). Elles lurent signées par le geoys. {*) La sœur Bourgeoys, qui rapporte ce trait sans se rap- peler le nom du secrétaire qui l'avait traitée avec tant de bienveillance, parle sans doute de M. de Sérancourl, chargé en eflet de ces sortes d'expéditions. Il en usa de la même sorte six ans après , à l'égard du séminaire de Saint-Sulpice. « Il « m'a remis de très-bonne grâce nos lettres patentes du « Canada , écrivait M. Bourbon , ne me demandant autre n chose que quelque part "a mes prières, et renvoyant à (d jonmal « M. Colbert toute la reconnaissance que je lui témoignai de %r îi!°Bour- ■■< la part de la maison (!}. » ''O"' 220 VIE DE LA sœUR BOURGEOYS. roi à Duiikerque , au mois de mai 1671 , et enre- gistrées au parlement de Paris le 20 juin suivant. Nous ne pouvons nous dispenser de les rapporter ici en substance , comme étant une confirmation authentique de tout ce c|ue la sœur Bourgeoys avait fait jusque alors pour l'augmentation de la piété dans la colonie de Montréal. VU- « Notre bien-aimée Marguerite Bourgeoys, patentes « oridnaire de notre ville de Troves en Gham- du roi ° j Coo'^rélatioi'f " p^gno , dit le roi , nous a très -humblement coiummiauic. « f^ï* exposer qu'il y a longtemps cju'il a plu « à Dieu de lui inspirer le désir de l'avancement « de la foi catholique , par la bonne instruction « des personnes de son sexe , tant des Sauvages « cjue des Français naturels de la Nouvelle- « France , où elle s'est retirée pour ce sujet dès « l'année 1653. S'y étant établie dans l'Ile de « Montréal avec quelques autres fdles vivant en « communauté, elle y a fait l'exercice de mai- « tresse d'école , en montrant gratuitement aux « jeunes filles tous les métiers ciui les rendent « capables de gagner leur vie; et avec un si « heureux progrès , par les grâces continuelles « de la divine Providence , cjue ladite exposante (( ni ses associées ne sont aucunement à charge « au pays , ayant fait bâtir à leurs dépens , dans « l'Ile de Montréal , deux corps de logis propres Il* PARTIE, — CHAPITRE IV. 221 « à leur dessein , et fait défricher plusieurs con- « cessions de terre , bâtir une métairie garnie « de toutes les choses nécessaires. Cet établisse- « ment ainsi fait a depuis été approuvé tant « par le S' évêque de Pétrée , Adcaire aposto- « lique , par le S"" de Courcelle , notre lieutenant « général en Canada, et le S' Talon, inten- (( dant de justice, police et finances, que par « un résultat d'assemblée des habitants du « lieu ; au moyen de quoi ladite exposante a « été conseillée , pour le bien général de File , (( de venir nous requérir de lui accorder nos « lettres de confirmation de cet établissement , « sous le titre de Congrégation de Notre-Dame. « Voulant contribuer de notre part , comme « nous ferons toujours autant qu'il nous sera « possible , aux bonnes intentions de ladite ex- « posante , de ses associées et de celles crui leur , , , , . ^ ^ {l) Archives c( succéderont, en leur donnant le moyen de CAnoiaTeTi' « fortifier et d'étendre leur établissement, dans ~oyaume%ar- . iT A'i -'11 > lement de Pa- « tous les lieux ou il sera juge le plus a propos ris, enregis- « pour la gloire de Dieu et le bien du pays : nous juin 'i67i. — Edits concer- « confirmons par les présentes, sisruées de notre »"«' te cana- ^ ^ ^ ^ du, t. I, p. 59. « main, l'établissement de ladite Congrégation —, ^'c/ure? o o fie la Congre- « dans File de Montréal , sous la juridiction de ^e,yarie^—vie a l'Ordinaire, sans qu'elles y puissent être trou- "iiou%eolT,'' 1 81 R ï\ RR- (( blées sous quelque prétexte que ce soit (1). » 89-9'o. 222 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. VIII. Après que la sœur Bourgeoys eut obtenu ces Bourgeoys lettres patentes , elle sonsrea à s'associer de nou- emmene i ' o ^nouvefieï'^ velles compagnes. Nous ignorons les démarches '^^'poSf "^^ qu'elle fit à ce sujet ; elle rapporte seulement que entrer dans sa , ,, in communauté, daus ce voyage elle emmena de ï rance , pour (1) Ecnts au- yivre avec elle en communauté, six filles (1 ), dont Tograpnes cit^ ^ ' ^Vo^r ^°"' ' pliisieurs étaient ses propres nièces ; ce qui nous porte à croire que ce fut encore à Troyes qu'elle forma cette nouvelle recrue. Ces six nouvelles compagnes furent , selon toutes les apparences , les sœurs Elisabeth de la Bertache, Madeleine Constantin , Thérèse Soumillard , Perrette Lau- rent , Geneviève Durosoy et Marguerite Soumil- lard , que nous voyons , quelques années plus (2) Regisfre tard (2) , fomier avec les anciennes toute la com- (les délibéra- tions de lapa- munauté de la Consrrésration. S' étant rendue à 7'otsse de Vil- *-' " ^relatifs "'^^Z ^^^^^ ^vcc SCS fillcs , pour aller de là au Havre , de^'Bon^-sT- OÙ olles devaient s'embarquer, elle apprit que M. de Laval , évéque de Pétrée , était arrivé en France pour solliciter l'érection de Québec en évêché , et qu'il était logé au séminaire des Mis- sions étrangères. Elle s'empressa d'aller lui de- mander sa bénédiction et de lui présenter les compagnes qu'elle menait avec elle. Le prélat /asLir%jur- les accucillit avec bonté et approuva qu'elles iTii—vie par entrassent comme postulantes dans la commu- M. Ransonet , ^ r^ r • , \ -i • » p. 60. naute de la Congrégation (3) ; du moms c est ce Il" PARTIE. — CHAPITRE IV. 223 que semble dire la sœur Bourgeoys lorsqu'elle écrit : « qu'elles furent reçues au séminaire des ff^rîSles'^dè « Missions étrangères par Mgr de Laval (1);» ^"0^'*""'" puisque dans la suite elle écrivit à Québec pour ^/f] ^'J^^JJ^ obtenir leur admission définitive dans sa com- '^"jM'!de%e'Z -„ _„ x' rct\ nières , du 4 munaute (2). novemh.im. Avant de partir de Paris , la sœur Bourareoys ix. ^ ^ •' MM. Denis visita plusieurs ecclésiastiques dévoués à l'œuvre ^t Louis *■ ^ Lepretre de Montréal, à qui elle apprit la promesse qu'elle *^*^"statue^'^^ avait faite avant son voyage de bâtir à Villemarie i^ chapelle de /Tj- i,! jii.> • i. Bon -Secours. une éguse de pierre en 1 honneur de la très -sainte Vierge, qui serait ainsi la première construite dans le pays. Ils furent tous charmés de ce pieux dessein, et M. Macé, prêtre du séminaire de Saint-Sulpice , lui donna 100 livres pour l'aider à l'exécuter. M. de Fancamp lui ayant offert de payer les frais de son retour, la sœur Bourgeoys refusa cette offre , et lui dit qu'elle recevrait vo- lontiers de sa chanté une grande statue, pour la placer dans l'église qu'elle avait promis de faire bâtir. Édifié d'une demande si conforme à sa tendre piété envers Marie , et ravi de contribuer par ce moyen à la faire honorer en Canada , M. de Fancamp envoie aussitôt chez les sculp- teurs pour acheter une statue. Mais on ne put en trouver une seule dans tout Paris telle qu'il tographes°'de la désirait (3); et cependant le temps de l'em- ^eo^"' 224 TIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. barquement , qui était proche , ne permettait pas à la sœur Bourgeoys d'attendre. Alors deux anciens associés de Montréal , M. Denis Leprêtre et M. Louis Leprêtre , son frère, seigneur de Fleury, qui, dès le commencement de la société, avaient eu un très -grand désir de faire honorer la très -sainte Vierge dans cette île, sachant l'embarras où était M. de Fancamp, lui don- nèrent avec joie, pour être envoyée à Montréal, une petite statue de la très - sainte Vierge qu'ils possédaient. Cette statue, faite du bois miracu- leux de Montaigu et de la hauteur d'environ six (1) Registre r • -i r i • ^ i des délibéra- pouces , était houorée depuis longtemps dans tions de la pa- roisse de Vil- leur chapelle domestique , et avait été à l'usage lemane , acte ^ ■"• 1^675 -Do««- ^^^ R- P- Léonard, capucin, provincial illustre *Z\%!"mm. dans son ordre. Ils firent cette donation le 15 'certfficàt 7e avril 1672 , à dessein « d'échauffer d'autant plus 'càm'p/\h\à.'^~ « la dévotion des habitants de l'île de Montréal, ^- « et d'v faire honorer la très- sainte Vierqe , en M. de "J ' miraculeuse- " Vhomieur de laquelle cette île est dédiée, et doîit ;\™occaloii"de « ^^^^ ^^^ ^^ mttîtresse (1). » ^^ donne"^' Cette statuc était renfermée dans une niche. 30 pistoies, M. de Fancamp , voulant l'y faire enchâsser commencer mieux qu'elle ne l'était, désira de la garder la bâtisse de Bon-Secours, quelques jours chez lui avant de la remettre à la iifraphesl'e sŒur Bourgcoys (2). 11 régnait alors à Paris une la sœur Bour- ,-,•,--, r • • i • , x^ yeoys. maladie epidemique qui emportait en tres-peu II« PARTTE. — miAPITRlv TV. 22r> de temps ceux qui en étaient atteints , et le soir (lu jour même où M. de Fancamp reçut en dépôl la statue , qui était le Vendredi saint , il fut subi- tement atteint de cette maladie, avec des symp- tômes si dangereux , que les médecins en furent alarmés , et qu'au rapport de la sœur Bourgeoys il n'avait plus à attendre cpie la mort (1). « Le (i)iwii. « lendemain , veille de Pâques , rapporte M. de « Fancamp lui-même, ayant été saigné, et « étant pénétré de crainte des suites de ma ma- « ladie, je m'adressai à la très -sainte Vierge à « l'occasion de cette image que j'avais pour lors « devant les yeux , et je lui dis avec confiance : « Vous allez à Montréal pour y faire jjaraUre « les largesses de vos miséricordes; voulez-vous « donc en partant laisser soti pauvre fondateur ? « S'il vous plaisait de me guérir pour m'obtenir « le temps défaire pénitence , je publierais pai'- « tout vos bontés, je procurerais de tout mon « pouvoir le bâtiment de votre chapelle , et pour « la commencer je vous offre et donne '^0 pistoles. « Après ces paroles je demeurai sans douleur ni « crainte de ma maladie. Quelque temps après, K il me survint un si grand débordement d'une « bile enflammée , sans aucun remède ni aide « de la nature , ce me semble , que je me trou- (2) certifi- « vai incontinent guéri (2). » La guérison de 'Fn>icamp';\hu\. 15 226 VIE DE LA SŒUR BOURGEOTS. AI. de Fancamp fut en effet aussi durable qu'elle avait été subite ; car il vécut encore environ vingt ans , et mourut dans une extrême ^àeil- ii) Lettres de Jesse (i). Il remit donc à la sœur Bourfireoys la ^Befmont^' fil ^^^^^^ ^^'^^ ^^ sommc qu'il avait vouée , en y joi- 30 mm 1690. .^nantencore une attestation de sa guérison qu'il signa de sa main , le dernier jour du mois d'avril de cette même année 1672. ^J^• La sœur Boursreoys , au comble de ses désirs. Séjour o j ' Bourffeovs^ reçut Cette statue comme une nouvelle marque des de ses filles béuédictions que la très-sainte Vierge donnait à ;\ Rouen. . »> i . i ses entreprises , et ne songea plus qu a hâter le départ pour le Havre , où devait se faire l'em- barquement. Outre les six filles agréées par M. de Laval pour entrer dans sa communauté , elle était chargée d'en conduire quelques autres , destinées à s'établir à Villemarie. Elle descen- dit la Seine en bateau de Paris à Rouen avec sa petite troupe , composée de onze filles ; et là elles furent obligées de séjourner plus d'un mois , le navire sur lequel elles devaient s'embarquer n'étant pas encore prêt à partir. Un séjour si pro- longé dans une grande ville , eut bientôt épuisé leurs modiques ressources. Celle de ses filles qui avait été chargée du soin de la dépense , voyant qu'elles étaient à la veille de manquer de tout , dit à la sœur Bourgeoys : « Ma sœur, nous n'a- Il» PARTIE. — CHAPITRE IV. 227 « vons plus d'argent que pour cette semaine : « que ferons -nous après? — Vous vous défiez « donc de la Providence? » lui répondit la sœur Bourgeoys ; « elle ne nous a jamais manqué dans « nos besoins. — Mais en attendant , répliqua <( l'autre , il faut que nous vivions. — C'est c( assez, ma sœur, lui dit -elle. Dieu y pour- ce voira. » Dieu y pourvut en effet ; car, avant la fin de la semaine , Louis Frin , cpii demeurait chez M. de Maisonneuve , arriva ?i Rouen , et apporta pour chacune de ces filles un mandat de 200 livres , et une rétribution journalière de 11 sols 6 deniers jusqu'à leur arrivée à Qué- bec (1) ; secours qui , selon toutes les apparences , leur était procuré par M. Colbert, si dévoué à .w^isis.p. l'œuvre de Montréal. Comme le séjour de Rouen n'offrait aucun in- xii. , Pèlerinage terêt a ces vertueuses filles, la sœur Bouroreoys à ^ "^ Notre-Dame les fit embarquer pour le Havre, afin qu'elles «ips Neiges. fussent témoins des travaux c^ue l'on faisait pour équiper le vaisseau. Elles furent obligées de de- meurer encore plus de quinze jours dans cette dernière ville. Pendant ce temps, la sœur Bour- geoys, qui ne cessait de les occuper par divers exercices de dévotion , leur proposa de faire un pèlerinage à Notre-Dame des Neiges , afin d'obte- nir de Dieu un temps favorable pour leur traver- (1) Vie (h la sœur Boni-- 228 VIE r>E T.A SŒUR BOURGEOYS. (1) Vie de sée (i), et surtout de se renouveler dans le désir la sœur Bour- ^ ' rS' ^^'^' de pratiquer toute leur vie les maximes les plus pures de la perfection chrétienne. « Dans les deux « voyages où j'ai emmené des filles , écrit- « elle , lorsqu'il s'est trouvé des lieux de dévo- ue tion sur la route, nous avons toujours renou- [1) Écrit s cm- « yclé la résolutiou de suivre la perfection (2). » loffraphes de la s-œur Bour- Toutes ses filles agréant fort sa proposition , il fut décidé c{u'on ferait ce pèlerinage à pied et à jeun , et que toutes y communieraient. Le trajet était long ; c|uoiqu'elles fussent parties de très- grand matin , elles n'arrivèrent qu'un peu tard dans la matinée; en sorte que de deux prêtres qui résidaient dans ce lieu , l'un avait déjà dit la sainte messe , et l'autre , malade et alité depuis plus de six semaines, n'était pas en état de la célébrer. Mais la sœur Bourgeoys ayant raconté au premier la promesse qu'elle avait faite avec ses fdles, celui-ci alla en rendre compte à son confrère, qui était encore à jeun et qui se trouva sur-le-champ en état de se lever. Ces deux prêtres se rendent à l'éghse ; ils se mettent, cha- cun de son cùté, à confesser toute cette troupe ; et le malade, qui n'avait pu descendre qu'à l'aide d'un bâton, célébra sans incommodité la (3) Vie de saiute mcsso , oîi elles eurent toutes le bonheur la sa'ur Bour- . . . (jeoys, ibid, QC commuuier (3). 11"= l'AUTlE. — CHAPITRE IV. ±i*.) Doux OU trois jours après, le navire étant ,„^"'-, équipé et le temps favorable, on mit enfin à la a^Québe? voile le 2 juillet , jour de la Visitation. Parmi les passagers , qui étaient an nombre de quarante- cinq , se trouvait M. François Le Fèbvre, prêtre de Saint -Sulpice , qui exerça quelques années plus tard les fonctions de supérieur du séminaire de Villemarie. On comprend assez à quoi devaient s'occuper durant ce voyage la sœur Bourgeoys et ses pieuses compagnes. Elle leur faisait faire de fréc^uents exercices de dévotion devant la statue qu'elles portaient à Villemarie, et qu'elles ai- maient à considérer comme leur sauvegarde dans cette traversée. La sœur Bourgeoys désirait surtout de se trouver en Canada le jour de l'As- somption avec sa statue , pour mettre en quelcpie sorte la très-sainte Vierge en possession d'un pays qui lui est spécialement consacré. Avant de partir du Havre, et lorsqu'elle a^'ait vu l'embar- quement si longtemps différé , elle avait même engagé ses filles à faire une neuvaine pour de- mander à Dieu cette grâce. Elles avaient promis , dans ce cas, d'entendre chacune trois messes le jour de l'Assomption, et autant les deux jours suivants ; et il plut à Dieu d'exaucer leurs désirs , car elles arrivèrent à Québec l'avant -veille de ia\^j.-u,-Bou>'- cette tête (1). p.ino-no-iu. à Villemarie. 230 VIE DE LA SUEUR BÛURGEOYS. ^ly- Lorsque la sœur Bourgeoys arrivait à Québec , Boùr ms ^^^^ personne, qui apparemment n'approuvait pas ses desseins, vint lui annoncer que la commmiauté de la Congrégation était en décadence et prête à tomber ; à quoi elle répondit : « Celui qui la fera « tomber, pourra bien la relever quand il lui « plaira. » La maison de Montréal était alors dans un très -grand dénùment ; et c'était appa- remment ce qui faisait croire à quelques-uns qu'elle ne pourrait se soutenir. Mais il s'en fal- lait bien que la sœur Bourgeoys tirât de ce dénù- ment une induction si peu conforme à la sagesse chrétienne et à la conduite de la divine Provi- dence sur les œuvres dont elle est le soutien. La pauvreté réelle était au contraire le plus riche trésor que la sœur désirait laisser à ses filles, et le plus ferme appui qu'elle voulait donner à leur établissement. Aussi fut-elle charmée , en arri- vant à Villemarie, de voir qu'on ne pût lui pré- senter à son premier diner qu'un petit morceau de viande salée et du pain. Pleine de confiance , elle ne laissa pas de charger la sœur Geneviève Durosoy de préparer à souper pour la commu- nauté. « Mais que voulez -vous que je prépare? « lui dit celle-ci ; je ne vois rien dans la mai- « son. — Pourquoi vous défiez -vous ainsi de « la Providence? lui répondit la sœur Bourgeoys; ir l'ARTIE. — CllAriTRE IV. 231 « allez toujours à votre olFice : Dieu y pourvoira. » En effet, dès cette après-midi plusieurs personnes, étant venues les visiter, leur apportèrent en pré- sent diverses espèces de provisions , en sorte que dans le jour même il y eut abondance de tout (1 ). ^^ ^'J "''•'•' i' L'arrivée de la sœur Bourgeoys fut un grand sujet de joie pour tous les bons citoyens de Vil- lemarie. Ils avaient demandé au roi d'affermir, par des lettres patentes , l'établissement de la Congrégation , qui leur était si cher à tous , et dont ils appréciaient de plus en plus les précieux avantages. Ils bénirent comme à ^en^d la divine Providence en apprenant le succès de leur sup- plique , et en voyant arriver encore , pour se con- sacrer à cette œuvre , les zélées coopératrices que la sœur Bourgeoys amenait. « Ce que j'admire, » disait dans ces circonstances xM. Dollier de Casson , que nous pouvons considérer ici comme l'organe des sentiments de toute la colonie ; « ce que « j'admire est que cette bonne sœur Bourgeoys « vienne de faire , comme elle a fait, un voyage u de France de deux ans, dans lequel, sans « amis ni argent , elle a subsisté , elle a obtenu « ses expéditions de la cour , et est revenue avec « douze ou treize filles , dont il y en avait bien « peu qui eussent de quoi payer leur passage. a Tout cela est admirable , et fait voir la main 232 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. {i) Histoir- ^^ ^[Q D^gu g^, ^^^g bonne fille et sur son «M Montréal, r/el6S2àl653. „ mstitut (1). » La^sœur ^'^^^ ^^ autre Sujet de joie pour tout le pays , piacTfa statue ^^ ^^^ l 'acquisition que la sœur avait faite de la dans le petit , , • i -, , i r , • appentis statue mu^aculeuse dont nous avons parle , et qui Ou obtient devait être bientôt pour les fidèles une source de la permission (le bâtir grâces et l'occasion d'un renouvellement dans la l'i^liso do Bon -Secours uévotion envers Marie. La sœur Bourgeois la plaça d'abord dans la maison des sœurs, en at- tendant qu'on eût bâti la chapelle qu'elle avait promis de faire construire. Mais, pour ne pas priver jusque alors les fidèles de l'avantage de prier devant cette statue , M. Pérot , curé de Montréal , désira qu'elle fût placée dans le petit appentis de bois , en forme de chapelle , que la sœur Bourgeoys avait fait élever avant son der- nier départ pour la France. En conséquence, elle la plaça elle-même dans ce lieu de piété , au commencement du mois de juin, durant l'octave 2) Reyisfre du saiut Sacremeut de l'année suivante 1673 (2) ; lies délihéru- tiomdeiapa- q{ |a statue v demeura iusqu'à ce qu'on com- roisse de \ il- " J J J ii'!'!"ÀLU ^^^ mencât les travaux de la bâtisse. Ils furent encore différés environ deux ans, apparemment pour qu'on pût , durant cet intervalle , se procurer les fonds nécessaires : ce que la construction de l'église paroissiale , à laquelle on travaillait , devait rendre plus difficile alors que dans un autre temps. 11"^ l'AirriE. — cii.viiTKt; rv. :2.j;j Cependant , déjà au mois d'août de cette an- née 1673 , un ecclésiastique du séminaire, M. Pérot, curé de Montréal, ou peut-être M. Dollier de Casson, devenu supérieur en rem- placement de M. de Queylus, que ses aff^iires do- mestiques avaient rappelé en France (1), écrivit (i) Histone ^ ^^ ^ ^ du Montréal, à M. Dudouyt, grand-vicaire en l'absence de rfei67o«i67i. M. de Laval, pour lui demander la permission de bâtir la chapelle. M. Dudouyt répondit le 24 août de la même année : « J'ai bien de la joie de « voir que vous prucurez la dévotion à la sainte « Vierge avec tant de zèle, .l'approuve bien le « dessein d'une petite chapelle proche de la « ville de Montréal , où l'on puisse aller facile- « ment, par dévotion, honorer la sainte Vierge. « Selon que le R. P. Pijard me l'a fait connaître, « ce heu est bien proche ; s'il était un peu plus « éloigné , cela contribuerait à la dévotion du « peuple , qui y ferait volontiers ses petits pèle- « rinages. Vous y penserez avec vos messieurs , « et vous m'en direz votre sentiment (2). » 11 (-i) neytstre i/es déhhérn- parait cependant que la distance fut jugée con- J^'ig^tÏ' ** venable , les fidèles étant d'ailleurs accoutumés déjà à fréquenter ce heu par dévotion. Du moins on convint de bâtir la chapelle dans l'endroit même où la sœur Bourgeoys avait résolu d'abord de la faire construire. La sœur désirait qu'on 234! TIE DE LA SœUR BOURGEOYS. donnât à la chapelle l'Assomption pour fête prin- cipale ; et elle en écrivit à M. de Bernières, grand-vicaire , qui approuva ce dessein le 4 no- (1) Ibid., 4 j X X novemb,\6iL yembrc de l'année suivante (1). Construction Enfin, l'année 1675, une partie des fonds dei^éghsc ^{.^n^ ^^^^ réuuis , on résolut de construire la ' ^ '^de ""'"^ chapelle. Les 300 livres données par M. de Fan- Bon -secours. • . r.r 1 r 1 T. camp avaient été employées par la sœur Bour- geoys à acheter des marchandises en France pour les revendre avec bénéfice à Villemarie, et avaient produit 600 livres, monnaie de Canada. Elle reçut d'autres dons, et amassa ainsi pour cette bonne œuvre un fonds de plus de 2,000 livres, auquel elle ajouta 100 louis provenant des économies de sa communauté. Ensuite, pour entrer dans les vues des donateurs , elle demanda au curé et aux marguilliers de Villemarie de vouloir que la nouvelle chapelle fût une annexe et une dépendance de leur paroisse, et d'en diri- ger eux-mêmes la construction. Us acceptèrent ses offres, et M. Souart, au nom de M. de Bre- tonvilliers , supérieur du séminaire de Saint- Sulpice , donna l'emplacement pour la bâtir. Le même jour, 29 juin , fête de saint Pierre et de saint Paul , à l'issue des vêpres , on alla proces- sionnellement au lieu destiné pour la chapelle. M. Souart planta la croix, et le lendemain, après 11' PARTIE. — CIIAIITIŒ IV. 235 les vêpres, s'y étant rendu de nouveau avec un grand concours de peuple , il posa la première pierre de l'édifice au nom de M. de Fancamp (*). Comme la chapelle devait être une fois plus i^Tande que celle que la sœur Bourgeoys avait eu dessein de faire construire en 1657, on fut obligé de relever la première pierre qu'on avait posée alors, et on la remplaça par une autre plus grande , sous laquelle on mit une médaille de la sainte Vierge , avec une placjue de plomb portant l'inscription suivante : D. 0. M. BEATJi MARI^ VIRGINI ET SLB TITULO ASSUMPTIONIS (**). Enfin on dressa de cette cérémonie un procès- verbal qui fut signé par les ecclésiastiques du séminaii'e , les marguilliers , et par quatre sœurs de la Congrégation , les sœurs Bourgeoys , Anne Hioux, Elisabeth de la Bertache et Marguerite ,ipÏ' dJillérn- ,v n , . , lions , 29 iuin Freudhomme (1). i675. (*) M. MonlgoHier, dans sa Vie de la sœur Bourgeoys, (i) \ic de a supposé, par erreur, que celle cérémonie avail eu lieu g'^oysTisisTp' en 1673 (1); et c'est de ceUe source que la même date s'est ^;,, ^anuei glissée dans la Notice hhtorique sur la chapelle de Xotre-Dame- f'" Pèlerin de ■• ' Bon ■ Secours , de- Bon- Secours (2). p. 17. ('•) C'est-à-dire : A Dieu Irès-bonet très-grand. A la bien- heureuse Vierge Marie , et sous le litre de son Assomption. 'l'M VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. Dès que la première pierre eut été posée , on se mit incontinent à l'ouvrage , qui fut poussé avec beaucoup d'activité, la sœur Bourgeoys ayant su inspirer aux ouvriers, et même à ses propres filles, un saint zèle pour cette œuvre, qu'elle avait si fort à cœur de voir bientôt ache- vée. « Quand on maçonnait les marches de la « porte, dit-elle, nous avions un engagé qui ne « voulait point aller servir les maçons. Ma sœur « Soumillard avait alors dans la tète un abcès « qui la faisait beaucoup soutîrir, juscpi'à l'em- « pécher de se baisser , et à l'obliger même de « se mettre à genoux lorsc^u'elle voulait balayer « sa chambre. Néanmoins elle alla incontinent « au travail , et servit les maçons , environ deux « ou trois heures , avec la force d'un homme , et « comme sans faire réflexion à son état. Or il (( est à remarquer que , depuis ce moment , elle « cessa pendant un an entier d'éprouver aucune i\)E<:n(soi'- « douk'ur à la tète (1).» Cette guérison ex traor- fogrophes de . , , ^ ,., lo sœur Bour- duiairo ue tut pas la seule de ce genre qu il geoys. plut à Dieu d'opérer alors pour accréditer ce lieu de dévotion , ainsi que la sœur Bourgeoys nous l'apprend. «Il se faisait, dit-elle, plusieurs mer- « veilles par les prières que l'on faisait dans cette « chapelle. » Comme ce sanctuaire consacré à Marie devait Il* PAUTIE, — CHAPITRE TV. ^'M Atre pour tout le pays une sauvegarde plus assu- rée que tous les secours humains , il sembla que la Providence eût inspiré à la sœur Bourgeoys d'employer pour matière de la cloche destinée à y appeler les fidèles, les débris d'un canon employé jadis à la défense du pays contre les h'oquois. « La fonte de cette cloche, qui pèse un « peu moins de cent livres , écrit-elle , est d'un « canon cassé que j'avais obtenu de M. de Mai- « sonneuve. M. Souart en a payé la façon (1). » O '^'f'- La chapelle de Bon-Secours étant terminée , la xvn. •^ L'église sœur Bourgeoys, de concert avec ses fdles, pour „. secours en assurer la possession à l'église paroissiale, fit .^mexée donation à la fabrique des cent louis qu'elle avait J fa parSe fournis pour la bâtir, et mit pour condition qu'elle serait une annexe inséparable de la paroisse de Villemarie. Peu après, les sœurs adressèrent une reciuète à l'évéque de Québec pour le prier de l'annexer lui-même à perpétuité à cette paroisse, « sans que jamais , disent-elles , « pour quelque raison que ce soit, elle puisse « en être séparée , ni être occupée et possédée « par d'autres ; afin que, de cette sorte , les des- « seins des personnes qui ont donné les aumônes « soient exécutés , conjointement avec ceux des ,/i*î/&m- « filles de la Congrégation (2).» Enfin, elles /,Tdes sà-ius à M.de Imi'ii/, prient ce prélat de leur permettre de contmuer igts. 238 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. leurs soins à l'orner et à recueillir les aumônes pour en faire achever l'intérieur. « Ce qu'elles « offrent de faire, ajoutent-elles, pour rendre « à la sainte Vierge , leur mère , tout l'honneur « et service qui leur est possible. » M. l'évéque de Québec accorda en effet à la sœur Bourgeoys l'objet de sa requête, le 6 novembre 1678 ; ordonnant expressément que , pour aucune rai- son , la chapelle de Bon-Secours ne pourrait être séparée de la paroisse de Yillemarie , suivant les intentions de la sœur Bourgeoys et de ses sœurs, et de tous ceux qui leur avaient envoyé , pour ce dessein, des aumônes de France. Il imposa pour charge au curé d'y faire célébrer la sainte messe le jour de la Visitation , fête principale de mnfip^mniY ^^ Congrégation Notre-Dame, et d'y aller en procession le jour de l'Assomption (1). du 6 novrtn- ire ir.78 XVIII. Le désir PLAN de l'ancienne église de Notre - Dame de Bon-Seroiirs. A Sanctuaire. B Sacristie. C Porche et escalier. Tels fm-ent les moyens dont la divine Pro vi- de M. oii. I- deiice voulut se servir pour exécuter enfin le des- d être ^ '^de^ia'" ^^"^ qu'elle avait inspiré aux premiers associés II'' PARTIE. — CHAPITRE IV. 239 de iMontréal, de bâtir en l'honneur de la très- très- sainte Vierge sainte Vierge la première chapelle qui serait ^psTaccoS' construite dans cette île ; car la (hapelle de Bon- i^ peîsonna Secours, comme nous l'avons dit déjà, fut la disciples. première qu'on y eût bâtie en pierres. M. Olier, parlant de ce dessein en 1642, rendait ainsi compte de ses sentiments à son directeur : « Je « ne tairai pas que la très-sainte Vierge m'avait « dit qu'elle voulait que je fusse son chapelain. « Il me semblait que cette sainte maîtresse me « voulait retiré dans quelque lieu à l'écart, « vaquant à la prière , et la servant en quelque « petite chapelle qui lui serait dédiée. Il me « vient souvent à l'esprit que la miséricorde de « Dieu me fera cette grâce , que de m'envoyer « au Montréal en Canada, où l'on doit bâtir la « première chapelle à Dieu , sous le titre de la « très-sainte Vierge , et que je serai le chapelain « de cette divine dame. Oh ! que Dieu soit béni « à tout jamais de ses desseins si saints, et qu'il « conduit avec tant d'amour, de sagesse et de « puissance (1) ! » Mais c'était dans la personne (\) Mémoires mtto'jraplies de ses disciples que M, Olier devait jouir de cet de m. oner, ^ ^ *• année 1635 , t. avantage ; et Dieu, qui lui en avait sans doute •' p- '^^-'^'>- inspiré le désir, se plut à en procurer l'accom- plissement , par une conduite pleine en effet de douceur et de sagesse, en portant M. de Laval â 240 Tre DE LA SŒUR BOURGEOYS. annexer, comme nous venons de le dire, cette chapelle à perpétuité à la paroisse de Villemarie , après que ce prélat venait d'unir la paroisse (i) le 28 oc. elle-même au séminaire de Montréal (1). Car, en tobreieiS.Ar- ^ ' chives cluse- yertu de cette double union, le séminaire de rninnire ne acte^"(rmiôn Saiut-Sulpice étant personnellement chargé de ' '' "P"''^"^''^- la desserte de la chapelle , un ecclésiastique de cette maison a constamment exercé jusqu'ici les fonctions de chapelain de Noire -Dame de Bon- Secours. Une particularité que nous ne devons pas déro- Ler ici à l'édification de nos lecteurs , c'est que M. Tronson, second successeur de M. Olier, avait la dévotion de se servir, pour sceller les actes relatifs à la seigneurie de Montréal , d'un sceau particulier , qui exprimait cette tendre et filiale piété de M. Olier envers Marie, dont il fut lui- même l'un des plus dignes héritiers. On voit dans la Vie de M. Olier la pieuse pratique qu'il avait adoptée, et qu'il recommandait à ses disciples, de s'acc|uitter envers cette divine Mère des devoirs que lui rendait saint Jean FÉvangéliste , lorsqu'après l'Ascension du Sauveur, il ofTrait le (2) Vie de très-saint sacrifice de l'autel , dans les intentions t. 'i, p.' 207- qu'elle formait pour l'établissement de l'Église 208-209. (3) Écrits cm- uaissaute (2) : ce qui le portait a considérer saint M.'ofiel^. ^'^ Jean comme le chapelain de Marie (3). Confor- ir TAIITIE. — CIlAriTRE IV. 2il méiïient à ces pieuses pensées, M. Tronson avait fait représenter, sur le sceau dont nous parlons, saint Jean l'Évangéliste à l'autel , communiant la Irès-sainie Yierae ; et lout autour on lisait cette ,., , ,. o [i] Archives inscription : Virgo Virginem Vii'gine commimi- '^/'^yfj'^l^^l^l] cat (1) ; c'est-à-dire : le disciple vierge donne i^^^l.'poitalù- > 1 iy T' 1 1 f T^ fii nom des en communion a la Vierge, Jésus, la pureté des seigneurs, an- nées 1678 et Vierges. .„-e=î^^ suivantes. Comme les ecclésiastiques de Saint-Sulpice de Villemarie étaient censés y exercer leurs fonc- tions au nom de M. Tronson, il aimait à se servir de ce sceau , en signe de son union aux devoirs qu'ils rendaient à Marie dans cette nouvelle chré- tienté , et spécialement dans le premier sanctuaire qui venait d'y être élevé en son honneur. A peine la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours fut-elle achevée cjue les prêtres du séminaire commen- cèrent en effet à y célébrer la sainte messe tous les jours. « M. Dollier, écrit la sœur Bourgeoys, « a donné , pour servir à cette chapelle , la rétri- (( bution des messes qui s'y dirent pendant trois 16 242 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « années. Ma sœur Soumillard en tenait note, et « il s'est trouvé qu'il y a eu plus de mille messes, « quoiqu'il y eût alors peu de prêtres et peu de H) Écrits nu- « moude à Montréal (1).» L'un des premiers tographes de la sœur Bour- ecclésiastiffues qui exercèrent la charge de cha- pelain de Notre-Dame de Bon -Secours, fut M. Frémont, grand zélateur de la dévotion envers Marie. « Je n'ai pu lire qu'avec joie dans votre « dernière lettre, lui écrivait M. Tronson, ce « que vous m'y marquez du désir que vous avez « d'aimer la très-sainte Vierge , et de l'emploi « que vous avez dans sa chapelle de Bon-Secours. « Je ne doute pas que ce ne vous soit là une « source de beaucoup de grâces, et que vous « n'éprouviez combien cette mère de miséricorde « se rend charitable à ceux qui la servent. Vous « savez que c'est une des principales dévotions {i)Leftresde *< ^^ la uiaisou , et que c'est ce que nos très- lettre' ù M. « houorés pères M. Olier et M. de Bretonvilliers Frémont, du , . , ^ r • /rw 18 avril 1685. « uous out laisso pour héritage (2). » XIX. La sœur Morin, religieuse de Saint-Joseph, Le pèlerin;ige de parle ainsi du concours qui avait lieu à cette Notre - Dame ^ „ i^ chapelle et du renouvellement de piété envers Bon -Secours ^ ^ la^vStion Marie que la sœur Bourgeoys excita par ce moyen dans tous les cœurs : « On y dit tous les jours la « sainte messe, et même plusieurs fois le même « jour, pour satisfaire à la dévotion et à la con- envers Marie. Il*" PARTIE. — niAPITRE IV. 2.4.3 « fiance dos peuples , qui sont grandes envers « Notre-Dame de Bon-Secours. On y va aussi en « procession pour les besoins et les calamités c( publiques, avec bien des succès. C'est lapro- « menade des personnes dévotes de la ville , qui « y vont tous les soirs en pèlerinage ; et il y a « peu de bons catholiques qui, de tous les « endroits du Canada, ne fassent des vœux et « des offrandes à cette chapelle dans tous les « périls où ils se trouvent. Je dis ceci pour faire « connaître que l'origine de cette dévotion est « due à la piété et au zèle de la sœur Bourgeoys, « pour faire honorer la très-digne Mère de Dieu. « Car elle n'avait rien pour faire ces choses , et « dans toutes ses entreprises elle n'a manqué de « rien. C'est une personne capable de toutes les « œuvres utiles à la gloire de Dieu ; les affaires « spirituelles et temporelles réussissent toujours « entre ses mains, parce c{ue c'est l'amour de (c Notre-Seigneur qui la fait agir, et qui lui « donne l'intelligence (1). » Ce fut surtout à (i) Annafes -, .. , . . de rmtei- loccasion des ravages commis par les Iroquois Dieu Samt- Josepli . dans l'île de Montréal qu'éclata la confiance des citoyens de Villemarie envers Notre-Dame de Bon-Secours. M. Tronson écrivait à M. Frémont dans ces circonstances : « Puisque vous êtes per- « suadé que Dieu ne permet que les Iroquois 241 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « attaquent le Canada qu'afîn qu'on ait recours « à lui et à sa très-sainte Mère plus que jamais , « je ne doute pas que vous ne profitiez de la « lumière qu'il vous donne , et que vous ne vous « acquittiez fidèlement d'un si saint et si juste « devoir ; et comme les prêtres doivent être le « supplément de la religion des peuples , il faut « que vous redoubliez vos prières pour attirer (1) Lettre à « le secours du Ciel et obtenir miséricorde (l).» M. Frénionf, ^ ' 1693- (( Vous avez raison, lui écrivait -il dans une « autre circonstance , d'attribuer à la protection « de la très-sainte Vierge la conservation du (c Canada. Continuez de bien implorer son (c secours. Vous savez que c'est particulièrement c( sous ses auspices que l'on a entrepris l'établis- « sèment de Montréal. Ainsi c'est son ouvrage, c( qu'il lui faut surtout recommander , afin qu'elle (2) Lettre a ^^ Y ^^^* glorifiée avec son Fils et que ses ennemis IrÉël: « soient confondus (2) (*). » (*) Comme la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours était alors a une certaine dislance de la ville, car elle n'y fut (1) Arc/lires renfermée qu'en 1709 (1), on plaça dans les combles de cet \%re "/"""v! édifice la provision de poudre k canon qu'on était obligé de naudot /ï/s, 9 conserver a Villemarie , n'y ayant point encore de magasin nOL-embre 1109 , ? j j i o p. 195.— /i/T/(!- pour cet usage. M. de Denonville, gouverneur général du tes (lu séniiiiai- ^, ... • •■i.r, i. /mw recie Saints i(t- Canada, écrivait a ce sujet au mmistre le iô novembre lb8o : pkm ^de^yiUc- « A Monlr^'al, j'ai Irouvé les poudres dans le haut d'une cha- mariedenid. ^^ pgj|ç ^^ j^ peuple a grande dévotion. M. l'évêque m'a fort IP l'ARTlE. — GUAPITRE V. 2-45 CHAPITRE V. TROISIÈME VOYAGE DE LA SOrUB BOUliGEOVS EN FRANCE. TENTATIVES Qu'eLLE FAIT EN VAIN POUR OBTENIR L'APrROIJATION DES RÈGLES DE SON INSTITUT. Pour ne pas inlerrompre l'histoire de la con- struction de Notre-Dame de Bon -Secours , que I. Les nouvelles maîtresses venues -i , dp FrcincG nous venons de raconter, nous avons omis un p„ 1672 n • • • ■ • sont rof UPS fait important qui eut lieu dans cet intervalle : sœurs de la l'érection de la Congrégation en communauté par M. de Laval (*). On a vu déjà que la sœur Bour- geoys , dans son second voyage de France , après avoir obtenu des lettres patentes du roi, qui l'autorisaient, elle et ses sœurs , à vivre en com- « prié de les ''^^ ^ (les fic/toera- voyons , en 1678 , composer, avec les anciennes, J^"'^;,^'^?"^'| le corps de la Congrégation de Notre-Dame (1 ). f,;^f So/Î Cependant cette communauté, érigée depuis [onrsTiapa- cinq ans par lettres patentes du roi , n'avait point encore reçu la sanction de l'autorité épiscopale. Ce J^ ^'^"•' ^ ^ Bourgeoys fut ce qui détermina la sœur Bourgeoys à profiter ^buent de l'occasion de cette visite pour demander au ^^' ^'li'^^^^ ri . >•! 1 • «. o i»r. iT , coDfirmation prélat qu il daignât en contirmer i établissement. de la > 1 /-, Congrégation. Elle le pria en même temps de donner a la Con- grégation des règlements pour la diriger dans ses emplois, et d'approuver la communauté des sœurs en qualité de filles séculièi'es (2) , titre qui tendait ^^ p) ^^"(f^' à exclure les vœux soleimels de religion, et sur- ^,'ô'-'t'\;^i'^\r- tout l'obligation de garder la clôture , qu'elle ju- rlmZhé ^ "de geait être tout à fait incompatible avec les fonctions J'dves'^e )a , Congrégation. de son institut (3). M. de Laval reçut avec boute — Actes de Basset notaire sa demande ; et , de retour à Québec, il adressa « vuiemarie, 19 septembre aux fidèles un mandement entièrement conforme i^"^^- (3) Mémoires aux désirs de la sœur Boursreoys. Après y avoir autographes , , , ^ de Ui sœur rappelé la permission qu'il lui avait doimée, à elle Bourgeoys. et à ses compagnes , le 20 mai 1669 , ainsi que les lettres du roi de 1671 , il conclut en ces termes : « Sachant qu'un des plus grands biens « que nous puissions procurer à notre Église , et « que le moyen le plus elTicace pour conserver « et augmenter la piété dans les familles chré- 248 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « tiennes, est l'instruction et la bonne éducation « des enfants ; connaissant d'ailleurs la bénédic- « tion que Notre -Seigneur a donnée jusqu'à « présent à la sœur Bourgeoys et à ses com- « pagnes dans les fonctions des petites écoles , « oii nous les avions employées ; et voulant favo- « riser leur zèle et contribuer de tout notre pou- «. voir à leur pieux dessein : « Nous avons agréé l'établissement de la sœur « Bourgeoys et des filles qui se sont unies avec « elle , ou qui y seront admises à l'avenir ; leur « permettant de vivre en communauté en qua- « lité de filles séculières de la Congrégation de « Notre-Dame , observant les règlements que « nous leur prescrivons ci- après , et de conti- « nuer les fonctions de maîtresses d'école , tant « dans l'ile de Montréal qu'aux autres lieux oîi « nous et nos successeurs jugerons à propos de « les envoyer; sans qu'elles puissent néanmoins, « à l'avenir, prétendre de passer à la vie reli- « gieuse : ce qui serait contre notre intention et « la fin c|ue nous nous sommes proposée, de sub- « venir, par ce moyen, à l'instruction clps en- « fants des paroisses de la campagne, confor- (( mément aux lettres patentes à elles accordées (1) Mande- ,, . , , ,,v ment, ibid. « par Sa iMajesto (1). » . ,111- Si la sœur Boursreoys demanda à M. de Laval Règlements ^ "^ ir PARTIE. — CHAPITRE V. :249 de donner lui-même à sa commmiauté les règle- provisoires ^ observes ments qu'il jugerait les plus propres à la fin de ^"^î!,"*;*/^'^ cet institut , ce n'est pas que la Congrégation , Congrégation. déjà établie depuis vingt ans , n'en eût eu aucun jusque alors. Sachant, au contraire, que sans règlements elle ne pourrait se maintenir dtons la ferveur ni dans la fidélité à sa vocation, la sœur Bourgeoys avait eu soin , de concert avec les ecclésiastiques du séminaire , de lui en tracer qui fussent adaptés à son esprit et à ses emplois. Depuis la formation de la communauté en 1659, on suivait ces règlements provisoires , en attendant que l'expérience eût fait connaître plus en détail ce que Dieu demandait du nouvel institut ; et l'on espérait qu'après un essai suffisant qu'on aurait fait de ces règles, M. de Laval y ferait toutes les modifications qu'il jugerait convenables , et les rendrait obligatoires par une solennelle appro- bation (1). C'était ce que la sœur Bouroreoys avait (i) vie de ^ ^ ^ ^ '^ /n sœur Bor- eu en vue en s' adressant à ce prélat en 1676 'i'r\ i"!'' ^^• pour lui demander des règles, et ce que lui- même semljlait avoir promis dans ses lettres d'établissement. Cependant , quoiqu'il prît la chose en grande considération , et que d'autres ecclésiastiques, à Québec et ailleurs, s'en occu- [ • , TT- U tres-samte Vierge , voici la plus petite troupe de vos servantes qui se sont consacrées au service de Dieu sous votre conduite ! Elles sou- haitent de vous suivre comme des filles bien nées suivent leur mère et leur maîtresse , et elles vous regardent comme leur chère insti- tutrice et leur première supérieure , dans l'espérance que notre bon Dieu agréera notre élection, et vous donnera le domaine de cette petite communauté, qui est votre ouvrage. Nous n'avons rien qui soit digne d'être pré- senté à Dieu ; mais nous espérons obtenir par votre moyen les grâces nécessaires pour notre salut et la perfection de notre état. Vous savez mieux nos besoins et ce que nous devons vous demander, que nous ne le connaissons nous- mêmes ; ne nous refusez pas votre assistance. Aidez-nous par vos puissantes intercessions à recevoir les lumières et les grâces du Saint- Esprit , afin de pouvoir travailler à la bonne éducation des filles et des écoHères dont nous sommes chargées par notre profession. Sur toutes choses nous vous demandons , ô notre Dame et mère , que toutes les filles qui seront itiititilluiitiniîntnt\i'\iiùiul(M l.a sirur Boitrqeoi/s et toutes ses eoinpaqnes in-rniient la très Siiinic l'ie/ye pour Supérieure lie lu i^inqréijatuni. 11'' PARTIE. — ClIAriTlVE V. 233 « à l'avenir dans cette communauté , aussi bien « que toutes les personnes qui contribueront à (( leur avancement spirituel , soient du nombre « de vos élus ; afin qu'en votre compagnie nous « puissions louer notre bon Dieu dans l'éternité /./.lU «o„/. « bienheureuse (1). » p^TJs, 149. ' La sœur Bourgeoys s' étant rendue à Québec vi. pour l'embarquement, qui devait avoir lieu ^goy^be? dans les premiers jours de novembre de cette '| ^ïïe'l^y* année 1 679, M. Remy, prêtre du séminaire, alors '"' df ■'*'^ supérieur de la Congrégation , lui envoya les ^"^'^ ^" " ' règlements de cette communauté , qu'apparem- ment on avait achevé de transcrire , ou que peut- être on avait complétés depuis son départ de Villemarie. Elle lui répondit le 5 novembre : <( Monsieur et très-cher père , j'ai reçu le paquet « où sont les lettres, les règlements et le reste. « Je remercie Dieu des bons soins que notre « évêque prend pour notre petite communauté , « et je le remercie aussi de ce qu'il inspire toutes « ces personnes pour notre règlement ; car, étant K conduite de cette façon, je ne doute point que (c le tout ne soit selon la sainte volonté de Dieu, « et que la sainte Vierge ne nous accorde son se- .^. Archives « cours, tant en cette rencontre qu'en toutes ^lluon^'ielu'e 1 , f,-\\ T r» -de la sœur « les autres (2). « La sœur Bourgeoys, qui Bourgeoys, du avait obtenu divers certificats des autorités civiles 1679. '2U VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. et ecclésiastiques du Canada, lorsqueUe était allée solliciter des lettres patentes, crut devoir en demander encore dans cette occasion, où il s'agissait de faire approuver les règlements de son institut. Elle en écrivait en ces termes à M. Remy : « Pour les certificats , j'ai eu celui de « M. de Dernières , celui de M. le procureur « général. Ce dernier certificat a bien fâché « M. le comte de Frontenac, disant que M. le « procureur général ne pouvait pas en donner « de cette nature , n'étant pas sur les Heux. Pour « le Père D..., il m'a dit qu'il ne pouvait le « donner qu'à notre désavantage, c'est-à-dire « qu'il nuirait plutôt que de servir. Je tâcherai « de faire en toutes choses ce que vous avez la « charité de me marquer, et je garde vos lettres « pour me servir d'instruction. « Je vous remercie de tout le soin que vous « prenez et prendrez d'offrir et de faire offrir « à Dieu toutes nos petites entreprises. Je vous « prie aussi de me permettre de remercier ici « M. le curé Bailly (*) , M. Barthélémy, M. Fré- « mont et M. Seguenot, de la charité qu'ils ont (*) La sœur Bourgeoys donne à M. Bailly la qualité de ruré, parce qu'il était chargé alors de la conduite de la Mission sauvage nouvellement élablie à la Montagne. Il' PARTIE. — r.IIAriTRE V. 255 a eue pour uous. Je les prie de nous la continuer « à la sainte messe. Je n'ai point écrit à M. Dol- « lier, quoiqu'il m'ait fait l'honneur de m'écrire « en m' envoyant une lettre. La sienne ne deman- « dait point de réponse ; mais je ferai autant que " 307-360. il ggit naturel de penser que ceux du séminaire de Villemarie engagèrent la sœur Bourgeoys à prendre son logement chez elles, afin d'avoir leur avis sur ses règlements. VIII. Mais le voyage de la sœur Bours^eoys n'eut pas M. de Laval "^ ° o j i n'approuve tout le succès qu'elle s'en était promis. Elle était pas le voyage ■* ^ de la sœur partie dans l'espérance de faire approuver les pour ses '^ ■•• ^ ^ eïïuiSend ^^^E^^^ ^^ ^"^ commuuauté par M. l'évéque de emmener Q^^^j^g^^ g^ d'emmener avec elle de nouvelles avec'clie.^ compagnes ; et Dieu permit qu'elle vît toutes ses espérances s'évanouir presque à son arrivée. c( Je vais , écrit-elle , pour saluer Mgr de Laval , « et lui faire connaître les motifs de mon arri- « vée. Il me dit que j'avais mal fait d' entre- ce prendre le voyage pour nos règles , et qu'il ne iolraphes"de " trouvait pas à propos que j'emmenasse des geoyf.^ ^"'" « fiHes pour uous aider à Montréal (2)(*). » Cette (*) M MontgolGor, dans sa Vie de la sœur Bourgeoys, a fait une étranîïe confusion en racontant les circonstances de ce voyage. 11 écrit que la sœur l'avait entrepris par le conseil de (1) Fie delà M. de Laval alors a Québec (t); que sur ces entrefaites ce l^oys, isKs^'p' prélat se démit de son siège (2), et qu'en conséquence elle ^^''- trouva a Paris, M. de Montigny de Saint- Vallier, qui venait , ILS -II'.)'."" '^' dit -il, d'être nommé second évêque de Québec. Enfin, ce qu'on a peine a comprendre, il donne ce récit controuvé jof^' "^"'' ' '^' comme tiré en partie des écrits de la sœur Bourgeoys (3). Mais M. de Montigny, évêque de Québec, qu'elle alla trouver à. Paris en 1680, ne pouvait être M. de Saint- Vallier, ir' l'AitTiK. — (.iiai'iti;k v. i^)\) réponse, cl surloul l;i défense d'emmener à Vil- lemarie de nouvelles maîtresses, pourrait auto- riser à penser, avec le premier historien de la sœur, que ce prélat avait déjà quelque pensée d'incorporer les sœurs de la Congrégation aux Ursulines de Québec (1), comme nous verrons (0 ^'"^ '''' ^ ' la sœur liour- bientôt qu'il leur en fit la proposition. Mais un .'7^o?/.^,/>;"'^v. pareil dessein ne saurait se concilier avec les ^*" sentiments qu'il avait témoignés dans ses lettres d'établissement de la Congrégation données trois à quatre ans auparavant, à moins de supposer qu'il eût entièrement changé de vues à l'égard de cette communauté. Peut-être ne défendit-il à la sœur Bourgeoys d'emmener de nouvelles com- pagnes à Villemarie , que par la crainte qu'elles ne pussent y subsister. Quoi qu'il en soit , sans être découragée par ce ^1^ d,, Miramion nommé évêque de Qurltec cinq ans après le retour de la sœur en Canada, et qui, d'ailleurs, ne portait pas le nom de Monligny. C'était M. de Laval lui-même, réellement appelé de Montigny, et que, du reste, la sœur nomme expressé- ment dans le passage de ses Mémoires cité plus haut. Elle ajoute encore: « Après avoir parlé a Monseigneur, je vais « trouver M"^ de Miramion , pour la prier de me servir en « cette occasion. Elle en demanda la permission à M. son « supérieur, et ensuite à Monseigneur de Laval, pour retran- « cher et ajouter à nos règles ce qu'elle trouverait h propos ; <( mais... elle ne pouvait donner du merontentemeDt a Mon- aniooi-aplirsric ,«;^„«.,„ /■J^ la sœiii- Boiir- <'■ seigneur (1). » ^^,„,.,. 260 VIE DE LA SœUR BOURGEOYS, s'eiuieniet i-efus , la sœur es]3éra que M. de Laval se rendrait sans succès ^ ■•■ iALÏe Laval P^^^^ facile sur l'article de ses règlements , si elle lègîements faisait intervenir quelque personne connue avan- Congrégation. tageusemeut pour son expérience et qui put inspi- rer toute confiance au prélat. Elle alla donc chez les filles de Sainte- Geneviève, et se présenta à leur supérieure, pour lui apprendre le sujet de (i)Ecrihav- g^j-^ yoyao^e et les difficultés qu'elle éprouvait (1). la^sœur Bonr- (>,^^^|^ jyj^^.-^ Bonn^^^ jg RuLelle , veuve de Beau- harnois de Miramion , institutrice de la commu- nauté de la sainte Famille , réunie ensuite à celle des filles de Sainte-Geneviève, dont elle avait pris le nom. Comme les sœurs de Sainte-Gene- viève ne faisaient point de vœux et se livraient {'î.) Essai sur «rratuitement à l'instruction des ieunes filles (2) , l'influence de ^ j \ / la religion en j^ ^ç^^iy Bourffeovs crut , avec raison , que M™^ de Fronce pen- o j ' ' ~l iS^ie t^ l'r îr Miramion serait capable d'apprécier , mieux c[ue ^^ ' ' ' " '^ personne , le genre de vie qui convenait aux filles de la Congrégation de Villemarie ; et que le grand crédit que ses vertus et ses œuvres lui avaient acquis à la cour et dans toute la capitale , joint à son expérience, serait une puissante recom- mandation auprès de M. de Laval, en faveur des règles qu'elle aurait elle-même revues et approu- vées. Elle lui remit donc les règlements qu'elle avait apportés du Canada , la priant de demander à M. de Laval la permission d'y ajouter elle- H" h'AiniK. — CHAPITltK V. 261 même tout ce qu'elle jugerait coiivemible, et d'en retrancher oe qui lui paraîtrait peu prati- cable ou superilu (1). M"'* de Miramion accueillit (i)Ecn(sau. avec bonté la sœur Bourgeoys, lui promit de la Kœïïïo«;-- , geoys. servn- en tout ce qui dépendrait d'elle , et se rendit chez M. de Laval. Mais cette démarche n'eut d'autre effet, que de faire comprendre à la sœur Bourgeoys, que les moments de Dieu n'étaient pas encore venus ; car le prélat ne parut pas désirer que W de Miramion s'occupât de ces règles (2) ( * ) . (2) ibki . Toujours soumise aux ordres de la divine Pro- x. La sœur (*) Cependanl M. de Laval, dans son séjour à Paris, |iril connaissance des règles des Filles de la Croix el de celles des Filles de Sainle-Geneviève, pour eu tirer ce qui pourrait convenir aux sœurs de la Congrégation. C'étail ce qu'écrivait en 1710, à M"'- de Maintenou, la sœur Charly, alors supé- rieure. « Monseigneur de La\al , dit-elle, voulant nous donner « des règles proportionnées à noire institut, consulta les Filles « de la Croix el celles de M""= de Miramion , el lira d'elles les « règlements principaux qu'elles pratiquaient , pour en pien- (i) ArcUives « dre ce ([ui pourrait nous convenir. Mais il se démit de son uon^^ZTv^Z « évêché sans avoir pu nous prescrire des règles (\) » ^^ *'^"'' f^''">" Il r. 1 1, , , , o . o V -'■ /y, octoO. 1710. 11 ht plus encore. Malgré le refus qu'il avait fait à la sœur Bourgeoys, il parait qu'il pria lui-même M"'<= de Miianiion de lui donner par écrit ses observations sur les règles qui; la sœur lui avait soumises. Du moins c'est ce qu'on doit conclure d'une lettre de M. Glandelet à la sœur Charly, où il lui parle en ces termes : « Il m'est tombé entre les mains un papier « qui contient quelques remarques de M°"= de Miramion sur « vos règles, ensuite de la demande que lui en avait faite feu (jjihid lettre « M. l'ancien (évêque de Québec), lorsqu'il avait la conduite ^'^'^^- GianUe- '. de cette église (2). „ 't^J^^^^ 262 VIE DE LA SŒUR BOUIIGEOYS. Houiguoys, videiice , qu'elle adorait dans ceux de ses supé- par ^ M^TTSû l'i*^^^'^ ' ^^ ^^^^ Bourgeoys, jugeant qu'un plus ''aucune^ loug séjoup eu France serait inutile à sa commu- avec^eiie? nauté et à elle-même, songea à repartir par les Louis Fria. • • ir i • ,• •, premiers vaisseaux , des que la navigation serait ouverte. A Paris elle visita M. Tronson, supé- rieur du séminaire de Saint -Sulpice , qui conçut dès lors pour elle une estime singulière, dont ses lettres nous offriront bientôt des témoignages très -remarquables. La sœur Bourgeoys, fidèle à observer la défense que lui avait faite M. de Laval d'emmener avec elle des coopératrices , se contenta d'engager par contrat , au service de la Congrégation , le nommé Louis Frin , le même que dans son précédent voyage elle avait trouvé chez M. de Maisonneuve , et où probablement il était resté jusqu'à la mort de ce dernier, arrivée (i) Registres le 10 Septembre de l'année 1676 (1). Les sœurs, de l'état civil ^ de Paris pa- qq! avaient déjà connuLouis Frin à Montréal , dési- rotsse Saint- ^ '' MonT'^dfTo raient de l'attacher à leur maison ; et dans cedes- sep em >. . ^^^^ ^^^ avaient donné par écrit une déclaration pour autoriser la sœur Bourgeoys à faire un con- i^ï) Écrits au- trat d'engagement avec lui (2). C'était sans doute tograplies de . la sœur Bour- pour témoigner, dans la personne du serviteur, geoys, leur reconnaissance envers M. de Maisonneuve, son charitable maître et leur bienfaiteur insigne. La^sœur ^e voyagc de la sœur Bourgeoys en France Il" PARTIE. — CHAriTilE V. 20.'3 eut un autre avantaere, ce fut de lui offrir l'oc- traverse ° la mer. nce casion d'exercer pour la quatrième fois sa solli- '^^g|^^*'f/J^'! citude maternelle à INigard d'un certain nombre "^^JuJ^^éo^urf de vertueuses filles destinées pour la colonie de ' "i^^P^ye. Montréal , et dont plusieurs furent envoyées par le séminaire de Saint-Sulpice (1). Le départent (j) Lettres lieu à la Rochelle. Cette année, les Anglais s'é- /eitre à m. tant rendus maîtres de 1 Acadie pour la cm- avril ifiso. quième fois (2), la guerre se trouvait comme dé- ^2) HistfÂre clarée entre la France et l'Angleterre, etlatra- veiie -France, versée devenait d autant plus périlleuse qu il n y charievoix, t. . , I, p. 463. avait aucune artillerie, ni autres défenses hu- maines dans le vaisseau . On était à peine au milieu de la route lorscjue le capitaine vint à découvrir quatre navires anglais , dont il estimait que le moindre était de 36 pièces de canons. Sur-le- champ il se met à crier : « Ma sœur Bourgeoys , « nous sommes perdus ! Mettez -vous en prière « avec toutes vos filles. « Mais la plupart, frappées elles-mêmes de terreur et tout éplorées, n'a- vaient ni le mouvement ni la force de prier Dieu. Dans leur trouble et leur désolation , s'adressant à la sœur Bourgeoys : a Ma sœur, disent -elles, « nous allons être prises ; qu'allons-nous dévê- te nir? » La sœur, sans être émue, leur dit d'un air riant : « Si nous sommes prises , nous irons en « Angleterre ou en Hollande, et là nous trou- 264 VIE LE LA SlfiUR BOURUEOYS. « verons Dieu, comme partout aillem^s. » Le calme et la paix qu'elle fit paraître ayant rassuré tout le monde , on se mit en prière , et comme ce jour -là était un dimanche, un prêtre, qui était dans le navire , ne laissa pas de se préparer à dire la sainte messe, quoiqu'on vît ces vais- seaux s'approcher avec un bon vent. Mais en moins de deux heures on les perdit de vue , en sorte qu'après la sainte messe on chanta un Te Deum en action de grâces. Le capitaine du navire , charmé de la vertu de la sœur Bour- geoys , voulait absolument la faire manger à sa table ; ce qu'elle refusa toujours. Il ne laissait pas cependant de lui envoyer ordinairement ce qu'il avait de meilleur; et c'était pour elle autant d'occasions d'exercer la charité en faveur des (l) Vie de losœurBour- persouues du vaisseau qui pouvaient avoir besoin geoys , 1818, , , u n • /.\ /*\ p. 110. de ces sortes d adoucissements (1 ) ( ). (*} L'histoire de cette traversée, écrite par la sœur Bour- geoys elle-même, ne se trouve plus aujourd'hui dans les papiers qui nous restent d'elle, et nous l'avons empruntée à M. Montgolfier. Il l'a rapportée au second voyage de la sœur, en 1671 ; mais nous avons cru devoir la placer a son troisième sous l'année 1680, soit à cause de plusieurs particularités de ce dernier voyage que M. Montgolfier a mêlées mal a propos a l'histoire du second, ainsi que le prouvent les écrits auto- graphes de la sœur; soit à cause de la guerre qui régnait alors entre la France et l'Angleterre , circonstance qui ne peul s'ae- Il" PARTIE. — CHAPITRE V. 265 Ce fut le dernier des voyasfes crue la sœur J^^^-. Bourgeoys fit en France. Dans les deux précé- ]asœur^m?oit dents elle amena avec elle de zélées compa- nombre"de „„^„ ■> • 11 i • •< fillfis dans sa gnes, a qui elle sut communiquer son esprit communauté. de ferveur. Si dans le troisième elle n'eut pas cette consolation , c'est que Dieu voulait se mon- trer l'unique soutien d'un institut cj[ui était son ouvrage ; car, dès son retour à Villemarie , elle admit à la profession la sœur Marie Barbier, la première fille de Villemarie qui soit entrée en communauté(i),etdanslerecensementderannée (i) vie de ^ ' la sœur Marie suivante nous trouvons les noms de six autres fariner. sœurs qui avaient été reçues après elle. Ce furent les sœurs Marie Denis, Madeleine Bourbault, Marie Charly, Françoise Lemoyne, Catherine Charly , Catherine Bony, toutes formées par la sœur Bourgeoys et élevées par elle dès l'âge le ^2) Archives plus tendre. Les sœurs delà Congrégation étaient caMaia^'"re- , , 1 T 1 •, /^\ censément de alors au nombre de dix-huit (2). lesi. Trois ans après le voyage dont nous venons de xiii. parler, on eut lieu d'admirer de nouveau les ^^"Jg^^f ^ soins de la bonté divine pour la conservation de ï|e*^iavT cet institut. La maison des sœurs fut consumée ^^cett"" „ . . T 1 T communauté par un furieux incendie , comme nous le dirons aux corder avec le voyage de 1671, tandis qu'elle se concilie très- bien avec son dernier voyage. 266 VIE DE LA SœtJR BOURtEOYS. Ursuiines , dans la suite ; et cet événement , qui les réduisit craignant ^ ^",'f'?^ .» au dénùment le plus entier, semblait devoir ne sYteignit -t^ ' ^de su/e tï ruiner leur société pour touj ours ( 1 } . M . de Laval , (1) État pré- jugeant que jamais elles ne pourraient se relever sent de l'Egli- se de la Non- de Cette catastrophe , proposa alors à la sœur relie -Fronce. ^ 'Il ^^^.^.P'^°' Bourffeoys de s'a.srréffer aux Ursuiines de Qué- p. 64-65. O J O C >- (2) Vie de bec (2). Bien qu'elle fût très -soumise à ses supé- la sœur Bour- geoys^ 1818, rieurs , et que même, au témoignage de M. Des- maizerets, grand -vicaire de M. de Laval , la sœur Bourgeoys excellât surtout en obéissance envers ^^^3) ibid. , p. ^3ux (3) , elle crut néanmoins être obligée , dans cette circonstance , de représenter avec beaucoup de respect à ce prélat, que le bien qu'elle se pro- posait de faire avec ses filles , n'était pas compa- tible avec les règles d'un autre institut, et no- tamment avec celles d'une communauté cloîtrée. Que ce serait détruire entièrement les vues qu'elle croyait lui avoir été inspirées de Dieu. Que d'ailleurs la très -sainte Vierge, à qui la Con- grégation était spécialement consacrée , avait sou- vent montré , par des marques non équivoques , que cet établissement lui était très -agréable. Qu'outre l'instruction des jeunes filles qu'elle se proposait de procurer, elle avait encore en vue la perfection et le salut de plusieurs vierges chré- tiemies , qui , sans le secours de cet institut , ne trouveraient pas le moyen de se donner entière- ir VAllTIE. C.lIAl'ITRE V. 207 uR'ul à l)ii:u. Qu'on trouvait dans toutes les con- ditions des fdles recommandables par leurs ver- tus et par leurs talents , mais que plusieurs , peu favorisées des biens de la fortune, et faute de pou- voir payer une dot , qu'on exigeait partout ail- leurs , ne pouvaient être reçues en religion. Que son intention était d'ouvrir à ces sortes de per- sonnes la porte de la Congrégation ; et qu'elle faisait si peu de cas des richesses, qu'elle irait prendre sur ses épaules une fdle qui , n'ayant pas même de quoi se vêtir , aurait d'ailleurs une ^ (1) Vie (le bonne volonté et une vraie vocation (l). M. de lasœurBour- ^ ' yeoys , 1818, Laval , qui avait toujours eu une très-grande ^viT\l^!*']^ estime pour la vertu de la sœur Bourgeoys (2), ^af^t'^^' ^' et qui son^i'eait alors à se démettre de ses fonc- , (2) ^'L,!^ J- o la Sd'iii', 1818, lions en demandant au roi un coadjuteur, ne ^'' ^^^■ crut pas devoir insister, et abandonna l'avenir de la Congrégation à la divine Providence. Mais loin que cet incendie dût détourner les P^- . ■•• Ce fut apves jeunes personnes d'entrer dans la Congréga- /'"Ya'sœur tion , et procurer ainsi , comme on l'avait ^ ae^gujeîs^^ craint , la ruine de cet institut , ce fut surtout qu'eiirieur - , • 1 , , 1 • ■ 5 r , donnait en les après cet accident qu on les vit s y présenter en recevant. plus grand nombre. Car l'année même où M. de Saint -Vallier, successeur de M. de Laval, arriva en Canada et fit sa première visite à la Congrégation , la sœur Bourgeoys avait déjà reçu 208 VIE DE LA S(KUH BOUKGEOYS. en tout plus de quarante sœurs , à qui, dit -elle , je 11' ai jainais promis autre chose que pauvreté et to^l-alies % simplicité (1). Il est à remarquer en effet que lors- ^çeoy^^'^"'' qu'elle donnait l'habit à quelque fille pour la re- cevoir dans sa communauté , elle avait coutume (2) Vie de tlc lui dire plusieurs fois , dans cette occasion so- la sœur Bout'- i n n^ , ^ geotjs, par M. leuneile : «Ma cliere sœur, soyez toujours petite, Ransonel , !>■ 103. « humble et pauvre (2). » « Toute fille qui demande à être reçue dans « cette communauté, » disait- elle à ses postu- lantes , « doit se résoudre à quitter les principes du « monde. Elle doit encore se quitter elle-même , « rompre son humeur, ses méchantes habitudes « et ses inclinations ; se défaire de l'attachement « à ses parente, à ses amis et à tout ce qui peut « occuper inutilement l'esprit. Je lui déclare « Cju'on pourra l'employer aux offices les plus « bas ; la mettre en mission avec une sœur « cjui sera chargée de la contrarier en tout ; la « faire taire pour faire parler une petite fille ; en « un mot rimmiher et la mortifier sans aucun « ménagement. Qu'elle craigne , quand elle sera « reçue , d'être infidèle à Dieu , à c^ui elle se « sera donnée. Qu'elle obéisse promptement en « toutes choses aux personnes à cpi elle se sera « soumise. Qu'elle soit pauvre de cœur. Que ses K paroles, ses gestes, sa démarche ne sentent de la conduite de la Con imprécation. ir rAllTlK. — CHAPITRE V. -269 •' pas la dissipation ni la légèreté ; mais que t' partout elle se conduise avec modestie , rete- « nue et dévotion. Qu'elle mortifie ses sens. « Qu'elle évite les entretiens qui ne seront pas « nécessaires, et qu'elle tâclie de marcher tou- (i) ne de « jours en la présence de Dieu (i). » * p. 71-72. En terminant ce chapitre , nous donnerons ici xv. Ecclésiastiques la suite des ecclésiastiques de Saint -Sulpice nui . ^^^'larsït^s ^ ^ ^ jusque alors dirigèrent la Congrégation jusqu'à l'époque où nous sommes arrivés. M. Souart , qui eut le plus de part aux premiers règlements de cet institut , fut chargé longtemps de la supériorité et de la conduite spirituelle des sœurs. Il cessa d'exercer ces emplois en 1676 , lorsque M. Dollier de Cas- son , successeur de M. de Queylus dans la place de supérieur du séminaire , ayant été obligé pour sa santé de repasser en France , après une chute qu'il avait faite dans les glaces, M. Le Féb- vre fut renvoyé à Villemarie pour le remplacer ^jj'^j Tromw provisoirement (2). Car M. de Laval, pour hono- ^^'^^si^Z rer dans M. Le Fébvre la place de supérieur du séminaire , lui donna alors la supériorité de la Con«rrésration et celle de l'Hôtel-Dieu, et le nomma ^ (3) ibid-; let- o o tre a M. Le encore grand vicaire. Mais sur les représentations ^fjj^^'^f'^'"jl[ de M. Tronson, qui ne jugeait pas utile au bien M^^^S^dè , . ni 1 1 -1 > I Casson, 161S, de ces maisons d en donner la conduite a un seul 1^1^. _ ieff,4 , , . . / \ 1 1 1 r • -. ^ à M. Dollier, ecclesiasticjue (3), la charge cte supérieur de la 11 «îW/iess. 270 VIE DE LA SUEUll IfOrUGEOYS. (1) Vie i/>' Gonerrésation fut donnée d'abord à M. Bailly (1) , InsffurMavie , ■' V ^ ' Barbier. qi ensuite à M. Remy (2), lorsque le premier eut (2) Archives de la Congre- été cnvové à la Moutague , pour y desservir la gation, lettre 'de la sœur niissioH sauvasTC nouvellement formée par le Bourgeoys a '-' * M.Rennj. séminaire. Enfin, M. Remy se voyant dans la nécessité de résider à la paroisse de la Chine qui (3) Lettres commençait à être peuplée (3), M. Trouvé, deM.Tronson, ' l i V /' lettres à M. ancien missionuairc de Kenté (4), fut chargé (4) Lettre à alors de la conduite de la Conarréeration. M. de Casson, _ " " 1 C81 , ibid. jviais ce nouveau supérieur, qui seconda d'abord avec succès la sœur Bourgeoys dans la direction de son institut, fut bientôt obligé de faire un (5) ibid.,/e/- voyage en France (5) , où son séjour se prolongea tredu'i^niars , ,, . n i i t 1682. beaucoup plus qu on ne 1 avait cru d abord. La sœur Bourgeoys désirait vivement son retour; elle en écrivit à M. Tronson, qui lui répondit en ces termes, le 22 juin 1G82 : «Je ne sais, ma « chère sœur en Notre-Seigneur , si cette année <( vous pourrez avoir M. Trouvé. Il est arrêté ici <( par des affaires de famille et par des engage- « ments de charité qu'il ne pourra pas rompre <( facilement. Je souhaiterais qu'il pût être en <( état de repasser la mer et d'aller continuer de « rendre ses services à votre communauté ; car <( je sais combien elle est utile à Montréal et le <( bien qu'elle fait dans le pays. Mais il faut <( suivre les ordres de la Providence, et ne vou- Il" l'AUTIE. — ClIAriTHE V. 271 " loir que ce que Dieu veut. C'est le moyen d'at- « iirer sa grâce et son secours, qui ne manquent <( jamais à ceux cjui se confient en lui. Vous <( l'éprouvez assez sensiblement clans les soins » cju'il prend de l'œuvre dont vous êtes chargée ; <( et je ne doute point qu'il ne continue à vous <( donner des marques de sa protection très-spé- « ciale, si vous êtes fidèle à recourir à lui dans « vos besoins. Je suis persuadé c|ue M. Dollier (( ne manquera pas de vous donner de sa part « toutes les assistances qu'il pourra; et vous c( devez être assurée que de la mienne je serai « ravi de vous témoigner dans toutes les occa- « sions qui se présenteront, Festimeque je fais « de votre communauté et combien je vous suis ^^- Tronson « la sœur Bour- « entièrement accfuis(l). » çjeoys^^'i.jnin i ^ ' 1682, il)iil. M. Bailly, rappelé de la mission de la Mon- tagne à Villemarie , fut chargé de nouveau de la direction des sœurs , c{ui avaient en lui une entière confiance. C'était ce c|ue la sœur Bour- geoys témoignait à M. Tronson , qui lui répondit en ces termes : « Je suis bien aise que vous ayez « trouvé dans le secours que vous donne (( M. Bailly, de quoi suppléer à l'absence de « M. Trouvé, cjui ne retournera pas sitôt à Mont- ce réal. C'est l'avantage des fidèles servantes de « Notre-Seigneur , dont vous avez envie d'être {]) Lettre de 272 VIE DE LA SCEUR B0UR6E0YS. « du nombre , qu'il ne les laisse jamais sans « pourvoir suffisamment à leurs besoins. Comme « je sais combien votre communauté peut être - « utile à gloire de Dieu dans le pays , vous de- « vez être persuadée que je contribuerai de ma « part tout ce qui me sera possible pour un « si saint établissement. — M"' la procureuse « générale m'a envoyé cpielques lettres pour « vous , que je mets avec celles de nos Messieurs. (1) Lettre à (^ Priez , 16 VOUS supplio , pour les besoins de la sœur Bour- J i i ' i Sl683 " ^^ " ^'^^^^ ^^ ^^^ **^^* ^ ^'^^^ ^^ NoTRE-SeIGNEUR ( 1 ) . » Jusqu'ici nous avons raconté ce que le zèle de la sœur Bourgeoys lui inspira en faveur des jeunes personnes de la colonie de Villemarie. Nous parlerons dans les chapitres suivants des missions qu'elle entreprit hors de cette ville , et d'abord de la mission sauvage de la Montagne. CHAPITRE VI. LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT UNE MISSION A LA MONTAGNE DE MONTRÉAL POUR LA SANCTIFICATION DES FILLES SAUVAGESSES. I. Pendant L'un des motifs qui avaient attiré la sœur ^'onn\vaft"^ Bourgcoys en Canada, était le désir de travailler ^^".saniaïcs ''^ à la convcrsiou des sauvages, par l'éducation Il- PARTIE. — CHAriTRE A'I. 573 rliréfionno do leurs enfants. Mais pendant plus ,,^^ijjjît"|^i de vingt ans son zèle pour leur sanctification l,.^yfn"t^^^re. (-'tait resté comme sans exercice, les sauvages ne venant pas se fixer dans l'île de Montréal. Tout ce qu'elle avait pu faire pour eux se bornait à l'éducation de quelques petites filles sauvages , données par leurs parents à M. de Maisonneuve ou à M. de Courcelle , comme on l'a déjà raconté. Ce n'est pas qu'on eût négligé d'attirer les sauvages à Montréal : dès la fondation de Yille- marie on avait adressé à Dieu de ferventes prières pour leur conversion. Lorsque M. de Maison- neuve eut porté sur la Montagne , en \ 642 , la croix dont nous avons parlé , « les personnes cpii « pouvaient quitter l'habitation , dit la sœur « Bourgeoys , allaient faire des neuvaines ;i « dessein d'obtenir de Difx la conversion des « sauvages, et que ceux-ci vinssent avec sou- « mission pour être instruits. M"* Mance, entre « autres , était du nombre ; mais tous ces gens- ce là n'ont point vu l'efTet de leurs prières (1). » {i)Écntsnu- ^ j. \ / fographes de L'humeur indépendante de ces barbares , leur ''" *'J""'' ^'^"''- amour po\ir la vie libre et errante , les guerres dont le pays n'avait cessé d'être le théâtre , avaient en effet rendu inefficaces tous les mouve- ments qu'on s'était donnés pour les arrêter à Montréal; et lorsque M"^ Mance mourut, ce qui 18 274 VIE DE LA SCEUR B0UR6E0YS. (i) Registres amva l'année 1673 (1), on n'avait point encore ae In paroisse ^ ' ■■■ deviiiemarie, y^ jg sauva^es sc fixer dans cette ile. Ce fut ce sépultures , o ^^^^' qui engagea les prêtres de Saint-Sulpice , après que M. de Laval les eut autorisés en 1668 à se livrer à l'instruction des sauvages , d'aller éta- d}%onù'7a7 ^^^^ P^"^ ^^^ Iroquois , sur les bords du lac Onta- liTcasfon!7d ^'^^ ' ^^^ missiou dont le siège principal fut fixé à ^uTdl'lM. de Kenté. M. de Bretonvilliers fit des dépenses con- liers, du 17 sidérables pour cet établissement , et y envoya, mars 1676 ; . . archives du entre autres missionnaires , M. Trouvé , M. de séminaire de Paris. Fénelon , M. de Cicé (2). Il- Mais après une expérience de plus de dix ans Commence- x 4 i mcint Qj^ demeura convaincu que le fruit de ces mis- de la mission ^ Montagne ^^^^^ errautes se réduisait presque à rien , et que , pour travailler utilement à la conversion des sauvages, il fallait d'abord les rendre séden- étaflSsement ^^^'^'^^ ^t les attirer auprès des Français (3). Les Irpleciefcq, ^^- Jésuites formèrent dans ce dessein une mis- ieUre'de'M. siou sauvage à la Prairie de la Madeleine, vis-à- Tronson à M. . -, ,..,, . -, ■,, Afin Mariette, du VIS de Viilemarie , de l autre coté du fleuve 23 avril 1678. . {k) Relation Saïut-Laureut (4). Peu après, quelques sauvages 'pnssé'^^enla iroquois et d'autres ayant témoigné le désir de se ce, les années fixer daiis l'Ile de Montréal , les ecclésiastiques de 1670 et 1671, . . ^ par le P. Da- Saiut-Sulpice Commencèrent pour eux, en 1676, Ij/uii, chap.M, p- 40- un étabUssement à la Montagne , qui de cette sorte « fut le premier lieu de cette île , » comme le fait remarquer la sœur Bourgeoys , « où les sauvages II* r.VllTIK, — CHAriTRE VI. 273 « vinrent pour être instruits (1). » Enfin, la dés- 'A)Ecritsau- ' logrnpltes de union s'étant mise parmi les chefs des sauvaees /"*««'•*<>"'- •^ o fji'oys. de la Prairie de la Madeleine , plusieurs quit- tèrent cette mission pour se joindre à ceux de la Montagne, de l'avis des PP. Jésuites et de M. Dudouj-t, grand-vicaire du diocèse (2^: et la (2) Lettres . . , - ^ ^ deM.Tronson. mission de la Prairie fut transférée au Sault Saint -Louis (*). Dès que M. Tronson eut appris l'établissement (*) Le témoignage si formel de la sœur Bourgeoys, qui recule le commencement de la mission de la Montagne jus- que après la mort de M"^ Mance, arrivée en 1673, ne peut se concilier avec ce que M. Montgolfier a écrit sur l'époque de la tbrmalion de cet établissement. Il l'a fixée h l'année IGoT, fondé en cela sur un catalogue manuscrit des ecclésiastiques du séminaire de Villemarie, composé au plus tût en 1777, rem|)li d'erreurs et d'anaclironismes touchant les commencements de celle maison; et peut-être aussi sur un passage des Annales de la sœur Morin, où elle a supposé, par erreur, que cette mission existait déjà en 1669. M. Xoiseux, dont l'inexactitude et la hardiesse sont assez connues (1), s'est imaginé que la mission ;ij Relations de la Montagne avait été établie longtemps auparavant par les ;S , ''^luv'ÏÏ.- Récollets; il a même inventé a ce propos un conte assez mal Sais'.' Mon l'réâi' ourdi sur le père Poulain , qu'il travestit en missionnaire de la '"^^l'' '"-12, p- Montagne, en défigurant entièrement l'histoire de ce reli- gieux (2); il fait aussi un récit de même aloi au sujet de '2) Prcmin- M. Galinier, à qui il fait bâtir, en 1658, une chapelle à la £"if^/^'pâr Montagne, en ajoutant qu'elle fut bénite le 13 juin 1659. Cet [f {'it'ei'siZ-' écrivain, persuadé sans doute que les sources de l'histoire ■'■ -"^ '' ■""'''•' ecclésiastique du Canada étaient taries, aura cru qu'au défaut de monuments il pouvait s'abandonnera une sorte d'inspira- tion pour la reproduire. Du moins nous ne pouvons expliquer 270 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. de la mission de la Montagne, il écrivit de ne .• Gratification obtint du roi pour les sœurs une gratitication du nii. annuelle de 1,000 livres (1). M. de Belmont, [i"] leUre i< ^ ' M. dr Belmont, idors diacre, crai avait renoncé srénéreusement ^Z" ^o. '""' 1 ° 1681, ibid. au monde et à ses honneurs , dans le dessein de se consacrer à la mission de Villemarie (2) , fat ^.^«/l/f î'^Jï! chargé en 1680 de l'école des garçons, commen- veiil-Frume, . -, , , ,- .^. - ' „ 1688, p. 68-69. cee 1 année précédente (3) , et la sœur liourgeoys i^^) Lettre de envoya pour celle des filles deux sœurs de la Con- v. jioiuerde grégation. Dès son arrivée , M. de Belmont fit mars leso. construire à ses dépens une chapelle (4) sous le [k)Lettrede M. Tronson à titre de Notre-Dame des Neiges, ainsi que le \f- i^unuyer, ^ ■* «M 25 mm village de la Montagne, formé d'abord de ca- *'^^'- banes d'écorce disposées dans un certain ordre résTilier (5) ; et ce fut dans ces cabanes que les (s) Lettre ^ \ '' ^ h M. de Bel- sœurs de la Con^rés^ation se logèrent et commen- '!"'."^'ji"' ^ o o o juin 1682. cèrent l'exercice de leurs fonctions (6). De cent (6) vie de la sœur Marie soixante sauvages qui composaient la mission au i^cbier. commencement , il n'y en avait guère que la moitié qui eussent reçu le baptême (7). C'était , (") Lettres ^ . 1 V / de M. Tronson, pour les sœurs, aussi bien que pour les mission- ^l.g'i"y/^^^^^l'_ iiaires , un motif puissant de redoubler leurs '-li^l^;. fgsa.^ prières , afin d'obtenir la conversion des autres , ce que Dieu daigna leur accorder peu après. Il arriva 280 YIE HE LA SŒUR BOURGEOYS. (1) Lettre de M. Troiisou à M. de Bel- mont , du [3 mars 1683. — Registres de la iinssion de la Montagne, dé- noinlireinent de 1683. {^)ArrhirPs de lu marine, dépêches des gouverneurs et des inten- dants. IV. L'école de même que comme les sauvages se trouvaient heureux dans cette mission, où ils étaient fort bien traités, leur nombre augmenta en peu de temps , d'autres sauvages venant se joindre aux premiers (l); et qu'enfin la mission devint assez considérable , et fut même une protection et une défense assurée pour Villemarie dans la guerre que les Iroquois infidèles firent peu après à la colonie (2) (*). Telle fut l'origine de la première école ou mission pour les petites sauvagesses établie dans la Nouvelle-France. M. Du Chesneau , intendant du Canada , qui (1) Leltrcs ilc M . Troiison ; l'icrmonl, ù M . Baudrand , 19 janvier 1082. (2) Ibid., ( ((- iiada , lettre ù M. de Belmoiit, du 6 juin 1682. {5)lh\<\., lettre au même , 1686. [!x)W\A., lettre au même, dulb avril 1685. (5)lbid.,6ji(i/t 1682. (*) Lorsqu'il n'y avail encore que cent soixante sauvages dans cette mission , l'école de M. de Belmont était composée de vingt-trois garçons, dont tous ceux qui étaient baptisés por- taient le surplis ii l'église, y chantaient et faisaient la fonction d'acolyles et de thuriféraires (1). M. Tronson félicitait en ces fermes M. de Belmont de ces heureux commencements : « Il " n'y a rien de plus beau que le récit que vous me faites de la « magnificence de votre église et de ses ornements. J'en ai « fait lecture k plusieurs qui souhaiteraient surtout entendre " le Gloria, le Credo , le Sanctus, VAgnus Del et les vêpres « en sauvage (2). Puisque la Providence vous a fait trouver " un luth à Montréal , vous pouvez en jouer a l'église, et vous « en servir comme d'un moyen pour porter à la dévotion (3). « Vous pourrez avou- les orgues que vous avez demandés (4). « Quelques-uns de nos messieurs se sont étonnés que vous « avez fait clore un cimetière, parce qu'ils s'imaginaient qu'on « ne mourait point en Canada, tant ils avaient ouï dire que « l'air y est bon (o). » il" l'AIlTiE. — CH-VriTUE YI. ^Hl visita cette même année la mission de la Mon- ^^ Montagne est tagne , faisait remarquer au ministre , dans le ''"^ qu''"n*^'° mémoire qu'il lui adressait le 13 novembre '^pourles' 1081 , que c'était en effet la seule où l'on s'oc- pensionnaires et (externes. cupàt de l'instruction des petites filles sauvages. « Dans la mission de la Montagne , disait - il , « dans celle du Sault de la prairie de la Made- « leine (c'est-à-dire du Sault Saint-Louis), dans « celles de Sillery et de Lorette , les seules bour- « gades sauvages que nous ayons, on a com- « mencé à montrer à lire et à écrire aux jeunes « garçons. Dans celle de la Montagne de Mont- « réal , les filles de la Congrégation s'appliquent u à l'instruction des petites filles , et les font tra- ce vailler en couture (1). » Pour affermir et {i) Arc/nres de la marine, développer davantage le bienfait de l'éducation Canada, me- moire de M. dans ces enfants , la sœur Boursreoys voulut que Duche.sneau, " «J ■* du 13 noverii- les sœurs gardassent auprès d'elles, comme peu- ''^'«^'^si. sionnaires, celles qui montraient plus de dispo- sitions à la vertu , afin qu'étant soustraites par ce moyen à l'influence de leurs parents, elles pussent s'appliquer avec moins d'obstacle aux exercices de la piété , et s'accoutumassent plus aisément à notre manière de vivre. Elle espérait d'ailleurs que ces enfants , étant une fois formées, contribueraient efficacement par leurs bons exem- ples à aider les sœurs à la formation des autres. 282 VIE DE LA SCETJR BOURGEOYS. .y- Charmé de ces heureux commencemenis , Eloge dePéœie ^ Tronson écrivait à M. de Belmont, le 30 la Montagne. ^^^^ ^^^^ . ^^ Ce VOUS est un grand secours d'a- « voir les filles de la Congrégation pour instruire « les petites sauvagesses. Pour les 1,000 livres « que le roi leur donne , elles peuvent les em- « ployer à l'entretien de leurs pensionnaires , « soit que ces enfants demeurent à la Montagne , « soit qu'elles restent à Montréal : cette gra- « tification leur étant accordée en général pour « leur donner moyen de travailler à l'éducation « des filles sauvages , sans qu'il y ait aucune con- « dition dans le don que Sa Majesté leur en fait. « Ainsi , comme elles peuvent travailler dans « l'un et dans l'autre de ces lieux à l'éducation « de ces petites sauvagesses , elles peuvent aussi (1) Lettre " ^^ partager cctte somme, ou l'appliquer tout de M.Tronsoti ,•, -,. rn , ii à M. de Bel- « entière au lieu ou elles verront que les besoins mont , du ZO , i / . \ mai 1681. « SOUt pluS grauds (l). » Les gouverneurs généraux et les intendants du Canada ne manquaient pas, dans le séjour qu'ils faisaient chacjue année à Villemarie , de visiter la mission de la Montagne ; et toujours, dans leurs dépêches au ministre , ils faisaient l'éloge du zèle et de l'application des sœurs à instruire les filles de cette mission. M. de Meulles , qui succéda à M. Du Chesneau en cpialité d'intendant , Il* r.VRTIK. — IIHAI'ITRE VI. 283 écrivait on 1683 à M. de Seignelay, devenu ministre de la marine depuis la mort de M. Colbert, son père : « MM. de Saint-Sulpice « ont fait deux classes pour instruire les petits « sauvages de la Montagne. Dans l'une il n'y a « que les garçons , qu'ils instruisent eux-mêmes. « Deux filles de la Congrégation sont chargées « de la seconde , oîi sont les filles. Elles ont soin c< de leur enseigner leur croyance , de les faire « chanter à l'église , de leur apprendre à lire , à « écrire (*), à parler français, et tout ce qui (*) Dans les registres de la mission de la Montagne on lit encore les noms de plusieurs des premières élèves de la Con- grégation, signés par elles-mêmes comme marraines, ou comme contractant mariage. Françoise Tegaien , âgée de treize ans, signa elle-même l'acte de son propre baptême, qui eut lieu en 1683. Parmi les sauvagesses que la sœur Bourgeoys avait éle- vées, nous pouvons nommer entre autres Marie Aouendea, tille de Thierry Hoandorou, le même qui, avant sa conver- sion, tua M. Le Maistre(i), prêtre de Saint-Sulpice, le jour (l) lUogcs de de la Décollation de saint Jean-Baptisle, 1661 , comme on l'a llmnes^^ mortes déjà raconté. Ce sauvage , dont M. Le Maislre obtint sans doute l'ài„te'ié"'\i . Ix la conversion par son intercession auprès de Dieu, fui ensuite •W«>«"'e baptisé par le Père Frémin (2) ; et, assuré de trouver dans les ,„, „ . ' ' . . . (-) liegislres prêtres du séminaire autant de bienfaiteurs et de pères, il deta.VissionUc ., , ■ • - 1 • ■ 1 1 .. . '« Montagne ; alla se mettre sous leur conduite a la mission de la Montagne, dcmmbrement. Ils lui témoignèrent en elVet une sincère et généreuse charité, jusque-la qu'ayant fait instruire et élever une de ses filles, ils la marièrent avec un des serviteurs du séminaire nommé Abraham Bote, natif de Dieppe en Normandie, connu parmi 284 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. « convient aux filles. Si Sa Majesté voulait ac- <* corder un petit fonds de 5 ou 600 livres pour « les sauvagesses de la Montagne , on pourrait « leur apprendre à faire des bas à l'aiguille ou « du point de France. Elles sont naturellement « très-adroites. On les mettrait en état de ga- u gner quelque chose , et de s'en servir pour « s'habiller. On pourrait de ce petit fonds de « 5 ou 600 livres leur acheter quelques petits « habits à la française, et les accoutumer à {\) Archives " ^'^^^ sQi'yn-- Leurs habits sont ce que je leur ai 'l^nâd^/eurè " ^^'^^vé de plus vilaiu. Mais on m'a répondu à 'ies\ 'du tm- '^ ^'^^^ qu'on n'avait pas le moyen de leur faire vemhre 1683. i • j vi ' t, r , .^ « la momdre hberahté (1). » La sœur Jusque alors le gouvernement avait placé un Bourtfeovs i- i i est chargée petit nombre de filles sauvages chez les reli- par le roi . ^'f^^^^er toutes gieuses Ursulines de Québec. Mais quelque soin sauvagesses que ces religieuses apportassent à les former et ''Nouvdfe.f ^^ l^s instruire, elles avaient la douleur de voir gratifications i^^^^ efl^orts presque sans résultats. « Les boissons « perdent nos pauvres sauvages chrétiens : les « hommes, les femmes, les garçons et les filles « même, disait déjà en 1 662 la mère de l'Incar- (1) Ibid. , Vi l'clobre 1680. , , (2) iiajistres ^^-s sauvages SOUS le nom de Sourakoua (1). On \oit par les 'de niU'nuTic'l •"f'fe'i'^H'Ps de la paroisse de Villemarie (qu'une autre fille de feTtcmbrc 16-s. '""^''^''''y Hoandorou fut baptisée le 5 septembre 1678 (2). ir rVRTIE. — CHAPITRE TT. 285 0 nation. Ils sont pris tout aussitôt et deviennent « comme furieux. Il suit de là des meurtres , des « brutalités monstrueuses et inouïes. Nous « avons fait voir à nos filles sauvages externes « venant à nos classes , le mal oi^i elles se préci- « pitent en suivant l'exemple de leurs parents : « depuis elles n'ont pas remis le pied chez « nous. (1). » Il paraît que les pensionnaires (i) Lettres de la mère de sauva^esses crue les Ursulines élevaient dans l'infamation, ^ lie partie, let- leur couvent, ne leur donnaient guère plus de yi^ '•^'"' P- satisfaction. Du moins, en 1683 , M. de Meulles écrivait à M. de Seignelay : « Rien n'est plus « inutile que de mettre les sauvagesses aux « Ursulines , parce que l'austérité dont les reli- « gieuses font profession n'accommode nulle- '< ment un esprit sauvage. Aussi est -il vrai « qu'aussitôt que les sauvagesses sont sorties de , (^) Archiver ^ 1 o fjg la manne; « chez ces religieuses, elles passent d'une extré- fi"'\"/dêMeut •i ' ■» 11 X /-»\ les, du 4 no- « mite a 1 autre (2). » vembre less. M. de Seignelay, convaincu de son côté que la vie cloîtrée ne pouvait pas convenir à ces enfants , résolut de ne confier qu'à la sœur Bour- geoys toutes celles de la mission de la Montagne , et répondit à M. de Meulles , le 10 avril de l'année suivante , que le roi ne voulait pas qu'elles fussent envoyées à Québec. Pour procurer à la sœur Bourgeoys les moyens de les former , il -^^ '^'lE l'E LA SœUR BOURGEOYS. obtint du roi , non-seulement les 500 livres que gistre de's'dt- ^^' ^^^ Meulles avait demandées (1), mais encore pêches, 1683; ,, ^ ' MeUlies^ll^ ''''■ "'''''''^^ gratification de 2,000 livres, dont avril mi,. 1,000 pour acheter de la laine et du fil, afin d'apprendre à ces enfants à filer, à tricoter, à faire du point et autres ouvrages; et 1,000 pour l'entretien des ouvrières qui leur apprendraient yS}^;'Z ainsi à travailler (2). Toutes ces sommes devaient péditions, an- \x ^ • > i ^ néem^, folio ^"^ remises a la sœur Bourgeoys pour qu'elle les ^^ (3) Lettres ^mployât selou sa sagesse (3). Enfin, M. de Sei- '/etfifT't'. ^elay fit passer de France en Canada trois 'le Belmont , f^ 1686. , temmes pour apprendre aux filles sauvages de la ^.1*^S;! ^lontagne à tricoter, et trois autres pour leur 1683. i^oi. 19. apprendre à filer et à faire de la dentelle (4). La\œur Cependant, loin de s'applaudir de la protec- ^d'aborr' ^lon qu'elle recevait ainsi du monaraue , la sœur les diijicuit, s Kourgeoys fut alarmée à la vue du fardeau qu'elle sis ""^^'''^ s'iniposer en se voyant chargée à l'avenir nveo"conâance ^^ ^°^^'' les petites sauvagesses de cette mission. au^secours Elle Craignait de n'avoir pas d'autre résuhat de leur part que ceux qu'avaient obtenus jusque alors les Ursulines; c'était du moins ce que lui représentaient plusieurs poi-sonnes recomman- dables, et entre aains M. Le Ber, pour la dissua- der de se charger d'un tel fardeau. Outre l'école de la. Montagne , la sœur Bourgeoys en avait ouvert une autre en 1083 à la mission du Sault Il* PARTIE. — CHAPITRE VI. 287 Saint-Louis , où elle avait envoyé deux sœurs ( 1 ) . , (p ^ rchivea "-' ^ (le la marine. Mais cet établissement ne se soutint pas ; et peut- [^l!'i^gJilg ^; être que les inconvénients qu'elle craignait pour seigneiay .''l la Montagne avaient pour fondement le peu de "*" *"' ' *^*^" succès qu'elle avait eu au Sault Saint-Louis. Quoi qu'il en soit, M. Tronson , pour la fortifier, écrivait en ces termes à M. de Belmont le 25 mars 1 686 : « On ne serait pas ici de l'avis de M. Le Ber, (( et sa proposition ne serait pas approuvée à la « cour. Car on veut qu'on francise, autant que « l'on pourra, les sauvagesses aussi bien que les « sauvages ; et cela ne se peut qu'en les faisant « aller à l'école ou en les mettant en pension. Il « me semble qu'en ne les prenant pas si jeunes, « ne les gardant pas si longtemps, et ne les « tenant point si serrées , on remédierait aux « grands inconvénients cpi'il propose ; et la sœur « Bourgeoys n'en sera plus effrayée , si elle écoute déS.TroUson: , . \ Cnnnfla , 25 « VOS raisons (1). » „^r/rv lese. Cette digne fondatrice ne s'était laissée aller d'abord à ces sentiments de crainte que par un effet de sa sincère et profonde humilité. Mais elle comprit bientôt que cette mission , où elle trou- vait enfin la facilité de travailler à la sanctification des filles sauvages , était une œuvre que la Provi- dence avait spécialement réservée à la Congréga- tion, de préférence à toute autre communauté. 288 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. Dans l'invitation qui lui était faite de la part du roi , elle vit l'entier accomplissement du dessein qu'avaient formé autrefois les religieuses de Troyes , et qu'elles avaient exprimé sur l'image donnée par elles à M. de Maisonneuve avant son départ de France : image qui , dès le moment où elle l'avait vue pour la première fois en Canada , l'avait remplie de surprise et lui avait paru ^tre un indice de sa vocation spéciale à {i) Lettres ou- ViUemarie (1). Enfin, elle ne put s'empêcher de tographes de ■*• /a sœtir Bour- considérer cette occasion d'exercer son zèle en i/eoys a M. Tronson. faveur des filles sauvages , comme l'efPet des prières ferventes que les premiers colons de Vil- lemarie avaient faites pendant si longtemps sur cette même Montagne , « ii dessein d'obtenir la « conversion des sauvages et de les voir venir « avec soumission pour être instruits. C'est en « effet le premier lieu, écrit-elle, oîi ils sont ve- « nus , et même les filles sauvagesses , pour être <( instruits par les sœurs de la Congrégation ; ce « cpii , ajoute-t-elle , a rapport à l'image que la « sœur de IM. de Maisonneuve, religieuse de la '< Congrégation de Troyes , avait donnée à celui- « ci avant son départ, nntoiir de laquelle était <( écrit en lettres d'or : (2) Écrits nv- togrop/ies de » Siiinlp mère de Diei', ptire vierge au cœur loyal, l(t sfpur Bon, - fjeoi/s. « Gardez-nous uoe place dans votre Montréal (2). » W rARTir. — r,n.\riTRF. vt. 589 La sœur Bourgeoys embrassa donc cette œuvre y"- avec confiance , et bientôt la bénédiction dont ses «a»^a|essps travaux furent couronnés, justifia pleinement les iommenS , , • , 1 > 1 à adopter espérances qu on avait conçues de son zèle. rusage . . T iT •! 1 > (11- véteinents L un des premiers Iruits de sa sollicitude a convenables. Plusieurs l'éfirard de toutes ces ieunes sauvagesses, ce fut .lésirent d'être de leur inspirer l'amour du travail. Elles ap- ^ ^Je la ^ ^ Congrt^gation. prirent à filer la laine , à tricoter des bas ; et enfin elles quittèrent leurs couvertures , qui jusque alors avaient été leur unique vêtement (*), et s'habillèrent d'une manière plus décente. C'était ce que désirait M. Tronson. « Si vous pouvez « introduire dans votre mission l'usage des jupes « pour les sauvagesses, écrivait-il à M. de Belmout « en 1685, et celui des caleçons pour les enfants « sauvages, et faire venir les uns et les autres à « la mode, vous vous rendrez illustre. Car je no « pense pas que l'on y puisse rien introduire « de plus utile et qui ait plus de suites (1). » ^, (0 ^^^'jj^'f^ Non-seulement toutes les filles sauvagesses adop- "',?,'^f\Q^t_ ^'^ tèrent l'usage de nos vêtements et s'appliquèrent aux petits ouvrages qu'on leur apprenait, mais plusieurs em.brassèrent avec ferveur les exercices ( ' ) Les sauvages s'enveloppaient dans des couvertures qui leur servaient de robes et même de lit , comme le remarquai! , ^g'^G^o" Mei*!", en 1641 , le Père Vimont (1). i'- ""• 19 AV» 290 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. de piété qu'elles voyaient pratiquer à leurs maî- tresses, et conçurent même le dessein d'entrer dans leur institut , ce qui était encore sans exemple chez les Irocpoises. M. de Lacroix de Saint-Vallier, nommé à l'évê- ché de Québec , en remplacement de M. de Laval , (|ui s'était démis de son siège, arriva cette année 1685 en Canada, en qualité de vicaire général. 11 visita l'école des sœurs à la Montagne, et dans la relation de son voyage, qu'il publia peu après , il rendit ainsi compte de l'état de leur mission : « Les filles de la Congrégation, répandues en « divers endroits de la colonie , ont surtout , « dans la mission de la Montagne, une école « d'environ quarante filles sauvages , qu'on ha- « bille et qu'on élève à la française. On leur « apprend en même temps les mystères de la « foi , le travail des mains , le chant et les prières 't de l'Eglise, non-seulement en leur langue, « mais encore dans la nôtre , pour les faire peu « à peu à notre air et à nos manières. On voit " plusieurs de ces filles qui , depuis quelques « années, ont conçu le dessein de se consacrer u tout à fait à Dieu avec les sœurs de la Congré- « gation , dont elles suivent déjà fidèlement les H règles et les observances. Mais on n'a pas " encore jugé à propos de leur faire contracter Il* PARTIE. — CIIAPITKK. Vf. 2DI '< aucun engagement , et on ne le leur pei- [v^Et„tr,rô « mettra quVaprès les avoir longtemps éprou- Z'^^e^'M^:. a v«Sp<ï (\\ France, \U% veet> \i}. i^.go^ p. 67 « Les habitants de ce village sont des Iroauois ^^■ « et des Hurons, non-seulement bien convertis ''e la mission ' de « mais parfaitement fervents, qui ont été assem- '^ ^l'S""'' « blés et cultivés par le zèle et les soins de saint'- Vai lie.- « MM. de Saint -Sulpice. On y vit comme dans « un cloître ; et toutes les vertus s'y pratiquent « selon les règles de la plus haute perfection « évangélique. Il y a presque toujours quelqu'un « qui prie dans la chapelle ; on n'y voit jamais « parler personne ; et plusieurs s'en interdisent « l'entrée pour des fautes fort légères, dont ils « se punissent volontairement eux-mêmes, en « se tenant , par esprit d'humilité et de péni- « tence, à la porte. Ils ont tous une merveilleuse « application à conserver leur innocence. Ils tt n'ont pas moins de soin de se tenir partout « dans une grande récollection; et après qu'ils « ont parlé à Dieu dans l'oraison avec une sim- « phcité charmante, ils font retentir les cabanes « et les champs de cantiques spirituels, durant (^ le temps de leur travail et de leurs occupa- « tiens domestiques. Quand ils sont les uns avec « les autres, ils s'entr'animent à la vertu par « la sainieté de leur conversation , et ils exercent 292 VIE LE LA SŒUR BOFRGEOYS. « entre eux en toute occasion une charité conti- 86-70^- 71."' ''■ " nuelle (1) (*). « M. de Belmont a un soin particulier de la « jeunesse. Il se décharge des filles sur les maî- « tresses d'école que les sœurs de la Congréga- « tion envoient dans ce village ; et il sert lui- « même de maître pour toutes choses à l'égard « des jeunes garçons. Il ne se contente pas de « leur apprendre la doctrine chrétienne et la « manière de bien vivre , il leur enseigne aussi « à parler le français et à chanter le plain-chant « et la musique, selon qu'ils ont de la voix. Les « uns ont appris sous lui à être tailleurs, les « autres sont devenus cordonniers, d'autres « tourneurs ; et il y en a même de maçons , qui (*) M. de Saint-Vallier composa à Paris son ouvrage de VÉtat présent de l'Église du Canada, et demanda aux ecclé- siasliques de Sainl-Sulpice de celle ville, des mémoires sur Villemaricel sur la mission sauvago de la Montagne. M Tron- (1) Lettre à son nous apprend qu'on n'en eut pas a lui offrir (1); de sorte M. de Belmont, .. , ^ . ,r ,,• . , . . arrii 1688. que M. de Saml-Vallier se contenta de rendre compte des im- pressions qu'il avait éprouvées en visitant cette mission. Mais il faut avouer que dans son court séjour en Canada il n'eut pas le temps de connaître à fond l'état des missions. Du moins, si un grand nombre de sauvages étaient tels qu'il les dépeint , il est certain que tous ne donnaient pas les mêmes sujets de consolation a leur missionnaire, et que, parmi ceux de la Mon- tagne en particulier, il s'en trouvait alors qui les affligeaient •r^'^L''^"'^'' ''^ Pir l^ur penchant à la boisson et par leurs rechutes dans ce M. Tronson n»/ ' "^ "^ mîme. malheureux vice (%. 11" l'AKTlE. — CHAriTUE VI. 'iiO.'J (( ont déjà bâti de leurs propres mains de petites « maisons a 1 européenne (I). » 72-73. iMais le fruit le plus précieux que [)rodiiisit la ^^,j_^ mission de la Montagne fut sans contredit la vie i\\j' uo'S' ' édifiante de deux vertueuses Iroquoises, qui se sœi/dX donnèrent à Dœu sans partage, en embrassant °"°'' ^'^ "^"• l'institut des sœurs de la Congrégation. L'une d'elles, appelée Marie-Barbe Attontinon, était née au village d'Onnontagué (2). « Elle fut bar)- ^ {r,Rerj,stres o u \ / ^ de l 1 ^ 1 r u \'t]BeqiSf)Pi l'Enfant-Jesus , qui servait des lors a la sépulture r/e in pnroisse (InVillemarie, des sœurs de la Congrégation (4). ibid. L'autre, qui était de Tsonnonthouan , s'appe- ^,^^J,.^^ lait Gannensagouas , nom qui veut dire en iro- ^'froqST' quois : Elle prend le bras. Elle fut l'une des coîfgrégatiSn. • Sgs vertus. premières élèves des sœurs de la Congrégation à la Montagne, où elle reçut avec le baptême le is) Registres —,,, . 1 ^„ . • ir>oj /"\ ■> '^'- '" mission nom de Marie-Thérese , le 28 juin 1681 (a), a de la Montu- qnr: Bnptéi/t., l'âge de quatorze ans. Après quatre ans de séjour i^juin lesi. 291 VIE DE LA SCÊUK BOLR&EOYS. dans cette mission , et lorsqu'elle eut été admise au nombre des sœurs, elle fut envoyée par la sœur Bourgeoys à la Montagne , pour y faire IV'cole aux petites sauvagesses. M. Belmont a fait ce court éloge de la sœur Gannensagouas : « Elle fut mise chez les sœurs de la Congrégation « établies à la Montagne, parmi les filles sau- « vages que le roi a la bonté d'y entretenir pour « y être instruites , et excella sur toutes les « autres , principalement par sa modestie. Après « qu'elle eut demeuré plusieurs années à cette « école de verlu, où elle apprit la langue fran- « çaise ainsi qu'à lire et à écrire, elle demanda à « être sœur ; et comme elle avait suffisamment té- « moigné qu'elle renonçait à toutes les préten- « tions du mariage , elle fut reçue pour être mai- « tresse d'école, charge dont elle s'acquitta avec « toute sorte de perfection jusqu'à l'âge de vingt- « sept ans. Les vertus qui brillaient le plus en « elle étaient la modestie , le silence et la morti- (J) Archives 'lie soTnf-Suf'- " ^catiou corporelle. On dit qu'elle ne regarda 7iolesful'ue/- ^'- i^i™t^is aucuu liomiiie en face; on avait peine 'iwf mortes 'en " ^^ l^ii faire mettre des bornes à ses pratiques odeur de sain- ,, ,r-,ri,\ te té. « a austérité (1). » ,, ^lï- Mais, pour mieux faire connaître la sœur Marie- Notice sur ^ ^™"d-père ' Thérèse , il ne sera pas hors de propos d'ajouter *^ Sa pStîf ' i^'i ^^^^ ""^*'^^ sur son grand- père , François Tho- )!'= PAK'I IK. — CHAPITRE VI. 495 ronliioiigo, (jui l'avait amenée, en 1677, de Tsonnonthouan au village naissant de la Mon- tagne . et qui d'ailleurs est digne , par son mérite personnel, d'un éloge particulier. Il était Huron de nation , et avait été instruit et baptisé par le père de Brébeuf , cet illustre martyr de la Com- pagnie de Jésus , qui fut brûlé par les Iroquois lorsqu'ils saccagèrent les missions hurones. Fran- çois Tlioronhiongo avait été conduit comme esclave à Tsonnontliouau , le plus grand village des Iroquois. 11 y garda sa religion, comme un autre Tobie, avec une fidélité parfaite; et par sa probité et sa piété , c[ui le firent admirer de ces barbares, il passa pour un saint parmi eux. Selon la coutume de cette nation , il fut regardé comme libre après la mort de ses maîtres ; et alors , pour prier Dieu en paix , il quitta Tson- nonthouan , et alla à la mission iroquoise de la Montagne, conduisant avec lui sa petite-fdle (iannensagouas , âgée de dix ans , et un fils ma- rié, le seul cpi lui restait. François s'y distingua bientôt par son respect pour les prêtres , par sa dévotion à l'église , et par sa charité envers les pauvres sauvagesses âgées, dont il bâtissait et raccommodait les cabanes. Le trait suivant peut donner une idée de la piété de ce bon vieillard. Un jour ((u'il commençait à raccommoder la porte :2% VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. d'écorce d'une cabane , ayant fait réflexion qu'il avait donné trois coups d'alêne avant d'avoir fait le signe de la croix et d'avoir olfert son action qtieiques^^per- k DiEU , il s'écpia incoutinent : « Ah! que je suis notice sur « miseraole! voila trois coups cl alêne perdus ; François Tho- ronhiongo. « fai oubUé (le Ics offvir au maître de ma vie ( 1 ) • » Thoimhioneo ^^^ liouime si profondément religieux ne pou- aveu^'i". ^ciit que goûter la plus douce consolation en tous?eTjours voyaut les progrès que sa petite-fille, la jeune pour , , . . i;i conversion Tlierèsc , faisait chaque jour dans la piété, sous de son fils. la conduite des sœurs de la Congrégation. Mais il avait aussi le cœur abreuvé d'amertimie par la conduite de son fils , qui vivait en liber- tin, et semblait ne faire aucun compte des in- structions que lui donnaient les missionnaires. Enfin, ce qui mit le comble à son affliction, ce fils, qu'on n'avait pu disposer au baptême, quitta la mission , abandonna sa femme , qu'il laissa enceinte , et retourna chez les Tsonnon- tliouans. Peu de temps après , sa femme mit au monde un fils , et dans la suite François Thoron- liiongo étant devenu aveugle , cet enfant le con- duisait chaque jour l'après-dmer à l'église, et l'y laissait jusqu'au soir. C'était là que ce saint aveugle répandait son cœur devant Dieu en dis- cours extatiques , et le priait avec ardeur pour la conversion de son fils : « Seigneur, disait -il , ir PARTIE. — CH.vriTUK VI. "l'M w je ne regrette point la perte de mes yeux : il « n'y a rien de beau au monde , et je te verrai « bientôt. Je ne regrette point ma pauvreté : « tu sais que c'est chez toi que j'ai amoncelé « mes richesses. Seigneur, c'est mon fils que je M regrette ; il n'a point d'esprit. Seigneur, ne le « jette point au feu qui ne s'éteint pas. » Dieu exauça ce saint vieillard de la manière la plus étonnante, et voulut, par cet exemple qui semble tenir du prodige , montrer aux nouveaux chré- tiens de la Montagne qu'une prière humble et persévérante obtient tout de sa bouté. Au mois de mars 1690 , le petit -fils de Fran- çois Thoronhiongo , qid était en âge de porter les pa/'ïa'ferVeur armes , fut enrôlé dans un parti de guerre moitié ses prières, . . , 1 f 1.» 1 'ti conversion Jrançais et moitié sauvage , commande par M. de de soniiis. Beaucourt, et le 21 avril suivant , François Tho- ronhiongo mourut âgé de plus de cent ans. Or, H l'époque de cette mort , le parti de guerre dont nous parlons vint à découvrir, au bout du Sault Saint-François , sur une rivière appelée Kent- sage , une troupe de Tsonnonthouans , parmi les- quels se trouvait le hls même de François Thoron- hiongo. L'attaque fut violente , et la défense vigoureuse. On combattit si vaillamment de part et d'autre que le chef de chacun des deux partis fut tué ; mais enfin , après bien des massacres , XIV. Thoronhiongo obtient, 298 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. les ennemis ayant été défaits , le petit-fils de François Thoronhiongo lit prisonnier un sauvage Tsonnonthouan , qu'il lia et qu'il amena comme esclave au village de la Montagne. C'était son propre père, qu'il n'avait jamais connu. Quelle ne fut pas la surprise du prisonnier, lorsque, arrivé à Villemarie, il se vit conduire par son vainqueur au village de la Montagne , d'où d s'était enfui depuis tant d'années , et enfin dans la cabane même qu'il avait habitée auparavant? La mère du jeune guerrier reconnaît aussitôt son mari , le fds reconnaît son père ; et à l'instant ce n'est qu'un cri de joie et d'admiration dans tout le village. Les anciens, accourus à la cabane, reconnaissent tous le prisonnier. On le délie, et on lui déclare qu'il n'est point esclave. Les mis- sionnaires sont au comble de la joie de voir ainsi ramenée au bercail une brebis si longtemps per- due. Ce fortuné captif ne venait en effet à la mis- sion que pour y recevoir le baptême. Il arrivait tout malade de fatigues d'un chemin fait dans les neiges ; et la maladie augmentant , on se mit en devoir de l'instruire pour le baptiser. Mais les missionnaires eurent lieu d'admirer encore ici l'effet des prières de son vertueux père ; car le malade, qui avant sa fuite de la mission avait 11) ont ré si peu de zèle pour être instruit, et qui ir PAKTIK. — OlIAMTRE VI. i299 depuis avait vécu dans tous les excès ordinaires aux barbares adonnés à l'idolâtrie , se trouva alors comme éclairé surnaturellemcnt. Il se souvint de toutes les prières chrétiennes et de son caté- chisme ; en sorte que, averti du danger oii il était de sa vie , il demanda lui-même le baptême , et le reçut dans de grands sentiments de componc- tion et de piété (*). On lui parla de Dieu pendant trois heures, au bout desquelles il expira, lais- sant tous les sauvages remplis d'admiration pour une conduite si extraordinaire et si miséricor- dieuse , et d'une ferme confiance au crédit dont jouissait devant Dieu son bienheureux père, aux prières duquel chacun était convaincu qu'on {\)Éiogesde devait une si sainte mort(l). Aussi, comme la vie TmnlTmorte's de François Thoronhiongo avait été d'une si srunteté,\hii. (*) Le Père Fréniin, dans une lettre insérée à la Relation des années 1609 et 1670, parle avec beaucoup d'éloges de François Thoronhiongo (1). Mais il paraît que sa mémoire ne ;i) Relation ,, ° , ■ • , , , ., •>\ e -, , des missions I a pas toujours servi dans les récits qu il tait sur ce vertueux aux iroquois, lluron, puisqu'il assure que Vrdnc^oh n'ayant plus qu'un eîi- c/ i67o'^^^*chap! faut au monde, et ce fils étant allé eu guerre, il l'avait con- •''; P- 291 et ' ' . suu: fessé avant son départ (2). Ce Père aura confondu ici quelque ,,, jj,jj| autre sauvage avec François Thoronhiongo. Car il est bien 29^1. certain que si, vers l'année 1669, ce vieillard n'avait plus qu'un seul fils , ce fils était le même qui , encore païen , suivit son père a la mission de la Montagne en 1677, et qui , en 1690, avait lui-même un fils en état d'aller k la guerre avec M de Beaucourt. 300 VIE DE LA SŒVK BOURGEOYS. grande édification pour toute la mission , et qu'il avait fréquenté l'église avec tant d'assiduité , M. de Belmont fit exhumer son corps du cime- d}^)a%oHfT- ^^^^'® ^" ^^ ^^^'^^^ d'abord été enterré (1) , et le fit ^•es' ^^i avril pl^cer daus l'église même , avec cette inscription 1690. ' -i 11. qu on mit sur sa tombe : ICI REPOSENT LES RESTES MORTELS DE FRANÇOIS THORONHIONGO, HURON , BAPTISÉ PAR LE RÉVÉREND PÈRE BRÉBEUF. Il fut, par sa piélé et par sa probité, l'exemple des cliré- liens et Uadruiralion des iulidèles ; il mourut âgé d'environ iOO ans, le 2J avril J690. XV. Ce ne fut pas un petit sujet de joie pour l'heu- Mort .le Thérès - reuse Gauuensagouas de voir de ses yeux les effets Gannensa- ^ '' gouas. (jgs prières de son saint aïeul , et d'avoir été témoin de la mort si consolante de son oncle. Elle ne leur survécut pas longtemps , ayant été atteinte peu après d'une maladie de langueur qui la conduisit insensiblement au tombeau . Son grand amour pour la modestie la porta , dans les moments qui précédèrent sa mort , à prier les sœurs de la Congrégation , ses compagnes , de l'enterrer après son décès dans ses pauvres petits II* PARTIE. — CHAPITRE VI. 301 habits , sans la dépouiller. Elle mourut en odeur de sainteté à la Montagne , le 25 novembre 1 695 , âgée de 28 ans, et fut inhumée comme son grand-père dans l'église de la mission (1). {i)Éiogesrie quelques per- Cette église ayant été démolie longtemps après , ^''««^•*, '«"'''f ^ «^ '^ ^ '^ en odeur ci'' on transporta les restes de cette sainte fille avec '"'"^^f^'- 1*''^- ceux de son aïeul dans la tour du fort de la Mon- tagne , qui sert maintenant de chapelle , et on mit au-dessus l'inscription suivante, qu'on y voit encore aujourd'hui, ainsi que celle de son aïeul que nous avons rapportée : la REPOSENT LES RESTES MORTELS DE MARIE-THÉRÈSE GAXNEXSAGOUA S , DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME. Après avoir exercé pendant treize ans l'office de maîtresse d'école kla Montagne, elle mourut en réputation de grande \ertu, âgée de 28 ans, le 2o novembre 1693 (*}. Les sœurs de la Congrégation , comme nous xvi. Les sœurs l'avons dit, étaient alors logées dans des cabanes missionnaires logées (*)0n voit dans les registres de la Montagne la signature de la sœur Thérèse Gannensagouas qui y paraît plusieurs fois comme marraine. Nous la reproduisons ici , tant pour illustrer la mémoire de cette sainte fille, que pour honorer celle de la 302 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. d'abord dans d'écorcc, et quelque incoiïimodes que fussent ces des cabanes. ^ ^ ^ rand es rit P^^vres réduits , leur grand esprit de mortifica- mortiflâtion. ^^^^ ^^^ ^^^^ faisait trouver encore trop au gré de la nature. On peut en juger par les réflexions que fait la sœur ^larie Barbier, parlant d'elle- même : « En 1685, dit -elle, on délibéra de « m 'envoyer à la Montagne, et on me fit partir « pour cette mission. On m'y avait préparé , « selon le goût qu'on me connaissait, une ca- « bane pour coucher : elle était tout entourée « d'image, et d'ENFANTs Jésus. Tout était d'uno « propreté extraordinaire, et rien n'y manquait. M Je regardai de tous côtés, le cœur pénétré de « douleur, sans rien dire, sinon à Dieu , à qui je « fis cette prière : Mon Dieu , ce n'est pas le lien « que i^oiis m'avez destiné, j'y suis trop bien; « voulez-vous me perdre ? Plutôt mourir que « d'être si à mon aise! Je n'y couchai qu'une « nuit , la communauté ayant changé de senti- sœur Bourgeoys , aux prières el au zèle de laquelle on est rede- vable , après DiEt , de la vie sainte qu'a menée celle admirable Iroquoise. W PAKTIE. — (.IIAPITIIE Vr. .103 « ment, et voulant m'envoyer h l'île d'Orléans. « On m'envoya donc quérir à la Montagne par « la sœur Anne, dont je devais être la com- « pagne. Elle me dit en entrant : Ma sœur, Dieu « ne vous veut point ici. Il faut souffrir toutes « sortes de privations. Cette cabane, que je vois « si bien ornée, me fait mal au cœur pour vous. « Il faut souffrir pendant la vie , et c'est ce que « Dieu demande de vous. C'était répondre entiè- « rement à mon attrait. La compagne que je " devais avoir à la Montagne, parut sensiblement « mortifiée de ce changement , auquel elle ne « s'attendait pas. Elle me conseilla de faire u d'humbles représentations ; mais je lui répon- « dis que je voulais obéir, et que ce serait une « grande miséricorde que Dieu me ferait, si je ii devais mourir de fatigue et de privation à « l'ile d'Orléans. Je retournai ainsi à la com- te munauté pour m'embarquer deux jours K après (1). » Ce récit si naïf donne une iuste (i) vie de r ^ ' ''la i-œur Marie idée de la ferveur, de l'esprit de pauvreté et Barbier. de l'amour de la mortification que la sœur Bourgeoys avait su inspirer à ses filles ; car les cabanes d'écorce qu'on avait eu soin de faire disposer pour elles , étaient tout ce qu'on peut imaginer de plus pauvre et de plus rustique; d'ailleurs assez mal fermées, et par conséquent 304 AIE DE LA SŒFR BOURGEOTS. t. très - incommodes clans les grands froids de l'hiver. XVII. Les ecclésiastiques missionnaires n'étaient pas Fortifications ^ ^ faites lofîrés d'une manière plus commode dans les com- au village de " r '^Les^sœufs'' "lencements. Comme la Mission augmentait, il ^^dans"^ fallut augmenter aussi le nombre des mission- difforr^ naires, et les petits bâtiments qu'on avait élevés pour eux étant insuffisants, ils furent contraints de faire servir à leur usage une petite pièce qui servait d'étable auparavant. Enfin, dans l'ex- trême danger que la Mission courut de la part des Irocpiois infidèles, très-irrités contre ceux qui avaient embrassé la foi, M. de Belmont fit construire en 1 685 un fort de pieux pour mettre le village à l'abri des attaques des ennemis. « J'aurais été bien aise, lui écrivait M. Tronson , « de voir le plan de votre village et de votre « fort à quatre bastions , autour de la cliapelle. « Vous avez bien fait d'allonger votre bâtiment. « 11 faut au reste que votre âne soit un âne de « condition, puisque son appartement, dont vous « avez agrandi votre maison, sert maintenant « de réfectoire et de salle de récréation à la de M. Tronson; c( commuuauté (!). » Ou fit cucore quelcpes Canada, lettif^ i <• -n • i / à M. de ht/- autres ouvrages de lortitication les années sm- i/io/it, 1686. (2) Lettres vautes (2) , cu sorte que jamais les ennemis , du même, l^^^ -, , ti c i i ' et 1692. quelque nombreux qu ils lussent, ne purent pe- TT* PARTIE. — CTFAriTP.E VT. nor, nétrer dans le village de la Mission. Tous ces ouvrages étaient construits en bois. Mais l'année 1694, le village et l'église, ainsi que le fort, ayant été incendiés par l'imprudence d'un sau- vage de la Mission , tombé en ivresse (1), M. de , (i) Histoire ° ^ ' lie la guerre Belmont fit construire à ses frais le fort de pierre '^,^*. ^'X^^/: dont on voit encore des restes aujourd'hui , "'^"^• et donna aux sœurs de la Congrégation l'usage de deux tours, l'une pour s'y loger, et l'autre pour y faire leurs écoles (2). Ce fut là qu'elles fJ^fU^Jj.^. demeurèrent et exercèrent leurs fonctions jusqu'à •J^'^J^fé *^^^ ' ce que la Mission eût été transférée au Sault-au- Récollet, comme nous le raconterons dans la suite de cet ouvrage. PLAN DU FORT de LA MONTAGNE. A Chapelle de Notre - Dame des Neiges. Maison des missionnaires. C Tours à l'usage des sœurs de la Congrégation. Grange destinée à servir d'asile aux femmes et aux enfants en cas d'alarme. Village de la Mission. 20 306 VIE DE LA SGEUa BOURGEOYS. CHAPITRE VII. LA SOEUR BOURGEOYS ETABLIT DIVERSES MISSIONS FRANÇAISES. I. La sœur Bnurgeoys devait travailler surtout à la sanctification des jeunes filles canadiennes. Sa dévotion au mystère de la Visitation. La sanctification des sauvages, l'unique but que Dieu proposa aux fondateurs de Villemarie pour les déterminer à cette grande œuvre, n'était pas cependant le motif principal que sa sagesse avait eu en vue, comme l'a fait voir l'extinction graduelle de la plupart de ces nations errantes. Son dessein était surtout de porter, par cette colonie, la foi catholique dans cette partie du Nouveau-Monde , qui bientôt devait être peuplée d'autres colonies entachées des erreurs des der- niers temps. Pour y fixer le flambeau de la vérité, il inspira la pensée de l'étabhssement de Ville- marie , destiné à jeter d'abord un si grand éclat par la sainteté de ses premiers citoyens, et à retracer dans ces pays nouveaux la ferveur et la piété de l'Église primitive. C'est pourquoi la sœur Bourgeoys , appelée de Dieu à concourir à ce dessein , exerça plus spécialement son zèle à l'égard des enfants des colons français, parles missions qu'elle étabht dans les principales pa- roisses. Se proposant encore ici, conformément Il* PARTIE. — f.IIAriTRE VU. 307 à sa vocation , de retracer la conduite de la très- sainte Vierge, elle aimait à offrir aux sœurs mis- sionnaires , pour modèle de leur zèle , celui que Marie avait déployé dans le mystère de la Visita- tion, u C'est de Marie , dit M. Olier, que tous les « états et toutes les dignités de l'Église apprenneni « la perfection et les maximes de leur conduite ; « c'est dans le mystère de la Visitation que les « missionnaires doivent puiser la grâce de leur « état. Marie n'a pas sitôt conçu et formé Notre- « Seigneur en elle, qu'elle va le porter et le « former dans le cœur de saint Jean , son prê- te curseur. Elle accomplit sa mission avec amour « et vitesse , oubliant sa faiblesse , son âge , sa « délicatesse; animée du zèle de son fils et de « l'amour de le faire connaître , elle court par « les montagnes, annonçant Jésus -Christ dans c( son admirable apostolat , dont tous les pas « portent la paix et l'Évangile. En partant ainsi « avec zèle , sans provisions , sans sac , sans « bourse , sans compagnie , pour annoncer Jésus- « Christ, elle fit la première ce que firent « ensuite les apôtres à son exemple , lorsque , « après la réception du Saint-Esprit, ils cou- « rurent par tout le monde , pour faire connaître ft le Fils de Dieu; car le premier en chaque [i)Écritsau- « genre est la règle des autres (1). » m/o/LT 308 VIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. L'Esprit de Dieu, dont la sœur Bourgeoys était remplie, lui découvrait les mêmes vues sur ce mystère, jusque-là qu'elle donna la Visitation pour fête principale à son institut. « La visite « que la sainte Vierge fit à sainte Elisabeth , « écrit-elle, a été l'occasion du plus grand des <( miracles, en procurant à saint Jean sa purifi- « cation du péché originel et sa sanctification, « ainsi que celle de sa famille; et c'est sur ce « modèle que les sœurs doivent faire leurs mis- t^luphes^dê ^^ ^^^^^ ' ^^^^ ^'^ dessein de contribuer à la sanc- i-^sœurBour- ^^ tifi^ation do tous les enfants (1). » II. L'expérience montra en effet que la dévotion Succès des missions siusTulière de la sœur Bourgeoys pour la Visi- t'rançaises ^ ^ ^ l «établies tatiou u'avait BU lui être inspirée que par l'Esprit par la sœur ^ r m r r Bourgeoys. ^jg Djeu^ qQ^ youlait lui faire trouver dans ce mystère une source féconde et abondante de grâces pour la sanctification de cette nouvelle Église. Car rien ne contribua tant au bien des âmes, que les diverses missions qu'elle établit. xM. de Meulles, intendant du Canada et témoin des fruits étonnants que produisaient les sœurs missionnaires de la Congrégation partout oîi elles étaient répandues , écrivait en 1 683 au ministre de la marine : « Vous ne sauriez croire , Monseigneur, « combien les filles de la Congrégation font de « bien eu Canada. Elles instruisent toutes les 11* PARTIE. — CHAPITRE VU. 309 « jouiios filles de tout côlé dans la dernière per- « fection. Si on en pouvait disperser en beaucoup « d'habitations, elles feraient un bien infini. « Cette sorte de vie est tout à fait à estimer et « vaut beaucoup mieux que si elles étaient ren- « fermées. Elles sont d'une sagesse exemplaire « et en état d'aller partout, et par ce moyen « d'instruire toutes les filles qui seraient demeu- « rées toute leur vie dans une très-grande igno- « rance (1). » M. de Saint-Vallier, dans la visite (i) Archives de la marine , qu'il fit en qualité de grand vicaire, rendait ^^yl^J/^^/f^'^fl lui-même ce témoignage à leur vertu el à leur ^'''^fouM^s?" zèle : « Outre les petites écoles que les filles de « la Congrégation tiennent chez elles pour les « jeunes filles de Montréal, et outre les pension- ce naires françaises et sauvages qu'elles élèvent « dans une grande piété : de la maison de la « Congrégation sont sorties plusieurs maîtresses « d'école qui se sont répandues en divers autres « endroits de la colonie , où elles font des caté- « chismes aux enfants et des conférences très- ce touchantes et très-utiles aux autres personnes « de leur sexe nui sont plus avancées en âge. ^'^]^^'rJ"'f' i i o si'nt de l Eglt- « Il n'y a point de bien qu'elles aient entrepris \%ul'p,.anrç\ « dont elles ne soient venues à bout (2). » 65*-^."'*°'^' « En formant l'établissement de la Congré- « gation , si utile à toute la colonie , la sœur 310 VIE DE LA SOEUH BOURGEOYS. « Bourgeoys et ses compagnes, écrivait la mère « Juchereau , ont élevé une des plus florissantes « communautés du Canada , de laquelle la bonne « odeur se répand dans tout le pays , et qui fait « un très -grand bien dans les paroisses où ce elles ont des missions qu'elles entretiennent r Hôtel - Dieu « avec un som , une lerveur et une régulante ^p^ «e^ecp. ^^ édifiantes (1). » III- Nous connaissons bien peu de chose des pre- Premières ^ ^ rmssions. mières missions établies par la sœur Bourgeoys. ^^^e^dT*^*^ Les guerres survenues ensuite dans le pays et "ïèTsœurs " ^^s ravages des Iroquois ayant dû interrompre ces missionnaires. • • -i ' • i ' missions, il n en est reste presque aucun souve- nir. On dit que les premières furent établies dans (2) Mémoire l'île de Moutréal (2) ; et il paraît qu'en 1 676 la sœur particulier ^ ' •■■ ^ des sœurs de Boursreoys eiî avait déjà formé hors de cette lie. ia Longrega- o j j ''^'** Car M. de Laval, dans ses lettres d'établissement de la Congrégation données le 6 août de cette année , semble le supposer ainsi , en disant que la sœur Bourgeoys et ses compagnes s'étaient employées depuis plusieurs années à élever gratuitement les (3) Archives petites fiUes dans l'Ile de Montréal et autres lieux de sœurs de ^ la congréga- /gN jj désime probablement ici la mission des 11071. — Archi- \ J o i 7êché VeQué- paroisses de Champlain et de Batiscan , dont M. de ^(4) Archives ^VleuUcs faisait l'éloge à M. de Seignelay le 4 no- fettredeM"dè vciiibre 1683 (4), et qui fut ensuite interrompue. Meulles ,du k /-^ • .-i •, i ^ novemb, 1683. Quoi qu il eu soit, OH Comprend assez les pn- W l'AKTIE. — CHAPITRE Vil. 'M\ valions que les sœurs missionnaires avaient à endurer pour subsister dans les paroisses nou- velles, où l'on manquait encore de toutes les commodités de la vie. La sœur Bourgeoys nous apprend en elTet que dans leurs premières mis- sions elles n'avaient ni draps , ni lits , ni matelas; qu'elles manquaient de beaucoup d'ustensiles et ne vivaient pas d'une autre manière que les plus pauvres gens de la campagne ; qu'enfin, à l'imi- tation des apôtres , elles travaillaient de leurs mains pour n'être à charge à personne et exercer leurs fonctions gratuitement. Elle ajoute : « el « tout cela réussissaU (t). » Il eût été difficile /J^),^^^f "J" que Dieu ne versât pas abondamment ses béné- g'eo^"'' ^^"'' dictions sur les travaux de ces saintes filles uni- quement animées du désir de sa gloire et du salut du prochain , et toujours prêtes à se dévouer aux humiliations, aux privations et aux souffrances. On peut se former une idée de la pureté de leurs dispositions et de la ferveur de leur zèle par les paroles que leur adressait leur admirable fon- datrice en les envoyant en mission : « Pensez , (f mes chères sœurs , leur disait -elle , pensez « que dans votre mission vous allez ramasser « les gouttes du sang de Jésus -Christ qui se « perdent. Oh ! qu'une sœur qu'on envoie en « mission sera contente, si elle pense qu'elle y 312 VIE DE LA SCËUR BOURGEOYS. « va par l'ordre de Dieu et en sa compagnie ; si « elle pense que dans cet emploi elle peut et « elle doit témoigner sa reconnaissance à celui « de qui elle a tout reçu ! Oh ! qu'elle ne trou- « vera rien de difficile et de fâcheux ! Elle vou- « dra au contraire manquer de toutes choses, « être méprisée de tout le monde , souffrir (c toutes sortes de tourments et mourir même (1) Vie de « daus l'iufamie (1). » Telles étaient à la lettre In sœur Bour- '''^"'ù —\^p ^^^ dispositions avec lesquelles ces ferventes mis- dc In même, siouuaires s'accruittaient de leurs fonctions. On \)nr M. Hnnso- l net, p. 97. eu jugcra par les détails que nous allons donner sur les commencements de la mission de File d'Orléans. IV. En 1685 , M. Lamy, curé de la paroisse de la Mission "^ '- l'île d'Orléans Sainte-Famille dans l'île d'Orléans (*), frappé des apostoUqùe 0!''^^^'^^ fruits que les sœurs de la Congrégation *^^Anne"^ produisaient partout où elles exerçaient leur MarieBarbier. zèle, désira d'attirer quelques-unes de ces filles (*) M. Lamy, venu de France en 1(573, à l'âge d'environ 30 ans, fui chargé de desservir la Sainte -Famille et Saint- François. Ces deux paroisses, de trois lieues d'étendue , con- tenaient, en 1683, quatre-vingt-une familles, formant une (1) Arcinres de la 'marine., population de r)48 àmes (1). L'année suivante, M. Lamy fui sent (les cures. i"<^'nJu inamovible dans ce poste, par lettres de M. de Laval (2) ibid., Cu- en date du 3 novembre (2), et ce fut immédiatement après T*és tititlciif'cs par lettres de QLi'il prit les moyens de former dans l'île d'Orléans un élablis- j/. de Laval. gement de sœurs de la Congrégation. Il" rARTlE. — CH.VriTl'.E VII. 313 dans sa paroisse, et pria M. de Saint-Vallier d'eu faire lui-même la demande à la sœur Bourgeoys . Ce prélat lui en écrivit, et elle se mit en devoir de répondre sans délai à son invitation. En con- séquence, la sœur Anne fut aussitôt désignée (1) Vie dp pour être à la tète de l'œuvre; on lui adjoignit insœurBmir- la sœur Barbier, la même qu on avait d abord ni.— Vie de la sœur Marie envoyée à la Montagne (1) (*). «Avant de par- Barbier. (*) On envoya k la mission de la Montagne la sœur Marir Barbier, comme nous l'avons rapporté déjk. « Mais j'avais un « pressentiment, dit celte dernière, que je serais envoyée k « l'Ile d'Orléans , et une espèce de certitude intérieure que '• mon bien spirituel dépendait de là; que j'aurais occasion « d'y mourir à toutes mes méchantes inclinations. Avant mon « départ pour la Montagne, M. Guyotte, prêtre de Saint- <« Sulpice et curé de Villemarie , m'ayant dit par manière de " conversation qu'on n'avait pas encore nommé de compagne n pour ma sœur Anne , je lui dis que ce serait moi. Il en parut « surpris, et me dit que cela ne pouvait se faire pour toutes « sortes de raisons qu'il m'allégua. Je le priai de n'en rien " dire, et qu'il verrait k la fin que c'était la volonté de Dieu « de m' envoyer k l'île d'Orléans. Quelques jours après, " M. le curé m'ayant dit qu'une autre, qu'il me nomma, « était déjk destinée pour être compagne de la sœur Anne 0 dans cette mission , que cela avait été arrêté par la com- « munauté, je lui dis en riant que quand elle serait dans la n barque je n'en croirais rien, et que ce serait moi-même. « On me fit donc partir pour la mission de la Montagne , et « où on ne pensait a rien moins qu'k moi pour l'île d'Orléans. « Cependant la communauté changea de sentiment k l'é- « gard de la sœur désignée pour y aller, voulant envoyer « tantôt une soeur et tantôt une autre. Le prêtre qui nous 311 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « tir pour l'île d'Orléans , dit cette dernière , « je voulus faire une confession comme pour « me préparer à la mort , sans penser du tout à « ce qui nous manquait pour le temporel. G'é- « tait à la Saint-Martin , il faisait froid comme « en hiver, et nous n'avions pour nous deux « qu'une couverture qui ne valait presque rien , « très-peu de linge, point d'autres liardes que u ce qui pouvait nous couvrir fort légèrement. « Pour moi je n'avais qu'une demi-robe et du « reste à proportion. Nous pensâmes geler de K froid dans ce voyage, et j'étais parfaitement « contente de ce que je commençais à souffrir. » En arrivant, ces deux ferventes missionnaires eurent occasion de mettre en pratique cette re- commandation que la sœur Bourgeoys leur fai- sait en les envoyant en mission : « De ne se « désister point pour toutes les peines et tout " couduisait, M. Bailly, el qui m'avait exclue lui-même du << nombre de celles qui pourraient être envoyées a l'île d'Or- « léans, fut contraint, atin de laisser plus de liberté aux « sœurs , d'en venir aux suffrages secrets. Toutes , sans le « vouloir, me donnèrent leur voix ; et chacune en particu- « lier croyant qu'il n'y aurait qu'elle qui me donnerait la « sienne , il se trouva que je les eus toutes; et tout le monde 't fut content. On m'envoya donc quérir à la Montagne. Je « retournai ainsi a la communauté pour m' embarquer deux (1) yie de la . ,., sœur Barbier. « jours après (1). » ir rARTlE. — CHAPITRE VII. 3lo « le blâme qu'elles pourraient recevoir, mais thi w se préparer à rendre quelque gloire à Dieu e t « quelque service au prochain par la prière , par « les mortifications et par les autres vertus pro- u près de leur état. » « A notre arrivée à Québec , « continue la sœur Barbier, nous ne manquâmes « pas d'humiliations : tout notre avoir était un K petit paquet que nous portions fort à l'aise ; on « se moqua de nous, et nous fûmes fort humiliées « de toute manière. On nous demanda oii étaient a nos hts et notre équipage ; quelques-uns di- « saient même que nous mourions de faim chez « nous, et qu'on nous envoyait chercher ïov- « tune ailleurs. Nous arrivâmes ainsi à File d'Or- « léans. Je pensai mourir ce jour-là, le froid « nous ayant si ^ivement saisies que nous i( croyions être gelées. Pour mon particulier « j'aurais eu de la joie de mourir de froid , et je a m'apphquai à consoler ma compagne qui était « demi-morte. Nous souffrîmes beaucoup peii- « dant ce premier luvér. Nous aurions dû mou- « rir de froid sans une protection particulière (i) vie de /g sœur Marie « de Dieu (1). » barbier. Comme il n'y avait point de maison préparée p,^ J^io^j, pour les nouvelles missionnaires, elles furent ^îp^J^durenf obligées de loger d'abord chez une veuve et missionnaires d'y exercer leurs fonctions. Il y avait dans cette d'Oriéans. 316 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. maison plusieurs domestiques, des hommes, des enfants, ce qui en rendait le séjour assez incom- mode aux sœurs, qui ne purent pendant tout " cet hiver y faire leurs exercices qu'avec beau- coup de contrariété. « N'étant point encore sor- « tie dans le monde , continue la sœur Barbier, « je me trouvai là comme dans un enfer, me « voyant obligée d'être continuellement parmi « des hommes et des femmes et de manger « pêle-mêle avec eux. L'église était à plus « d'un demi -quart de lieue de la maison oîi « nous demeurions; et nous en revenions le « plus souvent toutes mouillées et couvertes de « glaçons, sans oser nous approcher du feu à (1) ibid. a cause du monde (1). » Un jour que ces deux ferventes missionnaires revenaient de la sainte messe par un violent et cruel vent de nord, accompagné d'une grande poudrerie, qui les empêchait de voir où elles allaient , la sœur Barbier tomba dans un fossé plein de neige: « Ma compagne, dit-elle, était bien loin de- « vaut moi qui n'en pouvais plus. Je ne pou- « vais me retirer de ce fossé, n'ayant plus de « force, et la neige me couvrant de plus en « plus. Alors je priai le saint Enfant Jésus de « m'aider, s'il voulait prolonger ma vie pour « sa gloire et pour me donner le temps de faire n" PARTIE. — CHAPITRE VII. 317 « pénitence. J'étais tout enfoncée dans la neige, « et il ne paraissait plus que l'extrémité de ma « coiffe. Sa couleur noire fit croire à quelques « personnes du voisinage que c'était une de « leurs bétes qui était tombée dans le fossé. Ils « y accoururent promptement , et m' ayant reti- « rée de là avec peine, ils me laissèrent au « bord du fossé, d'où j'eus bien de la difficulté « de me rendre à la maison. Cela joint au grand {{ froid et à toutes les incommodités que je res- H sentis durant l'hiver dans cette demeure, me « fit contracter des infirmités assez considérables. « Pourvu que Dieu en tire sa gloire et que mon « orgueil en soit écrasé, j'ensuis contente. Les « miséricordes de Dieu à mon égard sont trop « grandes ; depuis ce temps -là , ce n'est que « grâce sur grâce ; qu'il en soit béni éternel- ^i) yig de , , /i\ la sœur Marie « lement (1). » BarUer. Un dévouement si srénéreux et une conduite vi. '-' Fruits si apostolique attirèrent sur les travaux des deux g^^.tj'Jj^tion sœurs missionnaires les plus abondantes béné- pa/"ies"s2ur£ dictions. La paroisse de l'île d'Orléans avait d'o^élns. peut-être plus besoin qu'aucune autre du secours de ces ferventes missionnaires , à cause de la vie libre et dissipée que les jeunes filles y menaient alors. Il y régnait même un certain esprit d' in- dévotion , d'immodestie et de libertinage , 318 VIE BE LA SCEUR BOURGEOYS. qui, sans ce remède, aurait eu les suites les plus funestes. Les jeunes filles ne s'assemblaient pas seulement dans les maisons particulières pour discourir sur des sujets frivoles et légers avec des personnes de l'autre sexe , elles tenaient encore ces sortes de discours à la porte des églises et quelquefois jusque dans l'église même, sans que la sainteté du lieu leur inspirât plus de retenue. Aussi les sœurs eurent- elles à essuyer bien des moqueries et des contradictions de la part de ces jeunes fdles. Mais par la constance de leur cha- rité, de leur patience, de leur douceur, et sur- tout par leurs ardentes prières auprès de Dieu , elles triomphèrent en peu de temps de tous les obstacles. Elles retirèrent un grand nombre de filles de cette vie libre et dissipée , et les por- tèrent heureusement à l'amour et à la pratique d'une vie chrétienne par leurs manières douces et insinuantes. Enfin , à l'île d'Orléans , comme partout où elles exerçaient leur ministère , elles établirent , outre les écoles pour les petites filles, la Congrégation externe pour toutes les jeunes personnes de la paroisse. Les jours de fête et de dimanche, elles les assemblaient avant le service divin , leur faisaient des in- structions et des conférences pour leur appren- dre leurs devoirs et la manière de se conduire ir r.VRTTE. — CHAPITRE VII. 319 saintement dans le monde, et les conduisaienl ensuite à l'église toutes ensemble, rangées par ordre et marchant deux à deux. Les travaux des deux missionnaires eurent un succès si complet , qu'ils renouvelèrent en peu de temps l'esprit de la paroisse. La piété , la religion , la modes- tie succédèrent à la légèreté et à l'indévotion. Enfin plusieurs de ces jeunes personnes, touchées des instructions et des exemples de leurs saintes maîtresses , et dégoûtées tout à fait du monde , se consacrèrent à Dieu dans la Congrégation pour se livrer elles-mêmes à la sanctification des en- fants et aux œuvres du zèle apostoHcpie. Pour procurer aux sœurs un moyen de sub- sistance , et pour assurer par là à sa paroisse le bien qu'elles y produisaient, M. Lamy avait acheté une terre de trois arpents de front sur la profondeur de la moitié de l'île d'Orléans , où étaient construites une maison , une grange et ses dépendances. En 1687 il y ajouta un arpent de plus sur la même profondeur , et fît donation du tout aux sœurs de la Congrégation, le 5 sep- ^/^)-f/.]:£j! lembre 1(392 (1). L'île d'Orléans appartenait f'^^fj'/^^S.; alors à M. François Berthelot, secrétaire général ^"J^^/^^ '"'*' de l'artillerie , qui l'avait acquise de M. de La- a^^\a^^'^ou- val , évêque de Québec , et l'avait fait ériger en ^^r^h 'p"'^dè comté sous le nom de Sainl-Limrmt (2). M. Ber- m"\,^^^i^' 320 TIE DE LA SCEUH BOURGEOYS. thelot , voulant favoriser l'établissement de cette mission si utile à ses censitaires, donna un arpent de terre, où fut construite en 1688 une QueJ mr""'èl ^^^^^ison eu bois pour l'usage des sœurs (1) , en missions, ib. ^^j {godant que M. Lamy leur en eût fait bâtir une en pierre , comme nous le dirons dans la suite. Ce fut là qu'elles exercèrent depuis leurs fonctions, au grand bien et à la satisfaction de toute la pa- (i) Vie de la roissc de la Sainte -Famille (2), soit par leurs sœur Barbier. ^ ' ^ écoles et leur pensionnat, soit par la Congréga- tion des filles externes. C'était surtout dans la ville même de Québec . vu. que Dieu voulait faire éclater la ffràce de la Con- Etablissement ^ ^ (le ffrésation , en fournissant à la sœur Boureeoys l'oc- Providence casiou d'y travailler à la sanctification d'une mul- à Québec, j-^^^g d'âmes. Dans la \isite qu'il fit à Montréal , M. de Saint -Vallier fut frappé de l'esprit de piété et de ferveur qu'il remarqua dans la maison de la Providence , oîi la sœur Bourgeoys avait réuni, comme on l'a raconté, de grandes filles pauvres pour leur apprendre à travailler et à vivre chrétiennement. Ce prélat désira donc de procurer un semblable établissement à sa ville épiscopale ; et jugeant que les sœurs de la Congré- gation, dont Dieu se plaisait à bénir si visible- ment toutes les entreprises, étaient seules ca- pables de le former et de lui communiquer le II* r.vitTiE. — ruAi'iTUK vu. 321 m(^me esprit, il écrivit à la sœur Bourgeoys pour lui ûflrir d'en prendre la conduite. Il acheta pour cela, le 13 novembre 1()86, une maison avec cour et jardin , dans la haute ville , proche de la ffrande place Notre-Dame (1), et enfin on (i) Archives choisit pour être à la tète de l'œuvre la sœur " o ' de la y'ouveiic- Vallier, dès le commencement, y mit une sauvagesse, pour France, p. m- 112. la faire élever (2). 11« PARTIE. — CHAriTUE VII. .123 à la participation des sacrements toutes celles qui seraient vêtues d'une manière indécente (1). n)Archives (lu séminaire Toutefois le luxe n'avait fait crue s'accroître de fievaiemarie ^ Mandement. plus en plus; et en 1686 il régnait partout avec jj^/'^''^^ ^"' plus de licence et de scandale que jamais (2). Ce {2)ibid.,.v«/î- ^ 1 J V / (Jement de Af. cpie les efforts de M. de Laval n'avaient pu opérer, 'r f^l/l^^ll[', les sœurs de la Congrégation, par les sentiments '^'"'^ ^^^^' de piété qu'elles avaient su inspirer aux jeunes filles de la Providence , l'obtinrent d'elles sans leur en avoir même témoigné le désir. Car le 12 juin 1686, veille de la fête du Saint-Sacre- ment , ces filles , voulant renoncer à tout ce qui pouvait ressentir les vanités du monde , formèrent de concert la résolution de s'interdire l'usage de certains ornements superflus qu'elles avaient portés jusque alors, et allèrent les suspendre devant l'image de la très-sainte Vierge dans leur oratoire pour les olfrir comme eu sacrifice ; en sorte que le lendemain on les vit , avec autant de surprise que d'édification, assister à l'office divin et à la procession générale , toutes vêtues de la manière la plus simple et la plus (3) ne de lu sœur Marie modeste (3) ( j. Barbier. (*) L'esprit de piété qui animait les filles de la Providence, et surtout la ferveur de leurs saintes maîtresses, rendent très-croyables divers traits qu'on raconte de la bonté divine 324 TIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. ^ïx. L'exemple de ces filles fut imité l'année sui- Fruits ^ *^delaSainTe-" ^'^^^^ P^^ celies de l'île d'Orléans. La sœur Anne, Mandement missionnaire de cette île , en écrivit en ces termes aurpetites îÀ la sŒur Barbier, à Québec, le 12 juin 1687 : c( Nos filles sont présentement conformes pour à leur égard dans leurs pressantes nécessités temporelles. On vit souvent dans cette maison le pain , la viande , et les autres provisions, se multiplier lorsqu'on n'avait pas le moyen de s'en procurer d'ailleurs. Un jour qu'il ne restait que peu de farine, et qu'on n'avait aucune ressource pour en acheter, la sœur Barbier monte au grenier, et là, s'étunt prosternée de- vant l'image de l'Enfant Jésus, qu'elle avait portée avec elle, elle adressa au Sauveur la prière suivante : « Vous qui avez « autrefois multiplié les pains dans le désert, vous pouvez « avec autant de facilité multiplier ceux qui restent en très- « petite quantité dans cette maison. » La confiance de celle sainte fille fut en etfel si agréable à Dieu , que le pain qu'on avait alors, et qui devait ne suffire que pour quelques jours aux personnes de la communauté, les nourrit néanmoins pen- dant près de trois semaines. On remarqua encore qu'un tas de farine qu'on avaitdans la maison, se maintint toujours dans la même quantité, quoiqu'on en eût pris plusieurs fois , jusqu'à ce qu'on fût en état de s'en procurer de nouvelle. On raconte d'autres traits semblables qui étaient comme l'accomplisse- ment littéral de cette promesse du Sauveur dans l'Évangile : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout « le reste vous sera donné par surcroît ; car votre Père « céleste connaît tous vos besoins. » Mais ce qui dans la sœur Barbier est plus admirable encore que ces attentions de la divine Providence, c'est son amour insatiable pour les croix. En vue d'attirer les béné- dictions de Dieu sur l'œuvre qui lui était confiée, elle avait de- mandé à Notre-Seigneur avec amour de la rendre participante 11' l'ARTIE. — CUAriTlŒ Vil. 325 « leur toilette à celles de votre communauté ; et « voici comment la chose s'est passée. Pendant « l'espace de quatre à cinq jours nous leur « avons recommandé d'examiner dans leurs pe- « tites réflexions , et dans leurs visites au très- « saint Sacrement , si elles n'avaient rien qui de ses soulTrances, et il daigna rcxaucer pleinement. l'iicnc fut pas plutôt entrée dans la maison de la Providence qu'elle se vil accablée de peines , tant intérieurement qu'extérieure- ment, des plus vives et des plus aiguës; et il ne lui fallait rien de moins que sa vertu forte et généreuse pour reuijièelier de jeter les hauts cris. Dans cet état elle faisait compassion à la sœur Saint-Ange, sa compagne. Mais ces douleurs, quelque vives qu'elles fussent, ne l'empêchaient pas, pour l'ordinaire, de vaquer a ses emplois , ni même d'observer lidèlemenl les jeûnes de l'Église, et de continuer toujours les alVreuses péni- tences auxquelles elle s'était condamnée. Son principal attrait étiiil l'amourde la croix, delavie cachée et des humiliations de Jésus-Christ. Cet amour semblait s'accroître en ellek l'approche des solennités, surtout de celle de l'Assomption , où elle res- sentait toujours quelque redoublement dans ses souffrances; elle mettait ces occasions au rang des plus insignes faveur» qu'elle recevait de la très -sainte Vierge, ce qu'elle appelait le bonheur de souffrir. L'année 1688, peu de jours avant l'Assomption , la sœur Bourgeoys étant descendue ii Québec , accompagnée d'une de ses sœurs , pour y faire la visite de la mission de cette ville et de celle de l'île d'Orléans , trouva la sœur Barbier si grièvement malade qu'on fut obligé de lui ad- ministrer les derniers sacrements. Elle releva cependant de cette maladie , et la regarda depuis comme un de ces bou- quets (le myrrhe que la très-sainte Vierge avait coutume de lui donner chaque année a l'occasion de la fête de son (i) ne ne Assomption (1) naibia. 326 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « fût opposé à l'esprit du saint Enfant Jésus. c( Après y avoir pensé, elles nous ont dit qu'elles « ne connaissaient rien qui pût y être contraire , « sinon quelques ornements de tête , dont elles « souhaiteraient de tout leur cœur de se priver. « Jugez combien volontiers nous avons adhéré (j) ibid. « à cette bonne inspiration (1). » Enfin , M. de Saint-Yallier, encouragé par ces heureux résultats , désira de les voir s'étendre à toutes les écoles de filles de son diocèse. Dans la visite de celles de Villemarie qu'il fit en 1690, il vit avec satisfaction que la plupart des petites filles étaient vêtues selon les règles de la plus édifiante modestie. Mais en ayant remarqué quelques-unes qui mettaient dans leur toilette une certaine affectation, et craignant que leur exemple ne fût pernicieux aux autres , en afi'ai- blissant l'effet des bonnes instructions que les sœurs leur faisaient touchant la simplicité dans les habits , il jugea la chose assez importante pour pubher un Mandement sur cet objet. Ce n'est pas qu'il voulût empêcher par là les filles de cfualité de porter des vêtements conformes à {%) Archives ^^^^ ^^^^'^ Seulement il recommanda à toutes en 'gltion,^^?nn'- général de se vêtir modestement selon leur con- dé Saint-Val'- dition , et d'évitcr, daus la coifTure , toute afPec- lier, du k oc- , . i i n /^\ i • tobre 1690. latiou de rubans et de dentelles (2). x\msi, cette 11' l'ARTlE. — OHAPITHE Vil. 327 util(3 réforme fut un nouveau fruit que produisit le zèle des sœurs missionnaires de Québec. Les visites que la sœur Bourgeoys leur faisait ^^x. ^ de temps en temps ne contribuaient pas peu '^""ilte^^ à exciter cette ferveur, en ranimant en elles ^^,"'Tâ°"^ l'esprit de leur sainte vocation, surtout l'amour son pspwt " , d'humilité. de la pauvreté, de l'humiliie et de la mortuica- tion. Ayant remarqué que dans trois églises, probablement celles de Champlain, de l'île d'Or- léans et de Québec, on usait de quelque dis- tinction à l'égard des sœurs en leur distribuant le pain bénit , son humilité en fut alarmée ; et elle voulut qu'on cessât cette pratique. « Je dis « au prêtre c[ui célébrait la sainte messe , écrit- « elle , que n'étant que de pauvres filles , nous « ne devions point recevoir d'honneurs particu- « tiers dans l'église. Que s'il voulait nous faire « la charité d'un morceau de pain bénit , le be- c( deau pourrait le mettre à la sacristie , et que « la sœur sacristine le prendrait là. Cet ecclé- « siastique me répondit que je lui faisais plai- « sir, et que ce n'était pas son avis qu'on nous « le donnât autrement. 'Un autre à qui je fis (( la même observation , me dit qu'il avait per- « mis qu'on nous le donnât en cérémonie à « cause que c'était la coutume ; et le troisième, « sans y faire réflexion. Lorsque j'étais à Que- 328 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « bec , une personne nous envoya un coussin de « pain bénit en cérémonie; je le reçus, crainte c( de lui faire de la peine ; et après je priai que (c cela ne se fit plus , ce que la personne trouva « bon. Nous ne devons recevoir aucun honneur, « comme une place distinguée , un cierge , un « rameau et toute autre chose singuHère. Le « caractère de cette communauté doit être la « petitesse et l'humilité ; et comme on en dis- « tingue tous les ustensiles et les hardes à la « marque de la Congrégation , il faut aussi que « dans tous les emplois et les offices il paraisse (( des marques de la pauvreté, n'y recherchant « jamais ce cpii a de l'éclat ou quelque marque « de hauteur. La très -sainte Vierge, notre Irès- « chère institutrice et fondatrice , ne s'attribuait iograplie.?"ci'e ^< aucun dcs lionueurs rendus à son fils par les /a sœur Bour- • i i , i . /. \ geoys. « rois , les bergers et les autres (1). » XI. -M. de Saint- VaUier, charmé du succès de l'éta- Bourgeoys bhssement de la Providence , désira que les sœurs donne naissance de la ConsTrésTation étendissent à toutes les petites à rétablisse- ^ '^ _ _ ^ , ™A"^, , filles en vénérai le bienfait de l'éducation, en de Ihopital o de^QuSc ouvrant des écoles gratuites pour elles, comme elles le faisaient à Villemarie et ailleurs. Elles dfVo'vHœi?- commencèrent donc, en l'année 1688 , ce nouvel '—Remarquel étabhssemciit dans la maison de la haute ville (2), sims. ^ ""*" qui même fut bientôt destinée à ce seul usage. 1I"= l'ARTIE. — llHAriTRE Vil. 32*.) Car raimée suivante, M. de Saiiit-Vallier, voyant les grands avantages de la maison de la Provi- dence, conçut le dessein d'un autre établissement qui pût être d'une utilité plus générale à la classe indigente. Ce fut de fonder à Quéljec un hôpital, sur le modèle des maisons établies dans la plu- part des villes de France , connues sous le nom d'hôpitaux arénéraux (1), oii l'on renfermerait (i) vie de •^ ^ Ifi sœur Marie alors les pauvres mendiants pour les y employer ^''.''^j'^^,- — i: I 0 1 j Vie de la sœur à divers ouvrages, afin d'empêcher l'oisiveté de igî'g'pTaV ceux qui néghgeaient de travailler, quoiqu'ils fussent encore en état de se rendre utiles (2). {i)Éditscon- rernnnt le Ca- Ayant donc vu par expérience les bénédictions ^gf^âsî '' '^' que Dieu se plaisait à verser sur les travaux des sœurs de la Congrégation , il jugea qu'elles étaient très -propres à procurer le succès de ce nouvel établissement ; et en conséquence , au printemps de l'année 1689, il écrivit à la sœur Bourgeoys pour l'engager à faire le voyage de Québec, afin d'en conférer avec elle. Elle n'eut pas plutôt appris les désirs du prélat , qu'incontinent elle se mit en chemin à pied , car la navigation n'était pas encore libre à cause des glaces. Dans ce voyage, elle eut à endurer des fatigues incroyables , étant obligée souvent de se traîner sur les genoux , tantôt dans les neiges , tan- tôt sur la glace , et quelquefois dans l'eau. C'est 330 VIE DE LA SCIEUR BOURGEOYS. ainsi qu'elle avait coutume de voyager l'hiver ; et si dans les autres saisons de l'année elle faisait ses voyages en barque , c'était pour elle un exercice de zèle , et autant de véritables missions en faveur des matelots et des passagers, auxquels elle don- nait surtout des exemples touchants de pauvreté, d'humilité et de mortification. A Québec, elle apprit donc de M. de Saint-Yallier le dessein qu'il avait de la charger de la direction de l'hôpital général , qu'il voulait substituer à la maison de la Providence. Quoiqu'elle vît bien qu'une œuvre de cette nature était peu compatible avec la fin de son institut , la sœur Bourgeoys entra néanmoins aveuglément dans les vues du prélat , et se livra à des travaux durs et humiliants , portant elle- même sur ses épaules, de la basse ville à la haute , les meubles et les ustensiles nécessaires (1) Vie de au nouvel établissement (1). Bien plus, après la sifiir Bout'- . f m i -i i ;/eo>j.^, 1818, p. avoir euiploye a ce pénible travail les quatre pre- miers jours de la semaine sainte, elle passa la nuit entière du jeudi au vendredi à genoux et ( i • (1rs gratifiai- Dans 1 exercice de sa charge de conseiller, il justina pleine- """*■ ment les espérances que M. de Laval , M. de Caillière et M. de Champigny avaient conçues de lui ; car une preuve bien remarquable de l'intégrité et de la droiture de sa con- duite, c'est qu'après le retour en France de M. de Champi- gny, et après la mort de M. de Caillière, ses protecteurs, il mérita au même degré l'estime et la confiance de M. de Vaudreuil et de M. Raudot, qui leur succédèrent dans le gou- vernement du pays. Au décès de M. Hazeur, ils écrivirent de lui en ces termes au ministre de la marine , le 14 novembre J708 : « Le sieur Hazeur, conseiller au conseil supérieur de « cette >ille , est mort regretté de tout le monde a cause de « son mérite , de sa vertu et de sa droiture. 11 a laissé un fils « avocat au parlement de Paris, qui remplira sa place si vous « voulez bien avoir la bonté de lui accorder cette grâce. Per- « mettez. Monseigneur, aux sieurs de Vaudreuil et Raudot de i»/^/^ '/'■'T^'^ " ^ous représenter qu'en celte occasion les services du père (treuil et liau- « doivent VOUS engager "a procurer au fils cette place de la dot, (lu 14 nu- , . ,. • ' , /,v vembre 1708. « bonté de Sa Majesté (4) » ir PAllTIE.— CIlAriTlŒ VU. Xil parla rigueur avec laquelle il exigea le paiement qui lui en était dû, quoi([ue la sœur fût alors clans l'impossibilité de le satisfaire. Lorsque MM. du séminaire de Québec avaient vendu la maison donnée par M. de Saint-Vallier , et qu'ils avaient acheté celle de la haute ville, ils avaient eu l'intention de payer cette dernière par le prix de l'autre; mais, par un arrangement assez mal concerté, ils avaient engagé les sœurs à faire leur dernier paiement avant le temps où leur acqué- reur devait leur faire le sien ; de sorte qu'à l'é- chéance elles se virent dans l'impuissance de le payer (1). (i)^^'^- « Arrivée à Québec , dit la sœur Bourgeoys , je « trouve nos sœurs bien embarrassées : notre « vendeur les avait citées en justice devant « M. l'intendant, et elles faisaient ce qu'elles « pouvaient pour lui faire attendre le temps où « elles devaient recevoir elles-mêmes leur paie- ce ment; mais en vain. Ceux c{ui s'entremettaient « dans cette affaire s'avisent que la maison nous M avait été vendue franche et quitte , et préten- « dent que, s'agissant de la payer, il fallait « auparavant afficher un billet à la porte de « l'éghse , pour savoir si personne ne s'oppo- « serait à cette vente ; mais l'affiche ayant été « mise , il ne se trouva point d'obstacle. On dit 22 338 VIE UE LA SŒUR BoURGEOYS. « alors qu'on pouvait encore différer le paiement « sous quelque autre prétexte. Tout cela était « pour gagner du temps ; ce qui anima fort notre « vendeur contre nous , jusqu'à dire qu'il* ne « pardonnerait pas le tort qu'on lui faisait. Je ne « pus agréer tout cela, croyant d'ailleurs que ce « délai était injuste. Il est vrai qu'on me dit que « je ne m'en mêlerai pas ; mais devant Dieu je « me trouve coupable, puisqu'il faut que je con- « sente pour mes sœurs. Là-dessus je parle à « M. des Maizerets et à d'autres pour emprunter « de l'argent; je ne trouve que 300 livres qu'on « veut me prêter pour un mois , ce qui ne peut (( rien avancer. XV. « Enfin je ne sais plus que faire : je vais à la La sœur . Bûurgeoys « chapelle de la Samte-Yierge des Jésuites , et je a recours à la très^sainte « me jette à ses picds , sans pouvoir lui faire Tfi'nstant' " d'autre prière que ces paroles : Sainte Vierge, « je n'en puis plus. En sortant , je trouve à la « porte une personne à qui je n'avais nullement « pensé , qui me demande comment allait notre « affaire. Je puis, ajoute-t-il, vous prêter 1,000 « livres, argent de France, dont vous ne me « paierez point d'intérêt, et qui peut-être vous « demeureront, selon que mes affaires réussiront : « n'en parlez à personne , vous pouvez vous en « servir. Sans retourner à la maison, je mande 1I« PARTIE. — CIIAl'ITRE VII. 330 « mes sœurs Ursule et Saint- Ange chez celte per- ce sonne, où je me rends. Là nous faisons une « promesse payable à sa volonté , et nous rece- « vous les 1,000 livres en louis d'or. En sortant « de cette maison, je trouve notre vendeur et « sa femme dans la rue , doux comme des c< agneaux. Je leur offre leur paiement, et je les « mène de ce pas chez le notaire , pour tout « acquitter et satisfaire à la somme qui leur était « encore due ; et ainsi toute cette affaire fut ter- « minée par le secours de la sainte Vierge. « Quant au paiement dû à M. Hazeur, ma « sœur Raisin avait signé, l'année d'aupara- « vaut , une quittance de la gratification de « 1,000 livres que le roi nous fait, sans avoir « pourtant reçu d'argent ; et ma sœur étant « morte sur ces entrefaites, nous disputions cette « somme. Mais ne pouvant pas plaider contre la « signature de ma sœur Raisin , je tenais cette « somme pour perdue , lorsque M. de Turmenie « entreprit cette affaire, et fit connaître à M. le « trésorier que ces 1,000 livres nous étaient « dues. Les voilà donc retrouvées, et je les offre « à M. Hazeur, ne doutant pas que Notre-Sei- « GNEUR n'eût fait retrouver cette somme pour « servir à ce paiement. Car je crois que toutes a les gratifications du roi et de Québec , comme 340 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « aussi les dons qu'on a faits à la communauté , w ont été pour nous donner moyen de remplir « nos emplois ; et que , par conséquent , nos filles « qui vont en mission doivent en être assistées , « aussi bien que celles qui sont à la commu- « nauté de Villemarie , et que c'est une justice « de les étendre à toutes. En effet, Monseigneur « voulut qu'on doimàt à M. Hazeur les gratifi- « cations du roi pour achever son paiement (*). « Je crois donc que la Providence de Dieu et le tiglaphes'"S'e " secours de la sainte Vierge remédièrent à nos ^geoys'.' '^^^'' « besoins pour l'établissement de Québec (1). » XVI. Outre la mission de File d'Orléans et celle de du Château- Québec , la sœur Bourgeoys en forma bientôt une de la Chine troisième au Chateau-Richer, qui ne fut pas et de IX- aPointe-aux- moins utile que les précédentes. Dans les com- (*) M. de Saint- Vallier approuva tant la vente de la maison donnée par lui aux sœurs, que l'acquisition qu'elles avaient faite à la basse ville. Comme cependant la vente de la maison n'avait produit que 2,510 livres, et que les sœurs en avaient emplojé 7,500 pour leur nouvelle acquisition, il écrivit sur le contrat la clause suivante , pour servir à ses successeurs et aux sœurs elles-mêmes : « Nous avons agréé ladite vente, « en nous réservant les droits qui nous peuvent appartenir, tt et à nos successeurs, sur la maison acquise à la basse (i) Archiirs « ville (1). » Depuis l'année 1692, les sœurs de la Congré- %Qu7bec'!'^^ gation occupèrent cet emplacement, et y exercèrent leurs fonctions jusqu'en l'année 1844 , qu'elles furent transférées k Siiint-Rocli. 1I« PARTIE. — CHAPITRE Vtl. 341 mcncements , il y avait deux sœurs de la Congré- gation dans chacune de ces missions, en sorte que six d'entre elles étaient employées à l'instruction et à la sanctification des jeunes fdles de ces quar- tiers (1). La sœur Bourgeoys forma de plus deux (i) vie rie autres missions : lune a la Uune , 1 autre a la geoys, isis. p. 1G2-163. Pointe-aux-Trembles , dans l'île de Montréal , les plus anciennes paroisses de cette île après celle de Villemarie. Dès qu'elles commencèrent à se peupler, les prêtres du séminaire y allèrent d'ahord les jours de dimanche et de fête pour célébrer la sainte messe dans quelque maison des habitants (2), comme on faisait alors dans les {i) Archives ., , . . i.f T '^^^ séminaire paroisses où il n y avait point encore d église, devuiemarie, 1616; publica- Mais à mesure que le défrichement des terres y ''^^«*^ fdtes à *^ /a Chine et h attirait plus de monde, ils y firent leur résidence laPointe-aux- r «J Trembles. habituelle , et la sœur Bourgeoys , sur leur demande, y étabht alors des sœurs de la Congré- gation pour l'instruction des enfants. A la Pointe- aux-Trembles, elles furent d'abord logées dans une maison d'emprunt près de l'église. En 1 680 M. Tronson engageait M. Séguenot, qui desser- vait cette paroisse depuis vinet ans (3) , à ne rien {i) Lettres •• ^ ^ . . . , de M. Tronson. nésliser pour v former d'une manière solide l'é- CoMmin, lettre "or ., a M. Séguenot, tabhssement des sœurs. « Deux filles de la Con- 'l'^^J-^ """■'' « grégation pour maîtresses d'école , lui écri- « vait-il , une maison propre pour les loger , et 3-42 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « un fonds suffisant pour assister vos pauvres , « vous seraient à la vérité d'un grand secours ; « et il faut faire ce que l'on pourra pour vous le {l)\hià., let- ^ r r t réduis avril « prOCUrCr (1). )) 1686. \ ^ ' Nous n'avons pas de documents assez circon- stanciés pour pouvoir faire ici un dénombrement exact de toutes les missions établies par la sœur Bourgeoys. Nous parlerons dans la suite avec plus de précision de celles que les sœurs de la Congré- gation formèrent à mesure que le pays se peu- pla. Mais ce que nous venons de dire suffit pour montrer la sagesse des vues de la sœur Bourgeoys dans la formation de son institut , destiné à con- courir, par la sanctification de la jeunesse, à la formation de cette nouvelle Église. Car si elle eût consenti , comme elle en fut longtemps solli- citée, à imposer la clôture à ses filles, toutes les paroisses nouvelles qui se formaient, auraient été privées des avantages inappréciables de Fin- si ruction qu'elles reçurent par ses soins; et les enfants, condamnés à lapins grossière ignorance, dont personne alors que des sœurs missionnaires n'était capable de les tirer, auraient passé leur vie dans l'oubli des devoirs les plus indispen- sables. TROISIÈME PARTIE CONDUITE DE LA PROVJDOCE DAINS LA COISSERVATIOIV 1>L L'l^SïllUT DE LA C0^GRÉGAT10n. CHAPITRE PREMIER. l'ROVIDENCE l'AUTlCL'LlÈRE DE DIEU SIK LE TEMl'OKEL DE LA CO.NGltÉGATION. L'établissement des missions qu'on vient de i. 1 o ' »•! 1 • • T Attention raconter , et les Irmts qu il prodmsit pour la de la divine Providence sanctification des âmes , montraient assez aue la sur ■^ des sœurs Congrégation ne pouvait cju'ètre l'ouvrage de i.g^Je^^'gje Dieu. Nous allons voir dans les soins de sa Pro- disette. vidence à procurer aux sœurs les choses néces- saires à leur subsistance , une marque non moins assurée de l'approbation qu'il donnait à tous leurs desseins. Pendant une année de disette , la sœur chargée de la boulangerie se voyant réduite un jour à n'avoir plus qu'un minot de farine, et jugeant qu'avec une si petite quantité il était inutile de faire du pain, la sœur Bourgeoyslui dit d'aller à (1) Vie de la sœur Bour- 344 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. son office, et lui promit que Dieu y pourvoirait. Sur cette assurance la sœur va se mettre à l'ouvrage ; et , à son grand étomiement , elle voit la farine augmenter à vue d'œil dans le pétrin , en sorte f,eo>/T'i>ar^M' ^F® ^^^ unique miuot donna autant de pain que Rmsonet. p. ^:^^^ minots avaient coutume d'en produire (1). Dans une autre circonstance , où la commu- nauté se voyait sans pain, et n'avait de ressource (jue dans l'arrivée des bateaux chargés de vivres qu'on attendait à Villemarie, il s'était élevé un vent contraire , qui , selon toutes les apparences , ne devait pas cesser ce jour-là. Cependant il était déjà quatre heures du soir, et on manquait de pain pour le souper. La sœur Bourgeoys, sachant l'embarras de la boulangère, lui envoya dire de se mettre en prière , et de demander à la très- sainte Vierge un changement de temps. Elle obéit ; et incontinent , le temps venant à changer, il s'éleva un vent qui amena si promptement les barques, que les sœurs eurent tout ce qui leur était nécessaire pour le souper. Un prodige longtemps subsistant, et qui se pas- sait sous les yeux de toute la communauté, c'était de voir qu'on retirât du grenier de la maison beaucoup plus de blé qu'on n'y en mettait. Les sœurs s'étant aperçues que leur supérieure allait quelquefois y prier secrètement, ne doutaient 111« rAKTlE. — CHAriTRE I. 345 pas que cette multiplication ne fût l'effet de ses prières. Un jour elles furent tentées de mesurer la quantité de blé qu'il y avait alors, afin de savoir précisément en quoi consistait l'augmen- lation merveilleuse dont elles avaient des preuves incontestables. Mais la sœur Bourgeoys, ayant eu connaissance de leur dessein, vint les arrêter, en leur disant qu'il n'en faudrait pas davantage pour faire cesser les bienfaits de Dieu sur elles. Une année où le blé était à un prix excessif , la sœur dépositaire n'ayant pu en acheter que pour un mois, cette quantité suffit néanmoins pour nourrir la communauté pendant quatre mois en- tiers, prodige qu'elle attribua aux mérites de la sœur Bourgeoys , qui allait chaque jour prier , , 1 vi ' /iN (^> Ibid. ,p. auprès de ce monceau de ble (1). 109-110. M. Ransonet, dans la Vie qu'il a composée de la sœur Bourgeoys, d'où nous tirons ces détails , ajoute , en parlant de ce dernier trait : « La sœur « de qui nous tenons ce fait racontait encore « qu'une barrique de vin, après avoir été levée « sur le fond, avait fourni pendant trois mois à « l'usage ordinaire de la communauté et de l'hô- « pital, et que, quoique ce vm fût fleuri lorsqu'on « leva le tonneau , il cessa de l'être ensuite ; mer- « veilles qu'on attribua avec raison à la béné- « diction que la sœur Bourgeoys avait donnée ^46 VIE i,E LA .SOÉUK BOUKGEOYS. « à ce vin. » Enfin, comme si Dieu eût voulu montrer qu'il n'assistait ainsi ses servantes qu'à cause de l'impossibnité absolue où elles étaient de se pourvoir d'ailleurs , dès que les bâtimenls chargés de vin arrivèrent à Villemarie, la bar- rique cessa aussitôt de couler. Une personne digne de foi, ajoute le même écrivain, et qui a demeuré chez les sœurs de la Congrégation dès leur établissement, disait avoir vu un semblable prodige, une année que le vin manquant partout dans le pays, la Congrégation en fournissait au séminaire pour les messes et aux malades de la ville. « La même personne nous a appris , dit-il « encore, qu'un autre jour, le pain manquant « pour le dîner, la sœur Bourgeoys , par fidéhté « au règlement, fit sonner l'examen particuHer « à l'heure ordinaire; et que pendant cet exer- « cice , qui a lieu immédiatement avant le diner, " quelqu'un se présenta à la maison, et apporta iiV-n""' *'■ « aux sœurs le pain qui leur était nécessaire (1).» inclndie ^^"^ ''^^'«"^ rapporté déjà que les sœurs de la d. la maison Congrégation, désirant d'être un peu moins à Congrégation, l'^froit , et plus commodément logées qu'elles ne l'étaient dans la première maison cpi'elles avaient fait bâtir, la sœur Bourgeoys consentit, quoique avec peine , à la construction d'une maison plus spacieuse. On a vu que cette grande maison, (1) Ibid., 1» Iir l'AllTlE. — CIIAI'ITKE I. 347 (|u'elle regarda depuis comme contraire à l'esprit de simplicité et de pauvreté , fut pour elle un sujet de vives inquiétudes; jusque-là que pour expier en quelque sorte la prétendue faute qu'elle se reprochait d'avoir commise , en donnant son consentement pour la bâtir, elle promit alors de reprendre la bâtisse de Notre-Dame de Bon-Se- cours. Il s'en fallait bien cependant qu'il y eût rien d'excessif dans les dimensions de cette mai- son, qui, au contraire, devait bientôt se trouver insuffisante ; ou plutôt, comme il entrait dans les vues de la Providence de fixer l'établissement des sœurs dans un emplacement plus vaste , et plus à la proximité de la population , qui se portait à la haute ville , on eût dit que Dieu voulut disposer la sœur Bourgeoys à l'accomplissement de ses desseins, en permettant que cette maison fût entièrement consumée par les flammes. L'in- cendie éclata tout à coup dans la nuit du (3 au 7 décembre 1 683 , et anéantit en peu de temps , non-seulement la maison entière , mais encore tous les meubles et les effets qui y étaient. L'em- brasement fut même si soudain et si violent , que deux d'entre les sœurs, l'une et l'autre très-utiles à la communauté , savoir : la sœur Geneviève Durosoy, assistante, et la sœur Marguerite Sou- millard , nièce de la sœur Bourgeoys . périrent 348 VIE LE LA SŒUR BOURGEOYS. (1) Vie de la sœur Bour- geoys, 1818, p. 121. —Vi- de la même , par M. Rati- so«e^p.75-76. m. Sentiments de la sœur Bonrgeoys sur l'incendie de sa maison. Sentiments des amis de la Congrégation - (-2) Ibid. au milieu des flammes, et que même peu s'en fallut que toutes les autres n'y fussent envelop- pées (1). La sœur Bourgeoys sentit plus vivement que personne tout ce qu'il y avait d'affligeant dans cet événement si lamentable , et un esprit moins fort et un cœur moins résigné que le sien y au- raient mfailliblement succombé. Elle regrettait surtout la perte de ses sœurs , non tant pour l'affection qu'elle leur portait , qu'à cause de sa communauté à laquelle elles étaient si utiles, et du bien qu'elles auraient pu opérer dans l'exer- cice de leurs fonctions. Elle les pleurait même avec des larmes d'autant plus amères, qu'elle se regardait comme la cause de ce triste accident (2). « C'est , disait-elle , une juste punition du Ciel a pour la faiblesse que j'ai eue , lorsque j'ai con- « senti , par un esprit peu conforme à la pau- « vreté, à l'humilité et à la mortification, dans « lesquelles nous devions toujours vivre , qu'on « ait bâti cette grande maison , pour nous mettre « à l'abri de quelques légères incommodités que « nous avions à supporter dans notre premier « logis, et duquel nous aurions dû nous con- « tenter. » Aussi ne regreita-t-elle nullement la perte de cette maison ; tout au contraire , elle en rendit à Dieu de très-humbles actions de grâces ; ) III* PARTIE. — CIIAPITKE I. .140 « Pour moi , écrit-elle , j'étais plus joyeuse que « triste de cet incendie, à cause du sujet pour « lequel cette grande m^uson avait été bâtie ( 1 ) . » ^ j'J.f ^^'^'^ "^l Il n'y eut personne à Villemarie qui ne fût vi- ^«^*^^«'' ^'^'"'^ vement touché d'un si triste événement ; et tous les amis de la sœur Bourgeoys , en France et ailleurs, devaient y être aussi très -sensibles. « L'incendie de la maison des sœurs de la Con- « grégation , écrivait M. Tronson , et surtout la « perte de deux de leurs filles, nous ont fait « compassion (2). » M. de Laval, évêque de ['i) Lettres L ^ ' ^ de M. Tronson; Québec, écrivait sur le même sujet à M. DoUier f'J^'^'J/j'^'^! de Casson : « J'ai été sensiblement touché de f^'^'^''" '^ «^"' « cet accident , et particulièrement de la perte « des deux sœurs Geneviève et Marguerite , en- te veloppées dans l'incendie. C'étaient des fruits « mûrs pour le ciel , mais qui étaient bien néces- « saires à cette communauté. Les jugements de « Dieu sont bien différents de ceux des hommes ; « c'est pourquoi il faut adorer les secrets de sa « Providence et s'y soumettre. J'écris un mot ,i^,^i^i « bien à la hâte à la bonne sœur Marguerite Mtred^Td^ Laval , du 12 « Bourgeoys (3). » janvier 1684. La sœur Bourgeoys , malgré sa profonde hu- La^œur milité , et nonobstant le déplaisir que lui avait se détlrmiL ^ , . . .à bâtir causé la construction de la maison qui venait une maison plus spacieuse d'être réduite en cendres , comprit cependant ^ et à la haute ville. 350 VIE DE LA SCEUH BOURGEOYS. que pour se conformer aux desseins de la divine Providence sur son institut , elle devait lui pro- curer une maison assez spacieuse pour qu'il pût i}%ur^Bour- 1 remplir ses fonctions (1) et procurer par là le ge^ys,\9,\i,\>. j^-g^^ ^^^ âmes. Dcpuis qu'on avait construit l'é- glise paroissiale sur la hauteur et que les ecclé- siastiques du séminaire y avaient fait tracer des rues , la population commençait à se porter de ce côté, qu'on a appelé ensuite la haute ville. Le dessein de ces ecclésiastiques était d'y con- struire pour eux-mêmes un nouveau séminaire, et la sœur Bourgeoys , se voyant dans la nécessité de reconstruire sa maison, résolut de la bâtir sur la hauteur, d'après le désir que toutes ses sœurs en avaient d'ailleurs témoigné depuis [1) Écrits au- longtemps (2). Car elles y possédaient un ter- togrnphes de ^ la sif'ur Bour- paiu assez spacieux dont une partie leur servait yeoijs. de jardin ; et pour le rendre plus propre à leur établissement, le séminaire leur avait déjà cédé {%)Letfresde deux tiers d'arpeut (3) qui, en augmentant l'é- M. Tronson , . . ^ , . 1677. tendue de ce terrain, le rendirent contigu a celui des religieuses de l'Hôtel-Dieu Saint-Joseph (*). (*) Lorsque les Iroquois liarcelaienl les colons de Ville- marie, et qu'il n'y avait plus aucune sécurité pour ceux -ci d'aller travailler au loin dans les champs, où les ennemis, cachés en embuscade, les attaquaient par surprise, on céda aux colons l'usage de divers morceaux de terre, alors en m* PARTIE. — CHAPITRE I. 331 Enfin , l'année qui précéda l'incendie de la Con- grégation, M. Souart avait fait tracer une ligne entre les deux propriétés et poser, selon l'usage, deux grandes bornes, avec une estampille de plomb aux armes du séminaire (1) , c'est-à-dire i})Ar/'''^1?^^ i ^ ' IHôtfl - Dieu portant le monogramme de la sainte Famille, Sftuit-Jo-.ep/i. Jésus, Marie, Joseph. Les choses en étaient là lorsque arriva l'incendie qui consuma la maison des sœurs, située à la basse Aille. Il semblait donc que cet événement n'avait été ordonné par la divine Providence, que pour déterminer la sœur Bourgeoys à fixer sa communauté sur ce terrain, comme tout préparé d'avance, et qui devait se trouver un jour dans un point plus central pour la population. Toutefois , après l'incendie , la sœur n'avait v. ^ Confiance aucune espèce de ressource pour entreprendre g^ip^^ys cette nouvelle bâtisse. C'était ce que M. le mar- '^Se^oî^îf^ quis de Denonville écrivait au ministre en 1684: ^Tmaison" « Les sœurs de la Congrégation, qui font de congrégation. bois debout sur le domaine de Saini-Gabriel , avec promesse de leur en donner d'autres défrichés et de même valeur dans l'étendue de l'île , lorsque les temps seraient devenus meil- leurs (Ij. M. Zacharie Dupuy, major de Montréal, avait reçu (i) ArchUcs ,,, j,- ... j- . (tu séminaire de alors 1 usage de trois arpents de terre sur ce domame , qui viUemmie. furent ensuite acquis par la sreur Bourgeoys, et qu'elle céda au séminaire pour ces deux tiers d'arpent en ville, joignant le jardin de la Congrégation. 352 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. a grands biens à toute la colonie sous la conduite « de la sœur Bourgeoys , disait-il , furent incen- « diées l'an passé , où elles perdirent tout ; il (S) Archives oOO livrcs , souiuie a laquelle ces bâtiments Weu snfnt- furent estimés (1). Us servirent depuis de ména- sœur Mori,,. (jerie A 1 Hotel-Dieu (2) VI. Après que les sœurs de la Congrégation furent La sœur Bourgeoys établies dans leur nouvelle demeure , la sœur forme le dessein Bourgeovs forma le dessein d'v construire une de construire c ^ ^ pour^pSséder ^§li''^t; , pour jouir enfin de la faveur qu'elle de- 'sacremem* mandait à Dieu depuis longtemps, de posséder le très-saint Sacrement dans sa maison. Les sœurs n'ayant eu jusque alors qu'un petit oratoire , con- tigu aux autres pièces qui étaient à l'usage de la communauté, elle n'avait pas jugé que ce lieu fût assez décent pour y conserver la sainte Eucha- ristie. Enfin , pressée par le désir ardent qu'elle éprouvait de procurer à ses filles un trésor si ines- limable , elle résolut, de concert avec elles, en dans îa maison. m* rARTii;. — chapitre i. 357 raunéc 1(392, de l'aire construire une église dans l'enclos de la Congrégation (1). M. Dollier ap- {\)An:/iives f/ii, siùiaïKiirn prouva volontiers ce dessein , ne doutant pas que '''l Sohif-si'i. ^ *■ ■■■ }itre a. Pans , i)iEU ne l'eût inspiré à sa fidèle servante, et ne }J^^'.'^^wJ'."'{)'' lui fournit les moyens de l'exécuter, quoiqu'elle ^""^^'J" ^^'■• n'eût rien alors pour l'entreprendre. La nou- velle de ce projet se répandit aussitôt dans la ville. Il y avait à Montréal une très-sainte fille cpii vivait en grande odeur de vertu. C'était Jeanne Le Ber, fille de M. Jacques Le Ber, le plus riche négociant du Canada , dont nous avons parlé déjà dans cette Vie. Elle n'eut pas plutôt appris le dessein de la sœur Bourgeoys , qu'elle olfrit de lui avancer la plus grande partie de la somme nécessaire à cette construction; et son frère , M. Pierre Le Ber, promit de son côté de donner toute la pierre de taille qui serait em- ployée aux croisées de l'église. M"^ Le Ber, qu'il est à propos de faire cou- vu. naître ici , fut une de ces âmes d'élite que Dieu ^'^ M^e jeanue 1 Li' Ber , se plut à donner à Villemarie , pour retracer dans "jîi'lnaison " celte colonie naissante les mœurs et la perfection ^^*^''P^^^" ^• des premiers chrétiens. Après avoir reçu son édu- cation chez les Ursulines de Québec , à peine revenue dans la maison de ses parents , elle fré- quenta les eœurs de la Congrégation, dont la ferveur était comme un parfum qui fortifiait et 358 VIE DE LA SCEUrJbOURGEOYS. embaumait son âme ; car l'air de sainteté qu'on semblait respirer dans cette maison , les vertus éminentes de la fondatrice, le nom même de Congrégation de Notre-Dame, attiraient suave- ment et fortement le cœur de M"' Le Ber aux pratiques les plus sublimes de la vie parfaite. Dès sa dix-septième année , elle fit vœu de chas- teté pour l'espace de cinq ans ; et du consente- ment de M. Le Ber son père, elle exécuta le des- sein qu'elle avait formé de vivre retirée dans sa maison, à l'imitation des anciennes recluses. Là elle était toujours renfermée dans sa cellule, sans avoir de rapport qu'avec la personne chargée de lui apporter à manger, partageant son temps entre la prière, la lecture et le travail, et se (1) ibid. livrant à toutes les rigueurs de la pénitence (1). — Eloges de quelques per- Le 5 aoiit 1691, SOU frère Jean Le Ber Duchesne , sonnes mortes en odeur de Ii(tq d'euvirou 23 aus, Qui commandait un déta- sninfeté , pur ^ ^ monf'^ ^^^' cliement , fut blessé par les Anglais au combat de (2) Registres la prairie de la Madeleine (2) , et mourut fort de la paroisse , , . i . > i i deviiiemnrie Chrétiennement quelques jours après dans la (3)^;c///(ev uiaisou de son père (3). La sœur Bourgeoys, de la marine: Canada,isei> accompaoïiée de la sœur Barbier, s'empressa de tembre 1691 , -^ ° ^ relation de la ^q rendre daus cette maison éplorée, pour com- campagne,efc. ■! ^ pâlir à la douleur des parents , et pour ensevelir le corps du défunt, selon la pratique qu'elle avait toujours observée dans ces sortes de rencontres. lll-^ l'Al'.TIL. — CIlVriTHE I. 359 M"' I.i' Ber parut alms un moment devant les deux sœurs , leur mit entre les mains ce qui était nécessaire pour ensevelir le corps de son frère, et, sans leur dire un mot, elle se retira incontinent dans sa cellule pour prier, laissant ainsi remplies d'étonnement et d'édification la sœur Bourgeoys et sa compagne , qui ne pouvaient se lasser d'ad- mirer tant de fidélité à Dieu et tant de constance (1) Vie de dans une pareille occasion ( i ). ^v"" Le Ber. En offrant de contribuer à la bâtisse de l'église viii. ^ Mlle Le Ber de la Congrégation , M'" Le Ber ne se proposait ^^'^^J^J^^^"''''' pas seulement de procurer par là à la sœur Bour- congrégation geoys et à ses filles le bonheur qu'elles désiraient ^'y Sager si ardemment ; elle avait encore en vue de se don- appartement ner à elle-même la facilité de pouvoir répandre recluse. son cœur devant Jésus -Christ au saint Taber- nacle , en ménageant dans la construction de ce bâtiment une cellule , oii eUe désirait de demeu- rer recluse le reste de ses jours. Lorsqu'elle se fut renfermée dans la maison de son père , elle n'en sortait au commencement que pour les offices de la paroisse; mais comme son amour pour la soli- tude souffrait encore beaucoup de ces sorties, elle obtint ensuite de ne quitter sa retraite que pour la sainte messe , même les jours des plus grandes solennités, et de passer le reste de la journée dans sa cellule , occupée aux exercices qui lui étaient 300 VIE DE LA SOEUR BUUKGEOYS. prescrits. Par là, elle se privait de la jouissance si douce pour son cœur de visiter Notre-Seigneur au très-saint Sacrement ; et comme elle sentait \ivement cette privation, elle fut ravie de con- tribuer à la construction de l'église des sœurs , où elle pourrait goûter sans cesse cette jouis- sance. Elle désira donc que dans le fond de l'église, et derrière l'autel, on réservât pour son propre usage un petit espace divisé dans sa hau- teur en trois étages, avec un petit guichet au rez-de-chaussée , destiné à lui servir de grille pour la confession, et où elle put recevoir la sainte Eucharistie. Le plan de l'église ayant été ahisi ari'èté , on en commença la construction vers la fin de l'année 1C93 , et en moins de deux (1) Vie de 11 f. •> jv'ie Le Ber. iiiis elle lut entièrement achevée (1). IX. Quelque diligence que fissent les ouvriers pour Avant . que l'église avaucer ce bâtiment , les sœurs de la Gongréga- soit achevée, les sœurs tiou , touiours plus désireuses de posséder Notre- possedent o x x le très -saint Seigxeur au milieu d'elles, eurent la pensée. Sacrement, ^ à l'occ^asion ^.^.^^ j^ llj^ j^ j^-^^-g jg février 1695, de com- '" Je" "' mencer une neuvaine pour obtenir de sa bonté (ju'il lui plût de hâter le moment d'une si pré- cieuse faveur ; et la neuvaine n'était pas encore achevée , qu'elles furent autant surprises qu'affli- gées de se voir comme exaucées à l'occasion que nous allons dire. Dans la nuit du 24 au 23 fé- 111' l'AiruE. — cii.vi'iTiU'; T. Ml Yi'ier, le l'eu prit inopinément au clocher et de là à l'église de l'Kùtel-Dieu , et en peu de temps l'incendie se communiqua avec une rapidité si effrayante, qu'on craignait, avec raison, que la ville entiîîre ne fût consumée. M. Dollier, informé de ce danger, se transporte au lieu même de l'in- cendie avec le très-saint Sacrement , suivi de tous les prêtres du séminaire et de presque tous les citoyens , pour conjurer Dieu d'avoir pitié de son peuple. Au même instant le vent changea tout à coup , et porta la flamme du côté opposé , ce qui fit éclater la multitude en transports d'actions de grâces envers Notre-Seigneur , pour une marque si visihle de sa protection. Mais le feu , en épar- gnant la ville , se dirigea soudain sur les hàti- ments de l'hôpital. Alors un religieux récollet , le père Denys, entra hardiment dans l'église de cette maison, dont le comble était déjà tout en feu, en retira le très -saint Sacrement, le dé- posa d'abord chez un négociant, M. Arnaud, et de là , lorsque le jour fut venu , le transporta dans l'oratoire des sœurs de la Congrégation (1). ij A>i»"ies « Je vous laisse a méditer, dit la sœur Morm en Dieu smnf- Josep/i, par /a <( rapportant ces détails , quelle fut leur conso- sœ«'' Mori». « lation à l'arrivée de ce divin hôte , se voyant « sitôt exaucées. Il est vrai qu'elles ne pensaient « pas qu'il nous en dût tant coûter à nous , pour 362 ME 1>E LA SOEUR bOURGEOYS. « leur procurer cette laveur. Mais Dieu le fit (1) ibid. « ainsi pour notre bien à toutes (1). » X. Dès que le jour commença à paraître, M. Dol- Les sœurs , . de lier envoya l'un des ecclésiastiques du séminaire et leurs pQ^, conduire les sœurs de Saint -Joseph, au malades sont -i ^ Confrégation. nombre de trente , dans la maison de la Congré- gation , où l'on s'empressa de leur donner toutes les marques de la charité la plus sincère et la plus généreuse. Les malades, qui s'étaient d'a- bord enfuis par les fenêtres , et étaient dispersés çà et là , furent logés et soignés au séminaire au nombre de vingt-six, en attendant qu'on eût dis- Ci) Airhivr.'i ,jQg^ jg^jjg Ig^ maison de la Con^résation (2) un de lu niorinc. >■ O o \ J lieu convenable pour les recevoir. Enfin, dans l'accablement où se trouvaient les sœurs de Saint- Joseph, sans maison et dépouillées de tout, elles eurent la dévotion d'aller implorer l'assistance de la très-sainte Vierge dans son église de Bon- Secours , où elles se rendirent le dimanche sui- vant, 28 février, chacune ayant à côté d'elle mie sœur de la Congrégation, et toutes marchant en silence. Les sœurs de Saint-Joseph demeurèrent dans la maison de la Congrégation l'espace de (a) Annales neuf mois (3). Mais avant qu'elles en sortissent , lie l'Hôtel- ^ ^ ^ Dieu Sain t-jo- l'égUsc uouvelle que M'" Le Ber faisait construire ayant été achevée, cette sainte fille quitta la III* PARTIE. — t;iiAi'ITUE l. :m maison de son père et alla se renfermer dans la cellule (jui devait être son tombeau. Rue Notre-Dame. A. Cliapelic. B. Cellule de Mlle Le Ber. C. Chœur des sœurs de la Congrcgalion. D. Noviciat. E. Parloir. F. Cuisine. G. Réfeitoirc. H. Procure. I. Salle de coininunautc. J. Pensionnat construit en 1713 cl nia. Rjie Saint -Paul. La veille du jour où eut lieu cette cérémonie , XI. M">^ Le Ber elle abandonna aux sœurs toutes les sommes p.^^JgJlgatfe.i qu'elle leur avait avancées pour la construction ^""eciusc!'*^ de leur église, et leur assura encore une rente 364 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. de 500 livres pour sa pension et pour celle d'une de ses parentes , qui devait lui rendre les services les plus indispensables. La cérémonie de la réclu- sion eut lieu un vendredi o août 1695 , fête de Notre -Dame -des -Neiges , vers cinq heures du (1) Èiogesdr soir (1), et fut accompagnée de l'appareil le plus quelques per- aonnes mortes propre à faire dans les cœurs de profondes im- en odeur ne ^ ^ '- ']^"^*de'hei'- Pï'^ssions. Après les vêpres, M. Dollier, en qua- "autom-aphes ^^^^ ^^ grand-vicairc , révècpe étant alors absent, BoJ-geoys!^— ^^ rendit avec tout le clergé à la maison de M. Le rémoniedeia Ber , d'où l'ou partit processionnellemeiit , en réclusion de ., j/"e Le lier, chantant des psaumes et d autres prières conve- par M. Dol- iier. nables à la circonstance. M"^ Le Ber, vêtue d'une robe de couleur grise avec une ceinture noire , suivie de son vertueux père et d'un grand nombre de parents et d'amis invités à cette cérémonie , marchait à la suite du clergé , et à la vue de toute la ville , accourue en foule. Un spectacle si rare et si nouveau tira des larmes des yeux des assistants. M. Le Ber, qui avait ofTert cinquante inille écus de dot à sa fille , si elle eût voulu s'é- tablir dans le monde , fit paraître dans cette occa- sion toute la générosité de sa foi , en se privant ainsi de celle qui semblait devoir être le soutien (2) Vie de .^[ la consolation de sa vieillesse (2). Mais lorsqu'on .V'ie Le lier, ^ ' ^ P'ir M. Mont. f^,j arrivé à l'éclise des sœurs, les émotions que lui faisait éprouver la tendresse paternelle devin- Iir PARTIE. — CHAPITRE I. 3G5 renl si vives et si pressantes, qu'il l'ut l'ontraint ^,-j Éioyesde (le se retirer , sans assister à la cérémonie de la lorJesT etc. , . parM.de Bel- reclusion (1). mont. M. Dollier bénit la petite chambre de la re- cluse , et, assisté de tout le clergé et des sœurs de la Congrégation , il fit à M"" Le Ber une courte exhortation qu'elle écouta à deux genoux. Apres quoi, pendant qu'on chantait les litanies de la sainte Vierge, il la conduisit à ce petit apparte- ment, où elle s'enferma elle-même. «J'ai été c( bien réjouie , dit la sœur Bourgeoys dans ses « Mémoires, le jour que M"" Le Ber est entrée « dans cette maison en qualité de solitaire. « M. Dollier, grand -vicaire, l'exhorta à persé- « vérer dans sa réclusion , comme sainte Aïade- « leine était demeurée dans sa grotte. Elle n'en « sort point en effet, et ne parle à personne; on « lui porie son vivre par une porte qui est au K dehors de la chapelle , et on le lui donne par « une petite ouverture. Elle a aussi une petite « grille dans sa chambre qui lui donne vue sur « le Saint-Sacrement, et y reçoit la sainte coin- ^^fJ.Sw "'£ « munion (2). » ^,,,y,. « Le lendemain , fête de la Transfiguration , xu. Le très-saint « ajoute la sœur Bourc-eoys, on célébra la grand' sacrement "^ ij j ^ rejKjse enfin « messe, on exposa le Saint-Sacrement , et M. le '^'*"^^^''ff''^'' « grand-vicaire donna les quarante heures. » Ce congrégation. 366 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. jour-là on offrit donc le saint sacrifice pour la première fois dans la chapelle de la Congréga- tion, et ce fut avec une pompe égale à la joie que les sœurs éprouvaient de posséder enfin Notre-Seigneur dans leur maison, où il ne cessa de résider depuis ce moment. M. Dollier en parle ainsi dans l'acte de la réclusion de M"« Le Ber : « Le 6 août, je bénis la chapelle; et inconfineni « après on célébra la grand messe , ce qu'on « accompagna de toute la symphonie dont le « Canada pouvait être capable. Il y eut grand « monde , entre autres personnes M. Le Ber. Le « jour précédent il avait bien amené sa irhs- « chère et unique fille à la Congrégation ; mais « par excès de tendresse, n'ayant pu assister à ^^ ^^^ Concertèrent les moyens pendant plu- .tr'^\ "m. lp sieurs années (1). Mais, au rapport de M. Tron- Fèvre , du 5 . ^ , , , p -i ^ avril 1677. SOU , qm ne parait pas s y être montre iavorable , tre au même, cc projet échoua encore cette fois par manque de du 1er juin 1677. secours temporels (2). ^^■\ Enfin, indépendamment des autres tentatives les reifiieises Semblables, faites en 1653, en 1659 , en 1670, VisUation P^ur établir les Ursulines de Québec à Villema- poor^"^'^ rie , comme on l'a raconté déjà , la sœur Bour- y instruire , . ^ • i / i la jeunesse, geoys et ses lilles étaient a peine logées dans « lative pour lui persuader son retour; nous en attendons la « réponse, qu'on n'espère pas nous devoir contenter. Ses in- « tentions sont bonnes et saintes ; car elle me mande que le « sujet qui lu relient àMontréal, est qu'elle y cherche le moyen a d'y faire un second établissement de notre ordre , au cas (1) Lettres t. qu'elle rentre dans la jouissance de son bien (1). » Mais lie Marie f'c ,, , , ,^ , ■ , , ,,-. , . . , . , r Incarnation , M"'* de La Peltne S étant déjà engagée verbalement a être la lettré xxvF ,''p- fondatrice des Ursulines a Québec , où elle ne pouvait les aider 31)9-3/0. qu'assez faiblement, son directeur lui ordonna avec raison de renoncer au dessein d'entreprendre une nouvelle fondation [2) Histoire du à Villemarie , au détriment de la première. Elle retourna M^de Beimont. doiic à Québec (2), et eut besoin de toute sa vertu pour obéir. (3) Premier " ^0^ Pèrcs lui Ont entendu assurer, sur la fin de ses jours, »> de''ia'^n>i'dans l'^PPor^^ 1^ père Le Clercq, récollet, « que rien ne lui avait la Nouieiie- , été plus sensible. Mais enfin il fallut se restreindre au mo- France, 1691, ' t. ii,p. so-fto. (( nastère de Québec (3). » III* PAUTIK. — CHAriTIlE I. 371 leur nouvelle maison, après l'incendie, qu'on forma le dessein d'attirer dans cette ville des religieuses Visitandines pour y ouvrir un pen- sionnat. Il paraît que M. de Saint -Vallier, qui venait de repasser en France, après son premier voyage en Canada, n'y était pas op- posé. M. Tronson n'en porta pas le même juge- ment. Convaincu que Dieu seul peut créer de nouveaux établissements dans son Église , et les y conserver tous les jours de leur existence, il avait pour maxime particulière de n'en former aucun qu'après des signes évidents de sa volon- té , et il ne crut pas en voir d'assez manifestes dans cette circonstance. Il jugea plutôt, et avec raison, qu'après l'établissement de ce nouveau pensionnat à Villemarie , les sœurs de la Congré- gation auraient peine à y subsister , celles-ci , par un rare désintéressement, donnant gTatuite- ment l'instruction à toutes les petites filles de la ville et des côtes, sans avoir d'autre ressource pour vivre que le travail de leurs mains , et la très -modique rétribution qu'elles recevaient de leurs pensionnaires. Comme donc il était assuré que la sœur Bourgeoys et ses filles avaient reçu une mission spéciale pour Villemarie , il jugea qu'il devait s'opposer au projet des Visitandines , pour seconder la volonté de Dieu, qui ne pou- 372 YIE DE LA SOEUR BOURGEOYS. XVI. Sentiment deM.Tronson sur ce projet, qu'il juge contraire au dessein de Dieu sur la Congrégation. vait en effet être contraire à ses propres desseins ; et il s'empressa d'écrire aux Messieurs du sémi- naire pour leur marquer la ligne de conduite qu'ils devaient suivre dans cette affaire impor- tante. « Je crains fort , disait-il dans sa lettre à M. Dol- lier, que, pour vouloir faire faire trop de bien avec trop d'empressement , on ne gâte bien des cboses. Je dis ceci au sujet de l'établisse- ment des religieuses de la Visitation de Sainte- Marie, qu'on propose d'établir dans File de Montréal; car je ne sais si cette nouvelle com- munauté ne ferait point tort à celle des filles de la Congrégation , qui y sont déjà établies , et qui font bien. Ce nouvel établissement affai- blirait assurément celui de la sœur Bourgeoys. Aussi , bien loin que je puisse entrer dans ce dessein , je suis très-convaincu qu'on ne doit point y penser. Il ne faut rien faire sur cela sans consulter M^'l'évêque de Québec l'an- cien, et je m'assure que vous le trouverez dans ces mêmes sentiments. Il repasse cette année en Canada ; et ses vues feront connaître ce que Dieu demande de nous en cette occa- sion. Vous connaissez sa piété , son désintéres- sement , sa prudence et ses lumières ; il sait ce que c'est que le pays; il connaît mieux que III* l'AKTIK. — CHAPITRE I. 373 « personne l'état de son Église. Nous ne cher- « chons tous que la volonté de Dieu, et c'est là u le moyen de la connaître. J'estime extrèmc- « ment le zèle; mais je le crains extraordinai- « rement, quand il est trop ardent. « Je vous ai écrit cet article de ma lettre sans « penser à ce que je vous avais marqué déjà. « Mais je suis bien aise de cette inadvertance , « parce que vous trouverez ici mes pensées et « mes sentiments plus amplement et plus nette- v^D'i//?^rucbec, 1699! dut faire comprendre aux Ursulines qu'au juge- Ur l'AHTIE. — CHAPITRE I. ;j77 ment de cet homme sage et prudent , leur des- sein n'était pas dans l'ordre de la divine Provi- dence. Aussi nous ne voyons pas que depuis elles aient jamais renouvelé leur demande, ne dési- rant de leur côté que de connaître à cet égard la volonté de Dieu. Il est à remarquer que dans tous ces projets d'établissements qui auraient pu porter un no- table préjudice à la Congrégation , la sœur Bour- geoys ne fit aucune démarche qui pût y mettre obstacle. Pour établir son institut, elle n'avait fait que se conformer aux ordres de ses direc- teurs , et entrer simplement dans les ouvertures que Dieu lui offrait; elle crut que, pour le con- server, elle devait pareillement se reposer sur les soins de sa divine Providence, qui, en etîet , suscita toujours, hors de la Congrégation, les instruments qui procurèrent l'accompUssement de ses desseins. Cette assistance divine parut sur- tout d'une manière bien sensible , à l'occasion d'un orage des plus violents que la Congrégation ait jamais eu à essuyer , et qui pensa la ruiner de fond en comble , ou plutôt qui semblait devoir anéantir tout le dessein de Dieu dans la fondation de Villemarie , comme nous le raconterons dans le chapitre suivant. 378 VIE DE LA SOBUR BOURGEOYS. CHAPITRE II. TROUBLES SUSCITES EN VAIN PAR L ENNEMI DE TOLT BIEN, l'OlR ÉTEINDHE PANS I.A CONGRÉGATION l'esprit PROPRE DE CET INSTITUT. I. Nous avons vu cru'en ordonnant la formation Efforts ^ du démon ^q \^ colonie de Villemarie , Dieu se proposait pour ruiner ^ ^ ^cdIeT d'offrir , dans la sainteté des mœurs des premiers '^ciî éte*ignànt' colons , uue image de l'Église primitive. Pour ce *^Tux tro'is" dessein , il voulait y susciter trois communautés , communautés. . ,, ,, i,, >i.i- . -, consacrées 1 une a Jésus , l autre a Marie , et la troisième à saint Joseph, afin qu'étant remplies de l'esprit de leurs augustes patrons, elles le ré- pandissent dans cette Église naissante. Ces com- munautés étant donc établies , comme nous l'avons vu , et y remplissant chacune , à la grande édification des fidèles , l'objet spécial de sa vocation, Satan, qui, à la naissance de l'Église, avait demandé à Dieu qu'il lui fut permis de la troubler , et , comme dit Notre-Sei- (\)Evnnr/iie GNEUR, de la cviblev (1), sembla avoir résolu de scion saint ^ ' Lut\^ ch. XXII, ruiner aussi l'ouvrage de la divine Sagesse dans cette colonie. Pour y réussir, il proposa à ces communautés le prétexte spécieux d'une perfec- tion plus sublime que celle à laquelle elles 111" PARTIE. — CHAPITRE II. 370 étaient appelées ; afin que , les Taisant sortir de l'ordre de Dieu sur elles , il éteignît par ce moyen en chacune l'esprit propre de sa vo- cation. Une bonne fille de la Congrégation , la sœur ii. Vues Tardy , esprit vif et ardent , s'imagina être appelée chimériques de Dieu à faire honorer la vie intérieure de la «œur Tardy ne réunir très-sainte Vierge par l'établissement d'une non- communautés velle communauté à Yillemarie (1). Cette com- ^"l'^^euie. ,,.,..,, , {l)Lettresde munaute devait, disait -elle, se composer des m. Tromon: Canada , let- sœurs de la Conj^rés-ation , des religieuses de t>-e « m. sc- _ \ . , guenot, 1692. Saint-Joseph , des ecclésiastiques du séminaire , et aussi d'une certaine communauté de religieux ermites , destinés à être maîtres d'école pour les garçons (2). Tous les biens entre ces sortes de (2) Lettre du même à personnes auraient été communs, et toutes au- '{•^''^ Casson, *■ au 28 février raient suivi la même règle. La sœur Tardy pré- ^^^^• tendait autoriser un si étrange dessein , en assu- rant qu'elle connaissait l'état intérieur des per- sonnes , et spécialement de celles qui allaient à la sainte table. Elle ajoutait que des âmes revenues de l'autre monde lui apparaissaient pour l'ins- truire de ce qu'il y avait à faire dans l'établisse- r.^^ i.nurcdu ment de ce nouvel institut (3), et qu'enfin elle- 7ieïwrmt\ 'l/u même devait être mise à la tête de l'œuvre (4). [k)Lettredu . xi'T -i-xj o ' 3 ± ' même à M. de Avant de réaliser ce projet , et de ne laire des trois laroiomiAère, anciennes communautés quune seule, il lallait wr^/^ieas. 380 VIE DE LA SUEUR BOURGEOYS. ôter de leurs places les personnes qui en avaient la conduite , et commencer d'abord par affaiblir dans ces maisons les liens de dépendance naturelle (|ui lient les inférieurs aux supérieurs. Ce fut par là aussi que l'ennemi de tout bien commença; et M. de Saint-Vallier , dans sa première visite à Vil- lemarie, favorisa, sans s'en douter, l'esprit d'in- subordination par l'effet d'un zèle qui n'était pas assez conforme aux règles de la prudence, m. Ce prélat avait toujours vécu dans une arrande M. de ... ^ , . . Saint-Vallier intimité avec les ecclésiasticiues du séminaire de affaiblit , ^ le vouloir Saint-Sulpice qui l'avaient élevé , et sous la dis- *^qui n^'^na'ir cipHue desqucls il était venu se remettre après minaire. ^^^ ordination au sacerdoce (1). Au séminaire de {\)Catalofjup d entrée du se- Villemarie , voyant que les cœurs de tous les minaire de Saint- Su/pi- membres de cette maison lui étaient ouverts, re. — Lettre ' t^M'dTcas- ^^- ^^ Saint-Vallier, jeune alors et sans expé- 1685. '^ "^''^^ rience, sembla oublier qu'en sa qualité de grand vicaire et d'évèque nommé de Québec , il venait dans le pays pour y tenir la place de l'évêque , et s'ingéra peut-être trop dans les fonctions de su- périeur particulier de leur communauté , et même {i)Lettrede daus cellcs de directeur de leurs consciences (2). M. Tronson « . , M. de Cnsson, C'cst ce Qui lui fait dire dans la relation de son du 16 fe'rrier ■"■ à^v'Gwla? voyage : « A Montréal , j'ai connu les talents et ^691.^^ '""" " l^s vertus de MM. de Saint-Sulpice, non-seu- « lement par la réputation publique , mais par m" PARTIE. — CHAPITRE II. 381 « les entretiens particuliers que j'ai eus avec « eux , et par la confiance avec laquelle ils ont « bien voulu me découvrir leurs plus secrètes « dispositions (1). » Trop confiant lui-même, il 'VP"U"'fr communiqua indiscrètement à plusieurs de ces ^^enl.%unve ecclésiastiques l'opinion défavorable qu'il conçut [,^^5*9' "^"*''' d'aJjord de M. Dollier de Casson , leur supérieur, qui lui parut peu propre à diriger l'intérieur de ses confrères et à conserver en eux l'esprit dont leur communauté devait être animée (*). Ce juge- ment précipité , effet naturel des premières im- (') Cela ne l'empêcha pas d'en faire un éloge assez avanta- geux dans sa relation : « Leur supérieur, qui a été fait grand tt vicaire par mou prédécesseur, dit-il, est un sujet de mérite « et de grâce, qui a reçu de Dieo un merveilleux discernement « pour placer ceux qui sont sous sa conduite selon la diver- « site de leurs talents. Il sait l'art de ménager tous les esprits, « et sa prudence, jointe a sa douceur et a ses autres vertus , " lui a gagné l'estime et l'affection de toutes sortes de per- (i) Etat pré- « sonnes (1). » M. Dollier était doué, en elTet, d'une grande t<","'^ ^g tse, sagesse. Affligé des excès occasiormés par le commerce des boissons enivrantes qui ruinaient le pays, il se contentait de gémir en secret, sans éclater en chaire contre les puissances (jui fomentaient sous main ces désordres. Cette modération, ^j) Lettres de que M. de Saint-Vallier ne garda pas toujours , et que quelques- 'ÎJv''/io'/iier c\ uns confondaient avec le respect humain et la prudence de la rf<; Beimom , ^ , . \m\.— Lettre à chair (2), put entrer pour beaucoup dans le jugement peu fa- j/. deBcimom, ,, - ■ -, ,1 .- rf// 2 7)ia/'s 1691. vorable que ce prélat porta précipitamment sur les sentiments _ Lettre à M. intérieurs dont M. Dollier était animé dans le gouvernement iQ^fmt'mu' du séminaire, et duquel il ne tarda pas à revenir, comme fs) Lettre u ., rr 1, -, r ,rt\ ^'- certain, du M. 1 ronson 1 avait prévu {à). 12 avril \c,m. 382 VME DE LA SŒUR BOURGEOYS. pressions contre lesquelles ce prélat ne se tint pas assez en garde dans cette première visite , faisait dire à M. Tronson , dans une lettre qu'il écrivit l'année suivante : « Si M. de Saint-Vallier avait « demeuré plus longtemps à Villemarie , il aurait « peut-être porté de M. Dollier un autre juge- {\]Lettrerfe a mcnt oue cclui qu'il vous a fait paraître (1). » M. Tronson u -*■ ^ j. \ / ibid —Letù'è ^^ faisant donc part de cette appréciation à M. de l/eCassm, fiû L^colombière, confesseur des religieuses de Saint- nfév. 1686. j^ggpi^^ -^ jyj Bailly, chargé de la direction des sœurs de la Congrégation , et à d'autres encore , il eut le tort d'afTaiblir notablement le respect qu'ils avaient porté jusque alors à M. Dollier, et de donner , sans le vouloir , une funeste atteinte à la subordination parfaite qui régnait aupara- vant dans le séminaire. C'est ce qui doit arriver infailliblement, dès que les inférieurs cessent de respecter dans leurs supérieurs légitimes la per- sonne et l'autorité de Dieu. IV. Dans les dispositions défavorables oh. M. de M. de La- ^ coiombièro Lacolombière et M. Baillv entrèrent ainsi à l'é- et M. Bailly J dan™ies"vue« ^^^^ ^^ ^^' Dollier de Casson, Dieu permit qu'ils '^%'aidy"'^ donnassent l'un et l'autre dans les illusions de la Déclaration rri i ■ ■ >np extravagante sŒur lardy, quelque extravagantes qu elles fus- de ccllG-ci à la sœur seut. Comme ces deux ecelésiasticpies dirigeaient Bourgeoys, les consciences à l'Hôtel-Dieu et à la Congréga- tion , plusieurs filles de ces communautés entré- m' PARTIE. — CHAPITRE II. 383 rent à leur tour dans ces vues chimériques de réforme ; et enfin l'esprit de dépendance et de soumission aux supérieures fut bien diminué dans ces deux maisons. Par une conduite entiè- rement contraire aux maximes de la foi et à la pratique de tous les saints , on se mit à juger les supérieures, et à blâmer en elles tout ce qui ne semblait pas être conforme aux prétendues visions. Les choses en vinrent au point que la sœur Tardy , dans la nuit du 3 au 4 novembre 1689, prétendit qu'une de ses sœurs, morte depuis près de seize mois , lui avait apparu pour lui ordonner, de la part de Dieu, de déclarer à la sœur Bourgeoys qu'elle n'était pas en sûreté de conscience. Il parait que la sœur Bourgeoys ne fit pas d'abord grand état de ce rapport, qu'elle devait regarder avec raison comme le fruit d'une imagination déréglée, pour ne pas dire d'un esprit aveuglé par l'orgueil le plus étrange. Mais le 3 ou le 4 janvier suivant 1690 , la sœur Tardy s'étant figuré que cette même défunte lui avait apparu derechef, et l'avait chargée de dire à la supérieure qu'elle était en état de damnation, elle alla donner ce nouvel , , .,. , ' (1) Vie fie avertissement à la sœur Bourgeoys , qui en fut ^^'J^"'^ ^^l'{' cette fois extrêmement troublée (1). p* ^*^- Dieu le permit ainsi pour purifier de plus en Peines •^ '^ ^ '■ mleneures 384 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. où DiED plus sa fidèle servante, par le genre d'épreuves ^"a sœur^*^ très-dures qu'elle eut alors à endurer. Il lui relira ûurgeoys. jjj^jjjg toutes ses grâces sensibles, comme il en . use quelquefois à l'égard des âmes les plus éle- vées, et par cette soustraction totale il la ré- duisit à un état si affligeant d'obscurité intérieure et d'insensibilité, qu'elle croyait n'avoir plus aucun amour pour Dieu , quoiqu'elle l'aimât alors plus purement et plus fortement que jamais. Il n'est pas possible de se représenter quel fut le triste état de son âme, dès c{ue la sœur Tardy lui eut fait la déclaration dont nous parlons. La sœur Bourgeoys eut d'autant moins de peine à se persuader qu'elle fût dans l'inimitié de son Dieu , que , connaissant mieux combien il est aimable , elle sentait , par un effet de sa grande humilité , qu'elle ne l'aimait pas assez , se reprochant depuis très-longtemps, à Fexemple de tous les saints, ses ingratitudes et ses infidélités préten- dues à son service. Le trouble et la crainte, qui s'emparent de son âme, lui inspirent, dans cet état, une répugnance extrême pour les sacre- ments, dont elle craint par-dessus tout la pro- fanation; et, ne se regardant plus que comme une réprouvée au milieu de ses sœurs , elle n'ose Se ^'îamême', presque pas leur parler , ni même lever les yeux wei, p. 77!*^ devant elles (1). « Le 3 ou 4 janvier 1690 , écrit- (1) Vie (le la sœur Boiii- yeoys , 1818, p. 144. — Vie III* PARTIE. — CHAPITRE II. .18") IV elle , cette sœur vint me dire cela l'après- <( dÎDée, et m'avertit de mon état de damnation « éternelle , ce qui me mit en peine plus que je « ne puis le dire. J'ai demeuré cinquante mois « dans cet état de souffrance , qu'il est difficile « d'exprimer ; cela me rendit plus triste et moins /.îyj.f.'^îiél' 7/ê « sociable (1). » y,,r)ys. Le but que se proposait l'ennemi de tout bien , vi. La sœur en excitant ces troubles dans la Con^réeration , Bourgeois ^ " veut était d'oblisrer la sœur Bouro-eoys à se démettre ^f démettr.- o o j de la place de sa charge de supérieure. Dans cet état de ^e supérieure. peines , se regardant comme incapable et indigne 'ïîhstadr tl CG dGSSGÎlU de conduire plus longtemps sa communauté , elle ne balança pas , en effet , à réitérer les instances qu'elle avait déjà faites plusieurs fois pour se démettre. Il est même à remarquer que si jusque alors elle avait continué de remplir la place de supérieure , c'était par pure nécessité , et pour se soumettre à la volonté de Dieu, dont on avait eu des témoignages incontestables. Nous avons vu qu'avant son dernier voyage de France, la sœur Bourgeoys ayant fait à ses sœurs la pro- position d'élire une nouvelle supérieure , toutes s'étaient écriées, de concert, qu'elles déféraient cette charge à la très-sainte Vierge , et qu'elles conjuraient la sœur Bourgeoys de les conduire toujours de sa part. A son retour en Canada , elle 25 38G VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. n'avait pas laissé de renouveler ses instances, et avec tant de persévérance, qu'à la fin la com- munauté s'était assemblée, sans conclure pour- tant l'élection , les suffrages s'étant trouvés par- tagés entre deux sujets : les sœurs Geneviève Durosoy et Marguerite Soumillard , très-capables l'une et l'autre de remplir cette place. Mais lorsqu'on avait été sur le point de se réunir de nouveau, pour choisir dans les formes l'une des deux sœurs proposées , Dieu avait montré mani- festement que la sœur Bourgeoys devait l'occu- per encore pour le bien de la Congrégation ; car ce fut précisément alors qu'arriva l'incendie dont nous avons parlé ailleurs , dans lequel l'une et l'autre de ces deux sœurs furent consumées par (1) Vie de le^ flammes, et après ce triste événement on la sœur Bour- ' ^ geoys^, 1818, ne peusa plus à r élection ( 1 ) . Enfin , à l'occasion des visions imaginaires de la sœur Tardy, la sœur Bourgeoys étant tombée dans l'état de peines dont nous parlons , elle réitéra ses instances , et on songea à faire déci- dément l'élection d'une supérieure pour la rem- placer. Dans ce dessein, on appela à Yillemarie la sœur Anne , la même qui avait établi la mis- sion de la Sainte-Famille dans l'Ile d'Orléans, et qui possédait toutes les qualités désirables dans une parfaite supérieure. Elle était alors malade à III* PARTIE. — CHAPITRE II. 387 Quél)ec ; on espérait que sa santé se rétablirait bientôt à Villemarie ; mais elle mourut dans cette dernière ville le 2 septembre 1690, peu de jours après son arrivée ; et cette mort , qui frappa beaucoup toutes les sœurs , fit renoncer de nou- veau à toute élection (1). iso. ^' "^' Cependant M. de Saint- Vallier, évoque de Qué- bec , ayant visité la Congrégation dans le courant du même mois , la sœur Bourgeoys profita encore de cette occasion pour le prier de trouver bon qu'elle se démît enfin de la charge de supérieure. « Je dis mon malheur à Monseigneur de Saint- « Vallier , rapporte- t-elle , et depuis combien de « temps nos sœurs avaient perdu la confiance en u moi , et moi la liberté de leur parler ; que je ne « savais pas ce qui se faisait à la maison , et que « ma néghgence avait même élé telle , que je ne « pouvais trouver mauvais cet état de choses , ce « qui pourtant me faisait bien souffrir. Enfin, « après lui avoir dit mes raisons, je le priai de « faire l'élection pour mettre une autre supérieure « à ma place, dans l'espérance que tout se ferait « plus parfaitement (2). » M. de Saint-Valher ne {'i)Ecrifsau- ^ *• ^ ' togrcfj/ies de jugea cependant pas à propos d'accepter la démis- '" *"'"'' ^'^"'" sionde la sœur Bourgeoys ; et elle se vit contrainte d'exercer encore sa charge, quoique sans adou- cissement et sans consolation dans ses peines. ;J88 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. yii. Dès que M. Tronson eut eu connaissance des Sentiments '■ de M. Tronson yisions de la SŒUF Tardy , et de l'illusion qui prétendues ^^^^^^ gagné M. de Lacolombière et M. Bailly, il *^Tardy"' écrivit en ces termes, en 1691 : « Les lettres « que j'ai reçues cette année m'apprennent les « visions imaginaires, les prophéties ridicules « et les desseins extravagants de la sœur Tardy. « Je plains MM. Bailly et de Lacolombière. de « s'être ainsi laissé surprendre ; je ne les avais « jamais crus susceptibles de pareilles illusions , « ni capables d'entrer dans de si visibles égare- (1) Lettre à « meuts (1). Lcs vues que l'on avait eues sur les MM. Dollier etdeBeimont. « trois couimunautés sont chimériques , et leur 1691. ^ ' « union est impraticable. Que chacun, dit saint « Paul, demeure dans la vocation où il est ap- (2) 1" Epi- « pelé (2). Hors de là toute la perfection qu'on se tre aux Co- rinthiens, th. « proposerait ne serait qu'imaginaire. Il vaut « mieux que l'hôpital des filles de Saint-Joseph « demeure seul , la Congrégation seule , le sémi- « naire seul, les Ermites, maîtres d'école seuls, (3) Lettre à « que de faire de toutes ces communautés un M. (le Casson, du 28 février « afifrés^at qui ne causerait aue de la confusion (3). 1692, o o T. ^ V / « Quant à la sœur Tardy, lorsqu'elle assure « qu'elle connaît l'état de ceux qui vont à la « communion, je dis que l'on fait très -mal de « la croire , et qu'à mon avis on ferait bien de « la regai'der comme une visionnaire. Tant de 111' lAUTli;. — CHAPITRE II. 389 « retours d'âmes du purgatoire ne serviront pas à « lui donner plus de créance. La vue de l'ordre « nouveau est la production d'une tète creuse « et d'une imagination échauffée. Le mélange (i)ibid.,>e- /lonses aux « des biens et des personnes de divers instituts 'juestions de ^ M. de Bel- « vient de la même source (1). '"°"'',cl" * ^ ' mars 1691. « Il faut que vous soyez sûrs que lorsque Dieu « demandera quelque chose de vous , il vous le « fera connaître, non par visions ou par révéla- « lions , mais par les voies ordinaires , c'est-à- « dire par le séminaire de Saint -Salpice, sans « avoir recours aux gens de l'autre monde. Les « règles communes que l'Église nous donne , « nous suffisent (2) ; toutes les voies extraordi- ,/,f) ^-^"/;^ « ^ ' ' MM. Dolher « naires , qui nous font quitter les emplois où ^'^^^/X'rtïr « nous sommes par vocation , et qui nous tirent « des conduites communes , n'ont jamais une « bonne fin. M. Olier, notre très- honoré fonda- « teur, a reçu durant sa vie des grâces bien ex- « traordinaires, mais jamais il ne les a prises « pour règle de conduite ; et il nous a laissé pour « maxime , qu'il ne fallait jamais s'y arrêter « qu'elles n'eussent été vérifiées par les voies « ordinaires. « Ainsi , que M. Dollier de Casson confesse à « son ordinaire, qu'il continue à faire ce que « doit faire un supérieur, qu'il agisse comme 1692. 390 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « étant assuré que c'est Dieu qui l'a appelé à cet {\) Lettre à « euiploi , et qu'il ne songe plus à le quitter (1). M. de Cnssnn, du 28 février « fl faut aussi que la supérieure de la Congré- « gation se rassure ; que vous travailliez en paix « comme autrefois , et que vous mainteniez (2) Lettre à « l'ordre et la subordination (2). Je crois qu'on MM. Dollier ^ ' ^ etdeBeimoTit, ^^ (Jeyrait ôter de l'esprit des fdles de la Consrré- du 2 février i o *^^^- « gation et de celles de l'Hôtel-Dieu, à qui on u a donné de si grandes idées de cet établisse- « ment , la pensée qu'il puisse réussir ; de peur « que dans l'attente du succès , et dans l'espé- « rance d'une vie plus sainte, elles ne fassent M.de cns'son. « pas assez d'état de celle où elles ont été du 28 février ^ , . . 1692. « appelées (3). » VHi. Mais pour contribuer plus efficacement à ré- Lacoiombière tablir l' Ordre , M. Tronson écrivit à M. BaïUv et et M. Bailly . . . "^ rappelés " à M. de Lacolombière de repasser incontinent en en France. '■ ^^vaTpJrts^^ France (4). M. Bailly s'embarqua en effet, ainsi ^' écrîr^" que M. de Lacolombière, qui accompagna M. de BourgSîys. Saint-Vallicr dans un voyage que ce prélat fit (4) Lettre a cette année à Paris. Mais comme l'un et l'autre MM. Dollier e^t^deBeimont, étaient toujours persuadés de la vérité des visions de la sœur Tardy, ils engagèrent celle-ci à entre- prendre elle-même ce voyage , dans l'espérance qu'elle en convaincrait aussi M. Tronson, sans le consentement duquel leurs projets de perfec- tion ne pouvaient s'effectuer. Elle traversa donc 111' PARTIE. — CHAPITRE 11. 301 la mer dans cette folle attente. M. Tronson ne jugea pas à propos d'entrer lui-même en discus- sion avec elle sur ses prétendues visions. 11 se contenta d'envoyer de sa part au parloir M. Le- tellier , l'un des prêtres de Saint-Sulpice, et celui- ci fît avouer sans peine à la sœur Tardy que ce qu'elle prenait pour des lumières divines n'était x,^^}^r^''^ ^ que l'effet de son imagination (1). ^g"g|^ février Cependant, quoique la sœur Bourgeoys eût tant d'intérêt à l'éloignement de M. de Lacolom- bière , de M. Bailly et de la sœur visionnaire , elle fit paraître la pureté de sa charité en écri- vant à M. Tronson pour lui demander leur retour à Villemarie. Il lui répondit le 4 mars 1692 : « Je souhaite que les esprits de toutes vos « bonnes filles soient calmes ; que les sujets de « peine que l'on vous a donnés soient dissi- « pés , et que , toutes rentrant dans la voie com- « mune de l'obéissance , vous puissiez voir la « sainte paix, que Jésus -Christ vous a méritée « par sa mort, bien établie dans votre maison. « Je ne crois pas que la sœur Tardy y retourne , « ni que M. Bailly et M. de Lacolombière re- « montent à Montréal. Quelque saintes que soient « ces trois personnes , et quelque service qu'en « eût pu retirer votre maison , vous ne devez « point regretter leur absence ; et vous en sau- 392 VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. {\) Lettre de « ^ez iiiieiix les raisoDs sur les lieux, que ie ne M. Tronsou a ' l J i'eoyr^ dT\ " pourrais vous les mander (1). » mars 1692. jyjg^^^ coHime, à Villemarie, les esprits, prévenus M. Tronson eu faveur de la sœur Tardy, jugeaient que son en France retour était absolument nécessaire pour l'érection M. Guyotte, ^ , tremettait ^^ ^^ uouvelle commuuauté , dont ils s'imagi- leSur raient qu'elle serait la fondatrice , on écrivit à '^^ardy"' ^^- ^6 Saint- Vallier, alors en France, pour qu'il Ta) Le^/r « l^i renvoyât en Canada (2). De son côté, M. Guyotte, monf\%n.^' pi'ètre du séminaire, chargé des fonctions curiales, et supérieur des sœurs de la Congrégation , écrivit à M. de Turmeniede fournir tout ce qui serait né- cessaire à la sœur pour son retour à Villemarie ; car M. Guyotte était aussi entré dans ces illu- (3) Lettre à sious (3). Dès que M. Tronson eut appris les mou- M. Dollier, , . .,,.., (fu9o février veuients OU on se donnait a ce suiet, il écrivit a 1693. ^ , "^ M. de Turiiienie d'empêcher le voyage de la (4) Lettre à sœur (4), et à M. Guyotte de repasser lui-même .1/. de Turme- '' ^ 7iie, 1693. en France. Le départ de M. Guyotte affligea un grand nombre de paroissiens de Villemarie , qui lui étaient sincèrement attachés à cause du zèle avec lequel il administrait la paroisse. Ils adres- sèrent même une pétition à M. Tronson, outre (d) Lettre h uue requête qu'ils avaient envoyée à M. de Saint- M. de Saint- ^ ^ '^ T«///p;-, 1694. Vallier (5), et une autre à M. Dollier pour de- .1/. ^ noHier\ mander son retour (6). « Quelque grand désir que i69i. « tous les paroissiens me témoignent de le ravoir, lir l'AUTlE. — CHAl'lTKE II. 393 « écrivait M. Tronsoii , je n'ai garde d'y consentir. « J'ai répondu à M. Le Ber, dont la lettre est si- « gnée d'une quarantaine de citoyens, que je ne « vois nulle apparence que M. Guyotte puisse re- « tourner en Canada.» En effet, M. Tronson l'en- voya au séminaire de Bourges pour aider M. de Lachétardie dans l'administration de la cure du , (i)^^^«'"«^ deM.Trnnson, séminaire. M. Guyotte demeura ferme dans sa C/^gg*''"'^! vocation à Saint-Sulpice (1 ) ; il résista aux instantes ^s"' ' %nvier 1696 sollicitations que lui fit faire M. Charon , fondateur ii /ON M. Charon, du chait avec beaucoup de zeie (0). 10 mars noi. 11 n'en fut pas de môme de M. de Lacolombière x. ^ M. Tronson ni de M. Bailly. Sachant que M. Tronson était ^refuse^ résolu de ne pas les renvoyer à Villemarie , ils ^dè"consenti7 quittèrent la compagnie de Saint-Sulpice, et se re- de^ï Bamy tirèrent au séminaire des Missions étrangères (4) , Lacolombière à Villemarie. dans 1 espérance de retourner par ce moyen en Canada. M. de Saint-VaUier , qui manquait de jJXXTww' sujets pour son diocèse , désirait en effet de les '['^^ /'ei'/j'?'- y ramener l'un et l'autre , et voulait même que M. Bailly reprît la conduite des sœurs de la Con- grégation (5). « Je dois vous dire, écrivait {"^,LettrP(hi tDPinP n M. (le, « M. Tronson à M. Dollier. (pie M""" de Québec, Mmord,\^^'i, 39i VIE DE LA SCEUR BOURGEOYS. « sans craindre les mauvais effets et les suites « fâcheuses que pourra causer le retour en Ca- « nada de M. de Lacolombière et de M. Bailly, « est résolu de les y ramener avec lui. Il y a « bien plus , car il me presse extrêmement pour « consentir que M. Bailly remonte à Montréal, « quoiqu'il ne soit plus des nôtres. C'est à quoi « je ne puis doimer les mains. L'idée d'une com- « munauté nouvelle et imaginaire pourrait se « renouveler dans l'esprit des sœurs , et leur « ferait beaucoup de tort. Enfin, après avoir « exposé mes raisons au prélat , il m'a dit qu'il « ne le ferait point monter à Montréal qu'après « en avoir reçu trois lettres de vous et autant de « M. de Belmont. Je pense que vous verrez de « quelle conséquence il est de n'avoir point « parmi vous un tel homme , qui , tout saint « qu'il est , ne laisserait pas , avec les meilleures (1) Lettre à « intoutious du moude , de vous embarrasser (1). M. de Casson, 28 février ^^ Qq (joit avoir lieu de craindre que ces Mes- 1692. i « sieurs n'empêchent que l'humilité et la simpli- H cité ne se rétablissent dans les deux commu- « nautés de l'Hôtel-Dieu et de la Congrégation. « Et il me semble que le prélat a eu assez de {i)Lettreau « preuves de leur g;énie pour s'en défier (2). » même, du IQ ^ or \ j février m^. M. de Saint-ValHer se désista en effet à l'égard de M. Bailly, qui se retira dans le diocèse de ni" rARTIE. — CHAntRE II. 395 Charlres; mais, ([uoi que M. Tronson put lui dire pour le dissuader de ramener M. de Lacolom- bière , il persista dans son dessein , et l'emmena avec lui à Québec (1). Toutefois il ne fut pas lonsr- {i) Lettre au ^ ' 1 o méme.iVnvnl temps à s'en repentir. « Quoique M. de Lacolom- '^^*- « bière ait du talent et de la piété , lui répondait « M. Tronson , je ne suis pas surpris que vous « n'en soyez pas content. Je crois qu'il ne saurait « mieux faire et pour vous , et pour lui , et pour le « Canada , que de repasser en France (2). »M. de (2) Lettre h M. de Sai)it- Lacolombière demeura cependant à Québec, et vaiiier,du'ii ^ war*1694. ne fut détrompé enfin de ses illusions que lorsqu'il apprit que la sœur Tardy était morte en France (3) . (3) lm^c n Il fit alors des instances pour rentrer au séminaire '"77 ^^^^'77 ^ Lettre a M. de Villemarie, ce à quoi M. Tronson refusa de j'^g^^^^"'»"' » consentir, ainsi que M. Leschassier, son succes- seur. Il conserva néanmoins beaucoup d'attache- j^^KTT"- ment pour le séminaire , et lui légua divers objets mxkiveT'^de oe- , / . \ l'hôpital qé par son testament (4) . nérai. Ce fut ainsi que, par sa sagesse et sa fermeté , M. Tronson dissipa ce furieux orage qui semblait devoir ruiner les trois communautés de Ville- marié. Après le rétablissement de la paix, et l'éloignement de ceux qui avaient été l'occa- sion de tous ces troubles , M. Tronson écrivait : « Quelque saintes que soient les personnes , et « quelque bien qu'elles puissent faire d'ailleurs 396 VtE DE LA SOEUR BOURGEOYS. « par leurs talents , quand elles écoutent trop les « visions et qu'elles autorisent trop les voies (( extraordinaires , elles ne sont pas propres pour « des communautés, oii l'on a pour règle de « suivre les routes communes qui nous ont été , ' i- n r i n. a ' Dieu Congrégation. Ce lut encore cette même année quelle est la qu'out lieu 1 entrée de M Le Ber dans cette com- vraie union qui doit être numauté , OU qualité de recluse. On vit alors dans entre ^ ces deux \^ maison de la Cono-résation trois sortes de per- conimunautes. o o r sonnes , unies entre elles par les hens de la plus étroite charité , vivre cependant sous la conduite des prêtres du séminaire , chacune selon leur vo- cation particulière et les règles propres de leur état. Les religieuses hospitalières de Saint-.loseph suivaient les observances de leur ordre, et assis- taient leurs malades dans cette maison ; les sœurs de la Congrégation pratiquaient de leur coté leurs exercices propres ; et enlin M'" Le Ber vivait dans Wl" PARTIE. — CHAPITRE If. 397 sa cellule , conformément à la règle qui lui avai I été tracée; car, ([uoique associée de cœur et d'es- prit à la Congrégation , elle n'en embrassa point l'institut. Les troubles précédents avaient eu pour motif le dessein chimérique de confondre les an- ciennes communautés en une seule, ainsi qu'une troisième qui devait être composée d'ermites ou de solitaires. En réunissant donc de la sorte les hospitalières de Saint-Joseph et M"^ Le Ber aux sœurs de la Congrégation , Dieu sembla montrer la vraie nature de l'imité qu'il voulait voir régner entre elles, qui était d'unir ensemble les cœurs sans confondre la distinction des instituts. « Je « vois , écrivait la sœur Bourgeoys, que du jour « que M'" Le Ber est entrée dans cette commu- « nauté en qualité de soh taire, le 5 août 1695 , « les trois états de filles que Notre-Seigneur a « laissés après sa résurrection pour en être servi « et pour servir à l'Église , comme sainte Made- « leine par la vie solitaire , sainte Marthe par la « vie active dans la clôture, et la très-sainte <( Vierge par la vie de zèle sans clôture exté- <( rieure ; je vois , dis-je, que ces trois états sont « réunis dans cette maison. La recluse M"* Le Ber « est dans l'état de sainte Madeleine , retenui^ « dans sa grotte et appelée à la vie contempla- « tive , comme saint Jean-Baptiste dans le désert . {l) Ecrits au- 398 VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS. « Les hospitalières, depuis le jour de leur in- « cendie, sont dans cette maison : c'est Tétat de « sainte Marthe. Enfin les sœurs de la Congré- « gation , sans clôture extérieure , sont dans l'état « de la sainte Vierge , notre sainte mère , notre « souveraine et supérieure , qui embrasse tous « les états de l'Église. Cette divine mère reçoit « pourtant ces trois états de filles dans sa maison , « pour nous faire connaître la grande union que « nous devons avoir avec toutes les personnes togmphès"d'e « ^^i s'emploiout au service de Dieu, sous sa la sœur Bour- . , , ,. , ,^ yeoys. <( sauite protectiou (1). » xn. . Aussi , pour rendre permanente cette union par Acte d union '■ ^ ^ communautés ^^ ^^^^^ Spécial, la sœur Bourgeoys voulut que la par Kœur Congrégation et les sœurs de Saint-Joseph , avant urgeoys. j^^^, séparation, contractassent ensemble une alliance spirituelle , qui les tînt étroitement liées d'esprit et de cœur, et les mît mutuellement en part des mérites qu'elles acquerraient en vaquant chacune aux fonctions propres de leur institut. Elle rédigea elle-même l'acte de cette association de charité ; nous le rapporterons ici , comme un monument des engagements sacrés qui ont uni • jusqu'à ce jour ces deux communautés entre elles. « Union spirituelle avec les reUgieuses de « l'Hôtel-Dieu avant leur départ de la Congré- c( gation pour retourner à l'hôpital. m* PARTIE. — CHAPITRE II. 399 « Dans l'intention oîi nous sommes de garder « les commandements que Dieu par sa miséri- « corde nous a donnés dès la création du monde, « dont le premier est celui-ci : 7m aimeras « Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et « de toutes tes forces (1), nous supplions la {^)Deutéro- I \ /' rr nome, en. vi, « divine et infinie Majesté d'augmenter notre ^- '^• « amour , et nous lui protestons que nous n'avons « et n'aurons jamais d'âme , de corps , de mé- « moire , de volonté , que pour les employer à « faire sa volonté sainte pour le temps et pour « l'éternité. Le second commandement est celui- « ci : Tu aimeras ton prochain comme toi- « même (2) ; et ensuite Dieu nous a dit par son (2) Evangile selon saint « Apôtre: c^'il faut nous aimer les uns les autres, Matthieu, ch. XXII y V. ijy, « comme étant les membres d'un même corps {Vj. (3) Epitre T 1 1 1 "^^ Romains, u Four accomplir donc ce second commande- ch.xn.v. 5et « ment , nous, sœurs de l'hôpital et de la Congré- K gation, étant, par une providence spéciale, « toutes ensemble dans la même maison , nous « voulons bien faire alliance spirituelle , afin « d'attirer par là la bénédiction de Dieu sur les « emplois de nos instituts , que Dieu par sa mi- « séricorde nous a confiés pour le soulagement « des malades et l'instruction des filles. « Nous confiant donc en la divine bonté , nous « voulons toutes n'être qu'un cœur et qu'une 10. 400 VIE PE LA SŒUR BOURGEOYS. [i) Actes des « dnie(\), nous faisant participantes du peu de Apôtres, ch. ^ ' "^ ^ ^ IV, V. 32. (( jjjgjj qyg j)jj.u voudra bien faire par nous; et , XIV. Les vœux de M. Tronsonpour la^saifctification M. de Valens est nommé (Jes SŒurs fuirent heureusement accomplis par la directeur '^ ••• ^ ^^, ^\. bénédiction que Dieu se plut à répandre sur le Congrégation. ^ r r zèle de M. de Valens, l'un des ecclésiastiques du {'i)Letired<; séminaire, chargé alors de leur direction (2). Il M. Tro tison ù M. de Vai-iis, succédait à M. du Chaigneau , qui les dirigea après le départ de M. Bailly, et qui ne pouvait plus, à cause de ses autres fonctions , leur donner toute l'apphcation que demandait la conduite de leurs (3) Lettre à cousciencos (3). M. de Valens se faisait remarquer la ALtuf Bour- yeoys,dumoù par uue ffraude obéissance et une profonde humi- rie la sœur Boui geoys, FIN DU PREMIER VOLUME. Tuurs, ini|i. mane.